lundi 26 octobre 2009

Remarques afghanes (n°2)

Nous connaissons tous l’action des 26 PRT (Provincial Reconstruction Teams), interfaces entre le monde civil et militaire visant à soutenir l’action de la Coalition et à promouvoir le gouvernement central de Kaboul dans la reconstruction de l'Etat. Pour aller plus loin, le lecteur peut se reporter à cette brève étude écrite par un ancien inséré au sein d’une PRT (les chiffres datent un peu mais l’analyse reste pertinente) qui est aussi l’auteur de l’ouvrage intitulé De la guerre à la paix : Pacification et stabilisation post-conflit (avec entre autres apports, une pertinente analyse sur l’utopie d’un quadrillage complet du territoire). Au sein du haut quartier général de la FIAS, une boutade circule sur ces PRT disant que leur objectif est de fournir in fine à chaque enfant afghan une école. Le nombre d’écoles financées ou construites serait si important, qu’il dépasserait de loin celui des autres structures ayant moins de retour médiatique sur investissement.


Stéphane Taillat a déjà signalé l’article du Washington Post (ils ont souvent souvent de bons reporters) décrivant les progrès accomplis en trois mois dans le district de Nawa (province du Helmand) par des Marines arrivés lors de l'envoi de renforts avant l’été 2009. En passant, cela illustre plus que jamais la nécessité d’analyser précisément la situation avec des "Suds afghans" bien différents entre celui des Britanniques, des Canadiens, des Hollandais ou des Américains (cf. le rapport de l’Institue for the Study of War sur cette province qui la divise en trois : le Sud qui est une zone de transfert, le Centre qui est le centre de gravité régional et le Nord qui est la zone de production d’opium). Cet article est particulièrement instructif sur plusieurs points : une situation toujours fragile et réversible, la stratégie de la tache d’huile (comment relier plusieurs taches d’huile entre elles ?), montrer le drapeau par des sorties (le journaliste parle de deux patrouilles par jour pour chaque équipe, c’est énorme…) ou encore le ratio Marines par habitant (plus intéressant que celui du nombre de Marines par km²). À ce sujet, le LCL Mc Collough qui commande le bataillon répond que « nous avons assez de Marines pour serrer la main de chacun ».

Enfin, Olivier Kempf a déjà parlé de l’article publié dans Le monde par le COL Durieux qui commande actuellement le bataillon français dans le district à l’Est de Kaboul. Sans tomber dans l’angélisme béat et triomphateur, il y aurait donc du mieux en Afghanistan et en particulier dans cette zone où faut-il le rappeler la France perdait 10 soldats en août 2008. Cela fait même dire le 7 octobre au CEMA, le GAL Georgelin lors de son audition devant la Commission de défense et des forces armées :

« À compter du mois de novembre, nous concentrerons nos moyens dans les districts de Surobi et de Kapisa pour y conduire des actions coordonnées de sécurisation des villages et de développement local. Agissant en liaison avec les forces de sécurité et les autorités afghanes, la France estime pouvoir ramener ces districts sur la voie de la stabilité dans les deux prochaines années. Je me suis rendu sur ce théâtre à plusieurs reprises pour apprécier les progrès obtenus par nos troupes dans leurs zones de responsabilité. Je ne retrouve pas toujours sur le terrain les descriptions faites dans la presse, notamment anglo-saxonne ».

Mais comme le disait le COL Durieux, « si référence historique il doit y avoir, nous sommes certainement plus proches de Lyautey [que du bourbier vietnamien] ». On en revient alors souvent à la même conclusion, Lyautey, sa tache d’huile et l'emploi de la force et de la politique sont des guides utiles pour les opérations sur le terrain. Oui, mais au service d’une stratégie que les écrits de Lyautey ne fournissent pas…

Pour finir, je signale la tenue le 23 novembre 2009 d'un colloque intitulé « Des armes et des coeurs : les paradoxes des guerres d'aujourd'hui " organisé par le CDEF et la CEIS. Le programme est disponible.

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