Définition de la situation.
Un mois est raconté en détails quasiment au jour le jour (sans oublier de possibles omissions). La succession des opérations nommées Mouje Salam (vagues de tonnerre) débute le 10 mars pour s’achever vers le début du mois d’avril. Sur un peu moins d’un mois (une vingtaine de jours) ce sont plus de 10 prises de contact avec les Taliban (sans « s » car déjà au pluriel) qui ont eu lieu. Actions de feu nécessitant une riposte avec l’emploi des armes individuelles et collectives, des appuis aériens ou d’artillerie. Comme le conclut le rédacteur : « Mis brutalement « dans le bain », nous avons été immédiatement engagés dans des actions de hautes intensités, […] ». Ainsi la négation de l’état de guerre (malgré la non-déclaration) face à un ennemi (et non face à une notion) désigné génériquement pour définir un amalgame de profils divers par le terme de Talib est une aberration. Et cela, tant la réalité d’une lutte en armes entre deux groupes qui s’opposent, est criante : « l'affaire semble sérieuse et il faut quatre heures d'affrontements, huit tirs d'artillerie et l'appui de deux chasseurs F-15 pour que l'unité puisse enfin se désengager ». On ne parlera pas alors des morts et des blessés que font au sein des forces combattantes (l’ANA lors de ces 6 mois) ces actions de feu bien loin d’une phase finale de stabilisation ou de pacification vers un retour progressif à la normale.
La nature de l’opposition militaire est sous la forme d’une guérilla assez classique sur le plan tactique. Elle est faite de tirs d’harcèlements avec des IED (Improvised Explosive Devices) sur les routes au moins 2 fois, des tirs de roquettes et de RGP contre les FOB ou Forward Opération Base, plus une fois un tir d’obus de mortier : « Tout semble calme quand quatre obus de mortiers tombent dans le bazar. » ou « un VAB du Coy 5 (« Coy » pour l’abréviation du terme américain Compagny) est frappé par un IED ». Types d’actions qui sont une des principales caractéristiques tactiques d’une guérilla pour entretenir le sentiment de méfiance, de peur et de tension en permanence. Et cela accompagnés lorsqu’il n’y a pas de prise de contact inopinée (« Au bout d'une heure, le combat s'engage à très courte distance sur la ligne de crête où ils sont en observation. De fait, ils viennent de tomber sur les positions d'observation des rebelles.»), de combats choisis et décidé lorsqu’ils sont en supériorité par les Taliban sous la forme d’embuscade : « Il est 11 heures quand, dépassant la région de Sayad Abad, le convoi s’engage dans un village désert. La suspicion est de courte durée car des tirs nourris partent des deux côtés de la route. Aux longues rafales succèdent des tirs d’armes anti-char. Toutes les unités sont au contact ».
Les effectifs.
La question des effectifs présents est bien souvent au cœur des débats. Le nombre de forces opérationnelles ne permet quasiment pas de fournir des troupes en réserve de manœuvre lors de situations inédites. Donc les situations sont traitées selon les priorités et non de façon simultanée : « Se préparant à être engagé dans une opération d’ampleur dans la vallée de Jalrez, les légionnaires du Kandak 1 ont vu leurs projets soudainement bouleversés par les évènements qui se sont déroulés dans le Sud du pays. En effet, les talibans libèrent par une action de force un millier de détenus de la prison de Kandahar. […] Dans la nuit du 16 au 17 juin, les soldats Afghans sont aérotransportés sur la base aérienne de Kandahar. Leurs mentors doivent suivre ». Et c’est ainsi que des projets d’actions sont abandonnées ou au moins remis à plus tard ce qui n’est pas sans conséquence sur la progression des Taliban : « Les préparations vont bon train pour le déploiement dans la région du LOGAR, les rebelles ayant profités de l’absence des forces amies pour reprendre une activité jusque là en sommeil dans la région sud de KABOUL ». La permanence est une des nécessités de la lutte de contre-guérilla possible que par un nombre suffisant d’hommes présents pour ne pas laisser d’espaces aux Taliban. A cela s'ajoute la continuité dans le temps prise en compte par des missions de 6 mois (mi févier à mi août) au lieu de 4 mois pour des OPEX plus classique, période nécessaire pour connaître son secteur et s'en imprégner. Avec en plus des hommes ayant déjà quelques séjours en Afghanistan.
C’est ainsi que pour les forces présentes, c’est un travail en flux tendu : « Après maintenant deux semaines d'opérations, nous sommes mis au repos sur la FOB de Tagab afin de nous remettre en condition en vue de la seconde phase de l'opération. Nous partons quelques heures sur la base américaine de Bagram afin de profiter des installations et des impressionnantes infrastructures de détente. […] Pourtant, dès notre retour, la réalité nous rattrape au galop, deux roquettes tombent sur nos positions, dont une en plein milieu de la FOB ». C’est donc à un rythme soutenu que les unités travaillent usant les hommes et les matériels par le stress des situations, l’imprévisibilité des attaques, les conditions climatiques ou les efforts physiques fournis ce qui nécessite une haute disponibilité 24 heures sur 24. Et « mini-scandale » pour des légionnaires lors de la traditionnelle commémoration de Camerone : « seuls manquaient à l'appel 20 hommes du Kandak 1 actuellement en opération en Kapisa », la famille Légion n’était pas entièrement réunie. Et c’est ainsi, à part au niveau des unités de rang régimentaire avec des compagnies d’alerte ou d’intervention, il n’y a pas apparemment au niveau théâtre un réservoir de forces capable d’être projeté rapidement pour colmater des brèches ou lors de missions non prévues.
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