Coordonné par Isabelle Facon (FRS) et Céline Marangé (IRSEM), le numéro d'été de la sémillante Revue de la Défense Nationale aborde dans une solide revue de plus de 200 pages plusieurs facettes de la puissance russe d'aujourd'hui. Nulle question d'y définir si la Russie est un peu/beaucoup/pas du tout un adversaire/ennemi/partenaire, mais bien de prendre le temps de se faire présenter un certain nombre d'atouts et de faiblesses de l'actuel redressement russe.
Plus de 25 articles permettent d'aborder un ensemble extrêmement varié de sujet, en en faisant une solide introduction, selon des approches géographiques, thématiques, etc.. La profondeur du traitement de ces problématiques varie beaucoup (avec parfois des traitements presqu'un peu superficiels (comme pour les évolutions de certaines relations avec des partenaires et voisins), quand d'autres sujets (par exemple, les forces navales russes à travers plusieurs articles) sont décrites avec moult détails.
Il ne s'agit pas ici de présenter chaque article, les lecteurs, selon leurs intérêts propres relèveront tel ou tel. A titre personnel, je relèverais :
- Celui sur les Nations unies comme multiplicateur d'influence pour la Russie (Anne de Tinguy), et un décalage entre discours sur le multilatéralisme à la russe et la pratique sélective de cet outil ;
- La stratégie maritime russe en mer Noire (Igor Delanoë), avec un point très précis sur la modernisation, parfois compliqué pour des raisons industriels, de l'outil militaire. Un traitement de la question Russie / Mer du Nord et Arctique aurait fait un bon parallèle. Dans la même veine, celui sur l'évolution de la présence des forces russes en Crimée depuis 2014 (LCL Robert Hazemann), sur comment la Russie a fait de la Crimée un aiguillon plus qu'épineux avec "l'accumulation", parfois un peu désordonné de moyens sur place. Et plus globalement celui sur le déni d'accès à la russe (Guillaume Lasconjarias), notamment en Syrie, et la nécessité des moyens de dialogue face à cette question, qui n'est pas que purement militaire et technique ;
- En Anglais, celui sur les succès et les défis des exports d'armement russes (Tomas Malmlof), dont l'avantage comparatif majeur (le bas coût) est concurrencé par des nouveaux entrants (parois d'ailleurs pleinement "entrés"), même sur les pays-bastions (Inde, etc.) ;
- Deux articles à lire en parallèle sur la politique gazière de la Russie en Europe et en Asie, rentrant dans la structure de ce marché en pleine évolution, et l'adaptation des réseaux de transport eurasiens (Jean Radvanyi) suite aux interdépendances issues de l'Union soviétique ;
- La série sur différents attributs de puissance, parfois au milieu du gué, le spatial (Isabelle Sourbès-Verger et la réaction au "New Space" voyant l'émergence des acteurs privés ailleurs dans le Monde), le naval (Alexandre Sheldon-Duplaix), l'aéronautique militaire (Konstantin Makienko), les blindés (Marc Chassillan) et le très certain saut capacitaire récent (T14, T15 et Boomerang, Kurganets...) ;
- Ou encore sur des sujets moins connus, pour ma part, sur la présence militaire russe dans le Caucase du Sud (Gaidz Minassian) et les relations avec le "glacis" de la Bélarus (Anais Marin).
En plus de ces articles actuels et d'éléments bibliographiques, la RDN propose comme à son habitude dans la partie "Mémoire stratégique", 3 articles issues de ses archives (de 1957, 1977 et 1987) prouvant encore une fois la mine d'or que peut représenter ses publications depuis 1939, notamment pour tous étudiants en histoire, en géographie ou autres, potentiellement ou non en manque de sujets d'études. Il y en a pour plusieurs thèses... Et cette richesse à exploiter n'attend que les motivés et les curieux.
Un numéro à garder comme point d'étape plutôt complet.
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