Le Livre Blanc, analysé comme une remise en cause des capacités maritimes françaises, mettait à mal le moral de la Marine nationale. Ce « coup de mou » était fondé sur la fluctuation du nombre de frégates de premier rang finalement stabilisé à 18 (11 frégates européennes multi-missions, 2 Horizon et 5 La Fayette), la réduction des moyens de lutte anti-mines, anti-aériennes et anti-missiles remplacés pour certains par des FREMM dotées de systèmes d’armes adéquats (cf. p. 17 de la LPM 2009-2014) et la décision de ne pas décider sur future mise en chantier d’un second porte-avions. Indisponible à hauteur de 65%, le Charles De Gaulle attendait en vain son petit frère. Aux dernières nouvelles, il se pourrait bien que le vent tourne en faveur des cols bleus.
Tout d’abord la commande d’un deuxième porte-avions bénéficie aujourd’hui d’un contexte plus favorable qu'avant. Les dépenses en R&D, engendrées par un tel projet, étaient souvent l’argument choc pour remettre à plus tard la décision. La coopération avec les Britanniques, souhaitant l’acquisition de deux PA, n’avait pas suffit. Mais malgré le temps de réflexion demandé par les Français, la Grande-Bretagne poursuivait seule le projet. Or on apprend par des quotidiens comme The Times du 23 janvier que le ministre de la Défense, John Hutton a décidé de repousser de deux ans les dates de livraisons du Queen Elizabeth et du Prince of Wales. L’armée britannique souffre en effet de restrictions budgétaires drastiques causées par la plus grande part du budget allouée aux OPEX. Ainsi les deux futurs fleurons de la Royal Navy devraient finalement être commissionnés vers 2015-2017. En effet plus ou moins par hasard, l’avion de combat Joint Strike Fighter de Lockheed Martin, dévolu à ces deux PA, ne pourrait être opérationnel avant cette date. Ainsi ce rajout de deux ans permet de revenir en phase avec le programme français dont la décision sera prise « en 2011-2013 » (p. 214 du LBDSN). La Marine n’y est pas pour grand-chose mais pourrait saisir cette opportunité afin de défendre sa volonté d'acquérir un second groupe aéronaval complet.
Ensuite, devant la multiplication d’interceptions de pirates, la côte de la Marine devrait s’améliorer : la une du Parisien pour la frégate Le Floréal, des déclarations élogieuses dans la presse, etc. Les bâtiments engagés au sein de l’opération Atalante prouvent leur utilité en plus de démontrer leur professionnalisme. Le trinôme hélicoptères-frégates-commandos forme un système d’armes cohérent pour assurer la sécurité du trafic maritime dans la région : quatre attaques de pirates réussies depuis le 1er décembre contre 12 que pour le mois de novembre (chiffres du vice-amiral US de la Task Force 151). L’expérience française acquise dans la lutte anti-stups en Mer méditerranée et aux larges des Antilles , par l’interception d’embarcations rapides, se révèle précieuse. La présence de flottes en mer dans ces mers du golfe d'Aden n’est pas prête de s’arrêter même si la dissuasion peut se révéler efficace : les pirates rechercheront peut être moyen de subsistance moins risqué. Mais devant l’immensité de la zone à couvrir (2 000 000 km²) et malgré la mutualisation internationale des moyens, le facteur primordial est de pouvoir maintenir un filet le plus serré possible. La technologie ne pouvant pas tout faire, le nombre de navires présents rentre forcément en ligne de compte.
Ainsi, à moyen terme, il existe au moins deux possibilités. Soit la Marine nationale a prouvé sa grande utilité, regagnant des galons vis à vis de l’intérêt porté aux moyens terrestres et les arbitrages financiers seront pris en sa faveur. Soit on jugera qu'elle remplit très bien ces missions avec ses moyens actuels et n’a donc pas besoin de plus. A suivre.
Avez vous lu l'article sur la construction de submersibles par les Tigres Tamouls ?
RépondreSupprimerhttp://www.defpro.com/news/details/5242/
Après les trafiquants de drogue dans le golfe du Mexique qui depuis quelques années utilisent de tels engins, va t on revenir sur les moyens ''basique'' de lutte ASM, comme les roquettes made in USSR, installé sur tout les navires de la marine ?
Intéressant. Et surtout à suivre... Les Tigres Tamouls sont une organisation avec des moyens financiers pas à la disposition de tout le monde et une organisation inscrite dans la durée qui tentait de passer du stade guerre irrégulière à opposition régulière. Sans succès apparemment si on observe les derniers résultats des combats... Mais prudence.
RépondreSupprimerSi j'ai le temps à y consacrer quelques recherches, j'ai quelques petites idées au frais sur ce qui se passe au Sri Lanka.