jeudi 25 août 2011

Les relatives nouveautés en Libye (+MAJ)

Rapide contribution pour analyser la situation en Libye, avec j'espère un peu plus de remarques fondées que de lapalissades, et quelques apports par rapport à ici ou ici.

Les modèles systématiques sont dangereux, mais celui-çi a tout de même bien fonctionné

Comme dans d'autres cas historiques, le trio arme aérienne (pour le choc) + troupes locales (pour l'occupation au sol) + forces spéciales (pour le liant entre les éléments) est venu à bout méthodiquement et patiemment de l'armée exsangue, mais non démunie de capacités, de Kadhafi.

Les forces aériennes (hélicoptères d'attaque et avions de combat) ont à la fois assuré la gestion du quotidien en intervenant au plus près des zones de combats (donc sans doute guidées) tout en préparant le coup d'après en grignotant les capacités défensives et de contre-offensive de l'armée libyenne.

Il ne faudra ni sous-estimer ni sur-estimer le rôle de la Marine dans un contexte particulier qui est celui du combat en zones littorales. Combat non réalisable partout. Même si, il semble avoir permis de mener, entre autres, une opération sommaire de débarquement depuis Misrata pour contourner Tripoli.

Si aujourd'hui, la présence de sociétés militaires privées est anecdotique, leur arrivée est imminente. L'articulation entre ces SMP et les formateurs, sans doute dépêchés dans le cadre d'une future mission de formation de police (au minimum sous mandat ONU), est dès aujourd'hui à envisager.
Al-Jazeera : quelqu'un, quelque part, le 29 mai 2011
D'ailleurs, le retour d’expérience que certaines armées pourront tirer de ces opérations combinées à propos de la formation de forces supplétives étrangères en quelques mois étant là encore notables : entre qualité et quantité, origine des formateurs, entraînement sommaire ou accompagnement au combat, etc.

Finalement, qu'il y ait des forces spéciales françaises, britanniques ou du San-Marin qu'importe. Leur action sera cachée le longtemps plus possible puis niée le plus longtemps possible avant d'apparaître en partie au grand jour dans les livres d'Histoire. N'oublions pas, ce silence sur leur action réelle est leur raison d'être ontologique.

MAJ2 : pour de saines clarifications à ce sujet : Une trentaine d'hommes du COS opèrent en Libye

Quand les coalitions ad hoc à la fois dépassent et s'appuient sur celles qui existent déjà

L'OTAN a joué le rôle de réservoir de capacités, entre autres pour combler certains manques (pour certains, les mêmes depuis au moins 1991...) avant d'être l'impulseur politique. Alliance militaire à la base, c'est dans ce rôle (et uniquement dans celui-çi semble-t-il) qu'elle est la plus efficace et qu'elle a servi. Egea apportera son point de vue sous peu, j'imagine...

La défense européenne? Quelle défense européenne? Peut être montrera-t-elle sa plus-value dans un deuxième temps? Les analyses vont sans doute pleuvoir, toutes non complétement infondées, sur le manque de structure permanente de commandement, le frein à main allemand, le bimoteur franco-britannique, le bashing de "l'ashtonisation" de sa diplomatie, etc.

Les États-Unis étaient-ils en retrait pour cause de non-intérêt stratégique? Il y a eu tout de même une volée initiale de Tomahawk et un soutien constant en capacités ISR. Néanmoins, ils n'ont pas (plus?) besoin d'être en tête pour initier le changement et peuvent continuer à regarder vers l'Est, d'autres s'expriment (plus ou moins avec leur approbation) à leur Ouest...

Cette intervention est pleinement inscrite (pour une fois, c'est donc à soulever) dans les objectifs de rang 1 définis par le Livre Blanc de 2008 ainsi que dans les scénarios possibles d'intervention. Après, peut-être que le modèle est à revoir, mais force de constater qu'il a été respecté.

Si les objectifs initiaux semblent assez clairs, ceux de la phase 2 sont pour le moment plus obscurs. Avant de crier à l'absence de stratégie (la critique trop facile souvent entendue), il faudra attendre de savoir si cette obscurité est causée par leur absence ou juste par leur prudent non-dévoilement.

Depuis la prise de Bal Al Azizia beaucoup de "derniers bastions" sont tombées, et beaucoup sans doute restent encore à faire tomber...
Le futur : 5ème colonne pro-Gaddafi, heure dorée et pessimisme

Si Paul Bremer, ancien fameux "non-administrateur" de l'Irak à partir de mai 2003, continue à délivrer son avis sur la CNN encore hier soir, gageons que ces précieux conseils, sans doute issus de son expérience personnelle irakienne, ne seront pas suivis à la lettre. L'histoire sera-t-elle un éternel recommencement?

MAJ1: En particulier au Sud, le long de la frontière tunisienne et autour de Syrte, des troupes pro Gaddafi résistent. Ailleurs, des anciens fidèles au régime se sont évaporées dans la nature. Oui vraiment, la journaliste de France 24 avait raison de m'interroger sur le désarmement de ce qui pourrait bientôt s'apparenter à plus qu'un simple mythe de 5ème colonne.

Avant les premières désillusions et les premières tuiles qui arriveront bien un jour (cf. les gueules de bois en Égypte ou ailleurs), un laps de temps relativement court permet de maximiser la mise en place de projets et de structures en s'appuyant sur l'élan initial d'énergies de type "révolutionnaire". Cette heure dorée tourne déjà.

A suivre...

3 commentaires:

  1. Oui les Forces spéciales sont intervenues, à partir du débarquement à Tripoli jusqu'à la chute de la base kaddafiste à Tripoli. Les témoignages des journalistes sur place concordent, même certaines unités ont été citées, Commando Parachutistes du Deuxième Régiment Etranger de Parachutistes, 1er RPIMA entre autres.
    Les hélicoptères de combat ont été employés non seulement pour la précision des frappes, mais aussi pour palier à l'inefficacité des rebelles dans les combat. Le scénario suivant a été plus que probablement utilisé, engagement des troupes libyennes par des hélicoptères Tigres ou Apaches, réduction de la résistance par ces mêmes hélicoptères, acheminement des rebelles sur la zone des combats. A la suite du retrait des hélicoptères,perte du terrain conquis par les rebelles. Le scénario risque de se répéter au sol sans l'intervention des "instructeurs occidentaux".
    Il serait étonnant que l'ONU emploie des sociétés privées, Beaucoup de pays seront réticents, surtout que les missions ONU sont une manne pour certaines armées.
    Concernant les USA , ils sont restés en retrait mais en préservant leurs intérêts, sans leur logistique , la France et la Grande Bretagne auraient été incapables de poursuivre l'effort jusqu'à présent.

    RépondreSupprimer
  2. Tout à fait plausible en effet comme scénario tout en sachant que l'ONU n'est pas ;la dernière organisation à faire appel aux services de SMP : http://www.ttu.fr/francais/Articles/Actualite%20des%20forces/mercenairespourl.html

    Si la question se pose en Afghanistan ou au Pakistan, des cas plus anciens en Afrique (au moins en RDC de mémoire) existent.

    Merci en tout cas pour vos commentaires.

    RépondreSupprimer
  3. Concernant le cas de la RDC, je ne m'étalerai pas , mais les sociétés engagées sont souvent administrées par des anciens du Régiment Para belge. Une chasse gardée, mais depuis la guerre d'autres , Français , Israéliens et Sud Africains sont sur le coup.

    RépondreSupprimer

Pour faciliter les réponses et le suivi, merci d'utiliser, au moins, un pseudo récurrent.