vendredi 27 avril 2012

Colloque - Se révolter au XXIè siécle (14 mai 2012 - Ecole Militaire)

Le 14 mai 2012 à l'École Militaire (Paris) se tiendra le second colloque entre l'École de Guerre Économique (EGE) et le Club Participation & Progrès, organisé par EGEA et Polemos. Il aura pour thème les révoltes du XXIème siècle, comme phénomène de nouveau observable de ce siècle.

Entre les permanences d'acteurs historiques et les nouveaux mouvements, les exemples d'études de cas ne manquent pas : printemps arabe, vague verte iranienne, Soudan, Nigéria, Anonymous, Tea Party, Wikileaks, émeutes anglaises, etc.


Les inscriptions (obligatoires) sont à faire ici et les détails pratiques seront bientôt disponibles sur le site de l'événement.

N'hésitez pas à relayer cette information autour de vous : entreprises, centres de recherches, associations, unités, universités, etc.

Personnellement, j'y interviendrai sur le peuple des Hmongs des années 50 à aujourd'hui, en particulier sur les dix dernières années autour de la question de la diaspora pour soutenir les centaines de Hmongs encore traqués dans les montagnes, les réactions aux décisions des autorités vietnamiennes ou laotiennes, etc.

Le programme est disponible ci-dessous.

mercredi 25 avril 2012

"Utilisation et investissement de la sphère Internet par les militaires" entretien avec Marc Hecker

L’Irsem (Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire) a publié une étude intitulée « Utilisation et investissement de la sphère Internet par les militaires », rédigée par Marc Hecker et Thomas Rid. A l’occasion de cette parution, j'ai posé trois questions à Marc Hecker. Merci à lui de m'avoir répondu.

Aujourd'hui, certaines armées font un usage plus intensif que d'autres du web et des réseaux sociaux : lesquelles, comment et pourquoi ?

Les armées américaines ont investi le web bien avant les autres pays. Cette avance peut être expliquée de différentes façons. Il y a tout d’abord un facteur culturel : les Américains sont d’une manière générale très « tech-savvy ». Le taux de pénétration d’Internet en Amérique du Nord est plus élevé que sur n’importe quel autre continent, les principales entreprises du secteur informatique sont américaines et les plateformes du web 2.0 les plus populaires ont été développées outre-Atlantique.


Il y a ensuite un facteur lié à la culture des armées : les armées américaines sont relativement ouvertes et estiment qu’elles ont tout à gagner à entretenir des échanges nourris avec le monde civil. En matière de nouvelles technologies, cela se traduit par exemple par des collaborations régulières entre le Pentagone et des grandes entreprises du secteur web. Avec Thomas Rid, nous avons par exemple rencontré à Washington un sous-officier de l’US Army qui venait de passer un an chez Google dans le cadre d’une mobilité extérieure. Autre trait culturel des armées américaines : elles favorisent l’innovation et les initiatives individuelles. Il y a plus de dix ans, un petit groupe de capitaines a eu l’idée de créer un forum, CompanyCommand, permettant aux jeunes officiers d’échanger de manière informelle. Cette initiative a été encouragée par l’Army qui a favorisé son développement. Aujourd’hui, CompanyCommand et Platoonleader – son équivalent pour les chefs de section – comptent près de 20 000 membres.

lundi 23 avril 2012

Pour "Aito, guerriers du Pacifique" : mobilisation générale !

Sébastien Joly, photographe professionnel, mène depuis deux ans un ambitieux projet de documentaire sur la vie quotidienne de militaires polynésiens avant et durant leur mission de six mois en Afghanistan. Une bande annonce de Aito (guerrier en tahitien) est visible ici. Rencontre avec l'auteur d'un projet à soutenir.

D'où vient l'idée de réaliser un tel documentaire ?

En janvier 2010, Philippe Maunier, gérant de la Savonnerie de Tahiti et ancien pharmacien chef lors de l’opération Daguet dans le Golfe en 1991, m’appelle afin de me montrer des séquences de vidéos qu’il avait tournées à la frontière irakienne. On y voyait des militaires polynésiens jouer du ukulele au milieu de nulle part, dans un désert aride, le sourire aux lèvres. Il ne m’a pas fallu longtemps pour imaginer un futur documentaire. Pourquoi ne pas actualiser ce sujet ?



dimanche 22 avril 2012

Article - Portrait du LBDSN dans la Nouvelle revue géopolitique


Le numéro 4 de la Nouvelle revue géopolitique est en kiosque (dans les bons kiosques...). Après un précédent numéro sur "Les pays émergents vont s'imposer", ce numéro est consacré à "La France dans le monde : ses atouts gagnants".

La question du nucléaire par Polemos, la pensée stratégique par EGEA, un entretien avec François Heisbourg de la FRS (think-tank débarqué depuis peu sur Twitter) ou encore un article de Jean-Louis Bruguière sur l'Afrique sont au menu.

Cliquez pour agrandir

Personnellement, j'y signe un court portrait, non d'une personne mais d'un ouvrage, le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale de 2008, vaillant petit soldat de la pensée stratégique française qui devrait bientôt prendre sa retraite.

mardi 17 avril 2012

Vidéo - Un député à Kaboul, les armes à la main : une scène de vie en Afghanistan

Dans un précédent article d'analyse à chaud sur les attaques multiples qui se sont déroulées à Kaboul et dans les environs, je narrais l'histoire de ce député afghan faisant le coup de feu depuis le toit d'un bâtiment du Parlement.

Voilà donc la vidéo de Muhammad Naeem Hamidzai Lali tirant avec une PKM, ou mitrailleuse Kalachikov en 7,62 * 54 mm, derrière des sacs de sable. Des policiers et des militaires afghans sont aussi visibles sur la vidéo, placés en retrait ou s'occupant seulement de recharger l'arme.

A noter après les quelques rafales lâchées, l'échange au talkie-walkie, tel le chef cordonnant les opérations et, tout à la fin, le protagoniste qui, très calmement, boit son thé dans une tasse posée à ses pieds.

Alors, fresque de la vie politique à l'afghane où d'anciens membres des forces armées de sécurité afghanes se retrouvent au Parlement ? Mise en scène guerrière d'un député ? Scène de vie quotidienne ? Lien armée-nation version afghane ?

A intégrer dans une autre excellente analyse à chaud : 5 Things You Should Know : Kabul Attacks.

dimanche 15 avril 2012

Idée de sortie - La Nuit aux Invalides


Si vous ne savez pas comment occuper une de vos soirées ces trois prochains soirs et découvrir la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides comme vous ne l'avez jamais vu, n'hésitez pas à vous rendre à ce spectacle. Des jeux de lumières absolument sublimes mettent en avant la très belle architecture de ce monument et font vivre les façades. Foncez !

Interférence du politique dans le militaire : une vision afghane à Kaboul (+ MAJ 1 et 2)

Lors de l'opération de contre-terrorisme menée à Toulouse, certains observateurs ont remarqué l'importante interférence politique qui aurait pu jouer un rôle dans le déroulement des événements (en particulier dans la définition des objectifs et des moyens pour y parvenir ainsi que dans le timing du lancement de l'assaut).

En effet, cela a pu se faire via le président de la République tenu au courant quasiment en temps réel (en particulier grâce à des moyens de communication qui permettent aujourd'hui de plus en plus d'assurer un micro-management sur le terrain) ou par la présence d'un ministre de l'Intérieur au plus prêt des hommes du RAID.


ANSF can do, "Afghan first", et autres mantras : la transition est en marche (à Kaboul depuis quelques années d'ailleurs...)

Plaignons-nous, car en Afghanistan, les hommes politiques font bien plus et prennent les armes pour mener eux-mêmes l'assaut contre les éléments "terroristes" conduisant les attaques multiples qui se déroulent actuellement dans la capitale afghane et dans différentes localités des environs lors du lancement de cette offensive du printemps.

samedi 14 avril 2012

Journée d'étude - Vers une analyse du raisonnement stratégique (Paris - 30 mai 2012)

Le 30 mai 2012 à l'Ecole Militaire à Paris, le pôle "Action globale et forces terrestres " du Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Cöetquidan (CREC) organise une journée d'étude consacrée à l'analyse du raisonnement stratégique.

Le programme est disponible ici (avec notamment la présence de membres de l'Alliance Géostratégique : Michel Goya sur "Penser sous le feu" et Vincent Eiffling sur "Le dilemme des options et l'exemple de la question nucléaire iranienne").

Inscription obligatoire : raisonnement.strategique@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr ou au 02 90 40 40 40

La journée d’étude "Vers une analyse du raisonnement stratégique" propose de prendre pour objet de recherche la manière dont on pense les questions stratégiques plutôt que le contenu des discours produits. Si on admet que le domaine de la stratégie est structuré par les deux éléments centraux que sont le conflit et l’usage, au moins virtuel, de la violence, alors le raisonnement stratégique doit, théoriquement, intégrer ces éléments et leurs implications, logiques et pratiques.

L’antagonisme des volontés semble par exemple induire deux exigences fondamentales : la reconnaissance (et donc la recherche de la connaissance) d’un Autre pensant et agissant, et un mode de raisonnement de type interactionniste. Dans un contexte d’affrontement des volontés, l’usage de la violence, ou sa perspective, exige de même du raisonnement stratégique qu’il tienne compte du fait qu’elle n’est pas un moyen d’action anodin. Non seulement la violence est susceptible de s’abandonner à une logique d’ascension aux extrêmes, mais en plus elle a des conséquences psychologiques et symboliques sur les acteurs des conflits, combattants ou non, dont la portée s’évalue à l’aune de systèmes normatifs variables et qu’il s’agit, autant que possible, d’anticiper. La prise en compte et le traitement de ces implications posent pourtant des difficultés importantes dans nombre d’analyses, produites par des théoriciens ou des praticiens, aussi bien aux “niveaux” dits stratégique, opératif, ou tactique.

La journée d’étude se propose, par des études de cas ou des analyses plus généralistes, de contribuer à la démarche consistant à essayer de comprendre pourquoi ces négligences sont récurrentes. A quels obstacles le raisonnement stratégique se heurte-t-il pour penser l’Autre et la violence ?

mercredi 11 avril 2012

Guide du bon usage des médias sociaux : où est l'audace ? (+ MAJ 1 et 2)

Au moins 2 ans après l'US Army (il est possible de trouver une 1ère version d'un "handbook"début 2010), la DICOD, responsable de la communication du ministère de la Défense, publie (enfin) un "Guide du bon usage des médias sociaux" (téléchargement ici).

Pour ne pas passer à côté des opportunités que peuvent représenter ces outils, qui ne sont pas en eux-mêmes mauvais (seul un usage inapproprié est dangereux), espérons presque qu'une seconde version (ou au moins une version remaniée) soit publiée au plus vite...

Les médias sociaux représentent des risques...

Jean-Marc Tanguy (Le Mamouth) l'a déjà relevé, les conseils de "bon sens" (la chose au monde la moins bien partagée...) donnés sont dans bien des cas mal appliqués par la DICOD, les SIRPAet autres entités de communication des forces armées et du ministère. Combien de visages nonfloutés de membres d'unités des forces spéciales sur le site www.defense.gouv.fr ?



lundi 9 avril 2012

Bataille sur les ondes : Galula et la radio

Cette dernière question est la suite de l'entretien mené avec Gregor Mathias, auteur d'une biographie extrêmement complète sur David Galula parue récemment en Français aux éditions Economica. Merci encore à lui pour le temps consacré à y répondre.

Point très intéressant soulevé dans votre travail, le rapport à l’information. Qu’est-ce que Galula mettait en place pour penser et agir dans ce domaine en termes d’opportunités plus que de menaces ?

La réflexion de D. Galula sur la guerre contre-révolutionnaire accorde beaucoup d’importance au contrôle de l’information. D’autres théoriciens, dont le colonel Lacheroy, avaient également compris l’importance de l’information dans ce type de conflit. La création des 5e Bureaux en Algérie initiée par le colonel Lacheroy avait d’ailleurs pour but d’influencer l’opinion publique par des expositions de photographies, des projections de films de cinéma, des affichages de slogans, des réunions publiques défendant l’action de la France en Algérie. Or cette action des 5e Bureaux est perçue par tous les officiers SAS et D. Galula lui-même comme extrêmement simpliste, en décalage complet avec les attentes et la mentalité de la population et donc totalement inefficace.


Crédits : ECPAD.

L’originalité de la réflexion de D. Galula concernant le contrôle de l’information se trouve dans le fait que celle-ci doit accompagner chaque étape de sa tactique de contre-insurrection et qu’elle se décline en trois cibles (les forces loyalistes, la population, les insurgés). D. Galula perçoit très vite l’influence que prend un nouveau média sur une population analphabète et très crédule : la radio. La radio a dans les années 50-60 la même importance qu’a pris Internet pour nous à la fin du XXe et au début du XXIe. L’information s’affranchit des frontières et raccourcit la distance et le temps entre l’événement et l’auditeur, d’autant plus que le récepteur radio est peu onéreux à l’achat. L’information n’est plus contrôlée par l’Etat, elle peut être manipulée par un adversaire et être rapidement amplifiée à tous les transistors et par le bouche à oreille.

Le général Ely, chef d’état-major de la Défense nationale, est conscient de la menace que représentent les radios étrangères dans la propagation de fausses nouvelles ou de nouvelles déformées, des appels à la révolte ou au meurtre en Algérie et en métropole. D. Galula va servir de 1958 à 1962 à « la division de l’information », structure politico-militaire dépendant à la fois de l’état-major de la Défense nationale et des services du Premier ministre. Ce comité fonctionne comme un service interministériel regroupant tous les ministères et les administrations intéressés par l’information : la Radiodiffusion et la Télévision françaises (RTF), le ministère de l’Information, le ministère de l’Outre-mer, le ministère de la Défense et les services secrets (SDECE). La division de l’information cartographie les menaces en fonction de la puissance de l’émetteur et du nombre d’heures de fréquence des radios « ennemies », que sont les radios des pays de l’Est, des pays arabes (l’Egypte, le Maroc, la Tunisie) et de pays africains (la Guinée, le Mali). Cette propagande radiophonique risquait de déstabiliser la métropole, l’Algérie et les pays de la Communauté (pays africains francophones souhaitant conserver des liens politiques avec la France).

Les archives nous montrent que face à des menaces de propagande virulente antifrançaise, D. Galula a un rôle de propositions de modalités d’action s’appuyant sur les leviers diplomatique, technologique (brouillage en Algérie et en métropole), d’opérations clandestines (du SDECE) et de contre-propagande (par la RTF). Il s’agit d’une réponse défensive à une menace. Comme son supérieur le général Ely, D. Galula est conscient que dans le domaine de l’information, il faut également prendre des initiatives et avoir une vision plus offensive. Mais les opportunités d’action sont restreintes en raison de la faiblesse du dispositif radiophonique.

D. Galula mène un véritable audit du matériel radiophonique de diffusion et de brouillage en Afrique de la Communauté. Il contribue à compléter le dispositif radiophonique en Algérie. Il prend rapidement conscience de la nécessité d’avoir une radio francophone internationale capable de contrecarrer l’influence de puissances rivales en Afrique francophone et d’avoir une vision française de l’information, prélude à ce que sera RFI. Il expérimente avec des ingénieurs des intrusions sur les ondes adverses : il s’agit d’émettre sur la même onde ou une onde proche de la radio visée et de diffuser des fausses informations en se faisant passer pour la radio ennemie. L’action est très délicate du point de vue technique, mais ce type d’action préfigure ce que sera la guerre électronique.

samedi 7 avril 2012

Questions militaires : la France au Mali, la CEDEAO et les forces armées du Mali (+MAJ)

Au Mali, une opération militaire ne sera pas la solution ultime, un retour à l'ordre constitutionnel (sachant qu'un retour à l'ordre ante crise n'est pas assuré) ne sera pas possible uniquement via le déploiement de militaires, les problèmes de fond et déséquilibres économiques, sociaux et autres ne seront pas résolus par une approche purement militaire.

Il est vrai que les questions militaires dans la crise actuelle au Mali (et dans le sous-ensemble régional) ne doivent pas focaliser l'attention des observateurs plus que de mesure . Néanmoins, elles ne peuvent être complètement écartées. Voici donc quelques réflexions en passant (les commentaires sont évidemment bienvenus !).


Pensons "ensemble sous-régional" et non pays par pays
Crédits : Courier International

La coopération française au Mali

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes le martèle : la France n'interviendra pas militairement au Mali (sinon, à quoi sert les efforts français effectués depuis des années pour épauler la montée en puissance de forces africaines autonomes ?)... mais un soutien logistique (lequel ?) pourrait être fourni à la CEDEAO. En France, des hommes sont en alerte, au moins pour une possible évacuation de ressortissants, Never Say Never again.

Rappelons juste que les Forces armées du Mali profitent depuis des années d'une importante coopération militaire structurelle de la part de la France. Coopération, qui à la différence de la coopération opérationnelle, vise à "structurer l'outil de Défense du pays hôte", dans le long terme et en faisant effort sur les élites, les écoles, etc. En comparaison, la présence américaine semble plus discrète (des forces spéciales pouvant néanmoins aussi grenouiller).

Via la DCSD (Direction de la coopération de sécurité et de défense, organisme du Quaid'Orsay), la France assure le pilotage ou la gestion des projets. Au Mali, pas moins de 14 coopérants "Défense" permanents français sont présents (seuls Djibouti, le Gabon, leCameroun et le Maroc en abritent plus) et 5 coopérants "Sécurité intérieure/protection civile".

L'École de Maintien de la Paix de Bamako (située jusqu'en 2002 en Côte d'Ivoire) est le projet phare d'école nationale à vocation régionale (ENVR), qui vise à former les officiers de laCEDEAO aux missions d'état-major tactique dans les opérations de maintien de la paix (avec des focus sur le rôle d'observateurs de l'ONU, actions civilo-militaires, etc.).

Il ne s'agit donc pas de donner du muscle à des armées en renforçant leurs tactiques d'infanterie, d'appui, etc. mais plutôt de développer du liant et des bases de travail communes, en relation, pour l'opératif, avec le centre "Kofi Annan" du Ghana et au War College d'Abuja (Nigeria) pour le stratégique.

Cette coopération se retrouve lors des exercices des années passées de montée en puissance de la Force en attente de la CEDEAO (FAC) qui, s'inscrit dans le cadre continental de la Force africaine en attente (FAA) visant à rendre opérationnelle en 2010 des capacités africaines de maintien de la paix.

En plus, des projets ont lieu à l’École d’État-major de Koulikoro et à l’École Militaire d’Administration. Des stages de pilotage pour les aviateurs ont aussi été assurés pour des avions légers d'observation (voir ici), les pilotes des hélicoptères d'attaque (en particulier Mi-24 livrés par l'Algérie en 2007) étant apparemment d'origine européenne (Europe de l'Est ?).

La CEDEAO en alerte : so what ?

Hier, les chefs d'état-major des armées ouest-africaines de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, organisation régionale créée en 1975) se sont réunis à Abidjan pour discuter de l'envoi d'une force militaire en Mali. Un "mandat" aurait été trouvé pour définir la mission de cette force estimée entre 2000 et 3000 hommes.

Actuellement, des questions demeurent. Quels buts ? Action limitée à Bamako entérinant de facto l'indépendance de l'Azawad et le fédéralisme/partition du Mali ? Faire de l'interposition entre 2, 3 voir 5 factions (pro-putschistes, pro-gouvernement, Touaregs/MNLA, katibas AQMI) ? Restaurer une souveraineté à Bamako puis ensuite épauler une reprise du Nord ?

Et cela avec que 3000H qu'ils restent encore à déployer sur place (avec quels moyens ? dans quels délais ?) après avoir générer la force et avoir donc battu le rappel pour trouver des armées volontaires (Nigeria qui a déjà Boko Aram, Côte d'Ivoire a minima déjà trop occupée en interne, Ghana, Togo, peut-être Sénégal, etc.).

Tout cela dans un rapport de force limite, face à des adversaires qui ont montré ces dernières semaines des qualités guerrières (volonté et capacités de manoeuvre) en plus de disposer d'un équipement lourd et en quantité (merci les stocks à l'air libre libyens ou les stocks pillés des forces armées maliennes, en particulier ceux de Gao).

Si le mandat est trop exigeant, 3000H semblent peu. Si il est trop faible, cette mission pourrait rappeler les déconvenues des casques blancs de l'ECOMOG (Economic Community of WestAfrican States Cease-fire Monitoring Group), en particulier au Libéria, emmenée alors principalement par un contingent du Nigeria.



Notez le message dans les premières secondes de la vidéo...
Plus simple de casser des briques que de reprendre Gao et Tombouctou ?

Et les forces armées maliennes ?

Réputées d'un bon niveau, les Forces armées du Mali se sont pourtant effondrées en quelques jours. Alors même que le putsch du CNRDE (des militaires pour avoir pris un tel acronyme...) le 22 mars était une réponse à ce que les putschistes définissait comme une "mollesse" du gouvernement face aux avancées dissidentes dans le Nord.

Or, d'officiers subalternes (le rang moyen des principaux leaders du CNRDE), on ne s'improvise pas en quelques jours général capable de planifier et mener une contre-attaque face à un adversaire qui profite des flottements dans les rangs, de l'absence d'une autorité politique de référence, un Prince, à Bamako et qui est dans un rapport de force local presque en sa faveur.

Enfin, dernière raison, qui n'est qu'une hypothèse, l'effondrement ne serait-il pas aussi dû aux conséquences de réflexions opérationnelles caduques. Au Mali (et ailleurs), à force d'apprendre aux armées à mener des opérations de maintien de la paix de basse intensité, dès que la tempête de combats de haute-intensité déferle, n'y aurait-il plus alors personne ?

Si des efforts ont été faits pour passer en Afrique d'armées des habitudes aux armées des besoins, n'y aurait-il pas néanmoins eu un rééquilibrage trop important laissant les quelques 7.000 militaires maliens non préparés, mal équipés, et en somme, entraînés à tenir des check-points et non à monter à l'assaut ? Facile à dire a posteriori, j'en conviens.

Et tout cela n'aborde pas les questions posées par la présence de certaines "groupes" qu'Abou Djaffar devrait traiter sous peu... Patience.

MAJ 1 : le ministre français de la Défense aurait indiqué que l'aide possible française pourrait consister à transporter les troupes de la CEDEAO au Mali (via des avions de transport) et ainsi accélérer leur regroupement sur place.

Café stratégique n°14 : jeux d'influence en Somalie (12/04/12)

Pour son prochain Café Stratégique, l'Alliance Géostratégique reçoit Roland Marchal, chargé d'études au CNRS (membre du CERI de Sciences Po) pour parler des jeux d'influence à l'oeuvre en Somalie. Son approche "décapante" de la question permettra, comme d'habitude, d'engager un débat, que nous espérons instructif pour tous, avec l'ensemble des présents.

Sujet d'actualité s'il en est, la Somalie, et plus globalement la Corne de l'Afrique, sont au centre d'un ensemble d'influences qu'il est parfois difficile de décrypter. Pour en savoir plus, rendez-vous le 12 avril 2012 à 19h, toujours au café Le Concorde (métro Assemblée nationale, 239, boulevard Saint-Germain à Paris dans le 7ème).

Cf. l'annonce sur l'Alliance Géostratégique pour y trouver une bibliographie introductive.

mercredi 4 avril 2012

"Galula : ce grand méconnu" entretien avec Gregor Mathias

Galula. Ce nom a été et est encore sur toutes les lèvres dès lors qu'il s'agit d'aborder l'histoire militaire de la guerre d'Algérie, la diffusion d'une "école française" de la contre-insurrection (si elle a un jour existé), parler de l'influence de penseurs français sur des sommes de tactiques reprises par des militaires américains, etc.

Mais que sait-on vraiment de cet officier français ? Peu de choses au fond, d'où le grand intérêt du travail de Gregor Mathias, historien spécialisé sur la guerre d'Algérie et auteur de la biographie (en premier en Anglais et depuis peu en Français chez Economica) la plus complète sur le personnage. Il a bien voulu répondre à quelques unes de mes questions. Je le remercie vivement.

Avant de passer quelques années en Algérie, David Galula est attaché militaire en Chine, se rend dans les Philippines et en Indochine puis est observateur pour l’ONU en Grèce. En quoi ces expériences façonnent Galula et ont un impact sur ses futures réflexions ?

D. Galula est attaché militaire à l’ambassade française de Pékin de 1945 à 1949. Comme officier du 2e Bureau (ndlr : celui en charge du renseignement dans les unités militaires), il étudie la guerre civile chinoise qui oppose les troupes communistes de Mao aux troupes nationalistes de Tchang Kaï Chek. Ces dernières sont plus nombreuses et mieux armées, mais subissent revers sur revers depuis 1945 jusqu’à la prise de pouvoir victorieuse des troupes de Mao. La mission de D. Galula au 2e Bureau est d’étudier les tactiques des nationalistes et des communistes, pour cela il analyse la presse nationaliste, les communiqués militaires, et rencontre les officiers d’état-major de l’armée nationaliste. Il n’hésite pas à se rendre au plus près des champs de bataille, où il est même fait prisonnier par les troupes communistes. Bien traité par ces dernières, il a l’opportunité de discuter de stratégie avec un des meilleurs généraux de Mao, Ch’en Keng. Il prend alors connaissance des méthodes d’action psychologique des troupes maoïstes et de leur efficacité sur les prisonniers nationalistes et sur les populations passées récemment sous leur contrôle à la suite des défaites des nationalistes. Présent en Chine, il peut prendre connaissance assez précocement des œuvres de Mao sur la guerre révolutionnaire traduites en anglais par S.B. Griffith. Dans l’ouvrage théorique de D. Galula Contre-insurrection traduit par le lieutenant-colonel P. de Montenon (Economica, 2008), la moitié de l’ouvrage est d’ailleurs consacrée à l’insurrection communiste, les exemples traités sont essentiellement chinois et sont tirés de cette expérience de terrain.

Contrairement à la plupart des officiers de sa génération, D. Galula ne combat pas en Indochine. Il est sur un théâtre d’opération marginal pour l’armée française – en apparence seulement – car en réalité l’état-major attend de connaître le moment où les troupes de Mao vont prendre le pouvoir et prendre le contrôle de la frontière indochinoise. Les officiers d’état-major en Indochine sont en effet conscients qu’à partir de ce moment-là, le contexte géopolitique régional risque de changer radicalement. En effet le soutien logistique chinois au Vietminh va entraîner le repli des postes français le long de la frontière chinoise et le désastre de la RC-4. Les quelques officiers français du 2e Bureau présents en Chine, dont D. Galula, avertissent donc régulièrement l’état-major français en Indochine de la progression territoriale et des victoires des troupes maoïstes. On peut pourtant penser que c’est en raison même de l’absence d’expérience personnelle de lutte contre la guérilla en Indochine que D. Galula n’arrive pas à imposer ses réflexions parmi les spécialistes de « l’école de la guerre révolutionnaire », ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il n’arrive pas à convaincre sa hiérarchie militaire et du ministère des Armées de l’originalité de sa réflexion. Contrairement à ce que l’on lit à propos de D. Galula, ce dernier ne s’est jamais déplacé en Indochine ; dans son ouvrage Pacification in Algeria (éd. RAND, non traduit en français), il dit s’être déplacé aux Philippines par deux fois, mais il ne dit rien de similaire à propos de l’Indochine. On peut affirmer que si D. Galula s’y était déplacé, il n’aurait pas hésité à l’écrire et à le dire lors de ses conférences.

Si sa présence en Chine lui permet d’étudier les erreurs stratégiques et tactiques d’une armée régulière face à une insurrection (1945-1949), sa présence en Grèce comme observateur de l’ONU (1949-1950) lui permet d’assister au succès d’une armée régulière sur la guérilla communiste lors de la guerre civile, notamment lors des combats du mont Grammos. Alors que l’on pensait que l’insurrection était destinée à vaincre à court ou à long terme une armée régulière, la guerre civile en Grèce démontrait le contraire. D. Galula tente de trouver les facteurs qui peuvent expliquer les succès de la contre-insurrection. Il comprend notamment que si l’insurrection ne connaît pas de frontières et sait les utiliser à son avantage, les autorités légales sont, elles, contraintes de les respecter. Il prend conscience de l’importance des conditions géographiques dans les succès de l’insurrection ou de la contre-insurrection. Il complète enfin ses observations par deux voyages privés aux Philippines pour comprendre les raison des succès de la contre-insurrection dans ce pays.

Sa présence comme responsable du Deuxième bureau auprès de l’ambassade française dans la concession britannique de Hong-Kong (1951-1956) lui permet de côtoyer un milieu cosmopolite et de nombreux officiers en escale : il rencontre des officiers américains de retour de guerre de Corée ou des Philippines, des officiers britanniques de retour de Malaisie, des officiers français de retour d’Indochine. Par ses conversations et par la presse, il peut se faire une idée des stratégies de la guérilla et de la contre-guérilla sur ces différents théâtres d’opération. Pourtant, il est loin de connaître toutes les expériences de contre-insurrection, il ignore ainsi que pendant la guerre de Corée, l’armée américaine a mis en œuvre des opérations contre la guérilla nord-coréenne, en plus de sa lutte contre l’armée régulière nord-coréenne. D. Galula fait la synthèse les différentes expériences de l’insurrection et de la contre-insurrection.

Puis ce sont les années 56-57 en Kabylie. En quoi votre travail d’historien, plus que de juge, tend à prouver que la « méthode » qu’il mettra sur le papier plus tard n’a pas été un réel succès, contrairement aux dires de Galula, quand elle a été expérimentée sur le terrain ?

Galula a écrit deux ouvrages, Contre-insurrection, théorie et pratique qui décrit les méthodes de l’insurrection et de la contre-insurrection et Pacification in Algeria, qui est le récit de sa pacification dans son sous-quartier de Kabylie. Aux États-Unis, de nombreux officiers et spécialistes des relations internationales et des questions de défense s’appuient sur ses deux écrits pour en tirer des enseignements sur la contre-insurrection qu’ils tentent d’appliquer sur les différents théâtres d’opération. Le relatif succès de la contre-insurrection en Irak mené par le général Petraeus et le lieutenant-colonel Nagl, qui s’appuie notamment (mais pas entièrement) sur les enseignements de D. Galula semble avoir validé les conceptions de la contre-insurrection. D. Galula est donc perçu par le général Petraeus comme un brillant théoricien, « le Clausewitz du XXe siècle ». Or, ce qui est surprenant dans la notoriété de D. Galula, c’est qu’elle s’appuie sur le seul récit de cet officier atypique et original, mais que cette réflexion et ce récit ne sont jamais confrontés aux archives. Avant cette première étude historique, nul chercheur en relations internationales, nul historien, nul officier n’a eu la curiosité de s’intéresser aux résultats de cette stratégie sur le terrain. Certains chercheurs nord-américains se sont bien entendu intéressés à D. Galula, mais davantage dans son contexte politico-militaire ou dans le cadre de son réseau relationnel, mais ils n’ont jamais eu l’idée de confronter la théorie à l’épreuve des faits, pour reprendre la traduction de mon ouvrage en langue anglaise Counterinsurgency. Practice versus Theory (Praeger, 2011).

En tant qu’historien, mon objectif initial n’a pas été de prouver que D. Galula avait raison ou tort dans sa réflexion, mais de confronter - sans a priori - son récit aux archives administratives et militaires pour analyser chacune des huit étapes de la contre-insurrection prônées par D. Galula et d’évaluer si elles ont été ou non un succès dans son secteur militaire de Kabylie. Spécialiste des Sections administratives spécialisées (SAS), auteur de Les Sections administratives spécialisées en Algérie, entre idéal et réalité (L’Harmattan, 1998), j’ai utilisé les archives de la SAS avec laquelle travaillait D. Galula. Pendant la guerre d’Algérie, la SAS fait un travail de pacification de profondeur en immersion au milieu de la population. C’est ainsi que les SAS recensent la population, construisent des routes et des maisons, mettent en place des écoles et une assistance médicale gratuite pour la population. Il s’agit d’un concept très proche de celui que l’on retrouve au sein des ACM (Action civilo-militaire) ou des PRT (Provincial reconstruction team).

La SAS est composée d’un officier SAS et d’un adjoint militaire aidé de supplétifs et de quelques attachés civils. L’officier SAS fait des rapports mensuels à la sous-préfecture évoquant l’avancée de la pacification dans tous les domaines et tenant des statistiques précises de toutes les actions entreprises. En plus de ces archives administratives, je me suis également appuyé sur le Journal de marche et des opérations (JMO) de l’unité de D. Galula faisant état de toutes les opérations effectuées sous le commandement du capitaine Galula. Le récit de D. GalulaPacification in Algeria étant chronologique, il a été aisé de faire la comparaison entre son récit et les archives dans chacune des huit étapes à court et à long terme, d’autant plus qu’il existe des archives sur les années postérieures au départ de D. Galula du secteur de Kabylie. Si certaines étapes sont clairement des succès, comme le contact avec la population (3ème étape), d’autres sont des échecs, comme le montre l’infiltration des élus et des supplétifs recrutés (6ème et 8ème étapes). C’est une sorte de retour sur expérience de la pacification de D. Galula dans son secteur de Kabylie que je propose en m’appuyant sur plusieurs sources complémentaires et parfois contradictoires.

En procédant à cette confrontation, j’ai pu prouver que D. Galula s’était inspiré de certains enseignements de théoriciens de la guerre révolutionnaire (colonel Argoud, colonel Nemo), voire même du fondateur de l’Express J.-J. Servan Schreiber. De plus, j’ai pu retrouver les articles du Monde mettant en cause l’action de Galula à la suite de la publication d’un de ses articles à une revue militaire. La méthode de contrôle de la population de D. Galula pose des problèmes éthiques dans une société démocratique, qu’a dénoncés en son temps, un officier appelé dans une série d’articles de ce quotidien.

Ensuite, c’est toute la période de la rédaction et de la diffusion de ses travaux, en particulier aux États-Unis. Pensait-il alors en termes d’influence, de communication ? De partage d’expérience ? Ou était-ce l'homme de l'instant, là au bon moment ou avec les bons contacts au sein de l’establishment américain?

Si l’armée française refuse à D. Galula l’opportunité d’étudier aux États-Unis, ce n’est pas qu’elle n’a pas su détecter la valeur de cet officier, c’est probablement dans le but d’empêcher qu’un tel officier à ce poste stratégique ne divulgue à l’étranger le fonctionnement du contrôle de l’information par les plus hautes instances de l’État français dans les pays africains francophones alliés et ses modalités d’action défensive et offensive.

D. Galula a toujours et systématiquement beaucoup communiqué sur ses initiatives originales à l’égard de sa hiérarchie civile et militaire, mais aussi des journalistes français et anglophones. D. Galula a utilisé tous les moyens pour faire connaître sa réflexion sur la contre-insurrection : rapports écrits, rapports enregistrés sur bandes enregistrées, colloques, conférences, articles à la presse militaire ou civile. Il a su entrer en contact et convaincre les bons interlocuteurs situés aux postes à responsabilités pour obtenir des postes à la hauteur de ses ambitions, comme le colonel Guillermaz, le fondateur des études de sinologie française et le responsable du 2e Bureau qui l’a formé en Chine et qui l’a nommé par la suite comme son successeur à Hong-Kong (1945-1956) ; le général Ely qui l’a mis aux responsabilités au sein de la division de la guerre des ondes (1958-1962) ; le général Westmoreland, le futur commandant des troupes américaines au Vietnam, que D. Galula aurait rencontré à Hong-Kong, lui aurait demandé de participer comme seul Français au séminaire des spécialistes et praticiens de la contre-insurrection organisé par la Rand à Washington en 1962. Il a pu se faire connaître des Américains et acquérir une aura incontestable dans ce domaine.

D. Galula est un excellent pédagogue à l’égard de sa hiérarchie et de son public. Il semblerait avoir bénéficié aux États-Unis d’un réseau d’amis journalistes côtoyés auparavant à Pékin et à Hong-Kong, et qu’il aurait invité plus tard à visiter son secteur en Kabylie. Il partage volontiers ses expériences avec d’autres officiers anglophones spécialistes de la contre-insurrection, mais n’hésite pas à utiliser aussi celle des autres sans les citer. Il met toujours en avant la diversité de son expérience inégalable et sa situation d’observateur des insurrections et des contre-insurrections sans jamais citer ses sources d’inspiration. Il a le mérite de faire une brillante et originale synthèse et de proposer des solutions simples et concrètes bien loin des théories plus élaborées des théoriciens de l’école française de la guerre révolutionnaire, mais qui ne sont pas toujours compréhensibles et adaptables par des unités confrontés aux réalités du terrain. D. Galula fait partie de ces nombreux experts britanniques et australiens de la contre-insurrection que l’armée américaine recrute ou dont elle recueille l’expérience pour l’éclairer dans sa lutte contre la guérilla au Vietnam. La Rand, un think thank de l’armée américaine et le général Westmoreland trouvent ainsi à D. Galula un poste de chercheur associé à Harvard et lui demandent de mettre par écrit son expérience et sa réflexion. D. Galula rédige deux ouvrages qui le feront connaître par l’armée américaine : Pacification in Algeria (Rand, 1963) et Counterinsurgency. Theory and practice (Praeger, 1964).

Malgré ses relations dans les médias et au sein de la hiérarchie militaire, ses théories demeurent controversées, même aux États-Unis, où il se fera aussi des adversaires, ce qui explique qu’il n’est pas reconduit à son poste universitaire à Harvard. Il travaille par la suite à Londres sur le projet d’un nouveau radar de l’OTAN, mais il tombe rapidement malade et décède à l’hôpital américain de Paris en 1967. D. Galula arrive donc aux États-Unis au bon moment, celui de la guerre du Vietnam au moment même où les théories de l’école française de la guerre révolutionnaire sont considérées comme obsolète par les autorités françaises dans un contexte de Guerre froide et de conflit nucléaire.

Propos publiés simultanément sur l'Alliance Géostratégique