Moins célébré et cauchemardesque que le programme de l’A400M, le remplacement des SNLE (sous-marin lanceur d’engins) britanniques connait lui aussi quelques difficultés. Lancés à partir de 1994, les quatre bâtiments de la classe Vanguard (armés de 16 missiles Trident D5 ayant 11.000 kilomètres de portée et dotés au maximum de huit têtes nucléaires) doivent trouver des remplaçants. Le dernier de la classe Vanguard est déclaré opérationnel en 2001. En 2024, deux premiers seront retirés du service : la relève doit alors être opérationnelle pour s’amarrer aux pontons de la base de Faslane en Ecosse.
Mais mi-mars (venant confirmer quelques indiscrétions de la presse), la Commission des comptes publics de la Chambre des Communes a rendu public un rapport sur un problème qui guette cet ambitieux programme structurant pour la Défense avec ses 20 milliards de £. En effet, les missiles fournis par les Américains pour armer les nouveaux submersibles se révéleraient trop gros pour les logements.
Les successeurs de la classe Vanguard devront pouvoir être équipés de deux types de missiles. Le modèle actuel Trident D5 va connaitre des améliorations allongeant sa durée de vie de 2019 à 2042. A partir de 2034, il sera peu à peu remplacé par des nouveaux missiles dont la conception est confiée aux Américains. C’est là que réside tout le problème : ces missiles, successeurs des Trident D5, n’ont pas le même diamètre (un surplus d’une trentaine de centimètres). Or, ils seront tous les deux utilisés par la même classe de sous-marins : les successeurs des Vanguard.
Pour tenir les délais de livraison, les Britanniques doivent débutés la construction des bâtiments avant que les Américains ne finalisent la conception des futurs missiles. Comme le note le rapporteur de la Commission, Edward Leigh, il existe « un risque signifiant » pour que le diamètre des successeurs des missiles Trident D5 soit trop important. En conséquence, « le ministère de la Défense a pris des mesures pour réduire le risque […] mais il n’y a aucune garantie de succès ». Les contraintes budgétaires d’un tel « défi technologique » sont chiffrées et s’élèveraient à 330 millions de £ supplémentaires : chiffres « minimes » pour le moment par rapport au 47% de dépassement du budget initial (et trois ans de retard) du programme des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Astute.
Ce surcoût va beaucoup peser dans la balance à l’heure d’une décision gouvernementale définitive en 2014. En effet, les Britanniques réfléchissent au futur format de leur flotte (un passage de quatre à trois sous-marins surtout dicté par les coûts financiers des commandes). L’objectif reste de pouvoir assurer une présence permanente en mer (des patrouilles de SNLE sont en continu depuis 1968). L’exclusivité de la composante maritime pour la dissuasion nucléaire n’est pas remise en cause. Depuis 1998, les têtes nucléaires largables par avions ont disparus et les sous-marins sont les uniques vecteurs de l’arme nucléaire britannique.
Programme d’envergure, le renouvellement d’une flotte sous-marine s’étend sur une vingtaine d’années avec plusieurs grande décision (la prochaine est en septembre 2009 avec le choix du réacteur nucléaire). Comme dans tous programmes, la recherche d’un raccourcissement des délais est une des priorités. Mais, ces questions ne peuvent être circonscrites seulement aux problématiques industrielles de coordination entre des entreprises américaines et britanniques.
A l’heure où l’on parle d’indépendance de la politique nucléaire française et du non retour de la France dans le Comité des Plans nucléaires du Conseil de l’Atlantique Nord (OTAN), cet absence de contrôle direct du MoD britannique sur le développement d’une nouvelle classe de missiles doit faire réfléchir. Les Etats-Unis ont acquis le monopole de la réalisation des missiles nucléaires britanniques et semblent (je dis bien « semblent ») avoir promis l’interopérabilité entre les Trident D5 modifiés et les nouveaux : d’où la gêne et l’incompréhension britannique. Ils ont dictés leur calendrier par rapport aux dates de renouvellement de leurs équipements mais il est en décalage avec celui des équipements britanniques. Même si le risque de césure des capacités de dissuasion nucléaire existe, le rapport de la Commission prône uniquement (et avec flegme) un contrôle plus effectif des Britanniques sur le programme mais pas de véritable révolution.
Mais mi-mars (venant confirmer quelques indiscrétions de la presse), la Commission des comptes publics de la Chambre des Communes a rendu public un rapport sur un problème qui guette cet ambitieux programme structurant pour la Défense avec ses 20 milliards de £. En effet, les missiles fournis par les Américains pour armer les nouveaux submersibles se révéleraient trop gros pour les logements.
Les successeurs de la classe Vanguard devront pouvoir être équipés de deux types de missiles. Le modèle actuel Trident D5 va connaitre des améliorations allongeant sa durée de vie de 2019 à 2042. A partir de 2034, il sera peu à peu remplacé par des nouveaux missiles dont la conception est confiée aux Américains. C’est là que réside tout le problème : ces missiles, successeurs des Trident D5, n’ont pas le même diamètre (un surplus d’une trentaine de centimètres). Or, ils seront tous les deux utilisés par la même classe de sous-marins : les successeurs des Vanguard.
Pour tenir les délais de livraison, les Britanniques doivent débutés la construction des bâtiments avant que les Américains ne finalisent la conception des futurs missiles. Comme le note le rapporteur de la Commission, Edward Leigh, il existe « un risque signifiant » pour que le diamètre des successeurs des missiles Trident D5 soit trop important. En conséquence, « le ministère de la Défense a pris des mesures pour réduire le risque […] mais il n’y a aucune garantie de succès ». Les contraintes budgétaires d’un tel « défi technologique » sont chiffrées et s’élèveraient à 330 millions de £ supplémentaires : chiffres « minimes » pour le moment par rapport au 47% de dépassement du budget initial (et trois ans de retard) du programme des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Astute.
Ce surcoût va beaucoup peser dans la balance à l’heure d’une décision gouvernementale définitive en 2014. En effet, les Britanniques réfléchissent au futur format de leur flotte (un passage de quatre à trois sous-marins surtout dicté par les coûts financiers des commandes). L’objectif reste de pouvoir assurer une présence permanente en mer (des patrouilles de SNLE sont en continu depuis 1968). L’exclusivité de la composante maritime pour la dissuasion nucléaire n’est pas remise en cause. Depuis 1998, les têtes nucléaires largables par avions ont disparus et les sous-marins sont les uniques vecteurs de l’arme nucléaire britannique.
Programme d’envergure, le renouvellement d’une flotte sous-marine s’étend sur une vingtaine d’années avec plusieurs grande décision (la prochaine est en septembre 2009 avec le choix du réacteur nucléaire). Comme dans tous programmes, la recherche d’un raccourcissement des délais est une des priorités. Mais, ces questions ne peuvent être circonscrites seulement aux problématiques industrielles de coordination entre des entreprises américaines et britanniques.
A l’heure où l’on parle d’indépendance de la politique nucléaire française et du non retour de la France dans le Comité des Plans nucléaires du Conseil de l’Atlantique Nord (OTAN), cet absence de contrôle direct du MoD britannique sur le développement d’une nouvelle classe de missiles doit faire réfléchir. Les Etats-Unis ont acquis le monopole de la réalisation des missiles nucléaires britanniques et semblent (je dis bien « semblent ») avoir promis l’interopérabilité entre les Trident D5 modifiés et les nouveaux : d’où la gêne et l’incompréhension britannique. Ils ont dictés leur calendrier par rapport aux dates de renouvellement de leurs équipements mais il est en décalage avec celui des équipements britanniques. Même si le risque de césure des capacités de dissuasion nucléaire existe, le rapport de la Commission prône uniquement (et avec flegme) un contrôle plus effectif des Britanniques sur le programme mais pas de véritable révolution.
Moins cauchemardesque que l'A400M parce que lancé beaucoup plus récemment et largement moins avancé, certainement ;-)
RépondreSupprimerSinon petite erreur de typo : c'est bien évidemment une réduction de 4 à 3 SNLE qui se profile.
De par ce que j'ai pu voir, on pourrait par ailleurs écrire des centaines de pages sur le flegme anglais et la façon dont ils enrobent les situations les plus mal engagées.
Enfin comme indiqué, depuis l'Accord Mutuel de Défense USA-UK de 1958, les Britanniques sont trop dépendants des Américains pour imposer pleinement leurs conditions et faire la grosse voix.
Oula grosse erreur, en effet c'est bien un passage de QUATRE à TROIS et non l'inverse... Merci, c'est corrigé.
RépondreSupprimerC'est en effet assez effarant de voir la réaction des Anglais: aucune ombre de remise en cause, c'est presque s'il ne s'incline pas pleinement devant les USA en hochant de la tête et en disant dans un rapport officiel: "oh zut, cela va être au retard mais bon va falloir s'y faire et c'est pas si grave..."