mardi 27 décembre 2011

"Je vous préviens qu'on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours" (Les Tontons Flingueurs)

Dans un effort louable de transparence, le commandement régional américain CENTCOM a rendu public une version expurgée (mais à première vue peu "choucroutée") de l'enquête menée avec l'Allied Joint Forces Command de Brunssum (commandement otanien en charge des opérations en Afghanistan) suite à l'opération SAYAQA menée dans la nuit du 25 au 26 novembre le long de la frontière avec le Pakistan.

Selon l'enquête, des tirs en provenance du Pakistan au niveau du checkpoint "Salala" ont entraîné, en légitime défense, une riposte via des moyens aériens américains. Si les forces américaines au sol étant conscientes que les tirs provenaient du Pakistan, elles n'étaient pas au courant de la présence d'un poste militaire pakistanais, installé depuis peu à cet endroit. Au bilan, 24 membres des Forces Militaires Pakistanaises ont été tués et 13 blessés.

Sans reprendre minute par minute le déroulé de l'opération, il est possible de faire plusieurs remarques en s'appuyant sur les informations données par les 50 pages d'enquête. Car, il y a une différence entre avoir à disposition une somme impressionnante de moyens et les utiliser à bon escient, posséder à temps la bonne information et avoir la capacité de la délivrer au juste destinataire.

Dans le cadre d'une opérations s'inscrivant dans le Village Stability Programm (réminiscence du Combined Action Progam (CAP) des Marines au Vietnam), 14 membres (OperationnalDetachment Alpha) des forces spéciales américaines (dont un contrôleur aérien, un JTAC) ont soutenu et conseillé une compagnie de commandos afghans de 100 hommes (Cie A, 1er Bat, 3ème Brigade) pour développer "un ilot de stabilité" autour du village de Maya.

Pour cette opération, qui débute à 22h06, et suite aux premiers tirs hostiles à partir de 23h09, ces 114 personnels vont avoir à disposition un nombre impressionnant de moyens : deux hélicoptères lourds de transport CH-47 Chinook pour l'infiltration, 2 hélicoptères d'attaque AH-64D/Longbow, deux F-15E/Strike Eagle d'attaque air-sol, un appareil d'appui-feu AC-130H/Spectre et un appareil de renseignement MC-12 Liberty.

Six minutes après les premiers tirs, le JTAC demande un show of force (passage dissuasif à base altitude) d'un F-15. Il sera fait cinq minutes après la demande. Au même moment, le JTACdemande à ses supérieurs les autorisations pour engager les cibles repérées et deux minutes après l'accord est donné. Encore deux minutes après, l'AC-130H tire ses premiers coups de canon de 30 mm. Bel exemple de réduction de la séquence en 9 minutes. Mais...

Après une 1ère séquence de déconfliction (ami-ennemi) dès les premiers tirs au sujet de la non-présence de militaires pakistanais (via un organisme ISAF-Pakistan de liaison), une 2ndeséquence entre les acteurs aura lieu 80 minutes après. Entre temps, des messages d'alerte de l'état-major du 11 Corp pakistanais sur des militaires pris à partie depuis l'Afghanistan sont restés bloqués entre les chaines de commandement régionales (RC-E) et spéciales (SOTF-E).

Car, c'est bien cela qu'il faut retenir. Les Américains, via l'opération Enduring Freedom, poursuivent avec des moyens autonomes (et ayant des règles d'engagement particulières) leur guerre. Alors que, parfois, les objectifs ne sont pas si éloignés de ceux de l'opération otanienne ISAF. Ce Village Stability Programm ne pourrait-il pas s'inscrire dans les actions de l'ISAF pour mettre en place un environnement propice au développement de l'Afghanistan?

Et pourtant, il est régi par des règles purement américaines via CENTCOM et le commandement des opérations spéciales SOCOM. Or, dans le même temps, le volet de coopération et l'intégration frontalière a été poussé au niveau ISAF (via, par exemple, le NBCC ou Nawa Border Coordination Center). Ainsi, des doubles chaines de commandement perdurent. L'information circule dans des tubes parallèles, passant moins vite de l'un à l'autre.

Finalement, les Américains sont pris à leur propre jeu. Ayant la critique facile contre les membres de la coalition qui ne sont pas assez intégrés, il est possible de leur reprocher cette néfaste non-intégration dont (au moins pour les flux logistiques coupées depuis le Pakistan) plusieurs membres de la coalition pâtissent. Pour une fois, la coalition aurait pu être un accélérateur plus qu'un frein, un facteur d'efficacité plus qu'une somme de difficultés.

Mais, si c'était si simple, cela se saurait...

vendredi 23 décembre 2011

10 articles pour terminer cette année stratégique

2011, c'est fini pour Mars Attaque. C'est 154 articles postés sur ce blog, le passage de la barre des 600 followers sur Twitter, le début des débats sur Facebook et de nombreuses rencontres dans la "real life".

Pour survoler l'année passée, voici une sélection de 10 articles postés sur Mars Attaque.

- Le "printemps arabe" de cette année, c'est tellement si beau comme saison ! Ah oui ? Vraiment ? Et pourtant certains l'avaient un peu senti que le vent tournerait Les "terribles" Frères Musulmans égyptiens : de gentils conservateurs ? (8 février 2011)

- Souvent, des gens plus compétents que soi en parlent mieux, et pourtant on l'ouvre... Et les États-Unis, ils ont passé une bonne année ? La puissance militaire américaine en 5 question (27 avril 2011)

- Twitter, bien que scruté par le NIS, a eu du retard comme tout le monde pour l'annonce de la mort de Kim Jong-Il. Comme quoi : Médias sociaux, quand notre attrait pour la nouveauté, nous fait perdre notre latin (1er août 2011)

- Alors que l'image satellite de Digital Globe de la "cible" a surtout montré l'absence (pour le moment) de brins d'arrêts sur le pont : Guerre des mots et des images des deux côtés du détroit de Taiwan (17 août 2011)

- Le récent contrat d'Air France-KLM en Libye peut, il est vrai, s’appeler du retour sur investissement, et pourtant, ce n'était pas gagné : La France aurait-elle un problème avec le marketing ? (22 août 2011)

- Le bon vieux Carl qui survit dit souvent qu'Internet, c'est bien mais qu'un paquet de lectures de livres en papier, c'est mieux (pour tout le monde). Alors, Dis mois ce que tu lis, je te dirais qui tu es : la liste de lectures conseillées du général Dempsey (31 août 2011)

- Il paraît que les médias sociaux, cela peut même servir à communiquer. Les entraineurs du Père Noël l'ont mieux compris que d'autres : Conseils aux bouledogues présents sur les médias sociaux (11 septembre 2011).

- L'humour est un puissant remède en période de crise. Alors si vous aussi, vous estimez être un expert en quelque chose, peut-être reconnaîtrez vous certains travers des experts ES. Afghanistan : [Humour] Comment devenir un expert de l'Afghanistan ? (16 septembre 2011)

- Il y a des chances pour que nous entendions parler de l'Afrique durant l'année qui vient. De la Somalie (et sa région) à l'Ouganda : trouvez les bonnes sources d'infos et braquez les projecteurs. Mission de "conseil +" pour les USA contre le LRA (19 octobre 2011)

- Et enfin, sans faire comme en 2011 ma Madame Irma, l'année 2012 devrait être celle du débat des présidentielles. Autant commencer dès cette année avec les programmes consacrés à la Défense et la série "Les Présidentielles sabre au clair" (à suivre)

Bon et saint Noël à tous. Une pensée particulière à ceux qui sont loin de chez eux. Et, chers lecteurs, à l'année prochaine !

PS : si vous avez des souhaits et des propositions, n'hésitez pas à les indiquer en commentaires... Je pourrais peut être les insérer dans mes bonnes résolutions de l'année. Les résolutions que nous tenons et non qui sont oubliées au bout d'une semaine...

mardi 20 décembre 2011

Un cadeau de Noel pour l'armée de Terre : un accès à Dailymotion?

Noël approche, rude période pour les personnels des forces armées françaises en opérations. Lancés de manière visible par la société civile, des gestes peuvent être faits pour soutenir ces hommes et ces femmes loin de leurs foyers, de leurs familles, de leurs amis. Je vous invite donc à participer à des initiatives comme celles de Theatrum Belli ou de Zone Militaire.

L'armée de Terre a récemment lancé via sa page Facebook (suivie par environ 20 000 personnes), pour la première fois, une opération similaire sur le Web 2.0. Elle consiste à envoyer des messages ou des vidéos aux soldats déployés. En retour, les soldats envoient des vidéos souhaitant un joyeux Noel à leurs proches.


Excellente initiative à quelques jours de Noel, tout le monde se met en marche et peut-être, je l'espère, que ces marques d'affection et de soutien réchaufferont le coeur de nos soldats.

Petite question au passage, comment cela fait-il que le service de communication de l'armée de Terre (le SIRPA?) soit obligé, en grande partie, de passer par un site de l'armée américaine pour héberger ses vidéos ?

En effet, à l'heure où j'écris, le site DVids Hub héberge une majorité de ses vidéos. C'est un portail d'images, de vidéos et d'informations tenus par des officiers des Affaires publiques de la composante Terre de l'US Central Command.

Comme Français, j'aimerais que mes impôts servent à soutenir avant tout des entreprises françaises, Dailymotion par exemple, où aucune vidéo de ce genre n'est pour l'heure postée sur la chaine "armée de Terre". Le site américain héberge plus d'une trentaine de vidéos et sur la chaine Youtube, deux vidéos sont visibles.

J'aimerais que nos armées n'aient pas besoin en permanence, surtout lorsqu'elles s'adressent à ses concitoyens, des moyens des armées américaines. Un Français qui vous remercie et qui ne souhaite que la liberté de manoeuvre des armées françaises, même pour leurs opérations de communication.

Allez joyeux et saint Noel à tous ! Et réjouissons nous qu'une telle initiative soit prise ! Vraiment !

PS : d'ailleurs, cela évitera, par exemple, qu'un lieutenant féminin du 8ème RPIMa soit rangé dans la catégorie "Air Force" et pas mal d'autres coquilles...

PS 2 : dernière petite idée de com', maintenant que le système FELIN est déployé en Afghanistan, les premières photos seront disponibles d'ici Noel ?

vendredi 16 décembre 2011

Mais que fait l’armée de Terre ? A quoi elle sert ?

Qui aujourd’hui participe au rayonnement de l’armée de Terre et à l’élaboration d’une véritable culture stratégique terrestre auprès des décideurs et des opinions ? Où est le rayonnement passé du Centre de Doctrine et d’Emploi des Forces (CDEF) ? Ne faudrait-il pas mettre en place (enfin) une stratégie d’influence pour promouvoir les capacités "Terre" ?

Sans être omniscient par ma vision des choses et sans être au courant de tous les projets, j’ai comme l’impression que sur ces points quelque chose ne tourne pas rond depuis quelques mois. A la veille de grandes décisions, est-ce vraiment sain ?

Alors reprenons par le début.

Après une période d’intense influence, en particulier porté par le durcissement de l’engagement en Afghanistan, l’intérêt porté à l’armée de Terre semble en déclin. A ce rythme, cette absence d’attention (médias, opinions, décideurs) pourrait rompre l’équilibre nécessaire à une action en symbiose des différentes composantes des forces armées françaises.

Le propos n’est pas de faire jouer et de raviver les querelles de chapelles interarmées. Ces rivalités ne doivent pas avoir raison d’un intérêt supérieur qui est l’efficacité opérationnelle et l’atteinte optimale des objectifs fixés. Chaque composante a ses atouts, se doit de les conserver, pour arriver aux buts.


Or aujourd’hui, moins l’opinion entend parler de l’Afghanistan mieux les autorités (politiques certainement, militaires sans doute…) se portent. Or l’Afghanistan était la vitrine sur laquelle l’armée de Terre, sans doute parfois à l’excès, appuyait son argumentaire pour faire prévaloir son utilité. Elle faisait enfin sur ce théâtre ce pourquoi elle était destinée.

Or ce silence imposé arrive à un mauvais moment. Il arrive à l’heure des choix que sont les discussions budgétaires, les débats avant les présidentielles, les réflexions portées sur le Livre Blanc, etc.

A cela s’ajoute l’effet Harmattan en Libye, opération qui consacre l’action du volet le plus aérien de l’armée de Terre, les hélicoptères de l’ALAT, et surtout l’apport de l’armée de l’Air et la Marine. Une sorte de « Air-Sea battle » à la française dans lequel l’armée de Terre serait absente du faite de la sous-traitance du volet Terre à des forces armées locales.

Se joint à ces points conjoncturels, la difficulté, pour ne pas dire autre chose, d’un des organismes auparavant les plus influents de l’armée de Terre. Les études du CDEF étaient citées par les universitaires et les think-tank comme des références, reprises et commentées sur la blogosphère stratégique, des officiers du CDEF intervenaient dans la presse, etc.

Aujourd’hui, vu de l’extérieur et comme observateur qui suit un peu ces questions, le CDEF semble renfermé sur lui même, n’assurant que les missions (et elles ne sont pas simples déjà à assurer) destinées à l’interne, aux forces terrestres.

Le CDEF (en charge du retour d’expérience, de la doctrine et de la simulation au sein de l’armée de Terre) avait participé par son rayonnement au développement d’une culture « Terre » dans les esprits d’une certaine frange de l’opinion publique. Il avait même sans doute touché un certain nombre de leaders d’opinions et de décideurs.

Hélas (ou tant mieux pour certains), aujourd’hui l’heure n’est plus à la contre-insurrection (même si après l’avoir porté sous les projecteurs, il ne faudrait pas non plus entièrement en rejeter tous les apports). Le CDEF avait bâti, en partie, sa réputation comme agitateur d’idées par des réflexions à ce sujet. Or, aujourd’hui, le recyclage post ère de la COIN n’a pas été faite.

Or seuls ceux qui s’adaptent survivent. Ce qui est vrai pour les becs des oiseaux de Tonton Darwin est dans une large part aussi exact pour les institutions et les organisations. Et ce mouvement de sélection est d’autant plus violent dès lors que des coupes draconiennes sont à l’ordre du jour sous l’effet de restrictions budgétaires.

Je ne sais pas où en sont les projets de fusion entre le CESAT (autre organisme participant au rayonnement de l’armée de Terre) et le CDEF ? Où en est l’interarmisation de la fonction doctrine sous l’égide du CICDE ? Du retour d’expérience uniquement réalisé par l’Etat-Major des Armées ? De la composante rayonnement par armée au sein de l’IRSEM ?

En attendant cela, où est la véritable stratégie d’influence « Terre » ? Comme bloggeur, je reçois toutes les semaines des mails émanant des organismes quasi similaires de l’armée de l’Air (le CESA) et de la Marine (le CESM). Mais rien du CDEF. Les dernières mises à jour sur le site de ce dernier datent de je ne sais plus quand. La dernière étude qui s’intéresse au CDEF n’est pas faite par le CDEF mais par l’IFRI (qui bien qu’ayant des liens établis avec le CDEF n’en a pas à être le porte flambeau non intentionnel).

Et pourtant des sujets d’études, ils n’en manquent pas à proposer à la critique et à la lecture de tous. Où sont les réflexions sur les sujets égrenés par les différentes autorités militaires ? La formation des armées étrangères ? Les différents impacts du combat info-centré ? Les guerres hybrides ? Les capacités de remontée en puissance ? Les actions sur le territoire national ? Etc.

Nul besoin de faire des études 70 pages dessus, mais simplement de proposer des hypothèses sous un format d’une dizaine de pages, des tours d’horizons pas plus imposants.

Les outils de communication (Web 2.0 pour ne citer qu'eux) et les ressources existent. Une main d’œuvre nécessaire doit encore exister du côté d’une certaine division du CDEF pour alimenter le débat, montrer que l’armée de Terre peut servir à quelque chose. Et qu’elle mérite que l’on s’y attarde car elle est d’une réelle utilité.

L'armée de Terre peut être à l'avenir un véritable effecteur efficace et utile.

La lapalissade auto-justificative déclamée ad nauseam et qui dit que « toute guerre se commence et se termine à terre » se doit d’être développée et illustrée. Seulement après cet effort d’importance, la plus-value et l’importance du volet « Terre » seront garanties. Car sinon, dès demain, c’est, entre autres, à ses budgets alloués que l'armée de Terre sera attaquée.

La diffusion d’une culture Terre est donc à développer par les Forces, pour les Forces et pour préparer demain. Est-ce par le CDEF ? Si ce n’est plus en partie par cet organisme, encore en faudrait-il un autre pour prendre le relais.

Et ainsi, le rayonnement en berne d’une organisation à qui il échoit une très lourde tâche ne sera plus le symptôme d’un mal touchant, à mon avis très personnel, plus largement une institution.

Et vous qu'en pensez vous ?

NB : aucun des propos précédents n’est une attaque ad hominem. Le CDEF a été une maison à laquelle je dois beaucoup et auquel je reste attaché. J’y ai passé presque deux années vraiment exaltantes sur le plan personnel et professionnel. Et cela je ne peux l’oublier, malgré la teneur de ce point de vue que certains pourraient croire acerbe.

jeudi 15 décembre 2011

Survol de l’engagement de l’armée de l’Air française en Libye (partie 2)

Le Centre d'études stratégiques aérospatiales (CESA) organisait le 6 décembre un colloque intitulé « L’armée de l’Air à l’épreuve des opérations en Libye – retour d’expérience et perspectives ».

Après une 1ère partie sur des questions techniques et opérationnelles, voici la suite sur des questions plus stratégiques, toujours
par Adrien MONDANGE (titulaire d’un Master 2 « Stratégie, Défense et Sécurité » de Sciences Po Lille et d’un 3e cycle « Stratégie d’Intelligence Économique » de l’EGE).

Les dispositifs de l’OTAN et de l’UE ont été analysés à la lumière de cette opération. Isabelle François [1] estime notamment que désormais les interventions de l’OTAN seront déterminées par trois conditions très claires : une base légale solide (les Résolutions du Conseil de Sécurité dans ce cas précis), un soutien régional important (la Ligue Arabe ici), un besoin sur le terrain et une invitation à s’y rendre.

L’OTAN doit en plus tirer des leçons capacitaires, en termes d’ISR, de capacités de ravitaillement en vol, alors même que le contexte budgétaire est… complexe, lui aussi.

Concernant l’Union Européenne, celle-ci est très clairement restée en retrait, alors même que certains auraient pu attendre un déploiement des mesures prévues par la PSDC…

Comme le souligne le Colonel Eric Labourdette [2], l’UE a initialement fait preuve d’un manque de coordination. Ce n’est que progressivement que l’UE a agi de manière soudée et déterminée (activation du mécanisme de protection des civils ; embargo et gel des avoirs après le vote de la Résolution 1970), malgré un effacement devant l’OTAN. La seule option laissée à l’UE était alors la mise en œuvre d’une opération humanitaire (finalement annulée).

La crise est révélatrice des faiblesses de l’UE dans ses dimensions défense et sécurité, qui ont une dimension intergouvernementale. Dès l’abstention de l’Allemagne au vote de la Résolution 1973, il était prévisible que l’emploi de forces dans le cadre de la PSDC serait limité.
  • L’UE dispose des outils d’une approche globale mais ne s’en donne pas les moyens.
  • Manque de capacité de planification des opérations.
  • Le SEAE a beaucoup appris avec cette crise. La crise libyenne a obligé le service à se mobiliser, entraînant notamment la création d’une plateforme de crise dont le format sera pérennisé pour les crises à venir.
  • L’UE avait un rôle à jouer au début de la crise, et a un rôle à jouer après la crise. L’UE n’a pas renoncé à utiliser les outils de la PSDC.
  • L’AED reste en première ligne sur les questions de mutualisation et de partage. Parmi les projets cités figurent le ravitaillement en vol, la formation des pilotes, l’ISR et les satellites de communication.
La conclusion du colloque ouvre donc la voie à des améliorations, matérielles, et à l’aveu de certaines faiblesses. Toutefois l’ensemble du colloque s’est déroulé sous le signe de l’optimisme et les aspects positifs ont été bien plus évoqués que les points bloquants.

Comme le souligne Joël Martel dès l’ouverture du colloque, les faiblesses sont connues (l’armée de l'Air française dispose des avions ravitailleurs les plus vieux du monde, mais des solutions – techniques et faisant appel aux alliés – ont pu être trouvées). Sans un apport évident et massif des Etats-Unis, rien n’aurait été possible.

Par ailleurs, tout le spectre des effets possibles (allant jusqu’à la létalité) n’est pas disponible pour les armements. Si l'armée de l'Air a démontré un « bon niveau de compétence », il subsiste encore des marges de manœuvre en terme de réactivité par exemple. L’entraînement doit être mené en fonction d’un contexte incertain à venir ; la maîtrise du temps restant un facteur d'importance avec une appréhension à la fois des temps courts (de départ sur zone par exemple) et des temps longs (d’installation sur la zone).

Enfin, le général de corps aérien Antoine Noguier, commandant le CDAOA, réaffirme l’importance de disposer de meilleures connaissances du contexte politique, historique et sociologique [3] avant le début des opérations. Par ailleurs il est nécessaire de conserver une large palette d’options dans la chaîne de contrôle. Des réflexions sont à mener sur le rôle de l’information et la prise de décision consécutive à une information abondante, à repositionner également dans la chaîne de commandement.

[1] Distinguished visiting research fellow, Center for transatlantic security studies, National Defense University,, Washington D.C
[2] Représentation militaire française auprès de l’UE
[3] Ces éléments ont été analysés en guise d’introduction par Monsieur Patrick Haimzadeh, qui a été en poste diplomatique en Libye plusieurs années durant.

mercredi 14 décembre 2011

Survol de l’engagement de l’armée de l’Air française en Libye (partie 1)

Le Centre d'études stratégiques aérospatiales (CESA) organisait le 6 décembre un colloque intitulé « L’armée de l’Air à l’épreuve des opérations en Libye – retour d’expérience et perspectives ».

Quelques temps après la fin de l’opération Harmattan, et plusieurs semaines après le retour d’expérience de l’OTAN[1], c’était au tour de l’armée de l’Air française de s’exprimer publiquement sur son expérience de la Libye.

Retour sur quelques points clefs de ce colloque. Cet article rédigé par Adrien MONDANGE (
titulaire d’un Master 2 « Stratégie, Défense et Sécurité » de Sciences Po Lille et d’un 3e cycle « Stratégie d’Intelligence Économique » de l’EGE) ne prend pas position et cherche seulement à relayer des éléments tels qu’ils ont été présentés lors de ce colloque.

Le succès de l’opération est salué à plusieurs reprises. Celui-ci est dû pour les intervenants à l’engagement de tous les acteurs sur le terrain, à des choix pertinents en termes de matériels, de capacités à conduire et à planifier des opérations. L’armée de l’Air, au cœur des opérations, a su engager toutes ses spécialités.

Dès le début, certaines faiblesses sont tout de même soulignées : l’âge avancé des avions ravitailleurs français, un manque de moyens permettant de couvrir l’ensemble du spectre des effets. L’apport des États-Unis, « évident et massif » a rendu ces opérations possibles.

  • La première table ronde a permis un retex très opérationnel, porté à la fois sur les aspects humains et matériels.
La rapidité de la boucle de décision (prise de vue, transmission, exploitation et action) a été soulignée. Le temps nécessaire à la prise de décision est aujourd’hui nettement raccourci.

En ce qui concerne les pratiques, il a été nécessaire de s’extraire du standard afghan et de la culture stratégique qui lui est propre. Les opérations en Afghanistan ont pu être proches des opérations libyennes si l’on en considère la complexité de l'environnement mais la réalité du terrain est tout autre. Par ailleurs, le pilote a dû se réapproprier la capacité à désigner une cible, et non à « simplement » suivre une cible qui était identifiée pour lui par les observateurs au sol.

Côté matériel, les Rafales ont démontré leur polyvalence, drones (en particulier américains) et avions de combat ont prouvé leur capacité à travailler en synergie. Le couple moyens airs/moyens navals, nouveau à un tel degré d'intégration, a également été salué, et validé par un officier de l’ALAT[2] présent. Toutefois la qualité des pods de désignation équipant les appareils français doit être améliorée.

Les drones quant à eux ont permis de mener à bien de multiples missions. Basé à Sigonella, et malgré un temps de vol long (parfois 50% du vol) pour rejoindre le théâtre des opérations, le drone français Harfang a produit plus de 150h de vidéos, transmises rapidement voire en temps réel. Toutefois la vitesse de vol du drone, trop lente, et sa soumission aux conditions climatiques, en ont fait un outil capricieux, et ont entraîné l’annulation de 15 missions (22 ont été menées à bien). Par ailleurs, les capteurs équipant les drones français sont obsolètes et ont nécessité une adaptation (descente d’altitude pour des clichés de meilleure qualité).

  • La seconde table ronde a permis de revenir sur des problématiques plus larges.
Tout d’abord sur le rôle de l’information, prédominante, et dont la vitesse de circulation n’est pas sans conséquence. Dans un contexte d’accélération du temps de décision, du temps de réaction et de complexité croissante (des menaces en rupture permanente, des forces d’opposition polymorphes et changeantes), il est nécessaire de faciliter la compréhension utile à chacun de l’environnement dans lequel il doit évoluer.

Cela entraîne une réflexion sur le traitement d'une information abondante par les chaînes de commandement et à la prise de décision découlant du traitement de cette information. Il ne faut pas non plus omettre les limites inhérentes à une prise de décision dont la durée se contracte pour arriver à un temps aujourd’hui très rapide. Comme le souligne le Colonel Jean-Paul Besse, « l’information est le pouvoir… c’est aussi notre plus grande faiblesse ».

La suite, un RETEX sur des questions plus stratégiques (OTAN, UE, etc.), au prochain épisode...

[1] L’OTAN avait établi le retour d'expérience (RETEX) des opérations en Libye très rapidement après la fin des opérations. Une conférence, intitulée « Extracting lessons from operations » et organisée par le « Joint Analysis and Lessons Learned Centre » s’était tenue à Lisbonne du 25 au 27 octobre 2011.

[2] par le Lieutenant-colonel Pierre VERBORG du 5e régiment d’hélicoptères de combat. Voir aussi Capitaine de corvette Pierre-François GOURET, « L’aérocombat depuis la mer lors d’Harmattan », Défense et Sécurité Internationale, n° 75, novembre 2011, p.5.

mardi 13 décembre 2011

Les Présidentielles sabre au clair : petite charge n°1 (+MAJ1)

Tous les partis et candidats aux élections présidentielles ne sont pas encore décortiqués et pourtant, le service après-publication débute. Depuis les premiers épisodes consacrés au Modem, au Front National, au Parti Socialiste et à EELV des mises à jour sont nécessaires. Voici donc la première.

1. Alors que François Bayrou a annoncé, ô surprise, sa candidature le 7 décembre, on en sait un peu plus sur la méthode qui conduira à l'élaboration de son programme. Le "Forum" numéro 5 (le dernier) du 4 mars 2012 sera consacré entre autres à "Défense nationale, Défense européenne". Un bon moyen d'ajouter un peu de matière sur ce sujet... A suivre.

2. Le "Monsieur Défense" de François Hollande, Jean-Yves Le Drian, a une page attitrée sur le site de campagne et a posté son premier communiqué avec Bernard Cazeneuve sur le futur du Balardgone en pleine ouverture d'une information judiciaire. Tous les sujets bons sont bons pour égratigner les actuels responsables aux manettes et demander plus d'informations sur l'utilisation des rares deniers publics.

3. Marine Le Pen a prononcé le 02 décembre 2011 (anniversaire d'Austerlitz) un discours suite à une réunion-débats ayant pour sujet la Défense. Il reprend en grande partie les idées développées sur le site de campagne et présentées dans mon billet. Des mesures qui sont inscrites dans un projet plus global. En effet, on notera le lien fait entre patriotisme et armée

Sur des points "techniques", on relèvera le bref délai de mobilisation (24h) de la garde nationale proposée. Cette dernière pourra avoir un rôle de protection des points d'intérêts vitaux du territoire. Enfin, l'industrie de Défense ne sera pas oublié et aura une place dans la Planification Stratégique de la Réindustrialisation.

La suite au prochain numéro. D'ores et déjà, notez que le prochain parti ausculté au sabre (outil de chirurgie à l'ancienne, j'en conviens) devrait être l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP). Mauvais teasing pour une parution en fin de semaine, début de semaine prochaine...

PS : vous aurez noté que parmi les auteurs de la récente tribune parue dans Le Monde s'opposant au choix du drone Héron TP, deux étaient issus du PS et deux de l'UMP. Quand certains sujets transcendent les partis au nom d'intérêts supérieurs... La Défense reste encore un domaine à part et nous ne pouvons que nous en réjouir!

MAJ 1 : il semble que l'affaire du Balardgone passe aux oubliettes... Dommage pour ceux qui se sont appuyés dessus (notamment au PS) pour critiquer l'opacité du contrat... Ils peuvent toujours se concentrer sur les économies apparemment pas à l'ordre du jour par ce regroupement ! Affaire à suivre...

dimanche 11 décembre 2011

Du point A au point B - Plongée au coeur de la logistique américaine

David Axe, reporter de guerre américain et collaborateur de différentes revues et blogs commeDanger Room ou War is Boring, m'a gentillement transmis son dernier ouvrage. Intitulé "From A to B - How Logistics Fuels American Power and Prosperity", c'est une plongée historique et prospective dans la machine logistique américaine.

Le livre se parcourt facilement, des vignettes tirées de ces différentes reportages illustrant les idées développées. Ainsi, des forçats de la route traversant en convois les déserts irakiens aux manutenciers des escadrons de C-130 vidant les soutes des appareils à Bagram, de multiples facettes de ce domaine éminemment stratégique sont développées.

Car, si les défis humains du quotidien et les capacités techniques sans cesse plus extravagantes sont décrites, la trame de fond repose sur l'idée que la logistique est bien l'élément pivot qui permet d'alimenter les attributs et les outils de la puissance américaine. Cela permet de faire vivre les Américains via les besoins engendrés et cela permet aux Etats-Unis de se projeter.

A la lecture, des ribambelles de chiffres plus impressionnants les uns que les autres interpellent. Par exemple, en 2005 en Irak, 50% du personnel militaire américain se consacre à des tâches logistiques : protection des convois, conduite, manutention, etc. 50% des effectifs (avec une myriade de contractors) sont donc au service des 50% restants.

Que dire du "surge (ou sursaut) logistique" nécessaire à l'acheminement en urgence jusque dans les coins reculés de l'Afghanistan des véhicules protégés (MRAP). Que dire aussi des programmes de recherches (certains développés avec détails) sur les camions robotisées, les systèmes logistiques spatiaux, les ballons, etc.

Alors que 84 litres d'essence étaient consommés en 2009 par soldat en Afghanistan, ces considérations sur des systèmes moins consommateurs sont stratégiques. Il est nécessaire de briser ce cercle infernal de consommation énergétique toujours plus à la hausse et donc toujours plus complexe à alimenter par air, par la mer ou par la terre.

Ensuite, on restera ébahi (et un peu envieux) par les capacités du Military Sealift Command et de sa flotte de pétroliers et cargos militaires, du nombre de vaisseaux "blancs" ou navires-hôpitaux au service du "soft power" américain et par la capacité américaine à gérer en quelques heures les 140 vols quotidiens à l'aéroport d'Haiti quelques jours après le séisme en 2010.

Envoyée 34 heures après le tremblement de terre, une équipe de Forces spéciales de l'US Air Force va gérer les rotations des avions sur le tarmac de Port au Prince, installant pendant quelques jours ses radios sur une table. Les Etats-Unis s'arrogeront ainsi la capacité d'attribuer à chaque pays un nombre de rotations par jour. Les autres attendront...

C'est donc bien une passionnante descente dans les arcanes les plus profondes de la puissance américaine qui se fait via cette étude sur la logistique américaine. Civils et militaires, chercheurs et praticiens, stratèges et tacticiens, conjuguent leurs efforts pour que les muscles des Etats-unis soient alimentés en permanence sang et en oxygène. Vraiment à lire.

David AXE, From A to B - How Logistics Fuels American Power and Prosperity, Potomac Books, Washington DC, 2011, p. 256.

mercredi 7 décembre 2011

Un chef d'état-major demande votre aide : qu'attendez-vous pour agir?

En août, j'avais décortiqué la liste des lectures conseillées par le chef d'état-major de l'US Army, le général Dempsey, pour tenter d'en savoir un peu plus sur la culture stratégique de cette armée de Terre américaine. Son successeur le général Ray Odierno prépare actuellement la sienne, cette liste de lecture étant apparemment publiée maintenant à un rythme annuel.

Le point à noter est que chacun peut faire ses propositions sur cette liste, donner son avis sur les livres déjà présélectionnés ou en proposer de nouveaux. Et cet essai d'intelligence collaborative, où chacun a la possibilité d'être proactif, marche. Posté sur le blog public du général Odierno le 2 décembre, le billet a déjà 43 commentaires, avec un nombre de propositions sérieuses.


Alors que l'on a tendance à voir surtout le volet risques de cette ouverture sociale, de ce Web 2.0 pour parler en termes d'outils et de pratiques, l'US Army nous offre un nouvel exemple de proposition à première vue intéressante. Rien qui ne fera gagner ou perdre la guerre, mais sans doute une avancée qui permet de décloisonner, faire adhérer, ou du moins essayer.

Je confesse que cela fait plus d'une année que je n'ai plus accès aux blogs tenus par les chefs d'état-major français, blogs uniquement accessible sur le réseau interne de la Défense, l'Intradef. Sans caricaturer, les billets qui recevaient à l'époque le plus de commentaires étaient tout de même ceux où l'on causait du port de la polaire au quartier ou sur le terrain...

Alors est-ce une voie à suivre jusque parce que d'autres, ici les Américains, la prennent ? Évidemment que non. Mais réfléchissons aux avantages de cette initiative en termes de communication, d'engagement, d'influence, de plus value par le décloisonnement de différents mondes. Pesons ensuite les risques, les inconvénients. Sont-ils insurmontables ?

Et pendant que l'on y est, vous ne seriez pas disposé à faire quelques propositions au général Odierno histoire de participer un peu au rayonnement français en recommandant quelques auteurs bien de chez nous et éminemment sérieux ? Car, il est gentil le David Galula, mais la culture stratégique française ne peut se résumer à lui...

PS : je rappelle au passage au Figaro que l'US Army équivaut à l'armée de Terre française, l'une des composantes des forces armées américaines plutôt spécialisée dans le combat aéroterrestre. Donc, essayez d'harmoniser votre titre, le texte et l'image lorsque vous parlez de l'US Navy, vous titrez US Army et vous illustrez avec un joujou de l'US Navy...

mardi 6 décembre 2011

Les Présidentielles sabre au clair : Europe Écologie Les Verts

La série "Les Présidentielles sabre au clair" sur les programmes Défense des partis des présidentielles de 2012 se poursuit. Pour rappel, les épisodes précédents étaient consacrés au Modem, au Front National et au Parti Socialiste. Les différents partis politiques concernés, des militants ou des sympathisants peuvent laisser évidemment un commentaire. En attendant : Sabre au clair, chargez!

Difficile de ne pas tomber dans la caricature du vide lorsque l'on tente d'analyser le programme consacré à la Défense d'Europe Écologie Les Verts (EELV). Il faut faire un effort pour y mettre un peu de bonne volonté. En espérant évidemment, que le parti étudié ne caricature pas lui aussi cette composante des attributions d'un président... Humhum

On commence par l'équipe de campagne, "la ruche", présentée début décembre. Aucune abeille n'a pour casquette la Défense. Parmi toutes les thématiques dignes d'un conseiller en affaires sociales, seules les abeilles associées à l'Europe et aux Droits Humains & Affaires Internationales pourraient couvrir la thématique. Pari sur les propositions faites à l'avenir...

Ensuite, passons le site de campagne (très lent) et celui d'EELV (élargissons les sources, soyons grand prince) à la moulinette des requêtes "défense", "armées" et autres. Éliminons les articles traitant des "défenseurs des droits", de la "défense des acquis", etc. et il ne reste qu'une petite dizaine de requêtes.

Pour un parti dit d'avenir, EELV est tout de même sacrément ancré dans le passé (pas la partie la plus réjouissante de l'Histoire d'ailleurs) dès lors que cela cause de questions militaires. Car la majorité des occurrences a pour thème les mutins de 1917 (définitivement réhabilités par Sarkozy sans attendre EELV), et la guerre de 14-18 plus généralement, ou le Rwanda.

Bien que faisant "la Guerre à la Guerre", Eva Joly ne la refuse néanmoins en tant que possible moyen d'action, comme le montre le discret mais pourtant réel soutien à la guerre en Libye. Bon, il est vrai qu'il y aurait cette question de commandement "illégitime" de l'OTAN, mais bon l'idée est là, la guerre peut être dans certains cas une voie. Ne caricaturons donc pas.


Le titre aurait pu être "Pour une Libye pacifiée, libre, démocratique ET ÉCOLOGIQUE"

Mais le mainstream est tout de même une "Europe de la paix et dénucléarisée" (mais pas le reste du monde ?) qui passe par le démantélement des bases en Afrique et à Abu Dhabi, la sortie du nucléaire militaire, la construction d'une défense fédérale européenne (pour quoi faire ? les buts sont rarement précisés, à part via l'appel léger aux missions de Petersberg).

Sur la question de l'Afghanistan, Eva Joly est pour un retrait immédiat (un départ en claquant des doigts) qui serait contrebalancé par LA solution pour assurer la stabilité de la région. Eh oui, EELV a LA solution ! Une grande conférence avec tous les acteurs. Une conférence de Bonn en quelque sorte. Comme celle qui se passe actuellement ? Le Pakistan en moins...

Enfin, pour un peu plus se nourrir, il y a le programme d'actions pour une "écologie politique", projet qui sera discuté. Au détour des 78 pages, on lit la volonté de fermer le système de renseignement électronique Échelon et deux pages entières (eh ouais, tout de même), les deux dernières tout de même, consacrées à la politique de Défense.

Le point le plus abouti semble le désarmement nucléaire avec la "Force aéroportée" qui sera la 1ère concernée par les suppressions. L'annulation des programmes de modernisation permettra en plus de faire des économies (chiffrées à un milliard au total). Petite parcelle d'une économie des budgets de Défense souhaitée (hors pensions) à 10% soit 3 milliards.

Enfin, on notera que la base de Djibouti semble être épargnée d'un retrait, la présence sera "renégociée". Les soldats auront un droit d'adhérer à un syndicat. Les contrats A400M et avions ravitailleurs seront couplés (kesako?) et un processus élaboré (faut le reconnaître) quoique un poil farfelu sera mis en place pour le contrôle des armements.

Au final, c'est bien parce que je n'avais pas beaucoup de temps que je me suis lancé dans l'analyse de ce parti, pensant ne pas trouver pas grand chose. Pourtant, pas mal de points sont éparpillés ici ou là. J'ai tenté (un peu) de ne pas caricaturer, ai été parfois surpris par certains points pensés en profondeur, mais bon voilà...

dimanche 4 décembre 2011

Café stratégique n°11 - colonel Michel Goya "La parole est à la Défense" (08/12/11) (+MAJ)


Pour le onzième Café stratégique, l'Alliance Géostratégique recevra le colonel Michel Goya. Ancien sous-officier, colonel issu des Troupes de Marines, chercheur à l'IRSEM, nouveau blogueur, auteur d'ouvrages et d'article, il est un de ceux qui agitent le petit monde qui croît de la ("nouvelle"?) réflexion stratégique française.
Lors de ce café du 8 décembre, il viendra échanger ses idées et son expérience sur le thème de la "La vie complexe des idées stratégiques non institutionnelles". Liberté de parole, influence des cercles de réflexion non officielles, passage de la pensée à l'action, etc. autant de thèmes qui seront abordés.

RDV le 8 décembre à partir de 19h, comme toujours au café Le Concorde (239 bd Saint-Germain, Paris). Venez nombreux et n'hésitez pas à l'annoncer dans vos propres cercles.

vendredi 2 décembre 2011

Journée d'étude - "Nouvelle histoire campagne" 08/12/11 à Paris

Le 8 décembre 2011 aura lieu à l’École Militaire (amphithéâtre DICOD) une journée d'étude intitulée "Nouvelle histoire campagne". en voici la présentation et le résumée. Un lecteur de Mars Attaque qui s'y rendrait, et je vous le conseille vraiment à la vue des sujets et des intervenants, pourra-t'il prendre quelques notes ? Merci d'avance.

L'attention des historiens du fait guerrier s'est longtemps focalisée sur l'intensité dramatique de la bataille, au point de justifier le rejet d'une histoire bataille jugée trop événementielle. Mais c'est également de la bataille qu'est né le renouveau historiographique illustré par les travaux de John Keegan (The Face of Battle) ou de Georges Duby (Le Dimanche de Bouvines).

C'est pour en rendre compte que le Centre d'Études d'Histoire de la Défense avait créé la commission « Nouvelle Histoire Bataille ». Afin de prolonger cet héritage, le domaine « Histoire de la Défense et de l'armement » de l'IRSEM souhaite en proposer de nouveaux développements, en inaugurant un cycle de journées d'études consacrées à la définition d'une nouvelle « histoire campagne ».

L'étude de la guerre à l'échelle de la campagne se donne pour objectif d'élargir la perception des enjeux des batailles en en étudiant l'amont et l'aval. Mais il s'agit également de promouvoir une échelle d'analyse qui permette de prendre en compte des réalités souvent occultée par la concentration sur la bataille (la logistique, l'attrition, l'articulation avec le politique, etc.) et de mieux saisir l'articulation entre les niveaux stratégique, opératif et tactique. Enfin, l'échelle de la campagne permet d'étudier la guerre dans des contextes où le paradigme de la bataille n'est pas pertinent (les guerres asymétriques, par exemple).

Cette première journée d'études sera consacrée à un effort de définition, qui servira de base aux développements ultérieurs du programme.

Matin, 9 h - 12 h

« Propositions pour une histoire campagne » par Hervé Drévillon, professeur à l'université Paris I, directeur du domaine « Histoire de la défense et de l'armement » à l'IRSEM

« Campagne militaire terrestre et trinité clausewitzienne - L'exemple afghan » par le colonel (Terre) Benoît Durieux, ancien chef de corps du 2e REI

« Opération navale ou campagne maritime - Quelle pertinence au XXIe siècle ? » par le vice-amiral Bruno Paulmier, président de la commission permanente des programmes et des essais des bâtiments de la flotte

« La campagne aérienne - Une tentative originale de penser et modeler l'ennemi » par le colonel (Air) Jean-Christophe Noël, responsable du programme « Pensée stratégique et nouveaux concepts » à l'IRSEM

Après-midi, 13 h 30 - 16 h 30

« La campagne, un acte stratégique - Architecture d'une campagne, et distinction entre campagnes, opérations et engagements » par Benoist Bihan, doctorant en histoire à l'université Paris I / Panthéon-Sorbonne

« La place de l'étude des campagnes dans une nouvelle histoire des guerres napoléoniennes - Dépasser l'historiographie des XIXe et XXe siècles » par Patrick Bouhet, attaché principal du ministère de la Défense

« La conquête coloniale à travers la problématique de l'organisation des colonnes - L'exemple des campagnes soudanaises » par Julie d'Andurain, chargée de cours à Paris IV et adjointe au bureau « Recherche » du CDEF

« 'L'histoire-campagne' et les interactions entre les fronts, ou le chaînon manquant - L'exemple de la Grande Guerre » par lieutenant-colonel Rémy Porte, chef du bureau « Recherche » du CDEF

Inscription (obligatoire) : inscription.irsem@defense.gouv.fr

Informations : laurent.henninger@defense.gouv.fr