jeudi 2 septembre 2010

De la liberté de ton de l'autre côté de l'Atlantique

Ayant fait moins de bruit que « l’affaire » Desportes (lire à ce sujet l’excellente analyse de ce bon vieux Carl, intemporel auteur caustique à succès du mensuel DSI), le récent retour à la maison d’un colonel réserviste américain permet de relativiser de nombreux propos entendus à ce moment là.

Le colonel Lawrence Sellin n’a pas critiqué lui l’attitude renfermée des USA, le plus grand actionnaire de la coalition internationale en Afghanistan qui a donc une voix au chapitre en conséquence et qui prête une oreille peu attentive aux appels des petits porteurs (comprendre les Autres qui n’ont pas la masse critique pour peser).

Ce réserviste, qui en était à son deuxième tour en Afghanistan et qui est diplômé d’un PhD, a critiqué la manière dont agit l’IJC (ISAF Joint Command), une xième structure créée il y a un an et commandée par une général américain triplement étoilé. Elle a la charge avec une équipe, à l'origine réduite mais qui enfle de plus en plus, de gérer l’ensemble des opérations au quotidien (dans un créneau de 12 à 24h).

Ces critiques (voir les propos en question) sont hélas symptomatiques de maux visibles dans d’autres état-major. L’usage jusqu’à la nausée du PPT (se remémorer le bol de nouilles censé simplifier la compréhension de la situation), leur préparation devient l’activité structurante des rats d’état-major, le message doit correspondre aux attendus, les rapports sont routiniers et redondants, etc.

Alors aux États-Unis, les militaires ont-ils réellement l’opportunité de pouvoir critiquer le Système sans risque sur le fond ou la forme ? Est-ce réellement un modèle pour notre bonne dictature franchouillarde de la pensée stratégique unique ? Si Gentille et consorts existent encore, ne seraient ce pas parce qu'ils ne sont pas réellement à contre-courant ?

L'affaire a plus fait parler d'elle sur les blogs anglophones qu'en France, of course. Lire donc à ce sujet les analyses de Ghosts of Alexander (qui est de retour) ici ou .

3 commentaires:

  1. Ah le ppt. C'est normalement un outil de présentation, peu d'aide à la réflexion ou d'aide à l'analyse.
    Le problème principal à mon sens vient des méthodes de travail, trop cartésiennes. On divise le travail en morceaux (par branches techniques), on fait l'analyse et on essaie de raccrocher les morceaux. Et, comme on a des difficultés à reconstruire le puzzle, on se dit qu'on manque de spécialistes pour le reconstruire et on en ajoute... Il est nécessaire d'aborder les problèmes de manière globale pour éviter les surenchères de "spécialistes"...
    Pour la liberté de ton, elle est relative dans le milieu défense... comme dans les entreprises ou le Conseil régional d'Aquitaine (cf. actualité)...
    Cordialement

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  2. Ce qui n'est pas dit clairement dans l'article, c'est que Sellin s'est fait virer. Donc la liberté aux USA a aussi ses limites.

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  3. @SD:

    Totalement d'accord pour la liberté de ton "ailleurs"... C'est justement ce que je voulais souligner, ne pas se faire de fausses illusions sur cette pseudo parole libre ailleurs que dans l'antique Grande Muette.

    Quant aux spécialistes, ne rajoutent-ils pas de la complexité aux complexes problèmes en subdivisant l'approche?

    Et pour les PPT chronophage, c'est tellement vrai (même si l'on est conscient des dangers) ce principe de plus prendre de temps à réaliser le PPT plutôt qu'à réfléchir au fond du contenu que l'on y insère.

    @leloup46:

    Vous avez tout à fait raison. C'est ce que je voulais énoncer par l'expression de "retour à la maison" prématurée pour ce colonel qui a vu son contrat de réserviste résilié.

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