mercredi 25 décembre 2019

Bon (et saint) Noel !

Bon (et saint) Noël à toute la bande, et à tous !

A ceux qui sont avec leurs proches, et à ceux qui sont loin de chez eux.
A ceux qui sont entre frères d'armes ou sur les murailles, aux postes !


Avec cette année qui se termine et une nouvelle année qui s'annonce pas moins pleine de défis, rétrospective sur les articles les plus consultés (pas forcément gage de plus appréciés, quoique...) :
Le 1er article est devenu en quelques mois l'article le plus lu sur Mars Attaque en plus de 10 ans d'existence, signe si ce n'est d'une réponse à un besoin d'en savoir plus sur ce que font les militaires français au loin, du moins d'un intérêt certain pour ces questions de la part des lecteurs.  

Passant tout juste devant un autre article en nombre de vues, présentant un livre écrit par un militaire (là aussi, difficile de ne pas y voir l'attente que de telles publications suscitent) : "Lecture - "De la cité au rang des officiers. Ou l’ascension d’un voyou dans l’armée" (Mehdi Tayeb)"

mercredi 27 novembre 2019

Simples militaires ? Techniciens du fait guerrier ? Chouettes types ? Vrais guerriers ? Sans nul doute des héros ?

Des guerriers.

Les GCM (commandos de montagne de la 27è BIM) (et leurs homologues GCP - commandos parachutistes de la 11è BP), tout comme certains personnels de l'ALAT - aviation légère de l'armée de Terre (notamment les pilotes de certains types d'hélicoptères, les plus récents, comme ceux concernés ici : un Cougar rénové et unTigre), sont des spécialités ayant les taux de déploiement en opérations extérieures parmi les plus élevés des armées françaises.





En moyenne, pour ces fils, maris, pères, concubins, amis, rares sont les années où ils ne sont pas loin de chez eux, en opérations extérieures. Certains étaient rentrés d'un précédent déploiement début 2019 et y étaient repartis, d'autres, encore plus récemment, il y a moins de 4 mois. D'autres enchaînaient les déploiements (3 à 4 en 2 ans), des plus courts pour les personnels de l'ALAT (autour de 2 mois), des plus longs (autour de 4 mois) pour les membres des GCP. 

Et au cours des mandats Cobra (mandat GCP) ou Spartan (mandat GCM), en auto-relève depuis plus de 5 ans, les combattants de ces groupes spécialisés (petites équipes détenant des compétences rares - aérocordage, tireurs embarqués, etc., plutôt mieux équipées que la moyenne), sont très fréquemment au cœur des actions les plus intenses de l'opération Barkhane : évacuations médicales amies et de forces partenaires, neutralisations d'ennemis, avec des combats à courte distance... Avec leurs camarades de l'ALAT, déployés mandat après mandat, ensemble, couple indissociable. Gardien, mule, appui fidèle.

Ils connaissent l'épreuve du feu. Régulièrement. Très régulièrement pour certains. Ainsi, au cours de certains mandats "chauds", cela a pu être largement plus d'une quinzaine de prises à partie (TIC - Troops in contact) en 4 mois de mandat. De nuit, de jour. Dans l'inconnu d'une situation parfois brumeuse. Régulièrement lors de contacts proches. Face à un ennemi acculé, non fuyant, avec du répondant. Avec du bilan "en face", très clairement. Mais également, hélas, de la casse aussi dans leurs propres rangs.



Sans compter, à intervalles réguliers, en roulement, les missions longue durée (10 jours et plus) de nomadisation, avec certains spécialistes qui les accompagnent : renseignement humain, guerre électronique... Missions exaltantes en petits groupes soudés, en pick-up 4X4 mobiles principalement, "dans la verte". Mais aussi missions qui se succèdent, exigeantes et abrasives pour les corps et les esprits (et les matériels, secondaire ici).

Des engagés volontaires devenus sous-officiers. Des sous-officiers devenus officiers. Un réserviste devenu militaire d'active. Un Français non par le sang reçu, mais par le sang versé. Un enfant adopté "qui voulait rendre à la France par son engagement ce qu'elle lui avait donné". Des anciens qui avaient déjà connu l'Afghanistan, la Cote d'Ivoire, le Kosovo et ailleurs, partis cette fois-ci au Sahel. Des titulaires de citations, de médailles d'or de la défense nationale, de croix de la Valeur militaire pour actions exemplaires. Des militaires à 1 OPEX, d'autres à 6 OPEX.

Des "fils de", fils d'ancien ministre et de sénateur, fils d'amiral major général de la Marine Nationale, fils de parents tous deux militaires. Fils non issus d'un milieu militaire. Tous pleinement fils de France par leur engagement. Un mari qui allait bientôt devenir père. Un jeune papa qui était parti pour sa première OPEX. Un père de deux, trois ou quatre enfants. Un jeune concubin, tout juste pacsé. Des types bien. Des amis. Un engagé à 18 ans, mort en opération à 22 ans lors de sa déjà 3ème opération. Des militaires servant la France depuis 3, 4 ou 5 ans, d'autres ayant 17 ans de service.  

Nul besoin de mourir pour être un héros. Il y a, et heureusement, des héros bien vivants. Pour certains, ce qu'ils ont fait, en conscience, avec le courage du quotidien, et un peu plus bien souvent, avant ce tragique accident (cf. leurs biographies diffusées, où, par bien des indices à qui veut bien et sait bien lire, des actions et un engagement remarquables transparaissent au cours de leurs années de service), permet bien de pouvoir légitiment les considérer comme tels.

Nous essayerons ici de ne pas décevoir, et de nous montrer dignes de ce qui a été fait, pour nous, par eux. Jusqu'à ce tragique accident. Et de ce qui est fait et sera fait par les vivants, par tous ceux qui poursuivent.

mardi 22 octobre 2019

French Operation Barkhane - Snapshots from a hot day in Timbuktu, Mali (+ update #5)

NB: Translation from French to English of a previously published blogpost (see here for the French version).

The forward operating base (FOB) of the United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (UNMISMA) in Timbuktu (Central Mali), known as "Super Camp" due to its size, and the adjoining French FOB of the Operation Barkhane, both located near the civilian/military airport, were targeted by a complex and massive attack on April 14, 2018. 

After dozen shots of mortars and rockets from 2pm onwards, 3 VBIEDs (or vehicle-borne improvised explosive devices) painted in UN colors or disguised as Malian Armed Forces (FAMA) vehicles tried to force the French FOB’s entrances (vehicles captured during a previous attack on an Malian base, and for some of them painted with new colors). The aim was to pave the way for an assault by two dozen jihadists from Jama'a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (or JNIM, a group linked to Al-Qaeda in the Islamic Maghreb). Some foot soldiers wore explosive belts, disguised with uniforms from local forces, and wanted to take advantage of the chaotic situation caused by the two first VBIEDs to enter in the FOB despite fortified checkpoints, bastion walls, barbed wires… and cause a chaotic situation. 22 attackers will be identified at the end of the intelligence work during the after action report.

The result of the first VBIED's massive explosion on the entrance of the French FOB, and the VAB armored vehicle visible on the background placed in the middle of the entrance to prevent the passage of other vehicles.

The fight would not end until 6 hours later, after several heroic actions described in part below. Indeed, there are several points to highlight about the response of French armed forces during this harsh day. Usually housing the equivalent of an infantry company with support elements, the French FOB was almost empty that day, with French patrols outside the compound ongoing and long-term operations in the surrounding region (more than 600km to the east). 

vendredi 27 septembre 2019

Vie et mort d’une PME innovante de la BITD française - Pirenn SAS (MAJ 24/01/2022)

Objectif : Réacquérir une capacité d’action de vive force par voies navigables, dans les zones lagunaires ou côtières pour les forces spéciales terre (FST).

Bilan : Cette capacité est en voie d’être aujourd’hui réacquise en France sur le plan opérationnel. Les compétences industrielles qui la soutenaient pour la fourniture d'embarcations dédiées semblent pour le coup être à nouveau perdues, avec la liquidation judiciaire de la société Pirenn prononcée dans les jours à venir si aucune solution n'est trouvée. Fin regrettable pour cette aventure entrepreneuriale "spéciale" à l’heure de la forte volonté du ministère des Armées de soutenir de telles PME innovantes et tout faire pour qu’une telle mésaventure appartienne au passé.

MAJ 14/10/2019 : après différentes dernières péripèties et recherches de solutions infructueuses, la liquidation judiciaire de l'entreprise Pirenn SAS a été finalement prononcée le 09 octobre par le Tribunal de Vannes. 3 emplois sont concernés. Cette aventure se termine donc pour les concernés. La réalisation des 4 embarcations spéciales opérationnelles, décrites ci-dessous, ne pourra leur être enlevée (ainsi que d'autres réalisations bien réelles). Des vecteurs nautiques qui devraient être projetés sans doute prochainement, signe de la confiance placée dans les équipements... Pour le reste, il n'est pas dit que les compétences de certaines des concernés soient totalement perdues, et ne trouvent pas d'autres cadres d'épanouissement. Et c'est sans doute tant mieux, à l'heure où l'intérêt du combat fluvial ne se dément pas. Loin de là...
 
MAJ 24/01/20222 : Préalablement à la liquidation judiciaire de la société, les actifs de cette dernière (designs notamment) ont bien été protégés aux noms des personnes physiques de l'ex-société. Les études, brevets, moules, protocoles, etc. sont quant à eux sanctuarisés, et donc disponibles pour un éventuel redémarrage rapide de la production (avec adaptation possible) en cas de besoin...


A l’origine était un besoin opérationnel

Il y a fort fort longtemps : Utiliser les zones navigables intérieures ou côtières (rivières, deltas, lagunes, lagons, etc.) pour des opérations spéciales (dans les phases de renseignement, infiltration, soutien logistique, action directe, etc.) était un savoir-faire maitrisé par les forces françaises. Notamment durant la Guerre d’Indochine par le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient, via les Divisions Navales d’Assaut (DNA) appelées Dinassaut, unités alors rattachées à la Marine Nationale. Au sein des forces terrestres, cette compétence était depuis éclatée (et réduite). Citons par exemple la compagnie de plongeurs offensifs au 1er RPIMa sans moyens satisfaisants pour ce mode d’action, les détachements nautiques en milieu lagunaire ou jungle en Guyane pour les 2 régiments présents (3è REI et 9è RIMa) ou en Côte d’Ivoire (43è BIMa), des escadrons spéciaux ou spécialisées dans l’infiltration avec plongeurs, kayaks et dans une moindre mesure embarcations dédiées (2è escadron du 13è RDP, 3è escadron du 2è RH, etc.), les plongeurs de combat du Génie (PCG), etc.

dimanche 21 juillet 2019

Idée de sortie - Commandos et expo du côté de Lorient

Vous êtes en Bretagne durant les vacances ?

N'hésitez pas à passer au hall de l'aéroport de Lorient Bretagne Sud (à l'Ouest de la ville de Lorient), il y a une chouette exposition artistique sur le commando de Penfentenyo (une des unités des forces spéciales de la Marine Nationale).


L’exposition appellée "Regards croisés" présente plusieurs projets créés autour du commando : frise historique retraçant les 70 ans de son existence, sculptures monumentales, reportages photographiques, œuvres peintes, etc.

L'exposition est visible jusqu'au 15 septembre (aux horaires de l'aéroport) pour ceux qui seraient dans le coin (entrée libre, parking payant).

Le projet a été lancé par l'ancien pacha du commando, qui, rentrant d'un échange de 2 ans chez les Navy Seals aux Etats-Unis, a été frappé par la capacité à ailler histoire, traditions et arts dans cette composante des forces spéciales américaines lors de son séjour en Virginie (USA). Ce qui semblait manquer selon lui au commando qui avait reçu de nouveaux bâtiments, encore sans âme, et qui voyait défiler de nombreux commandos, parfois pas assez au courant des années d'existence de l'unité.

jeudi 11 juillet 2019

Entretien - Commandement opérationnel et enjeux de haute intensité, avec Serge Caplain

Poursuivant leurs réflexions sur la question de l’adaptation des outils militaires à un éventuel retour des opérations de haute intensité (voir ici par exemple), le Laboratoire de recherche sur la défense (LRD) de l’IFRI s’intéresse cette fois-ci à la question du commandement, via le nouveau Focus Stratégique "La fourmilière du général : le commandement opérationnel face aux enjeux de haute intensité" du lieutenant-colonel Serge Caplain, chercheur détaché au sein de cette structure. Pour présenter ses réflexions sur l’évolution récente et potentiellement souhaitable de ces systèmes de systèmes complexes, l’auteur a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions.

1/ Serait-ce un point haut d'une courbe d'efficacité que les systèmes de commandement actuels "à l'occidental" auraient atteint ? Ou le déclin le long de la courbe a-t-il déjà débuté ?

Il serait inexact de parler de déclin à ce stade. Les systèmes de commandement actuels sont, au contraire, devenus des machines de guerre capables de commander lors d'opérations sur de très grandes distances, de collecter et analyser une somme de connaissances phénoménale, de comprendre et gérer des situations extrêmement complexes. Le général à la tête d’une opération dispose aujourd’hui d’un outil de commandement sans commune mesure avec ce qui existait dans le passé. La finalité première de la chaîne de commandement - s’assurer que l’exécution tactique agisse en conformité avec la vision stratégique - est plus que jamais assurée.


Cependant, les structures actuelles, comme celles qui les ont précédées, sont le reflet des perceptions géostratégiques et des réalités de leur époque. La supériorité militaire occidentale qui prévaut depuis l’effondrement du Pacte de Varsovie, le caractère multinational des opérations, la nécessité d’une "approche globale" pour gérer des conflits essentiellement asymétriques, la faiblesse des volumes des contingents déployés, la généralisation de la numérisation, sont autant de facteurs - pour ne citer que les principaux - qui ont modelé les structures de commandement d’aujourd’hui. Il en résulte des organismes complexes, volumineux tant en personnel qu’en matériel, gourmands en logistique et bien souvent immobiles, même au niveau tactique. C’est pour cela que j’ai parlé de "fourmilières".

Or, si ces organismes conviennent très bien pour les typologies de conflictualité que nous connaissons actuellement, ou que nous estimons les plus probables à court terme, ils pourraient devenir très vulnérables en cas de changement de paradigme, notamment dans des conflits de haute intensité.

vendredi 28 juin 2019

Opération Barkhane - Petites histoires de militaires une chaude journée d'avril à Tombouctou (Mali) (+MAJ 11)

NB: For an English version available, see here.

Le 14 avril 2018, le camp de la MINUSMA à Tombouctou (centre du Mali), appelé "Super Camp", et l'emprise attenante de l'opération française Barkhane situés non loin de l'aéroport subissent après 14H une attaque complexe, coordonnée et massive.

Après une dizaine de tirs de mortiers et de roquettes type CHICOM, 3 véhicules piégés repeints aux couleurs de l'ONU ou des forces armées malienne (FAMA) ont tenté de forcer les entrées, censés ouvrir la voie à une petite vingtaine d'éléments djihadistes d'infanterie du Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans (GSIM) qui, pour certains porteurs de ceintures explosives et déguisées avec des uniformes, voulaient profiter de la situation chaotique pour pénétrer dans l'enceinte fortifiée (postes de garde, murs d'enceinte, chicanes, bastion walls, barbelés, etc.). 22 assaillants (tous repoussés) seront identifiés à l'issue du travail de renseignement.

Crédits : privés. Après l'attaque. Ils ne sont pas passés.

Il y en aurait des choses à raconter sur les actions ce jour des rares militaires français présents au début de l'attaque... Abritant habituellement l'équivalent d'une compagnie d'infanterie avec ses appuis et ses soutiens (un sous-groupement tactique interarmes - ou S-GTIA), l'emprise française était ce jour là quasi vide, les patrouilles à l'extérieur dans les environs se succédant ainsi que les opérations longue durée (à plus de 600 km plus à l'Est). Le S-GTIA du DIA PMO 4 - détachement interarmes du partenariat militaire opérationnel 4 (principalement constitué autour d'éléments de la 13è DBLE - demie-brigade de la Légion étrangère, pour qui s'était son 1er gros déploiement depuis sa réinstallation en 2016 au Larzac - au sein du groupement tactique désert Infanterie Monclar) était déployé depuis plus d'un mois sur l’opération KOUFRA 3 dans le Liptako malien aux alentours de Ménaka, à plus de 5 jours de route, la zone d'effort du GTIA.

Le début de la journée avait été marquée par la 1ère visite sur place du nouveau REPCOMANFOR Barkhane (représentant au Mali du commandant de la force Barkhane, dont le PC est situé à N'Djamena), récemment arrivé sur le théâtre. La visite s'était cloturée par un déjeuner avec les chefs de détachement avant le retour vers Gao par avion du REPCOMANFOR.

Lors des premiers tirs de roquettes et obus, la sirène d’alerte du GA10 (système de détection des obus ou roquettes, radar Ground Alerter de 10 km de portée environ, couplé au SL2A, ou (système de localisation de l'artillerie par acoustique) fait son officie et prévient de l'arrivée imminente, permettant au personnel présent de réagir et de gagner les abris ("shelters").

Alors que vers 15h, le 1er véhicule explose à l'entrée du camp français et cause par le souffle de l'explosion les premiers blessés français (notamment un sous-officier gravement blessé à la tête), un second véhicule s'approche, refusant de s'arrêter et entraînant la réponse des personnels de garde.

Pour les uns, c'est le début d'une importante consommation de leurs chargeurs de FAMAS ou de HK pour arrêter le véhicule qui sera finalement stoppé par les tirs nourris.

Un légionnaire, d'origine népalaise, manœuvre son blindé VAB (modèle Génie) après la 1ère explosion pour bloquer les accès à d'éventuels autres voitures piégées, puis monte dans la tourelle de 12,7mm à droite du poste de pilotage pour vider quelques bandes de munitions.

vendredi 14 juin 2019

L’embuscade de Tongo Tongo (Niger) vue côté français (+MAJ 19112021)

Le 4 octobre 2017, une patrouille américano-nigérienne tombe dans une embuscade à Tongo Tongo (au Sud du Niger). Le bilan est lourd : 4 membres des forces spéciales américaines sont tués et 2 sont blessés sur les 11 américains présents (+1 interprète local), 5 militaires nigériens sont également tués et près de 8 sont blessés sur la trentaine présente. Dès le 17 octobre, une vaste enquête est lancée par le commandement américain en charge de la zone, AFRICOM, pour en comprendre les causes et les responsabilités, ainsi que déterminer les enseignements (une vingtaine au final) et les voies d’amélioration pour éviter que cela ne se reproduise.

Plusieurs versions de rapports d’enquête sont rédigées, et certaines sont en partie publiées : une première en mai 2018, et plus récemment début juin 2019, après une réouverture de l’enquête centrée sur les responsabilités, les récompenses et les sanctions nécessaires. Ces rapports sont publiés sans les sources primaires malheureusement (photos, entretiens, transcrits radios, annexes, etc.), contrairement à d’autres rapports similaires réalisés précédemment. Ils sont en grande partie "redacted", c’est-à-dire en cachant les informations les plus sensibles. Ils n’en sont pas moins intéressants, notamment pour tout ce qui concerne l’intervention des militaires français, venus au secours de cette patrouille prise sous le feu.
Pour mener ce travail, les enquêteurs ont menés une série d’entretiens qui les ont conduits notamment dans des implantations françaises de la zone : Niamey (Niger), N’Djamena (Tchad) ou Ouagadougou (Burkina Faso). Parmi les 143 témoins et acteurs interrogés, il est indiqué que les enquêteurs ont interrogé ou reçu les témoignages de pilotes de Mirage 2000, du JFAC (structure de commandement et de conduite des opérations aériennes de la zone, basée à Lyon-Mont-Verdun) et d’autres acteurs français non précisés. Plongée dans les lignes qui suivent dans une masse d’acronymes et de terminologie militaire (pas loin de 10 pages de glossaire pour 176 pages de rapport) pour tenter d’éclaircir le volet français. Notons que les horaires sont donnés en heure locale au Niger (GMT +1).

Cadre général : Ordre, contre-ordre, (tragique) désordre

Pour fixer le cadre, des éléments de l’Operational Detachment-Alpha 3212 du 2nd Battalion, 3d Special Forces Group compose, avec quelques renforts, la Team Ouallam (Ouallam étant le lieu où ils sont basés). Une patrouille formée avec leurs partenaires nigériens (qu’ils s’emploient à former, conseiller et accompagner sur le terrain) appuie une opération de contre-terrorisme contre un chef ennemi (lié à l’État islamique dans le Grand Sahara). L’effort principal devait être mené par une autre unité nigéro-américaine de forces spéciales (dite Team Arlit). Une succession d’événements fait que la mission est modifiée (les hélicoptères Super Huey de la Team Arlit devant rebrousser chemin), et la Team Ouallam est désignée comme l’unité menante de la mission qui se déroule vers Tiloa (Sud du Niger).

vendredi 31 mai 2019

Conference Report - Marine Nationale and Royal Navy Common Challenges

A co-publication with Naval News, the online news portal to bring you coverage of the latest naval defense shows & events, and reports on naval technology from all over the world.

During a recent joint conference organized by the French think-tank IFRI, Admiral Prazuck, Chief of Staff of the French Navy, and his British counterpart, Admiral Sir Philip Jones, First Sea Lord and Chief of Naval Staff for the Royal Navy, discussed some of the current and common challenges facing their navies.

The conference was placed under the Chatham House Rule, so the remarks cannot be explicitly attributed to one or the other of the speakers (and the Q&A session can not be disclosed here), but it is nevertheless possible to highlight a couple of key points that emerged from the discussions between the two chiefs of navies. 
First, a genuine and sincere shared perception by both chiefs of staff that “more than just sister navies close on different levels, we are twin navies”. And “as with all twins, one was out of the womb before the other, and is considered to be the first. I’ll let you decide which one is which”, replied one of them. This proximity has consequences in operations and both have an undisguised desire to continue despite the current uncertainties of Brexit (a term never mentioned as such during the conference however).

lundi 18 mars 2019

Marine Nationale - A propos de drones aériens embarqués d'ici 2030

NB : Les informations rapportées et les analyses développées dans cet article n'engagent que l'auteur du blog.

Au cours des derniers mois, le sujet des drones aériens embarquées au sein de la Marine Nationale a bénéficié de plusieurs mises en lumière au cours de différents événements (salon Euronaval 2018, annonces d'industriels au cours de l'année passée, etc.). Quelques idées reçues ont été déconstruites, des rappels ont été faits sur les contraintes pesant sur toute programmation de capacités, et quelques orientations ont été dévoilées pour les années à venir. Ce fût notamment le cas lors des présentations et des discussions permises par les comités Marine, et Aéronautique et Espace des Jeunes de l’IHEDN (nouveau nom choisi, plus marquant, que ANAJ-IHEDN) le 14 mars 2019.

De ces différentes sources d'informations, les grandes lignes de la feuille de route de la Marine nationale sur les drones aériens embarquées peuvent être esquissées autour de l'objectif : un drone (notamment aérien) par bâtiment et par sémaphore à l’horizon 2030. Pour le chef d'état-major de la Marine, l'objectif se décline selon le principe : "à grand bateau, grand drone, à petit bateau, petit drone" (notons l'absence de "s" à "drone"). Cela a été annoncé dans le plan stratégique MERCATOR d'une Marine nationale toujours "en pointe" à cet horizon temporel. Si le niveau d’ambition (prudent, donc atteignable) est là, la route pour y arriver n’en est pas moins complexe.
 
 
Drone type DRAACO (par AeroVironment) et opérateur du commando Kieffer sur une embarcation type ETRACO. Solution intérimaire en attendant l'arrivée des drones SMDM - Système de mini-drones pour la Marine (versant navale du SMDR) en 2020 (normalement).
Crédits : Marine Nationale.
 
De quoi s’agit-il ?

La vision de la Marine du "pourquoi faire ?" rejoint celle traditionnelle des autres milieux avec une utilité basée sur les "fameux" 3D : remplir les missions "Dull, Dirty, and Dangerous". Différents segments (selon des critères de taille, d'allonge, d'endurance et de survivabilité) sont donc construits : micro/mini-drones, drones VTOL tactiques, drones longue endurance et drones de combat. Les drones permettront d'assurer une persistance pour acquérir et maintenir une supériorité informationnelle. En faisant mieux et plus longtemps que d’autres capacités, notamment actuelles. Tout cela en opérant dans un milieu aéromaritime naturellement complexe et parfois dangereux (corrosion, vents, roulis, etc.). A en croire les différents échos, ce nécessaire besoin en supériorité informationnelle dépasse pour le moment les autres capacités possibles, notamment l’armement cinétique qui n'est pas à l’ordre du jour (à court terme), ou les capacités de ravitaillement en vol.
 
Au final, 2 idées reçues à déconstruire ont plusieurs fois rapportées :
  • L'utilisation des drones permet de gagner en ressources humaines. Les systèmes actuels (porteurs et environnement autour : opérateurs, commandement, traitement des données, maintenance, etc.) ne le permettent pas. Depuis l'entrée en service en 2014 des MQ-9 Reaper, les retours d’expérience de l’escadron de drones 1/33 Belfort de l’armée de l’Air montrent par les chiffres que la tenue des astreintes sur la longue durée conduit plutôt à une augmentation des RH. Sans briques d’Intelligence Artificielle (IA) pour soulager l’homme dans certaines phases, une telle baisse ne sera pas obtenue, selon plusieurs interlocuteurs.
  • Les drones éloignent l’homme de la menace. Les drones ayant à court terme uniquement une capacité de soutien ou d’appui à l’intervention (par la conquête et/ou le maintien de la supériorité informationnelle), l’homme restera bien souvent dans la boucle pour "le geste final" (délivrer l'armement notamment, ou certaines capacités bien précises comme le largage de chaines SAR pour le sauvetage en mer, notamment en conditions dégradées). Geste qui est le plus au contact de la menace, ou le plus risqué. 

Une montée en puissance progressive sur tous les segments à la fois

Avec des drones aériens embarqués pensés comme en complémentarité et non en remplacement de capacités actuelles, il s’agit d’assurer une montée en puissance progressive, sans dupliquer (un choix qui serait "hors de prix") mais bien en apportant un plus. Or cette montée en puissance a un coût, "non négligeable", qui oblige logiquement à faire des choix et donner des priorités. Pour la Marine, il s’agit donc de profiter de l’opportunité de capacités en cours de renouvellement (par exemple dans le domaine de la patrouille et de la surveillance maritime notamment, avec le Maritime Airborne Warfare Systems à horizon 2030 dans le cadre de la lettre d'intention franco-allemande) pour adjoindre l'apport des drones à la réflexion capacitaire et l'approche par système de systèmes.
  

jeudi 14 mars 2019

Lecture - "L'école de rame - Scènes du folklore onusien au Sud-Liban", entretien avec l'auteur

Surprenant. Satirique. Grotesque comme il faut. Piquant. Bien marrant et généralement bien vu, au final. Le réel connu de certains ayant rencontré de pareilles situations farfelues lors d'opérations comme casques bleus rejoint très souvent l'absurde qui se déploie chapitre après chapitre, dans le décor d'un Liban aux milles facettes décrit ici avec une grande précision.
 
Les qualificatifs permettant de décrire l'ouvrage "L'Ecole de rame" ne sont pas ceux qui traditionnellement accompagnement la description d'un ouvrage rédigé par un militaire (ou un ancien militaire dans le cas présent) sur son expérience lors d'une opération extérieure. Ce premier roman du maintien de la paix, un genre littéraire relativement inédit, nous entraîne de péripétie en péripétie au Sud-Liban lors d'un mandat au sein du contingent français de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), pour l'opération Daman.

 
L'auteur, qui rédige sous pseudo, a été pendant 7 années dans l'armée de Terre, et projeté en Guyane, au Liban, au Kosovo, au Mali et au Tchad. De cette expérience, il en tire une description très précise des rapports humains au sein de la communauté militaire, aux travers généralement exacerbés par la promiscuité de longs mois en commun lors des opérations. Des scènes surréalistes, bien que réelles, basées sur le poids de habitudes (à base de "Dépêchez vous d'attendre !" et tout ce qu'il en suit). Des travers et des grandes servitudes de la condition militaire. Le tout mâtiné d'une bonne dose d'exagération bien caustique. Cela fonctionne.

Pour mieux découvrir l'ouvrage, l'auteur a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions. Qu'il en soit remercié.
 
A noter : L'auteur sera présent tout le week-end lors du Salon du Livre de Paris (Porte de Versailles), sur le site de la maison d'édition (Mediapop, Stand R24). 

1/ Pourquoi s'être plongé dans l'écriture de ce premier roman de maintien de la paix ?

J’ai eu l’idée d’écrire ce roman en racontant à mes amis ce que je faisais au Liban. Mes anecdotes avaient l’air de les amuser : les missions parfois absurdes, la vie sur le camp, l’ambiance de travail… J’ajouterai qu’ils ne me croyaient pas quand je leur décrivais le Sud-Liban : les drapeaux du Hezbollah, les portraits de combattants, les répliques de missiles aux carrefours, les panneaux à l’effigie des dirigeants iraniens, les bunkers israéliens le long de la Blue Line… Tout cela leur paraissait irréel, d’autant plus qu’on entend rarement parler du Liban et de cette opération. La plupart des gens ignorent qu’il y a des soldats français là-bas. Je me suis donc mis en tête de raconter cette histoire.