lundi 7 février 2022

Histoire - Il y a quasi 20 ans, 45 chars Leclerc étaient déployés en Ukraine pour un exercice majeur (+MAJ 26022022)

Il y a un peu moins de 20 ans, l’armée de Terre française, soutenue par différents moyens interarmées, projetait en Ukraine un groupement tactique interarmes (GTIA) à dominante blindée, comprenant notamment 45 chars de combat Leclerc, pour un exercice se déroulant sur une durée de 50 jours. Retour, partiel, sur cet exercice, sans commune mesure, au moins en ampleur, depuis de nombreuses années. Et cela, alors même que "une mission d’experts du ministère des Armées", selon Florence Parly, ministre des Armées, était envoyée en Roumanie il y a quelques jours pour étudier les paramètres d’un possible déploiement français suite à l’annonce faite par le Président de la République, Emmanuel Macron, d’être "prêts à renforcer notre présence dans le cadre des missions de l’OTAN" suite aux dernières évolutions observables à l'Est de l'Europe. Un renforcement de la présence militaire dont les modalités n’ont pas encore été précisées ni même validées à ce jour, et dont la génération de forces est encore évidemment en cours, avant un éventuel déploiement.
 

Char Leclerc dans les steppes ukrainiennes. Photo d'époque.
Crédits : armor.kiev.ua.
 
Du 8 mai au 25 juin 2002, sur le champ de « Chiroky Lane » (ou « Cherokee Lane ») à Mykolayiv (dans le Sud de l'Ukraine), a été mené un « exercice blindé à l’étranger » (ou EBE). Des exercices précédents avaient été organisés précédemment en Bulgarie et en République Tchèque, mais étaient d'une bien moindre mesure (cf. ci-dessous). L'EBE en Ukraine avait concerné l’envoi d’un GTIA centré autour de 45 chars Leclerc, ce qui représentait autour de 20 du parc alors livré à l'armée de Terre, soit un effort non négligeable. Le contexte de l’époque était marqué par les livraisons en cours des derniers exemplaires de Leclerc à l'armée de Terre. Le premier char de série était produit en 1991, et 320 chars devaient être livrés à la fin de l'année 2002, avant un dernier lot pour atteindre la cible final de 406 chars en 2007 (avec quelques années de retard). Il avait été exprimé le besoin d’expérimenter encore certaines capacités d'une capacité qui montait en puissance : calibrage de la projection à longue distance des moyens représentatifs d’une brigade blindée, entraînement sur l’aptitude au tir en roulant dans de larges espaces ouverts, exercices de nuit, tirs en limite de portée, etc. En plus de fournir une vitrine dans le cadre du soutien à l’export de ce système (avec quelques prospects alors en cours). Tout en travaillant certaines compétences particulièrement utiles dans un conflit de « haute intensité » (soit "un affrontement soutenu entre masses de manoeuvre agressives se contestant l'ensemble des champs de conflictualité, physique et immatériel, dont l'objectif est la mise hors de combat de l'adversaire". Des problématiques pour certaines très actuelles.
 

MAJ 4 :  fin 2000 (entre octobre et décembre), un autre EBE avait été réalisé, cette fois-ci en Bulgarie, avec un sous-groupement (également fourni par la 2è BB), qui comprenait notamment des AMX 30 B2 (du 2è régiment de Dragons), des AMX 10 P (du 16è groupe de Chasseurs), une batterie de mortiers de 120 mm du 1er RAMa, et des éléments du Génie (du 13è RG encore). 

MAJ 5 : L'année d'avant, en 1999, c'était un EBE en République Tchèque, dans la région de Karlovy Vary, dans un ex camp d'entraînement du Pacte de Varsovie. Cet EBE verra notamment le déploiement d'une batterie d'AUF1 du 8è régiment d'Artillerie, avait été déployée. Comme se souvient un acteur de l'époque : "L'intérêt principal (outre la manœuvre logistique) était de manœuvrer sur un terrain inconnu, de pouvoir s'embosser (ce qui est difficile en France, à grande échelle) et de pouvoir tirer à proximité immédiate des troupes". Entre mai et juin 20221, avait eu lieu un autre EBE en république Tchèque, dans la zone de manœuvre de Turec, avec le déploiement de 1.300 militaires environ, dont 260 du 501/503è régiment de Chars de combat (RCC), notamment du 1er escadron du 501.
 

 
Photo d'illustration prise il y a quelques jours en Lettonie, dans le cadre de la mission Lynx.
Crédits : armée de Terre.
 
Le détachement, centré autour des moyens de la 2è brigade blindée (BB), était composé notamment d’une compagnie d’infanterie motorisée (du régiment de Marche du Tchad, principalement sur des blindés à chenilles AMX10PH, et des blindés VAB - 42 VAB, du RMT et d'autres, seront déployés au total), d'un détachement du Génie (avec 2 sections blindées et 1 section d’appui du 13è régiment de Génie), de 45 Leclerc et 8 VBLs (avec des équipages du 6/12è régiment de Cuirassiers et du 2è régiment de Dragons), d'un état-major de niveau brigade (de la 2è BB), des éléments de soutien (service des essences, escadron de maintenance régimentaire, éléments logistiques…) et d'un groupe d’artillerie avec 8 systèmes automoteurs AUF1 de 155 mm (du 1er régiment d’Artillerie de Marine), ainsi que des blindés chenillés AMX10 comme véhicules d'observation d'artillerie (AMX 10 VOA). Ce qui représente un effectif constant légèrement au-dessus des 1.000 personnels (soit sensiblement le volume de forces prévu, selon certaines sources, pour ce renforcement de présence en Roumanie), et un total de 450 véhicules environ. Avec un roulement au bout de 3 semaines pour les équipages de Leclerc, permettant ainsi d’entraîner l’équivalent de 6 escadrons.
 
MAJ 3 :  si quelques portes-engins blindés (PEB) ou TRM 700-100 (avec une remorque à 6 essieux, dont 3 directeurs, pour 24 pneus, sans compter les 10 du tracteur) ont été déployés pour le transport des chars Leclerc, avec un escadron de transport de blindés (ETB), les Leclerc feront une grande partie des déplacements, entre leur lieu de déchargement et le camp d'entraînement, par la route, sur leurs chenilles (ce qui n'aidera pas, d'ailleurs, à ne pas grandement user ces dernières... cf. ci-dessous).