mercredi 25 janvier 2017

Irak (et Syrie) - L’action des militaires français auprès des unités irakiennes ou kurdes (et syriennes) : résultats quantitatifs et qualitatifs (4/5)

Après des précédents volets consacrés à décrire ce que font les militaires français, issus des unités conventionnelles ou des forces spéciales, en Irak et en Syrie, cette partie s’efforcera de donner quelques pistes pour tenter d’évaluer l’apport de ces actions, et de remettre en perspective certaines données chiffrées diffusées. Il y a en effet plusieurs possibilités pour évaluer de manière plus ou moins pertinente l’action de ces formateurs et conseillers depuis plus de deux ans. Quantitativement, notamment par rapport à l’effort global de la coalition, et qualitativement, en se basant, il est vrai, sur des données nettement plus subjectives.
 
 
Si la mise en perspective du nombre d’avions déployés ou de frappes effectuées est relativement courante, cet effort est généralement moins fait sur le second volet de l’action de la coalition qu’est la formation et le conseil. En s’appuyant tout d’abord sur des données uniquement quantitatives, et donc non descriptives de la qualité des formations et des conseils prodigués (basées sur la manière de procéder, l’expérience, etc.), l’effort français par rapport au reste de la coalition est dans ce domaine globalement moins marqué que pour le volet aérien (2nd ou 3ème contributeur en nombre de frappes aériennes, par exemple).
 
L’effort français par rapport à celui des partenaires de la coalition
 
En avril 2016, selon le département à la Défense américain, 18, dont la France, des 65 membres répertoriés de la coalition étaient engagés dans ce volet de formation et de conseil en Irak. Cet effort se fait principalement via 6 bases : Bagdad (pour l’ICTS), Taji (pour les sous-officiers et les snipers), Al-Asad (pour le sauvetage au combat et le combat d’infanterie), Taqaddum (pour la formation niveau section), Besmaya (pour la formation jusqu’au niveau brigade), Erbil (et les centres associés au Kurdistan irakien). 
 

vendredi 20 janvier 2017

Irak (et Syrie) - L’action des militaires français auprès des unités irakiennes ou kurdes (et syriennes) : forces spéciales et équipements (3/5)

Après deux premiers volets sur la chronologie de ses opérations françaises au sol en Irak et en Syrie, les effectifs déployés, et la mission des militaires conventionnels, ce troisième volet abordera l’action des forces spéciales françaises (dans la limite de l’exercice), et le complément à ces missions de conseil et de formation qui est la fourniture aux forces locales d’armes, munitions et équipements divers.
 
 
Avec les forces spéciales en Irak : une palette de missions allant de la salle de cours jusqu’au front

En Irak, les quelques 200 forces spéciales françaises de la TF Hydra (issues des trois armées) assurent la quasi intégralité du spectre des opérations spéciales, « opérations militaires menées en dehors des cadres d'actions classiques, visant à atteindre des objectifs d'intérêt stratégique, notamment en termes d'actions d'environnement, d'ouverture de théâtre d'opérations, d'intervention dans la profondeur sur des objectifs à haute valeur, ou en matière de lutte contre les organisations terroristes ». Comme le souligne leur patron, le contre-amiral Isnard, cette mission est symbolique d’un certain continuum des opérations spéciales, inscrit dans la durée : « l’action coup de poing seule n’est pas suffisante. Si nous ne façonnons pas l’environnement de manière plus large, le problème ne sera réglé que momentanément. Nous réalisons donc d’abord du renseignement afin de donner une appréciation stratégique au chef d’état-major des armées. Puis, en fonction des objectifs fixés, nous bâtissons des actions sur plusieurs semaines, mois ou années. En parallèle, nous développons une approche globale en effectuant de la formation et du conseil auprès des unités partenaires, que nous faisons monter en gamme, comme c’est le cas en Irak. Nous leur passons en quelque sorte le relais pour qu’elles poursuivent le travail après notre départ ».

mardi 17 janvier 2017

Irak (et Syrie) - L’action des militaires français auprès des unités irakiennes ou kurdes (et syriennes) : 6ème division et ICTS (2/5)

Après un premier volet de présentation du dispositif militaire français au sol en Irak (et dans une moindre mesure de celui en Syrie), il s’agira de revenir sur les actions menées au quotidien par ces militaires, qui adaptent en permanence les formations et les conseils dispensés aux forces locales.
 

Auprès de la 6ème division : conseils et formations sur toujours plus de nouvelles capacités 

La Task Force (TF) Monsabert est insérée auprès de la 6ème division d’infanterie (DI) irakienne. Ce détachement porte le nom du général Monsabert, figure de la 3ème BLB (brigade légère blindée) qui en a fourni la majorité des effectifs en 2015. Cette grande unité française est dissoute depuis juin 2016, mais son souvenir demeure via cette dénomination rappelant sa filiation historique avec la 3ème division d’infanterie algérienne (DIA), unité commandée durant la 2nde Guerre mondiale par ce général. Pour ce qui concerne la 6ème DI irakienne, elle est une des 4 divisions des forces terrestres irakiennes chargées de la sécurité de la capitale Bagdad, notamment dans son quart Nord-Ouest. Son effectif est plutôt du volume d’une brigade française, entre 5.000 et 10.000 hommes répartis au sein d’au moins 3 brigades (56ème, 22ème et 24ème ?), comme présenté dans un précédent panorama. Montrant l’importance accordée à la sécurité de la capitale par les autorités irakiennes, la ville et sa ceinture concentrent près de 50% des forces de sécurité irakiennes (armée et police), 28.000 hommes répartis en environ 14 brigades.

Lorsque débute la mission des militaires français début 2015, la division est à l’image du patchwork confessionnelle de l’armée irakienne, avec un état-major comme bon exemple. Le commandant, le général de division Ahmed Salim Bahjat Al Utbi, a pour père un chiite tandis que sa mère est sunnite, faisant de lui, d’un point de vue communautaire, un chiite. Comme d’ailleurs 70% environ du reste de la division. Si son chef d’état-major est lui aussi chiite, le sous-chef en charge des opérations est lui sunnite, quand le commandant en charge de la force protection de l’état-major est chrétien.
 

samedi 14 janvier 2017

Irak (et Syrie) - L’action des militaires français auprès des unités irakiennes ou kurdes (et syriennes) : chronologie et effectifs (1/5)

Où en sont les militaires français participant en Irak, au sol, à la formation, au conseil et (dans une moindre mesure) à l’accompagnement de forces locales ?

Comment se caractérise, et pourrait évoluer à court et moyen, ce modèle original d’opération (pour l’histoire récente de l’armée de Terre française), associant, au sein d’une coalition internationale, assistance militaire opérationnelle (spéciale et conventionnelle) à des unités locales et appui direct aux combats par des moyens d’artillerie, depuis le déploiement à l’été 2016 d’un groupement tactique d’artillerie (Task Force (TF) Wagram) ?

Et dans une moindre mesure (et dans la limite de l’exercice vu le nécessaire respect du secret des opérations, et du nombre forcément limité d’informations), qu’en est-il pour les militaires français menant, entre autres, ces mêmes missions en Syrie ?


Cette mise à jour (en plusieurs épisodes) de précédents panoramas rédigés en 2015 (cf. ici, et encore ) sur le sujet prendra comme ligne directrice principale la participation plus ou moins directe de ces militaires français à l’un des 2 axes d’efforts actuels de l’opération Chammal (participation française à l’opération internationale Inherent Resolve) face à l’organisation de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie : la libération de Mossoul, avant celle, en cours de préparation, de Raqqa (en Syrie). 

Point d’étape d’autant plus d’actualité, que d’ici quelques jours, le 17 janvier, cela sera l’anniversaire des 2 ans d’un des volets de cette opération : le conseil et la formation au profit des forces de sécurité locales, régulières (irakiennes) ou non (peshmergas). Or, la récente visite du Président de la République (le 2 janvier 2017) sur des emprises de ce volet, non loin de l’aéroport international de Bagdad et à l’Ouest d’Erbil, ne l’a d’ailleurs que peu sorti de l’ombre où il est plus ou moins volontairement plongé.