Tout d'abord sur le ratio du nombre d'hommes au km². Pour les effectifs il y a eu jusqu'à 520.000 hommes en janvier 1956 sur le territoire algérien mais on était plutôt dans une moyenne de 420.000. Alors qu'en Afghanistan qu'un maximum de 50.000 de mémoire a été atteint. Pour atténuer un peu cette disparité, l’Afghanistan c’est une surface de 650.000 km² que l'on compare aux 2.380.000 km² de l’Algérie. Même si on enlève la région saharienne (1 million de km²) qui seulement avec quelques compagnies sahariennes portées et quelques coups des Bigeard’ boys dans les oasis, n’a pas connu une grande activité militaire même pour protéger les centres d’essais atomiques ou les oléoducs et puits de gaz ou de pétroles. Cela fait donc une zone d’un million de km² à la louche pour les opérations courantes. Ce qui donne un ratio d’un homme pour 2à 3 km² en Algérie et d'un homme pour 13 km² en Afghanistan. La densité (la qualité ?) du quadrillage n’est pas le même, le nombre de forts, de postes tenus sur des points d'utilité stratégiques (voies, ponts, villes…) n’est pas du tout comparable. Alors que le quadrillage assez fastidieux reste un préalable aux actions de chasse et de traque.
Ensuite pour la géographie, physique principalement, (cf. le livre de Ph. Boulanger sur La géographie militaire), il existe des différences entre des massifs montagneux algériens culminant en moyenne à 1 000 m et des plaines se situant à la même altitude en Afghanistan. Les conditions de combat (aptitude physique, tir en dénivelé, caches, extension logistique, déplacements) ne sont pas réellement semblables. Par exemple, des barrages le long des zones tribales à la frontière du Pakistan pour éviter les infiltrations de taliban (qui est le pluriel de Taleb) ne peuvent être calqués techniquement sur les lignes barbelées et électrifiées de la ligne Morrice courant au milieu d’un désert quasi plat algéro-tunisien. Les possibilités de zones refuges avec caches, grottes, souterrains sont de loin beaucoup plus nombreuses en Afghanistan alors que les massifs forestiers seraient plus nombreux en Algérie sans compter sur une lutte urbain avec ilotage quasi inexistante en Afghanistan. On ne nettoie pas un réduit montagneux de la même façon qu'une zone de la plaine littorale autour d'Oran ou de Constantine.
Enfin la nature des troupes envoyées de plus n’est pas semblable. Entre des armées entièrement professionnelles composées de volontaires des armées américaines et européennes et l’ensemble hétéroclite, plus ou moins à deux vitesses des troupes d’interventions (Coloniale, paras, Légion et quelques unités du contingent) et des troupes dites de secteur souvent issues du contingent, les qualités de manœuvre ne peuvent être comparées. Donc dire que l’Afghanistan n’est pas sécurisable sans un ratio au moins aussi important n’est pas la vérité absolue si l’on se réfère alors aux caractéristiques des troupes (puissance de feu supérieure avec des snipers ou la possibilité d'amener à pied d'œuvre en soutien une mitrailleuse lourde, entrainement différent entre deux mois de classes et quelques années d'expérience, commandement en plus grand nombre…) tout ceci en évitant les raccourcis sur la médiocrité du contingent et l’excellence de quelques corps dits d’élite.
Du fait de ces quelques caractéristiques, en Afghanistan, les troupes présentes ont deux modes d’actions en simultanée : tout d'abord de présence et de surveillance par des patrouilles, la garde des FOB à partir desquels elles rayonnent, et en plus des périodes d'interventions lorsque cela est décidé ou quand des grandes opérations dites de bouclage et ratissage sont menées, opérations tant décriées en Algérie d’ailleurs, pour leur inutilité d’un traitement en profondeur de la rébellion mais qui même très récemment (opération Douar Bukhou en juin 2008) sont entreprises.
L’histoire semble se répéter mais il ne faut pas oublier qu’un calquage massif et global de modes entre différentes zones, à différentes époques est bien souvent contre-productif. Chaque opération possède ces particularités qu’il faut prendre en compte. Le RETEX historique est néanmoins nécessaire pour tout d’abord ne pas reproduire les erreurs du passé et pour pouvoir ensuite donner les solutions du futur.
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