Les évènements sont bien souvent vus selon une vision biaisée. C’est tout d'abord la France qui semble jouer un rôle mineur face à l'emprise de la Grande Bretagne dans la gestion de la crise et ensuite une théorie montrant Suez comme une victoire militaire inutile, transformée en défaite par une incapacité diplomatique et politique des gouvernements.
Les grands axes d'étude sont: l'amertume des militaires s'inscrivant dans la suite du départ de l'Indochine et dans le départ quelques années plus tard de l'Algérie (comme un des événements affaiblissant le lien entre Armée et République). C'est aussi l'étude du lien entre politiciens et militaires (trop souvent dissociés ou les uns empiétant sur les prérogatives des autres) pour le processus de décision et pour le commandement des opérations (qui pour rappel se sont déroulées du 29 Octobre au 6 Novembre 1956). C'est encore une remise en cause qui apparaît tardivement, des choix militaires avec des faiblesses pointées du doigt: que cela soit le manque de moyens de transports avec comme corollaire une lente mise en place, ou des États-majors non centralisés avec des directions à deux têtes (anglaises et françaises).
Pour expliquer la décision d'intervenir plusieurs pistes sont développées autour d'une idée générale pour la vision française: suite aux demandes incessantes des militaires souhaitant mettre fins aux agissements et au soutien à l'insurrection du FLN en Algérie de « l' Hitler du Nil », le colonel Nasser, il fallait agir et les politiciens ont cédé. La nationalisation du Canal le 26 Juillet étant qu'un prétexte d'intervention : la guerre d'Algérie se gagnerait au Caire croyait-on. Mais l'étude de la nouvelle donne au Proche Orient avec Nasser comme champion montant du Tiers Monde et du non alignement face aux jeux des deux Grands dans une région auparavant sous domination française ou britannique permet aussi d'apporter des élément de compréhension comme le fait Marc Ferro dans son ouvrage, Suez, naissance du Tiers Monde.
Pour expliquer ce fiasco, différentes thèses sont émises comme par l'étude du parallélisme des difficultés intérieures, que cela soit celles du parti conservateur ou celles de la 4ième République. L'imbroglio dans l'entente entre les Alliés (au sein de l' Entente cordiale ou des relations transatlantiques) en est aussi responsable. C'est aussi une méconnaissance des réactions des autres acteurs, URSS et USA, et la pression de l'utilisation de l'arme nucléaire par les soviétiques, signe d'une dernière irrationalité technique et stratégique de la part de l'URSS avant la Détente.
Au final la crise de 1956 n'est plus un échec politique face à une victoire militaire, mais un échec des deux, dû à une lenteur des décisions et de la mise en place, retardant l'opération et ne permettant pas d'atteindre les objectifs stratégiques même si les objectifs tactiques face à l'armée égyptienne étaient en passe d'être atteints avant le retrait des Troupes. Cette lenteur des deux pôles peut être mis en opposition avec la rapidité des israéliens (dans la manœuvre et dans l'implication) qui seront un peu moins perdant (avec le maintien au Sinaï) que le couple franco-britannique et leur déclassement au rang de grandes puissances moyennes.
L'idée répandue de défaite diplomatique faisant suite à une victoire militaire peut s'expliquer par le fait que les conséquences seront plus nombreuses sur le plan diplomatique que militaire. Ces événements permettront en autres l'accélération des recherches sur la bombe nucléaire française pour atteindre l'objectif de l'indépendance stratégique, alors que l'indépendance des décisions de la France sera alors subordonnée aux décisions des acteurs forts de la scène internationale, URRS et USA. Cette lenteur des deux pôles peut être mis en opposition avec la rapidité des israéliens (dans la manœuvre et dans l'implication) qui seront si l'on peut le juger ainsi, un peu moins perdant dans cette affaire (avec le maintien au Sinaï) que le couple franco-britannique et leur déclassement au rang de grandes puissances moyennes.
Rappellons que Tsahal à un ''petit'' appui aérien direct de la part d'avions de combat français maquillé aux cocardes de ce pays. Le raid détruisant les bombardiers stratégiques Egyptiens à était effectué par ceux ci si je me rappelle bien.
RépondreSupprimerOn va dire que l'attaque des Israéliens était un peu magouillée et prévue à Saint Cloud il me semble pour permettre une attaque du corps expéditionnaire franco-anglais en réponse à l'agression vis à vis d'Israël... Après pour le volet aérien je n’en sais pas grand-chose mais c’est plausible au vue des accointances entre les trois partis (France, GB et Israël).
RépondreSupprimerIl me semble que les missions de ces avions (decidees a Sevres), etaient de la couverture aérienne, au-dessus et au large du territoire d'Israel. Voir a ce sujet l'article: Les porte-à-faux de l’affaire de Suez du Général Lucien ROBINEAU, article publié dans la Revue historique des armées, n°165, 1986 et disponible en ligne sur le site du Service Historique de la Defense: http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/04histoire/dossierdushd/suez/robineau.htm
RépondreSupprimerMerci pour cette référence qui donne un complément d'informations fort à propos et pertinent.
RépondreSupprimer