samedi 29 octobre 2011

Café stratégique n°10 : stratégies dans le cyberespace (10 novembre 2011)


Pour le 10ème numéro des Cafés stratégiques (oui déjà 10), l'Alliance Géostratégique recevra Charles Bwele, consultant en IT, membre co-fondateur d'AGS et tenancier du blog Electrosphère. Cet événement coïncide avec la sortie du n°2 des Cahiers d'AGS consacré au sujet.

Rassurez-vous cet événement ne vise aucunement à une autopromo à des fins publicitaires mais est évidemment placé sous le signe du débat et de l'échange avec les personnes présentes dans une ambiance détendue, attitude qu'AGS a toujours essayé de promouvoir depuis sa création.

Venez donc nombreux au Café le Concorde (239, boulevard Saint-Germain, Paris Vième, métro Assemblée nationale) de 19h à 21h. Vous aurez également l’occasion de (re)découvrir plusieurs membres d’AGS. Et de découvrir notre discutant(e) mystère pour l'occasion.

vendredi 28 octobre 2011

Une fois la crise venue, les colombophiles remplaceront les transmetteurs (+MAJ)

J'avais signalé il y a plusieurs mois la question écrite d'un député au ministre de la Défense à propos de l'utilisation de pigeons en cas de conflit armé. A cette époque, un article était paru expliquant que l'armée chinoise entretenait de nombreuses unités de colombophiles pour avoir en réserve des pigeons utilisables en cas de ruptures de lignes de communication.

Dans une lettre rédigée le 25 octobre (soit plusieurs mois après, ce qui montre au minimum l'embarras du ministère...) et après avoir souligné la résilience des réseaux des armées face à des attaques cybernétiques ou électromagnétiques, et l'indépendance des réseaux des armées vis à vis de des réseaux civils, Gérard Longuet répond au député Decool indiquant que si :
"l'usage des pigeons voyageurs ne constitue pas un enjeu majeur pour les armées, il n'en demeure pas moins que la contribution que pourrait apporter l'ensemble des colombophiles amateurs s'avéraient très précieuse en cas de forte fragilisation des réseaux civils de télécommunication".
MAJ1 : ADSL contre pigeon voyageur, qui transporte le plus de données dans un temps équivalent ? (merci à SD)

jeudi 27 octobre 2011

Envoyez les chars, ils régleront les problèmes! Mais vous n'y pensez pas ?!?

M. Nicolas Dhuicq (député UMP de la 1ère circonscription de l’Aube) : Certains militaires de l’armée de Terre participent au plan Vigipirate mais ces hommes ne se sont pas engagés pour faire le travail des gendarmes ou des policiers. Quel est l’impact sur le moral des troupes de leur participation ?

Par ailleurs, avez-vous développé une réflexion sur l’emploi de l’arme blindée cavalerie dans les futurs conflits en zone urbaine, qui pourraient potentiellement avoir lieu sur le territoire national ?

M. le général Bertrand Ract-Madoux (chef d’état-major de l’armée de Terre) : Pour l’armée de terre, la conduite des opérations se fait systématiquement dans un cadre interarmes même si de ce point de vue, la situation en Afghanistan est moins représentative. En zone urbaine, les blindés apportent une réelle plus-value. Ils y sont, par ailleurs, moins vulnérables aux frappes aériennes comme on a pu le constater en Libye dernièrement mais également au Kosovo. Ils disposent d’une vraie capacité de résilience. Quand on examine la manière par laquelle de grandes capitales ont été conquises par le passé, on constate que ce sont des groupements mêlant infanterie et blindés qui les ont libérées. D’ailleurs au centre d’instruction en zone urbaine (CENZUB), nous nous entraînons dans cet esprit interarmes.
Rassurez-vous, je ne pense pas que nous ayons à faire usage des blindés sur le territoire national dans un proche ou moyen terme, où nous effectuons bien volontiers des missions de sécurité et des missions de soutien aux services dédiés, notamment lorsqu’ils sont dépassés par l’ampleur d’un événement.
Le 19 octobre 2011, l’audition du nouveau CEMAT par la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale a donné lieu à quelques échanges qui méritent d’être décortiqués. Il serait intéressant de revenir sur les questions de format, de réformes, de budgets, etc. Mais, je m’arrêterais brièvement sur un autre passage qui peut interpeller.

Pour mémoire : l’armée de Terre n’est ni la police ni la gendarmerie

Après avoir rappelé que des hommes de l’armée de Terre étaient engagés, à tort selon lui (1), dans le cadre de Vigipirate pour faire le travail de la gendarmerie et la police, le député de l’Aube s’est interrogé sur un autre emploi possible de l’armée, dans un travail là encore plus de gendarme ou de policier.

En effet, il a demandé au CEMAT si l’armée de Terre avait réfléchi 1/ à l’engagement de blindés en zone urbaine dans le cadre d’opérations extérieures 2/ à l’engagement potentiel de blindés en ville sur le territoire national. Pour le dire plus franchement, des chars pourraient-ils être employés dans nos « zones de non-droit », nos territoires perdus, nos banlieues, nos cités, nos zones où la souveraineté est remise en cause, et autres euphémismes ?

Ainsi donc, la gendarmerie ou la police, jugées inefficaces ou non adaptées avec les moyens que l’on aura bien voulu lui allouer, les pratiques que l’on aura bien voulu autoriser et les stratégies que l'on aura bien voulu mettre en place, devront céder leur première place à l’armée de Terre et en particulier à ses blindés. Un maire avait récemment pas parlé de moins en demandant l'envoi de Casques Bleus.

De grâce monsieur le Député, concentrons nous pour ses questions sur la police et la gendarmerie, avant de penser à l’armée de Terre… Déjà quelle doit gérer parfois les poubelles de Marseille, elle n'a pas vocation à remplacer tous les corps malades (ou que l'on ampute) de la République. L'emploi de l'armée serait surtout un constat d'échec 1/ d'autres stratégies plus civiles que sécuritaires 2/ du volet actuel "sécurité" des forces de police et de gendarmerie.

Faire resurgir le poids du passé qui ne passe pas

C'est à la fois leur inconvénient (manque de discrétion pour les grandes décisions) et leur avantage (accès public pour tous), mais ces auditions sont retranscrites et librement disponibles. Ainsi, ces paroles empreintes d'un poids mémoriel et politique sont à la merci d'un emploi non-apporprié, d'une utilisation limite frauduleuse et des munitions faciles et utiles pour certaines argumentaires.

Jugez plutôt. Avec de telles paroles, c'est au minimum l'épisode douloureux de la guerre d'Algérie qui ressurgit, dont la mémoire historique est d'ailleurs parfois entretenue par des groupes de tous bords ayant un intérêt plus politique que personnel ou sentimental à agir ainsi. Il n'y a qu'un pas pour que la bataille d'Alger se rejoue dans d'autres lieux...

De plus, monsieur le Député, sans la surestimer ni la minorer, les armées traversent déjà actuellement des épisodes douloureux entre restructuration, déclassement sociétal ou gestion difficile du retrait de l'Afghanistan. Supportant ce qu'aucun autre corps d'agents de l'Etat n'a supporté, la pilule à beau passer, elle passe tout de même mal. N'allez pas y ajouter d'autres difficiles combats de conscience.

De plus, en confiant entre les mains des militaires une grand part du succès ou de l'échec, l'action en Afghanistan (bien qu'à une échelle bien moindre que l'Algérie) pourrait laisser des stigmates d'un travail accompli pour pas grand chose suite à ce retrait qui commence. Les esprits sont sensibles pas besoin de les replonger dans d'autres dilemmes. L'homme est la pâte, faut-il la pousser jusqu'à ses limites? Non.

Maîtriser toujours et encore sa communication

Il peut en avoir des non-dits à la fois dans cette question et dans cette réponse. Bien évidemment que l'armée de Terre, et sa composante arme blindée cavalerie, s'entraîne à intervenir en ville. La prééminence contemporaine des vallées afghanes ne fait pas oublier les évacuations en plein Abidjan, les patrouilles à Mitrovica et un certain lobby, pourrait-on, citadin du combat du futur qui se jouera dans les zones urbaines.

Alors oui, la cavalerie a développé une réflexion sur l'action en zone urbaine (du moins je leur fait confiance, je l'espère et j'en suis quasiment certain pour avoir lu plus quelques peu lisibles TTA numéro je-ne-sais-plus-combien) et oui le CEMAT a au moins aussi raison de dire qu'à court et moyen terme les colonnes de chars Leclerc, AMX-10RC et autres ne mèneront pas par leur emploi à une montée aux extrêmes je-ne-sais-pas-où comme au Brésil ou au Mexique.

Comme d'habitude, toutes les remarques, les critiques et les commentaires sont les bienvenus. ceci n'est qu'un avis bien imparfait et le mien donc éminemment critiquable. Surtout que je sais que certains lecteurs ont des opinions bien différentes ou complémentaires...

(1) : l'emploi des armée pour Vigipirate peut être analysé et critiqué, à mon sens, sous d'autres aspects. Plus que l'emploi ou non de militaires, il serait possible de réfléchir sur le format actuel (qui consomme des ressources), sur le niveau inchangé depuis bien longtemps qui a perdu son sens, sur la différence entre menace, perçue, menace réelle, menace entretenue, etc.

Sachant que ces missions de patrouilles sont un excellent moyen pour la population de percevoir très directement l'intérêt des armées (bien qu'un peu galvaudé : une patrouille empêchera telle un attentat?). Une perception d'un intérêt plus direct que lors d'opérations menées au loin.

jeudi 20 octobre 2011

Découvrir l'hisoire de l'arme aérienne

Je signale l'excellente initiative du CESA (Centre d'études stratégiques aérospatiales) qui envoie via mail à un rythme hebdomadaire sa Chronique culturelle du CESA. En une page, un épisode de l'Histoire des forces aériennes est brossé. C'est rapide à lire, claire et instructif. Un moment de pause et de culture bienvenu.
Le troisième numéro vient d'être envoyé. Il porte sur l'opération Big Lift lancée en octobre 1963. Elle vise à prouver que les forces armées américaines sont capables de soutenir les troupes de l'OTAN en Europe grâce à un soutien en troupes transportées par voie aérienne depuis des bases situées aux États-Unis.

Les deux précédents avaient portés sur le lancement de l'attaque égypto-syrienne lors de Yom Kippour en 1973 et sur l'attaque des usines allemandes de Schweinfurt par des bombardiers stratégiques américains en 1943. Pour les recevoir, envoyez un mail à l'adresse : manifestation.cesa@inet.air.defense.gouv.fr

mercredi 19 octobre 2011

Mission de « conseil + » pour les USA contre le LRA

Le président américain a donc décidé le déploiement d’une centaine de membres des forces armées américaines en Ouganda, tout en ayant des facilités pour opérer dans d’autres pays frontaliers d’Afrique Centrale (RDC, Centrafrique ou Soudan du Sud). A noter, que cet envoi se fait sans l’aval préalable du Congrès par un habile truchement constitutionnel qui autorise le président américain à ne pas se référer au Congrès pour un engagement ne dépassant pas (dans un premier temps, il s’en va sans dire…) les 60 jours.

Une réelle exégèse autour de la sémantique employé a aussi été déclenchée en analysant avec minutie les termes employés dans la lettre envoyé par le président au Congrès pour annoncer sa décision. En effet, il s’agit du seul document public sur lequel il est possible, à l’heure actuelle, d’appuyer ses hypothèses : les déclarations d’officiels américains ou africains à ce sujet n’étant pas légion. Que peut-on alors en dire sur les moyens employés, les objectifs poursuivis et les conséquences pour la France ?

La suite sur Alliance Géostratégique.

En complément :

- "Après Amin Dada, l'Armée de Résistance du Seigneur sème la terreur" sur AGS par Sonia Le Gouriellec
- "Ouganda, leçon N°1 : se rendre indispensable" sur Good Morning Afrika par Sonia Le Gouriellec