lundi 13 octobre 2008

OMLT. Partie 3.2 : l’ANA.

Progression et formation pour un maintien en condition.

A la fin d’un mois d’opérations, l’auteur note que : « Le principal est fait : il existe maintenant de réels et profonds liens de confiance et d'amitié entre notre détachement et nos homologues de l'ANA ». Et c’est dommageable, qu’au bout de six mois, les mentors partent et que les afghans restent. Sans faire de raccourci (entre une armée « indépendante et autonome» et des forces supplétives), les conditions ayant bien changées depuis, les officiers de l’armée britannique des Indes s’engageaient pour une dizaine d’années créant des liens forts avec les troupes qu’ils commandaient et donnaient des unités à forte valeur opérationnelle.

Après une auto-critique, une phase de formation commence là aussi, pas de tout repos. « Un jour, une chose, peut être » est le principe de base qui s’applique là bas. La non-alphabétisation des recrues dès l’enfance entraine le développement d’une attention moindre aux enseignements malgré la bonne volonté de tous. Un exemple est donné relatant un stage de formation pour les servants de mortiers. Un gouffre culturel sépare les deux cultures militaires. L’effort d’adaptation est énorme pour les mentors, l’auteur rappelant : « Pas plus de 5 minutes par atelier pour conserver toute l’attention de l’ANA ». Renouveler et répéter sans cesse sont alors les seuls moyens pour inculquer les rudiments de mise en batterie, de pointage et de séquence de tir. « Conseiller et ne pas commander, faire adhérer » est alors la devise des mentors. Avec comme résultat final, la formation théorique de 2 pièces au prix de nombreux efforts : des exercices fréquents devant alors être mis en place, des contrôles opérationnels… Missions qui devraient être dévolus alors aux nouveaux officiers de l’ANA mais l’intérêt et la volonté des cadres de l’ANA peut paraitre quelque fois inquiétante avec des préoccupations différentes. Le rôle de l’encadrement est bien souvent primordiale au combat et à la caserne : « Le summum du stage aura été de réussir à faire venir le chef de détachement ANA de NIGRAB, sur le lieu du stage pour qu’il commande, désigne et règle le tir mortier ».

Après un mois d’opérations, les mentors avaient pu se rendre compte des axes d’effort nécessaires pour les semaines de formation arrivant : tir, appui (mortiers ou fusils Dragonovs servis par des tireurs de précisions particulièrement utiles dans les combats où le corps à corps est rare et que les échanges se font à longue distance), topographie autant pour se situer que pour pouvoir donner des coordonnées pour l’appui, la nuit à apprivoiser et enfin le combat héliporté. Mais là encore, la première bataille à livrer est administrative pour convaincre les autorités compétentes de l’utilité d’une telle formation, pour avoir des autorisations et des moyens (rares même pour les forces de la Coalition) afin de faire voler les sections de l’ANA. Le volontarisme des membres des OMLT trouvant des freins au sein de leur propre camp.

Conclusion.

L’impression générale qui se dégage est que les membres des OMLT semblent faire l’essentiel du travail, aidés par quelques « supplétifs » sans apriori péjoratif. Néanmoins l’apprentissage par l’exemple et le mimétisme peuvent marcher. Il en est de même pour la volonté de certains qui peut se transmettre à d’autres. Il n’y a pas d’opérations de l’ANA sans mentors, à l’époque c’est la règle et l’inverse serait même parfois possible. Signe encore de la haute valeur ajoutée et du professionnalisme des mentors utilisés comme forces d’appoint. La déroute subie par l’armée géorgienne (si je peux me permettre ce comparatif) a bien montré qu’une armée (encore plus lorsqu’elle est crée de toutes pièces) ne se construit pas en 2 ou 3 ans malgré l’appui matériel obtenu par des livraisons américaines, israéliennes ou ukrainiennes et la présence d’instructeurs français (de la BIM) ou américains. L’échelle temporelle est plus celle de la dizaine d’années.

Et cela sans oublier les problèmes non mentionnées de corruption avec des salaires bas mais stable (une aubaine nationale) et les difficultés d’unité liées aux différences ethniques entre la majorité pachtoune et les minorités tadjiks ou ouzbèks. Au final, la nécessité de maintenir à niveau constant les effectifs de formateurs est un préalable. L’expérience des combats est un puissant accélérateur de l’efficacité des troupes (du militaire au soldat). Et si le gouvernement afghan d’Hamid Karzaï (et non seulement la Coalition) prend véritablement à corps ces problématiques aidés pour l’équipement (et atteindre un niveau légèrement supérieur à celui de l’adversaire…), peut être qu’un jour une armée crédible verra le jour pouvant au moins être un véritable allié pour les forces coalisées avant d’en prendre la place.

3 commentaires:

  1. Pourtant, on écrit que les Afghans sont des ''combattants nés''; Mais vous montrez que savoir tirer ne suffit pas pour monter des opérations complexes.

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  2. Un préalable mais pas une fin...

    J'avais déjà réfléchit (un peu) sur le modelé que l'on voulait enseigner aux Afghans qui ne peut être celui que l'on apprend en "Occident". L'armée américaine par exemple, avait envoyé un moment des instructeurs des Marines formés l'ANA. Cela se serait plutôt mal passé et donc l'expérience des bouledogues de l'USMC n'a pas été retentée pour formater les recrues afghanes...

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  3. Il me semble que l'expression fréquemment employés pour décrire les soldats afghans est "herd of cats", troupeau de chats.Sympathique oxymore qui résume la difficulté de la tache.

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