En une semaine deux dépêches ont attiré mon attention, la première datant du 4 septembre :
« Le dernier incident s'est produit mercredi (ndlr: le 3 septembre) dans le Sud-Waziristan. [...] Non seulement il aurait fait des victimes civiles, mais, pour la première fois, les forces de la coalition stationnées en Afghanistan auraient fait incursion en territoire pakistanais. À trois heures du matin, deux hélicoptères ont parachuté des soldats sur le petit village de Musa Neeke, ont raconté des habitants. Pendant une demi-heure, protégés par deux avions de chasse et des hélicoptères de combat, ils ont fouillé les habitations de fond en comble et tiré sur leurs occupants.»
Et l’autre datant d’aujourd’hui : « Des missiles apparemment tirés par des avions sans pilote américains ont tué trois présumés combattants islamistes dans le nord-ouest du Pakistan, où les Etats-Unis visent désormais régulièrement Al-Qaïda, ont indiqué des responsables de la sécurité. […] C'est la quatrième fois en une semaine que des drones, dont seules disposent les forces américaines présentes en Afghanistan voisin, tirent des missiles dans les zones tribales pakistanaises. »
Malgré le silence des autorités militaires américaines à ce sujet, l’origine de ces actions ne fait aucun doute (ainsi que l'absence de nouveauté pour des actions d'unités spéciales sur ces zones...). Le Pakistan étant au moins momentanément, fragilisé du fait d’une transition à la tête de l’exécutif après la démission de Pervez Musharraf et l’arrivée récente du veuf de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari comme président, les forces américaines en profiteraient pour s’octroyer un droit de poursuite plus important des insurgés sur un territoire souverain qui se réfugient dans les zones tribales de la frontière afghano-pakistanaise. Et cela sans mandat.
L’affaiblissement de l’autorité pakistanaise lors de cette période pourrait être un moment jugé opportun par la Coalition de faire ce qu’elle a toujours rêvé d’effectuer devant le laxisme ou au moins la non assez grande détermination à leurs yeux d’Islamabad de régler ce problème. Alors pression sur le futur gouvernement et le service secret pakistanais de mèche avec les Taliban, détermination sans faille de régler le problème taliban, passion pour les opérations spéciales ?
Pour faire un parallèle limité mais d’une valeur pédagogique : en février 1958, en réponse à des tirs provenant du territoire tunisien essuyés régulièrement par des patrouilles françaises, l’aviation bombarde des positions de tirs et un camp de l’ALN autour du village de Sakhiet Sidi Youssef. Vérité ou mensonge, opération de communication ou plantage français, en tout cas sont présentés aux journalistes le lendemain des cadavres de femmes et d’enfants et les restes d’un convoi de la Croix Rouge qui se serait trouvé sur place lors de l’action des bombardiers B26. Les résultats sont une indignation générale dans tout le Maghreb, un front anti-français mené par le président tunisien Bourguiba et un apport tactique limité avant la fermeture quasi complète des frontières par les barrages électrifiées et surveillés de la ligne Morice entre autres.
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