Alors que l'Égypte s'apprête à vivre aujourd'hui une nouvelle journée de mobilisation massive, voici quelques remarques à propos de l'équation (apparemment simple) qui sert à comprendre la situation : "la révolution de lotus ou de papyrus" = (peuple + armée) + twitter.
L'armée consulte et réfléchit
Chaque déclaration et geste de l'armée sont analysés à la lumière de ce qu'ils apportent à l'un ou l'autre des camps : le gouvernement ou le peuple (Clausewitz en Égypte). Ne sous-estimons pas le jeu propre des militaires qui ont leur propre agenda et intérêts (en partie économiques).
En effet, si nous pouvons voir des scènes de fraternisation entre les manifestants et les militaires chargés du maintien de l'ordre, ce sont des hauts gradés qui sont à l'origine de l'actuel gouvernement (via le Mouvement des officiers libres) et qui entourent toujours le président.
Avec une approche juste pour atténuer la violence (même si les show of force aériens semblent avoir moins d'effets sur une foule éléctrisée et persuadée qu'il n'y aura pas de tirs ,que sur les insurgés d'une vallée afghane), elle conserve son capital sympathie (sa marge de manœuvre).
De plus, avec la nomination d'un vice-président issu du sérail et d'un premier ministre ancien officier de l'Air, elle se retrouve un peu plus confortée à la tête de l'État et semble la seule en mesure de mener une transition douce. Plus que l'opposant El Baradei qui a "juste" la rue.
Ainsi, la position actuelle de l'armée n'est pas la plus inconfortable, quoique. Le seul risque encouru est le retournement de la population agacée par les pillages, qui apparemment se multiplient depuis que la police n'est plus présente dans les rues.
Non Sire, c'est une révolution!
Une analyse sur-focalisée sur l'armée peut conduire à sous-estimer le point de départ qui reste la volonté populaire et révolutionnaire (au sens premier du terme, presque astrologique) qui ne doivent pas s'atténuer alors que les autres acteurs (armée comprise) jouent la montre.
Enfin, sur l'utilisation des autres médias sociaux, et comme pour la Tunisie, les analyses n'ont pas manqué sur leur place dans ces événements. En oubliant un peu vite les dizaines de morts bien réels, moteurs de l'engagement. D'autant plus que ces outils ont fonctionné en dégradé.
S'ils sont des outils qui amplifient en partie et en interne la mobilisation, ils servent surtout à tenir informés l'extérieur comme jamais. Cet extérieur, qui informé ou non, n'a que timidement pris position, pris de cours par l'effondrement possible de leurs certitudes stratégiques.
Articles complémentaires :
- Five Things You Need to Know about the Egyptian Armed Forces (Council on Foreign Relations).
- How Egyptians Used Twitter During the January Crisis (Mashable).
- Égypte : de Tunis à Ankara (EGEA).
- Twitter et Facebook n'ont pas réinventé l'Égypte (Electrosphère).
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