Quel est l’état actuel de la composante Air des forces armées du Mali ?
Les forces terrestres maliennes et la CEDEAO peuvent-elles compter sur elle
pour de futures, mais probables, opérations ? Rien n’est moins sûr alors que
son état matériel, humain et opérationnel illustre finalement bien des maux rencontrés par l’ensemble des forces
armées du Mali.
Dans son panorama annuel (téléchargeable ici),
le site de référence Flight Global dressait un état des lieux (un peu
optimiste) des ressources matériels en 2011. Quand est-il vraiment de l’état
de cette armée de l’Air composée d’environ 400 personnels, si nous nous en référons
à la « Military Balance 2011 » de l’IISS (International Institute for
Strategic Studies) ?
Hélicoptères d’attaque et de transport Mi-24
Les deux hélicoptères (immatriculés
TZ 404 et TZ 405) de transport et d’attaque Mi-24 (ou Hind selon la classification OTAN) ont été acquis début 2007 dans
les stocks de l’armée de l’Air bulgare. Ils ont une capacité de transport de 8
personnes et peuvent, en plus de la tourelle avant, recevoir de l’armement sur
les points d’emport externes. Après avoir subi une révision technique et reçu
un camouflage couleur sable, ils ont rejoint le Mali fin 2007.
Photo prise alors qu'ils n'avaient pas encore quitté la Bulgarie
Par manque de pilotes maliens formés (une faiblesse structurelle locale), des pilotes ukrainiens, habituels
sur le continent, sont aux commandes. Or, quelques jours après le coup d’État
contre le président Amadou Toumani Touré le 22 mars, ils ont quitté le Mali,
clouant au sol de facto ces
hélicoptères (jusqu’à un prochain contrat avec des prestataires
similaires ?).
Cette situation n’est pas
inédite. Selon un document diplomatique américain, en avril 2008, ces deux
hélicoptères avaient attaqué au Sud-Ouest de Kidal une colonne de véhicules du
chef rebelle touareg Bahanga. Au cours de l’opération, un des pilotes est tué,
un autre est blessé. Le personnel ukrainien, après avoir ramené à bon port les
hélicoptères, regagne aussi l’Ukraine quelques jours après.
Néanmoins, ces hélicoptères ont
été régulièrement signalés par l’AFP et d’autres agences de presse lors d’opérations
dans le Nord du Mali. Après avoir été vus à Tessalit ou Kidal, ils opéraient
encore au 30 mars 2012 depuis la ville de Gao. Il faut néanmoins noter qu’avec
un rayon d’action de 450 km, ces hélicoptères ne peuvent opérer à plus de 200
km de leur base (en comptant le temps sur place). Or, du fait de l’élongation
des distances entre les villes (et par manque de capacités de ravitaillement en
plein désert), les possibilités sont limitées : Tombouctou est à plus de
300 km de Gao, Kidal est à 290 km de Gao, etc.
Pour rappel, 4 hélicoptères étaient
encore en état de vol en janvier 2011 (cf. vidéo à 07 min 08 secondes).
Deux serviraient actuellement de réserves en pièces détachées. Enfin, aucune
information n’est disponible sur l’état d’un hélicoptère Mi-8 Hip-C (capacité : 20 personnes
environ), dont il est parfois fait mention.
MAJ 1 : des pièces de rechange auraient fait parti des lots d'armement bloqués pendant plusieurs mois en Guinée (port de Conakry). Ces pièces, aujourd'hui livrées, auraient permis d'entretenir les 2 hélicoptères en état de vol, et, peut être, de remettre sur pied un ou les 2 hélicoptères Mi-24 stockés. De plus, des pilotes en provenance de pays de l'Est auraient été récemment aperçus (Bulgarie ? Ukraine ? ailleurs ?).
Hélicoptères de transport Z-9 et AS350
L’armée de l’Air malienne disposerait de deux hélicoptères Harbin Z-9B,
modèle construit sous licence à partir des années 1990 par l’entreprise
chinoise Harbin Aircraft Manufacturing Corporation. Le modèle de base est
l’hélicoptère d’Eurocopter AS365 Dauphin. Il est en mesure de transporter une
petite dizaine de personnes avec un rayon d’action de 1000 kilomètres. Des
points d’emport externes sont prévus mais les modèles maliens ont toujours été vus
sans charge externe.
Ces hélicoptères (immatriculés TZ-393 et TZ-394) auraient été donnés par Taiwan
en décembre 2000 (selon l’édition 2004 du panorama de Flight Global).
Les appareils n’ont pas été signalés en vol en 2012. Servent-ils au transport
de personnalités ?
De plus, un hélicoptère AS350 B Ecureuil a bien été livré à l’armée de
l’Air à la fin des années 80. Hélicoptère monomoteur léger, il est sans doute
utilisé pour l’entraînement, la formation ou la reconnaissance (bien que non
blindé). Il est visible sur une photographie datant au moins de 2009 sous des
bâches. Aucun signe d’activité depuis.
Avions de combat Mig-21 MF / UM / Bis
La petite dizaine d’appareils
Mig-21 n’a pas été signalée en vol depuis au moins une année : ni en opérations
dans le Nord du Mali ni même lors des grands défilés annuels pour la fête de
l’armée au Mali (20 janvier 2012) ou pour la fête de l’indépendance (22
septembre 2011). Et pourtant, ces deux événements sont l’occasion généralement
d’exhiber les nouvelles acquisitions militaires ou les matériels les plus
modernes. En septembre 2010, deux Mig-21 (en plus de 3 appareils de transport
et 4 hélicoptères Mi-24) avaient participé aux festivités.
Trois exemplaires avaient été
acquis en septembre 2005 auprès de la République Tchèque suite à leur
décommission : 2 en version MF dite de 3ème génération (modernisé en 1970
et destinée à l’exportation) et 1 en version UM (biplace d’entraînement). En
1974, douze Mig-21 Bis (dite de dernière génération et produit à partir de
1975) et deux Mig-21 UM (en 1976) avaient été acquis d’origine auprès de
l’URSS.
Une photo non datée (prise avant septembre 2008) montre un
Mig-21 malien
Avec un canon bitube et 1.500 kg
de charges externes sur 4 polygones, ces appareils apportent une indéniable
capacité d’appui-feu (même si les relations avec le sol se font de manière
empirique). Avion relativement rustique et doté du strict minimum en termes
d’appareils d’aide au pilotage, ses performances dépendent grandement des
capacités des pilotes.
Quelques exemplaires de Mig-21
servent de pots de fleurs sur des bases aériennes maliennes et d’autres
reposeraient encore dans les hangars de la base aérienne de Bamako. La
situation du parc révèle sans doute un manque criant de ressources humaines en
pilotes correctement formés. Il n’est pas à exclure non plus que le manque de
pièces détachées et des ressources limitées en carburant spécifique limitent
grandement leur utilisation. Cela devrait être encore le cas à moyen terme.
Le MNLA (Mouvement national de
libération de l'Azawad) avait affirmé en janvier 2012 avoir abattu un appareil
de type Mig-21, action qui confirmait pour certains les craintes de
dissémination de missiles portables anti-aériennes (MANPADS) récupérés dans les
stocks à ciel ouvert des forces du colonel Khaddafi. Le quotidien Le Monde,
photo à l’appui,
reprenait ce fait. Or, il semble bien que la photographie soit un
« trucage » à partir d’une photographie remontant à 2008 (cf. ici pour l’original).
Il n’y a donc pas, pour le moment, de preuves visuelles d'un appareil malien abattu
(d’autant plus, qu’il n’est pas certain que ces Mig-21 aient décollé depuis
plusieurs mois…).
Photo prise fin 2008 d'un camion détruit par le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) (source)
Photo de la même carcasse sur un article du Monde daté du 25 janvier 2012 pour illustrer un Mig-21 abattu : Le Monde se serait-il fait surprendre par la propagande pro-MNLA ? (source)
Cf. le communiqué du MNLA sur le Mig-21 abattu à Ménaka (ils seraient même deux...)
MAJ 2 : le Nigéria a envoyé le 11 janvier 2013 à l'aéroport de Bamako-Sénou une équipe technique d'assistance de l'armée de l'Air. Elle aurait pour mission d'aider à remettre en état de vol un certain nombre de Mig-21(modèle d'appareils qu'elle détenait avant de les remplacer par des appareils chinois Chengdu F-7 commandés en 2008). Les questions étant : combien de Mig-21 maliens pourront-être encore réparés ? Et qui pour les piloter ?
Quant aux Mig-15 ou Mig-17, ou même les Yak-11 ou Yak-18, livrés à la fin des années 60, ils sont obsolètes et ne sont plus en état de vol depuis quelques années : ils sont stockés en plein air (cf. Google Earth, au Sud de la piste principale) ou exposés pour certains à l’entrée de bases aériennes.
Quant aux Mig-15 ou Mig-17, ou même les Yak-11 ou Yak-18, livrés à la fin des années 60, ils sont obsolètes et ne sont plus en état de vol depuis quelques années : ils sont stockés en plein air (cf. Google Earth, au Sud de la piste principale) ou exposés pour certains à l’entrée de bases aériennes.
Au sujet des Z-9, il serait plus logique qu'ils aient été donnés par la Chine que par Taïwan.
RépondreSupprimerAu sujet des MiG-21, le deuxième tome d'[i]African MiGs[/i], paru chez Harpia l'année dernière mentionne 2 MiG-21 MF (TZ-356 et TZ-357), 2 MiG-21UM (TZ-358 et TZ-375), ainsi qu'une demie-douzaine de MiG-21bis (stockés, très vraisemblablement sous le grand hangar de la partie militaire de l'aéroport de Bamako).
@Sticks :
RépondreSupprimerMerci pour vos compléments.
En effet pour les Z-9. D'où le rajout de la source car c'est étrange (peut-être avec des dons de Taiwan ? et encore...).
Pour les Mig 21, ils sont stockés depuis 2010 (en effet à Bamako) et ne sont pas tous bâchés. Leur état après des années de non utilisation reste sujette à caution.
Intéressant exposé.
RépondreSupprimerVivement la suite.
@Stéphane :
RépondreSupprimerMerci camarade (pratique que cela soit une armée de l'Air à taille humaine où il est possible de suivre à la trace presque chaque appareil) ;-)
La suite demain aux aurores
Article mise en référence sur le wiki ;)
RépondreSupprimerOn trouve sur une site en espagnol un Mi-24 capturé par les Touaregs ainsi qu'au moins 11 chars légers PT-76 et un LRM, à rayer donc de l'OdB :
RépondreSupprimerhttp://flancosur.com/2012/08/07/rebeldes-tuaregs-muestran-material-capturado-en-goa/
Qu'en est-il des forces terrestres ?
RépondreSupprimer2 hélicoptères ont perdu suite a des accidents en 2013. Pour 2015, il faudra voir si l'achat de Super Tucano au Bourget se concrétise.
RépondreSupprimerCela mériterait en effet une sacrée mise à jour depuis cet article... Il va falloir que je trouve le temps ! ;-)
RépondreSupprimer