jeudi 20 mai 2021

Conférence - "Stratégies d’innovations de Défense : regard croisé avec la communauté industrielle" (par le COGES)

Dans le cadre de son cycle de conférence, le COGES (Commissariat Général des Expositions et Salons du GICAT), l’organisateur d’événements internationaux de défense et de sécurité, filiale du GICAT (Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres), a invité plusieurs intervenants à discuter des dernières avancées sur les questions d’innovation. Étaient présents Emmanuel Chiva, le Directeur de l’Agence de l'innovation de défense (AID), François Mattens, de retour de sous la terre, Directeur Innovation du GICAT et Responsable de l’accélérateur GENERATE (qui compte aujourd’hui 52 start-up), et Eric Stiée, Manager des Etudes amont "Système Combattant, Mobilité et Protection" à l’Unité de management Opérations d'armement terrestres (UM TER) de la Direction Générale de l’Armement (DGA). Sans reprendre tous les points, déjà parfois traités pour certains sur ce blog, que peut-on retenir ?
 

Les premiers investissements du Fonds innovation défense (dont la lettre d'intention de création avait été signée par la ministre des Armées Florence Parly début décembre 2020) sont bien prévus pour cet été. Aujourd’hui doté de 200M€, il est toujours prévu qu’à terme il atteigne 400M€. Le travail est en cours pour identifier des sociétés d’intérêts sur certaines thématiques d’investissement (en lien avec le Document de référence de l'orientation de l'innovation de Défense appelé DROID, qui devrait d’ailleurs connaître une mise à jour dans les semaines à venir) : technologie quantique, cryptographie, gestion de l’énergie, interface homme / machine, Intelligence Artificielle (IA)… Le fonds vise des prises de participation minoritaires, allant jusqu’à 20M€, lors des tours de développement en série Seed ou Série B, pour accélérer et sécuriser un développement déjà lancé. Une des conditions est que l’entreprise soit déjà viable sur un marché primaire hors défense (donc des entreprises duales). L’investissement sera réalisé en appui d’autres structures, par exemple des fonds spécifiques à des filiales ou d’autres industriels de secteurs connexes (type aéronautique, automobile…).

Sur le sujet épineux de l’accès aux financements pour les acteurs de la BITD, le dialogue mené avec les institutions bancaires est jugé aujourd’hui comme "constructif", avec des solutions pour faire face aux difficultés connues qui devraient être appliquées prochainement. D’autres restent encore à trouver néanmoins. Un dernier axe d’effort à encore creuser pour des intervenants reste celui des fonds de corporate venture via un fonds de capital-risque animé par des acteurs majeurs de la BITD française, un outil encore peu ou pas employé à ce jour (hélas) dans les stratégies de R&D.

Quelques chiffres ont été donnés sur l’action des quelques 130 membres actuels de l’AID (officiers, agents, etc.), avec quelques 400 évènements organisés à l’Innovation Défense Lab depuis son lancement. L’Innovation Défense Lab ayant notamment permis d'accélérer quelques-uns des projets d’innovation participative (PIP) issus de l’interne (armées, directions et services) : accompagnement du projet par les chefs de projets, prise en compte de la contractualisation, dont le passage à l’échelle, etc. En 2020, ce ne sont pas moins de 88 projets d’innovation participative qui ont été instruits (par l’AID mais pas uniquement) pour obtenir 38 financements. Ou encore 3.850 projets reçus via le guichet unique de l’AID (voir ici) depuis son lancement il y a un an et demi. Signe d’un grand intérêt, mais pas sans conséquence quant au niveau RH nécessaire pour les suivre. Et ainsi jouer le rôle de "tiers de confiance" pour l’AID, avec différents outils à disposition qui permettent de "chainer" entre eux les différentes mesures de détection, captation, soutien et diffusion.


Dernière initiative (re)présentée, le projet CENTURION, un écosystème d'accompagnement et de financement dédié aux innovations pour le combattant (débarqué / embarqué), qui réunit Safran Electronics & Defense (Safran E&D), Thales SIX GTS (la partie Systèmes d'information et de Communication et Sécurité du groupe), la DGA, l’AID et l’armée de Terre. CENTURION se voulant un outil contractuel novateur (avec contractualisation via le GME formé par les industriels de bons de commande ou marchés subséquents) permettant d’accélérer l’innovation au profit du combattant, afin de mieux le protéger et de maintenir sa supériorité en opérations. CENTURION signifiant (accrochez-vous bien…) : Cadre d’Études de Nouvelles Technologies et de nouveaux Usages pour une Rapide Intégration au cOmbattaNt (soit fournir des incréments aux actuels programmes FELIN, Combattant 2020, Scorpion...) . Avec une offre allant de l’accompagnement pour des boites innovantes (les porteurs de projets étant accompagnés par tel ou tel parrain au sein du GME) et des projets à TRL bas (entre 1 et 6), soit avant une industrialisation, jusqu’à une contractualisation pour l’accès à des financements (le tout, il va sans dire, dans le respect des engagements du Plan Action PME et du CAC Armement, document élaboré par la DGA, qui se compose d’un certain nombre de clauses communes qui s’appliquent à tous les marchés de défense ou de sécurité). Il est toujours possible de rejoindre le programme en candidatant sur le site dédié. Un comité de sélection technique se réunit quatre fois par an, avec pour mission d’examiner les projets proposés et de les évaluer en termes d’intérêt scientifique et technique. Ce qui permet de bien orienter les suites, éventuellement vers les outils à la main de l’AID dans le cadre de ce "Projet de technologie de défense" (PTD), nouveau nom des programmes études amont (ex-PEA). Ou encore via le dispositif RAPID (Régime d’APpui à l’Innovation Duale) qui subventionne les projets d’innovation duale portés par une entreprise de moins de 2.000 salariés, et qui a récemment évolué, la DGA/AID en devenant seul responsable dans sa globalité (l’AID analysant ainsi la partie financière comme administrative des dossiers). A ce jour, une première promotion compte 15 partenaires innovants et 13 projets (soit 13 études amont menées en parallèle, lancées en une seule fois). Une nouvelle vague est attendue pour cet été.

Autant de sujet qui pourront être abordés lors d'une nouvelle édition du Forum Innovation Défense (FID) annoncée comme bien prévue en 2021, en physique si possible (selon les conditions sanitaires), pour présenter les pépites et les innovations de la communauté de défense (utilisateurs et acteurs industriels).

4 commentaires:

  1. Même pour les entreprises d'une belle taille, l'année 2020 a été éprouvante.

    Cela a été chaud pour Fichou...
    http://www.opex360.com/2021/05/19/le-fonds-dinvestissement-du-ministere-des-armees-se-desengage-de-fichou-specialiste-de-loptique-de-haute-precision/


    Passons rapidement sur le feuilleton Photonis, le repreneur est une filiale Europe...d'un investisseur américain.
    http://www.paxaquitania.fr/2021/02/a-la-fin-photonis-reste-francais.html


    Pour la société CNIM qui travaille sur le projet ITER, pour Ariane et dans de très nombreux projets pour les armées a été sauvé in extremis par la médiation de la banque Rotschild et un prêt de l'Etat:
    https://www.forcesoperations.com/soutenu-par-letat-le-groupe-cnim-sort-de-la-zone-de-turbulences/

    Pas sans y laisser des plumes:
    https://www.forcesoperations.com/cnim-en-negociation-pour-ceder-ses-activites-de-cybersecurite/


    Pour Aubert et Duval, c'est plus compliqué:
    https://www.usinenouvelle.com/article/pourquoi-la-reprise-d-aubert-et-duval-par-airbus-safran-et-ace-prend-plus-de-temps-que-prevu.N1094619


    En effet, malgré les efforts faits pour garder la matière grise et les brevets en France, les affaires continuent...
    https://www.challenges.fr/entreprise/cyber-l-inquietant-exil-americain-des-pepites-francaises_750889

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  2. HLD, un investisseur américain ? Sur ?

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  3. Oups... J'ai peut être fait un grossier raccourci.

    Canaccord Genuity négociait pour HLD lors de l'affaire Photonis.
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/photonis-trois-banques-nord-americaines-en-concurrence-875446.html

    https://www.zonebourse.com/cours/action/CANACCORD-GENUITY-GROUP-I-1409355/societe/

    HLD met en effet en avant sa nationalité française comme argument:
    https://www.entreprendre.fr/jean-bernard-lafonta-entrepreneur-et-figure-du-private-equity-francais/

    Mea culpa.

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