Le thème de décembre de l'Alliance Géostratégique est consacré aux « bombes de fortune » et autres IED (Improvised Explosives Devices) ou EEI en français (Engins Explosifs Improvisés)…
IED doit être un des acronymes militaires dont la signification n’est plus connue uniquement par les seuls spécialistes ou amateurs éclairés des questions de sécurité et de défense. En effet, les opérations en Irak et en Afghanistan ont participé à la vulgarisation médiatique d’une catégorie de ses IED à travers des vidéos spectaculaires prises sur « les autoroutes de l’enfer » irakien : la route se soulève littéralement sous l’effet du souffle d’une roadside bomb, de lourds véhicules blindés sont détruits, leurs occupants choqués, gravement blessés ou tués.
Illustration parfaite de la dimension asymétrique des conflits contemporains (dans ses finalités, ses impacts, ses voies ou ses moyens), l’emploi de ces mortelles menaces est un mode d’action qui ne peut être étudié uniquement à travers des analyses simplistes. Il y a dans ces systèmes issus de l’intelligence meurtrière humaine et dans la riposte non moins habile mise en place pour les contrer du global, de l’inter-armées, de l’interministériel, de la stratégie, de l’opératif, du tactique, du politique, du multisectoriel, du temporel, du directionnel, etc.
Les problématiques sont ainsi extrêmement variées faisant espérer de passionnantes réflexions. Non exhaustives, les questions suivantes peuvent être de futures pistes :
- La menace IED n’est elle pas aujourd’hui un facteur dimensionnant (à tort ou à raison) de la stratégie militaire des forces occidentales ? Quant on observe les efforts humains et budgétaires consentis en termes d’équipements (MRAP, brouilleurs, etc.), de structures (Task-Force anti-IED spécialisée), de doctrines, etc ?
- L’IED n’est-il pas l’arme ultime du faible au fort, du pauvre au riche ? D’un coût modique de fabrication, il permet de détruire des véhicules de plusieurs milliers de dollars tout en s’assurant un fort retentissement du fait de sa répétition. Son emploi dans d’autres champs d’application (hors du domaine terrestre) est-il envisageable avec les mêmes effets ? Est-il possible de le retourner contre ses utilisateurs principalement les insurgés ?
- L’adaptation de la Force face à cette menace évolutive (déclenchement filaire ou par ondes radio, accroissement de la masse d’explosifs, emploi du high-tech ou du low-tech, etc.) est un excellent exemple d’un cycle action-réaction qui a lieu dans toutes les oppositions de volontés.
- Les exemples plus ou moins récents (Irak, Afghanistan, Liban, Intifada, Irlande du Nord, etc.) ne manquent pas pour illustrer ce combat historique de « l’explosif contre la cuirasse » (cf .article du CEMAT dans le dernier numéro de la Revue de Défense Nationale).
- Mettant à mal « la résilience des machines » (la vilaine expression !), qu’en est-il de la résilience des hommes et des institutions face aux EEI : des militaires d’abord, mais aussi de la population locale particulièrement touchée et du soutien de la nation contributrice ?
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