jeudi 5 novembre 2009

Sun Zu serait-il lu mais mal compris par les opinions publiques ?


Je ne donnerais pas d’avis personnel sur la Xème suite de l’embuscade du 18 août (erreurs pas d’erreur, instrumentalisation ou non), mais le récent tintamarre judiciaro-médiatique ne peut être ignoré.

Le GBI Baptiste (porte parole du MinDéf) a été envoyé au feu pour reprendre l’initiative : un beau placard, le verbe haut, citant Clausewitz et De Gaulle, mettant en perspective, évitant autant que possible « la langue de bois ». Il restera toujours des sceptiques, des attentistes et des irréductibles mais la prestation est à mon sens convaincante (on est loin de la communication de crise de l’époque). Dans le fond, il rappelle au peuple de la trinité clausewitzienne (dont les familles qui portent plainte) que lors « des épisodes de guerre extrêmement violents » : « le feu tue » (vérité rappelée dans le discours de Paul Valéry en 1931 lors de la réception du maréchal Pétain à l'Académie française).

Alors que « la théorie des Bisounours » (un zeste d’angélisme, d’idéalisme, de pacifisme, de non-violence) est à la mode pour comprendre le monde d’aujourd’hui, force est de constater que ce fumeux concept « zéro mort » est bien ancré dans les consciences et les imaginaires collectifs. Ce dernier est plus que jamais à double action : zéro mort chez l’Autre (population civile de la zone d’opération et même insurgés) et zéro mort chez nos forces (le « nos » étant sans doute exagéré quand on voit le problème d’identification du peuple à son armée).

Depuis la sortie de la Directive Tactique de Mc Crystal en juillet (« I expect leaders at all levels to scrutinize and limit the use of force like close air support »), la cause principale de pertes de civils n’est plus les erreurs de tirs air-sol de la Coalition mais bien les attentats des insurgés. La dernière dramatique affaire de ce genre reste le tir guidé par un officier allemand sur des camions citernes détournés pas des insurgés. À cette recherche de la protection des vies civiles s'ajoute l’emploi de la force minimale, l’effet Galula (« la règle est de faire un usage de la force aussi limité que possible ») nécessitant un changement des mentalités pour briser le cercle vicieux d'aliénation : plus d’insurgés tués = plus de nouveaux insurgés.

Déjà au Vème siècle avant J.-C., Sun Zu préconisait : « empêcher que les hameaux et les chaumières des paysans ne souffrent le plus petit dommage, c’est ce qui mérite également votre attention ». Mais par contre bien mal compris, l’un de ces autres enseignements serait lui aussi pleinement intégré par les opinions publiques : « il faut contraindre l’ennemi à abandonner la lutte, si possible sans combat. Un habile général sait l’art d’humilier ses ennemis ; sans répandre une goutte de sang, sans tirer même l’épée ». Donc par un ensemble de procédés, la victoire peut et doit être acquise sans pertes donc sans combat (car pour mémoire, lors d’un combat, il y a emploi du feu et finalement de possibles pertes). Mais ce serait utopiste et excessif (je pourrais appeler Hobbes à la rescousse : « l’homme est un loup pour l’homme ») de croire en la faisabilité de cette extrémité. Cela n'empêche pas pourtant de tout faire pour y tendre. Sun Zu ajoutant de plus : « ne différez pas de livrer le combat, n’attendez pas que vos armes contractent la rouille, ni que le tranchant de vos épées s’émousse ».

Crédits photos: rassurez vous, Mars Attaque ne change pas de ligne éditoriale, mais une telle illustration me semble assez percutante... www.sonshi.com

2 commentaires:

  1. Effectivement, plutôt surprenante la photo. Paris Hilton serait-elle une stratège insoupçonnée ? (LOL) Se prépare-t-elle pour "une Guerre des Blondes" à défaut d'une "Guerre des Mondes" ?

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  2. Photo non truquée apparemment et prise dans une bibliothèque américaine.

    "La revanche d'une blonde" contre son nouvel ex-futur-ami... Mars Attaque, le blog people par excellence!

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