J’attendais beaucoup de l’intervention de Pierre Lellouche car personnellement je suis plutôt focalisé sur l’aspect militaire (cf. les billets sur ce blog). Il est commun de dire qu’il n’y a pas de solution militaire en stabilisation et que les militaires n’ont pas toutes les cartes en main pour trouver des clés au problème. Ainsi, entendre la vision d’un politique, qui lui a beaucoup plus de clés, pouvait être intéressant.
1. En contrepartie, l’auditoire ne pouvait éviter un discours langue de bois. Depuis le 10 mars 2009, j’ai décidé… ou le président et moi avons décidé… et suite à une de nos propositions, l’UE a décidé… Présenté comme cela, ce rapport de mandature laisse espérer une sortie honorable et rapide grâce à un Superman ! Au milieu de ces paroles hagiographiques, il est possible de tirer quelques conclusions instructives.
2. Pour Pierre Lellouche, la grande avancée aujourd’hui est le fait que la communauté internationale est d’accord sur le diagnostic et les soins. En Afghanistan, cela ne se passe pas bien, il faut donc faire des efforts selon trois axes : la sécurité, la gouvernance et le développement économique. Réjouissons-nous car depuis le sommet de Bucarest en avril 2008, huit années de retard viennent de prendre fin. C’est un micro succès: un profil bas sans fanfaronner aurait le mérite de ne pas se ridiculiser…
3. Au MAEE, une cellule Af-PAk regroupe une douzaine de permanents venant de différents ministères : Économie, Défense (un colonel), Agriculture, Intérieur, Gendarmerie, etc. Un pool de concertation qui a pris le problème à bras le corps en facilitant l’inter-ministériel, en dressant, pour le moment, des tableaux de la situation et en tirant des conclusions. L'application des solutions débutent.
4. Au sujet de la participation militaire de la France, des décisions seront sans doute prises après les élections afghanes. Hier, le volet aéromobilité a été renforcé significativement : de 6 hélicoptères (3 Gazelles et 3 Caracals) à 11 (avec en plus 3 Tigres et 2 Couguar). Les chiffres de la prochaine rotation pourraient réserver des surprises : envoi possible de Caesar (même s’il semble que ces derniers soient encore sous l’assurance de l’industriel qui rechigne à payer la note en cas de problèmes en OPEX), micro-détachements pour les drones, les blindés Aravis, etc.
5. Le dispositif français sera réarticulé avec une concentration des moyens à l’Est de Kaboul en Kapissa. Les OMLT situées aujourd’hui en Oruzgan, dans le Nord du Helmand, devraient gagner la Regional Command-East (RC-E sous commandement américain) et remplacer les actuels équivalents américains ou ETT. Le bataillon logistique (respect les petits gars du BatLog pour vos convois dans des camions sans blindage) n’aura plus à faire un grand écart pour répondre à l’étirement du dispositif au Nord et au Sud de Kaboul.
6. Le secteur français bénéficiera de toutes les aides dont « le surge civil » promis par Lellouche. Cette concentration géographique des moyens était prévisible avec la destination des équipes de la Gendarmerie qui encadreront la police afghane dans la zone de responsabilité française. Une école de police ouvrira à Kaboul et les Allemands par l’EUPOL se sentiront moins seuls pour la formation de policiers qui subissent quotidiennement de 6 à 8 morts.
7. Le député a demandé un audit interne pour connaître les acteurs gouvernementaux français qui participent à l’aide économique internationale. Le challenge est d’inverser une tendance : 20 centimes sur un euro promis arrivent concrètement en Afghanistan. Le reste s’évapore ou tombe dans les poches des intermédiaires.
8. Le budget français consacré à l’Afghanistan va être augmenté et équilibré entre le volet civil et militaire suite aux arbitrages du Premier Ministre. Des efforts seront faits avant l’hiver sur l’agriculture (vaches, poulets, semences, etc.), pour la rénovation d’un hôpital en Surobi, le développement des deux collèges et lycées français en Afghanistan, etc. Un dernier chiffre : pour six mois, un Groupement Tactique Interarmes (GTIA) dispose de 100 000 euros pour des actions civilo-militaires.
Pour l’Afghanistan, c’est un peu la même conclusion que celle du Livre Blanc sur la politique étrangère et européenne de la France : c’est le retour à plus de pragmatisme car nous n’avons pas des moyens (humains et financiers) illimités. Faire peu mais le faire bien dans une province pilote. Il faut alors cravacher pour rattraper le temps perdu et se demander comment a t'il été possible de se voiler la face aussi longtemps. Pourquoi l’ambassade française à Kaboul ne bénéficiait jusqu’à récemment ni d’attaché de presse pour la communication local intra-théâtre, ni de représentant de l’Aide Française au développement ? Et les interrogations pourraient se multiplier.
MAJ1: il semble que sa présentation reprenne les grandes lignes de son audition devant la Commission parlementaire de la Défense nationale et des forces armées présidée par Guy Tessier. SD en présente les principaux points sur Pour convaincre, la vérité ne peut suffire.
Droits: www.lepoint.fr
1. En contrepartie, l’auditoire ne pouvait éviter un discours langue de bois. Depuis le 10 mars 2009, j’ai décidé… ou le président et moi avons décidé… et suite à une de nos propositions, l’UE a décidé… Présenté comme cela, ce rapport de mandature laisse espérer une sortie honorable et rapide grâce à un Superman ! Au milieu de ces paroles hagiographiques, il est possible de tirer quelques conclusions instructives.
2. Pour Pierre Lellouche, la grande avancée aujourd’hui est le fait que la communauté internationale est d’accord sur le diagnostic et les soins. En Afghanistan, cela ne se passe pas bien, il faut donc faire des efforts selon trois axes : la sécurité, la gouvernance et le développement économique. Réjouissons-nous car depuis le sommet de Bucarest en avril 2008, huit années de retard viennent de prendre fin. C’est un micro succès: un profil bas sans fanfaronner aurait le mérite de ne pas se ridiculiser…
3. Au MAEE, une cellule Af-PAk regroupe une douzaine de permanents venant de différents ministères : Économie, Défense (un colonel), Agriculture, Intérieur, Gendarmerie, etc. Un pool de concertation qui a pris le problème à bras le corps en facilitant l’inter-ministériel, en dressant, pour le moment, des tableaux de la situation et en tirant des conclusions. L'application des solutions débutent.
4. Au sujet de la participation militaire de la France, des décisions seront sans doute prises après les élections afghanes. Hier, le volet aéromobilité a été renforcé significativement : de 6 hélicoptères (3 Gazelles et 3 Caracals) à 11 (avec en plus 3 Tigres et 2 Couguar). Les chiffres de la prochaine rotation pourraient réserver des surprises : envoi possible de Caesar (même s’il semble que ces derniers soient encore sous l’assurance de l’industriel qui rechigne à payer la note en cas de problèmes en OPEX), micro-détachements pour les drones, les blindés Aravis, etc.
5. Le dispositif français sera réarticulé avec une concentration des moyens à l’Est de Kaboul en Kapissa. Les OMLT situées aujourd’hui en Oruzgan, dans le Nord du Helmand, devraient gagner la Regional Command-East (RC-E sous commandement américain) et remplacer les actuels équivalents américains ou ETT. Le bataillon logistique (respect les petits gars du BatLog pour vos convois dans des camions sans blindage) n’aura plus à faire un grand écart pour répondre à l’étirement du dispositif au Nord et au Sud de Kaboul.
6. Le secteur français bénéficiera de toutes les aides dont « le surge civil » promis par Lellouche. Cette concentration géographique des moyens était prévisible avec la destination des équipes de la Gendarmerie qui encadreront la police afghane dans la zone de responsabilité française. Une école de police ouvrira à Kaboul et les Allemands par l’EUPOL se sentiront moins seuls pour la formation de policiers qui subissent quotidiennement de 6 à 8 morts.
7. Le député a demandé un audit interne pour connaître les acteurs gouvernementaux français qui participent à l’aide économique internationale. Le challenge est d’inverser une tendance : 20 centimes sur un euro promis arrivent concrètement en Afghanistan. Le reste s’évapore ou tombe dans les poches des intermédiaires.
8. Le budget français consacré à l’Afghanistan va être augmenté et équilibré entre le volet civil et militaire suite aux arbitrages du Premier Ministre. Des efforts seront faits avant l’hiver sur l’agriculture (vaches, poulets, semences, etc.), pour la rénovation d’un hôpital en Surobi, le développement des deux collèges et lycées français en Afghanistan, etc. Un dernier chiffre : pour six mois, un Groupement Tactique Interarmes (GTIA) dispose de 100 000 euros pour des actions civilo-militaires.
Pour l’Afghanistan, c’est un peu la même conclusion que celle du Livre Blanc sur la politique étrangère et européenne de la France : c’est le retour à plus de pragmatisme car nous n’avons pas des moyens (humains et financiers) illimités. Faire peu mais le faire bien dans une province pilote. Il faut alors cravacher pour rattraper le temps perdu et se demander comment a t'il été possible de se voiler la face aussi longtemps. Pourquoi l’ambassade française à Kaboul ne bénéficiait jusqu’à récemment ni d’attaché de presse pour la communication local intra-théâtre, ni de représentant de l’Aide Française au développement ? Et les interrogations pourraient se multiplier.
MAJ1: il semble que sa présentation reprenne les grandes lignes de son audition devant la Commission parlementaire de la Défense nationale et des forces armées présidée par Guy Tessier. SD en présente les principaux points sur Pour convaincre, la vérité ne peut suffire.
Droits: www.lepoint.fr
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