samedi 15 novembre 2008

Ferdinand FOCH, « Apprenez à penser ».

Je livre ici quelques remarques et réflexions personnelles sur le colloque qui résument de manière non-exhaustive les échanges enflammés et les conférences globalement intéressantes sur la personne, la pensée et l’action du maréchal FOCH, incarnant la France de 1918, et qui dixit le CEMAT « a mené la France à sa dernière grande victoire militaire ».

Ferdinand FOCH (1815-1929), c’est tout d’abord un penseur. Le travail, la lecture et la réflexion (« De quoi s’agit t’il, en fait ?) sont dans des finalités pratiques. Cela débute lors de sa formation au sein des lycées tenus par des Jésuites, avec l’acquisition d’un baccalauréat littéraire et scientifique. Ensuite l’entrée à l’Ecole Polytechnique, le choix d’une arme dite savante, l’artillerie de campagne, dans un contexte d’intense réflexion et de revanche post-défaite de 1870, et ses passages à l’école de Guerre, où il sera tour à tour stagiaire, professeur puis commandant, sont des moments où sa réflexion se construit. La découverte de l’apport des moyens de communications et des transports ferroviaires seront déterminants. En 1903 et 1904 paraissent, ses deux ouvrages que sont Principes de la Guerre et De la conduite de la Guerre.

Après une carrière non linéaire, entrecoupée de traversées du désert, en 1913, il prend le commandement du Corps d’Armée de Nancy qui fait face à la menace allemande. En 1918, il est « Commandant en chef des armées alliées et associées » portant tout son effort sur le front Centre-Europe où se joue pour lui, la bataille décisive entre les armées françaises et allemandes. Il possède une vision particulièrement moderne du commandement opérationnel avec l’application de l’esprit plus que de la lettre, des objectifs plus que des finalités. Le subordonnée au contact du terrain, étant souvent le seul à juger de nécessaires modifications. Car la seule doctrine applicable, serait alors celle du bon sens dans l’action adopté à l’instant présent. La discipline qu’il demande, n’est possible que si elle est comprise et qu’il y a adhésion de tous. L’efficacité des ordres se crée donc par la liberté d’action encadrée.


La confusion est souvent faite sur FOCH comme père fondateur de la théorie de « l’offensive à outrance ». Il faut chercher la paternité de cette doctrine plutôt dans la pensée du colonel Loyzeau de Grandmaison. Néanmoins, FOCH la parfois utilisée, trop diront certains, ce qui a amené des échecs. Le choc de « la guerre déchainée », si critiqué, est ce que les officiers allemands préparent. Et donc ce à quoi les français doivent se préparer. Car pour ne pas laisser le pays mobilisé en asphyxie, seule l’action rapide est envisageable pour une armée de conscription peu préparée. Il a aussi mal articulé la relation entre stratégie et tactique. La stratégie devenant pour lui la simple exploitation des résultats de la bataille. Sans doute par l’importance qu’il donnait au combat. La conception à rebours de l’action, aujourd’hui enseignée, inverse ce rapport entre ces deux niveaux.

FOCH donne un large part à l’Histoire pour parvenir à la définition de principes par « élimination des invariants contingents ». C
ar avec la vraie école, qu’est la guerre d’hier qui ne reviendra plus, il prépare la guerre de demain. Sa liste de principes non verrouillée (« etc…) est un appel à la réflexion sur des interdépendances et non des autonomies. Les principes restent des formules inanimées qui varient en fonction des facteurs. Sa méthode est celle de l’équilibre entre le pragmatisme et la rationalité par « l’application variable des principes fixes ». Il se libère du piège de la théorie en proposant des finalités adaptables et peu nombreuses. Il possède également une approche systémique moderne. Car ses plans d’organisation de la bataille vise à la destruction de l’ennemi appréhendé comme un système. Il faut alors frapper en un point pour faire effondrer l’édifice avec durée dans l’effort.

FOCH est donc un homme de pensée qui pense en homme d’action, ayant le rare privilège de pouvoir confronter sa pensée à la réalité. Et je laisserais le mot de la fin, au CEMAT, le général IRASTORZA : « Avant de chercher à employer ces principes, le premier reste de ne pas donner la liberté à l’adversaire de les mettre lui-même en application ». Evident ? Pas si sur…

2 commentaires:

  1. Merci pour ce compte-rendu ainsi que pour ce rappel à l'héritage de Foch qui, et ce n'est sans doute pas un hasard, revient en grâce (quoiqu'il n'ait jamais vraiment disparu, soyons justes) à l'heure à l'importance de la tactique est réaffirmée (FT-02, entre autres).
    Il est dommage que le grand public ne retienne de ce grand penseur qu'une image statufiée ou, plus souvent encore, diabolisée (d'autant plus injuste que, en effet, ce n'est pas lui qui est à l'origine de la calamiteuse doctrine de l'offensive à outrance).
    Bien cordialement et bonne continuation.

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  2. On a pas besoin d'aller chercher très loin de chez nous pour se rendre compte que quelques têtes pensantes bien utiles peuvent nous éclairer...

    Étudier Foch dans l'amphi Foch montre bien que l'héritage est là. FT-02 prouve que la pensée est intégrée et prise comme quelque chose de vivant ce qui fait la force de son application aujourd'hui.

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