Le retrait d'Afghanistan étant maintenant plutôt bien avancé, le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Ract-Madoux, aurait dit un 2 décembre 2012 qu'il fallait dorénavant pour ses troupes "gagner la bataille de l'Histoire".
Selon lui, les opérations en Afghanistan, eu égard aux efforts déployés par les forces armées françaises (notamment le prix du sang), ne devaient pas finir dans l'historiographie comme la bataille de la Bérezina, victoire militaire héroïque devenue dans le langage courant le symbole d'une déroute.
La traversée de la Bérezina par Janvier Suchodolski.
L'action des pontonniers néerlandais du général de division Eblé, des cavaliers, notamment des hussards, d'un autre général de division, le général Fournier, et les combats d'arrière-garde du 9ème corps du maréchal Claude-Victor Perrin empêchent bien les troupes russes emmenées par Koutouzov, Tchitchagov et Wittgenstein d'anéantir Napoléon et ses troupes fin novembre 1812 (1).
Si je suis plutôt d'accord avec le CEMAT sur le fait que les opérations en Afghanistan et les efforts déployés doivent trouver leur place dans notre récit national (sans exaltation outre-mesure du sacrifice vain, et, à l'inverse, sans honte devant le travail accompli avec les moyens accordés), je diverge sans doute partiellement sur la manière, ou du moins sur le rôle de chacun des acteurs.
Ce sont bien aux historiens de s'emparer de ce sujet des opérations en Afghanistan. Mais pas aux politiques (qui doivent par contre, et comme cela semble être enfin prévue, apporter la reconnaissance méritée - et dans la durée - aux militaires déployés) et pas aux militaires (qui ne peuvent être juges et parties, mais qui doivent permettre un accès aussi large que possible aux archives et aux acteurs).
Dans cette logique, et en ayant le recul nécessaire qui sied à l'historien, nous saluerons l'excellent travail réalisé par l'ECPAD pour mettre à notre disposition un ensemble de ressources documentaires, propres à donner un premier cadre contextuel solide à tout travail sérieux sur le sujet (2). Ce premier travail d'archivage est à pleinement explorer et à conserver dans ses Favoris.
Pour consulter le webdoc : "Ensemble vers l'autonomie : cinq ans en Kapisa et Surobi".
MAJ 1 : en parlant de la bataille de la Berezina, ne manquez pas le magnifique reportage de Thomas Goisque, un grand photo-journaliste de notre époque, qui, lors d'un périple en side-car, revient sur les traces de la Grande Armées de Napoléon en Russie : cf. ici.
(1) Cf. l'ouvrage paru en 2006 sur le sujet "La Berezina : une victoire militaire" de Jean Tabeur (chez Economica).
(2) D'ailleurs, je souscris pleinement aux remarques de Stéphane Gaudin (cf. sur Theatrum Belli) sur les pistes d'amélioration.
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