mardi 26 août 2008

Communication, Défense et Afghanistan.

A propos de l’embuscade et autant que je puisse m’en rendre compte, la communication a un peu pataugé au moins si l’on reste sur les faits purement militaires (niveau tactique) sans entrer dans l’instrumentalisation des 10 morts.

Dans tous les débats sur la COIN quelque chose m’avait frappé lorsque l’on parlait de gagner les cœurs et la population, c’état qu’il fallait les gagner là où les Armées opéraient mais aussi dans nos sociétés occidentales qui fournissent des Troupes. La communication et les médias dont le pouvoir de convaincren’est plus à prouver, sont alors des outils utiles pour parvenir à cette adhésion autour de l’action des forces armées.

J’ai « hélas », l’envie bien pessimiste, de croire que la communication officielle du Ministère de la Défense et de l’EMA autour de cet événement, a été assez symptomatique de la communication française sur les actions militaires. Les périodes de vacances et donc les effectifs moindre, n’ont rien arrangé.

Quand on analyse la conférence de presse, où devant une magnifique tenture bleue le MinDéf, le CEMA et Mr Bockel, expliquent ce qui est arrivé, on ne peut qu’être interloqué. Tout d’abord le moment. Par des fuites ou des communiqués d’agences de presse faisant suite à des transmissions officielles, les journalistes accrédités avaient déjà une idée depuis plusieurs heures du vague déroulé de l’embuscade et avaient déjà alors les questions qui fâchent sur le bout des lèvres (matériel, soutien aérien, renseignement,…), pour pouvoir amorcer directement le débat. La chronologie de la communication (il est vrai qu’il fallait avant prévenir les familles) n’était pas à même de recevoir un écho souhaité d’union sacrée laissant le temps petit à petit 'd'en arriver au débat. Pour la forme, le CEMA n’avait pas assez de ses deux mains pour tenter d’expliquer et de matérialiser la base d’appui, de mouvement, l’arrivée des renforts et les avions et hélicoptères qui volaient à différents paliers au dessus. De même pour la modélisation du terrain avec les vallées qui se croisaient et les cols qui surplombaient l’ensemble.
Entre des informations non exclusives, ou sorties prématurément, et des explications complexes à saisir, les confusions ne manquaient pas entrainant les débats que l’on connait, entre Le Monde et Le Figaro pour ne pas les citer sur le déroulé exact : par exemple, les morts sont issues d’une compagnie du 8ème RPIMa qui faisait partie de la TF 700 arrivée depuis peu ou d’une compagnie du « 8 » toujours, arrivée depuis la prise sous commandement français de la zone de Kaboul (la vérité)? RCC ou GTIA de Kapisa ? Nuance de poids pour ne pas immédiatement donner du grain à moudre pour les reproches… Sans carte, ni photo-satellite, ni croquis de l’embuscade, avec ses deux mains, le CEMA patauge. Et ne donnant rien de très nouveau se permet de lâcher quelques vérités qui hélas ne font que renforcer des mauvaises impressions lorsqu’il annonce que les talibans font preuve « d'une certaine capacité à manœuvrer et ne manquent pas de munitions"… Les planificateurs passent alors pour des doux rigolos avec des scoops comme ça en fin de phrase !!! Ce n’est pas une nouveauté, mais on a l’impression que l’EMA le découvre après tout le monde, alors même qu’un renouveau taliban depuis la fin d’une « trêve » hivernale est annoncé par tous.

Plus largement, la seule communication un peu solennelle est à propos d’une catastrophe et cela malgré le point presse hebdomadaire du ministre routinier, qui ne trouve aucun écho (à cause de ce qui y est dit ?). Il y a peut être un bon transfert vers les organes de presse par la DICOD (organisme gérant la com’) mais c’est étrange qu’après cela ne suivent pas dans les médias. Un tel consensus sur l’absence d’infos est étrange…

Pour être constructif dans la critique: pourquoi ne pas regarder ailleurs et faire comme les Américains avec de conférences plus régulières présentant les avancées, les échecs devant des films montrant les réalités avec des photos satellite de zone, etc.… Pour rester sur le Pentagone, il est à noter aussi que sur le terrain l’entente US Army/Armée française est efficace et se fait en bons termes (voir le célèbre reportage sur les OMLT armées par les groupements de commandos de Montagne et leurs liens dans les FOB avec les Américains ou lors de l’embuscade où l’appui aérien américain des C130- Gunship, hélicos, ou A-10 a été décisif) alors que politiquement et dans les opinions publiques, il y a des réticences à un tel rapprochement…
Pour continuer sur l’appui aérien, en remarque, le modèle juridique du Droit des Conflits américain où les responsabilités sont dissolues lors de pertes civiles dans les bombardements, ne favorisent pas la prudence. Celles-ci ont un impact très négatif sur toute la Coalition alors même que certains pays dont le système de responsabilité s’applique à des éléments plus bas, causent moins de dégâts (sans fanfaronner, jusqu’à preuve du contraire, il y eu peu de scandales sur des erreurs de tirs dirigées par les TACP des commandos de l’Air français). Ces pertes à répétition pourraient bien définitivement faire perdre, quasiment à elles seules, la bataille des opinions en Afghanistan…

Pour finir sur une note plus optimiste, c’est un secret pour personne, qu’il y a du boulot d’abattu par les troupes françaises en A-Stan, que nos soldats ne restent pas dans les FOB mais vont bien dehors et donc au contact de la population mais aussi des insurgés. Il y a donc des actions avec des bilans positifs (des talibans mis hors d’état de nuire, des armes prises, des secteurs pacifiés) ou des actions de CCM (Coopération civilo-militaire, ex ACM). Lorsqu’il n’y a aucune action positive de montré c’est plus dur alors après un grave revers de convaincre à nouveau du bien fondé de la présence (je ne parle même pas de la méthode qui est plus un débat de spécialistes).

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