mercredi 7 janvier 2009

Chroniques gazaouites.


Pour ce soir, quelques remarques personnelles à propos de l’opération « Plomb durci » entre les IDF et le Hamas. Pour la structuration, il faudra repasser…

Chacun d’entre nous possède ces sources pour s’informer au mieux de l’évolution de la situation. Les erreurs à répétition (j’espère d’inattention) du flash actu du Figaro ou les articles tellement partisans que l’on ne parvient plus à faire la part des choses compliquent la tâche. Une bonne base pour croiser ces sources me semble assez pertinent (pour ceux qui ne connaissant pas encore) : c’est le flux d’informations du quotidien israélien Haaretz. Le « Le Monde local » compile régulièrement (toutes les 10 minutes environ) des dépêches qui se révèlent rarement tronquées. Ce quotidien rattaché à aucun parti (ni aux travaillistes, ni au Likoud, ni à Kadima) produit des points de vue et des chroniques souvent intéressants dans sa page spéciale : Special coverage warfare in Gaza.

Ensuite poursuivant la vague d’interrogations légitimes débutée par un (excellent) article de François Duran sur la notion de « sufficient victory », je rajouterais quelques remarques. Hier, pour les Israéliens, ce fût la première dure journée. Le combat à longue portée (par l’aérien ou par l’artillerie) n’est plus l’unique cas de figure. Définitivement, les forces au sol sont au contact de combattants et des populations. Après les deux à trois premiers jours d’opérations dans des zones que l’on classifie comme « d’approche » ou « périphéries » pour le milieu urbain, certains combats se déroulent dans le « cœur » des cités. Du Liban 2006, les IDF sont passées aux actions de l'armée libanaise dans le camp de Nahr el Bared. Les distances de tirs se sont réduites : c’est la fin des découverts permettant la manœuvre, l’emploi maximum des moyens d’observation, la visibilité des mouvements, etc. Les habitats étaient isolés et de tailles réduites pouvant être traités les uns après les autres sans laisser de zones non traitées. Depuis hier, au cœur d’un habitat cloisonné en 3D, les combats deviennent plus meurtriers (pertes civiles et militaires). Car en plus, la bande de Gaza est une nasse : blocus, découpage en trois zones, difficultés de se déplacer, etc. La population, par contrainte plus que par résistance ou attachement, ne peut s’enfuir. On est loin de la bataille dans une ville comme Falloujah, vidée plusieurs jours avant de ces habitants. C’est une guerre au sein et avec les populations.

Je serais tout aussi sceptique sur la réaction du Hamas. Les réalités quotidiennes des combats vues par le Hamas sont encore plus complexes à appréhender. Pourtant, l’impression d’ensemble qui se dégage est que la tactique suivie est l’évitement poussé à l’extrême. Les affrontements sont très peu nombreux. La grande résistance héroïque des forces du Hamas semble POUR LE MOMENT loin d’être une réalité. Bien sûr, il faut rester prudent (comme l’approche des IDF) car le Hamas se terre sans doute pour mieux se préserver pour le court terme quand les forces seront au cœur des cités mais aussi à long terme. Se sachant non destructible entièrement, la résistance face à Israël s’inscrit dans un temps long. Ainsi à part des tirs de mortiers, quelques snipers, les capacités de nuisance promises seraient dans les installations souterraines plutôt qu’à l’air libre. Cela peut être suffisant, car le seul fait de subsister est déjà en soi une victoire. Et l’incident ayant de grandes répercussions du « caporal stratégique » n’ pas besoin de grand-chose pour avoir lieu : un peu plus qu’une école de l’ONU par exemple.

Enfin pour conclure globalement, il est pour moi malheureusement utopique de croire à un règlement rapide malgré les efforts (et quelque fois les gesticulations) diplomatiques. La majorité de la « trinité » israélienne possède un véritable « esprit de combat ». Ce soir, les IDF ne s’arrêteront pas car ils n’ont rien obtenu (et n’obtiendront peut être jamais quelque chose) à part la perte de plusieurs centaines de militants du Hamas dont quelques grandes figures. Les tirs de roquettes se poursuivent, donc les opérations méthodiques continueront pour moi : à la recherche des réseaux et des stocks des roquettes (instruments stratégiques ?) qui ont remplacé les attentats suicides plus complexes à organiser avec les murs de protection ou encore avec les bombardements annoncés par tracts des fameux tunnels de Rafah, etc. Le rétablissement de la capacité de dissuasion des IDF est en jeu et cette campagne de pression ne vise pas que le Hamas mais toute le Proche Orient !

Quand à l’idée émise, de forces du génie (entre autres) de l'OTAN pour s’occuper du problème des tunnels, il faudrait trouver « les états kamikazes » pour y aller ! Donc à mon sens, cela restera au niveau planification, ou sinon je comprends encore moins bien l’Otan. Alors bon courage pour ceux qui tente d’en saisir la logique !

5 commentaires:

  1. Les israéliens utilisent, pour détruire les réseaux de galeries du Hamas, ses bombes spéciales qu'elle a acheté aux USA.

    Tout le monde pensait qu'il s'agissait d'attaquer les bunkers du Hezbollah ou les installations nucléaires iraniennes, mais c'est contre le Hamas que ces bombes sont employées.

    VF

    RDO

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  2. Exact. Grande question: était-ce prévu depuis longtemps ou est-ce par opportunité et nécessité?

    Le dernier "hic" enfin est que l'on apprenait il y a quelques mois que les USA réduisaient les livraisons d'armes pour Tsahal dont ces fameuses bombes. Donc les stocks ne sont pas inépuisables. Et au rythme, où aujourd'hui elles sont utilisées!

    De plus pour les tunnels à Rafah même si ils sont profonds ce ne sont pas des structures durcis et bétonnés. Donc avec un peu de précision, des bombes plus conventionnels et non forcément anti-bunkers devraient suffire.

    Le gruyère souterrain de Gaza devrait lui forcer à l'emploi de ces bombes à explosions multiples.

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  3. Concernant l'envoi d'une force internationale sur place, je me permet de remettre un post que j'ai écrit pour le blog géopolitique du Figaro :

    Il y a déja une force d'interposition au Sinai depuis 1982 comptant environ 2500 hommes, ne dépendant pas de l'ONU, et ou les Européens et Américains sont déja présent.

    Il s'agit de la FMO (Force Multinationale d'Observateurs au Sinaï), en anglais : MFO, (Multinational Force and Observers). Pourquoi ne pas envisager d'agrandir leur mandat, étant déja sur le territoire égyptien et leur mission étant d'interdire la militarisation du Sinai, le trafic d'armes me semble entrer dans leurs compétences.

    Voici le site de cette force :

    http://www.mfo.org/

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  4. Merci de ces précisions. De mèmoire, il y a pas si longtemps, un avion de cette mission s'était abimé au sol entrainant la mort de soldats français.

    Il faudrait passer d'une mission d'observation à une mission résolument plus coercitive avec des mandats de contrôle mais aussi des possibilités d'arrestation, de destruction,...

    ce qui n'est pas sans entrainer ensuite de plus vastes débats qu'un mandat qui auparavant était peu contraignant.

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  5. Poursuivant mes recherches: le crash était le 6 mai 2008 et a causé la mort de huit observateurs français de la FMO.

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