vendredi 22 août 2008

Et si la France était touchée (le Livre Blanc)? La résilience passe t’elle par l’indifférence (l’Afghanistan)?

Devant le développement de la blogosphère stratégique francophone, il faut commencer à être réactif… Ce qui est une bonne chose au niveau stimulation d’ailleurs. N’ayant pas Internet jusqu’à ce jour, de façon régulière, cet article était en gestation et Mr. Merchet sur Secret Défense, puis Mr. Henrotin sur Athéna et moi, m’ont devancé. Je l’ai donc un peu remanié pour tenter de ne pas répéter ce qui a déjà était dit.

De plus, j’y réfléchissais avant l’embuscade meurtrière en Afghanistan. Sur ce sujet, n’ayant pas la capacité de le dire assez (aussi) bien, je ne peux que vous conseiller d’aller lire l’hommage rendu par Mr. Duran sur Théâtre d’opérations avec calme, respect, et dignité par des termes qu’il convient.

Depuis 25 ans, malgré les moments de peurs comme lors des vagues d’attentats frappant les cités occidentales, la France est peu ou pas touchée (à la différence des Etats Unis ou plus proche de nous Madrid et Londres).
La résilience (la capacité à encaisser et réagir) ne peut être entièrement innée et peut être développée (cf. les mesures énoncées dans le Livre Blanc au chapitre 18 sur l’adhésion de la Nation à partir de la p 297) pour être pleinement réactive et être quelque chose de compris et d’appliqué par le plus grand nombre. Pour modérer mes futurs propos, elle est la réponse à des événements de différentes ampleurs qui ne nécessite par forcément l’application la plus extrême de règles de survie.


Tout d’abord, cela nécessite un besoin d’entrainement face à des événements de grande ampleur. C’est le cas des exercices au Japon contre les séismes ou les réveils de volcans permettant des évacuations sans heurts et rapidement, le port de casques par tous en cas d’alertes par des sirènes, les actes réflexes élémentaires appris très tôt et la formation aux gestes de premier secours si peu diffusé en France comme par le PES1 plus costaud que l’unique et insuffisante heure de secourisme lors de la rébarbative JAPD.

Cela nécessite aussi, de l’expérience avec une mise en pratique d’éléments appris et déjà utilisés et d’une connaissance car on réagit mieux à ce que l’on connait. Or à mon sens, on est soit dans un modèle catastrophique (les peurs dus au dérèglement climatique, les risques d’attentas de grande ampleur avec des bombes sales et autres risques NRBC), soit dans un modèle à l’opposé, hagiographique avec des capacités militaires capables de nous protéger.

Tout ceci étant mis en parallèle avec un effacement sensible de l’intérêt pour ces questions par des systèmes qui n’ont pas forcément prit entièrement la suite de la Nation en Armes du service national, avec le fils, le mari ou le père qui partait à la guerre… L’implication produit l’intérêt, la connaissance, et un lien par des cercles de sociabilités familiaux ou associatifs.

Dans l’ensemble des plans tentant de mettre en œuvre cet esprit (cf. le LB), sont mis en avant des modèles que sont les pouvoirs publics, les administrations ou les entreprises mais cet esprit est aussi un acte individuel, avec la volonté propre que l’on peut se forger mais qui est personnel. L’acceptation et le passage à l’action passe par une attitude positive et une adhésion faisant suite à une phase de compréhension. Et pas forcément à travers un nationalisme exacerbé (souvent qui fait peur) mais aussi par un esprit d’appartenance à quelque chose de commun, à des valeurs partagées qu’il faut conserver. Tout en sachant que d’être touché permet quelque fois de créer cet esprit (d’où l’expérience récente nécessaire).

Pour rebondir sur l’événement en Afghanistan et son traitement, avec une touche assez pessimiste, la résilience dans ce cas là (de façon assez semblable à celui de Bouaké qui avait fait 9 morts), ne posera que peu de problèmes et se fera avec le temps très rapidement, s’éteignant peu à peu. Et la convocation d’une session extraordinaire au Parlement vers le 22 septembre, sera déjà trop éloignée de faits « refroidis » pour relancer un véritable débat de portée nationale.

Quelques premières pages de qualité dans des journaux ne se jetant pas comme des morts de faim sur la révolte, sur des attaques personnelles ou des fins politiciennes comme d’autres, au moment même où l’unité est nécessaire, puis des événements plus lointains reviendront en tête des préoccupations que cela soit la toute puissance des JO ou le conflit en Ossétie du Sud avec les malheurs civils de la Guerre digne de Jacques Callot : déplacés, blessés, orphelins et pilleries des milices opportunistes (les militaires, c’est dans leur condition de se faire tuer après tout, comme on aime à nous le répéter sur le ton de la banalité). L’émotion est plus grande vis à vis de civils.

La population française a un manque d’identification dans ses (ou ces…!) soldats et dans l’action qu’ils mènent si loin (missions incomprises malgré les essais de communications avec des mots comme : « liberté », « droit de l’homme et de la femme », « notre sécurité ici, se joue là-bas », …). Elle ne se sent pas assez concerné (il me semble) pour avoir un quelconque sentiment généralisé de peine, de compréhension ou d’effroi. L’indifférence en grande partie par une non-identification (à part pour les familles des personnes touchées, dont des proches sont en OPEX ou dans les armées et par quelques autres) fera oublier bien vite cela.

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