Que l’on ressasse que la situation au Pakistan (en particulier dans les zones tribales frontalières avec l’Afghanistan) est préoccupante, n’est pas nouveau. Par contre, que des spécialistes de renom parlent d’une implosion de l’état pakistanais, cela devient dramatique. Dans une interview donnée au Washington Post le 22 mars 2009, David Kilcullen prédit la possible désagrégation du Pakistan à court terme :
“The Pakistani military and police and intelligence service don't follow the civilian government; they are essentially a rogue state within a state. We're now reaching the point where within one to six months we could see the collapse of the Pakistani state, also because of the global financial crisis, which just exacerbates all these problems…”
Kilcullen n’est pas le premier venu en Relation Internationales, ni le dramaturge annonçant l’apocalypse, ni le spécialiste auto-proclamé de la réalité du terrain depuis le Pentagone, etc. Son parcours parle pour lui et donne d’ailleurs plus de poids à ses propos.
Moins connu que les deux autres, Kilcullen est l’un des trois David (avec Galula et Petraeus) qui impactent les récents débats stratégiques américains concernant une nouvelle approche de la contre-insurrection en Irak puis en Afghanistan. Colonel de réserve de l’armée australienne, détaché auprès des US Army, il est un des conseillers du général Petraeus. Après l’avoir épaulé en Irak, il l’a rejoint dans ses nouvelles attributions de commandant du CENTCOM (un des commandements stratégiques régionaux américains) et s’est attelé au dossier afghan.
Kilcullen est né en 1967 et débute une carrière opérationnelle dans l’armée de Terre australienne. IL étudie en 1993 la lutte contre le mouvement indonésien Dar-ul-Islam (qui enfantera ensuite du Jemaah Islamiyah. Analysant les écrits et discours émanant des mouvements transnationaux, il met en avant l’importance des problèmes psychologiques des individus, sociaux des entourages et économiques de leurs conditions pour l’émergence de nouveaux terroristes. Selon lui, le salafisme n’a qu’une place secondaire : une instrumentalisation. Lu aux États-Unis, malgré une thèse divergente de celle du gouvernement américain, il écrit la partie portant sur les « conflits irréguliers » de
Cela fait donc quelques temps que la situation au Pakistan n’inspire pas confiance. Mais il est vrai que les mauvaises nouvelles semblent se multiplier pour atteindre « un point de non retour ». Des cessez-le-feu en forme de défaites de l’armée pakistanaise dans la vallée de
La conclusion n'est pas aisée: est-ce trop tard? Le coup de baguette magique peut-il encore arriver? Faut-il vraiment traiter le problème afghan et pakistanais comme un tout avec le risque d'avoir deux bébés capricieux dans les bras?
P.S. : même si la présentation est plus accrocheuse que véridique, la conférence de l’IFRI (Institut Française des Relations Internationales) du 22 avril 2009 à 18H00 peut apporter des grilles de lecture intéressantes : AFGHANISTAN-PAKISTAN : zone de tous les dangers ? La notion « Af-Pak » (les situations en Afghanistan et au Pakistan sont interdépendantes et la guerre contre la rébellion aux milles visages se mène sur les deux territoires). Ainsi, Michael Yon (reporter de guerre indépendant) en parle sur son blog au moins depuis le 19 août 2008.
Bonne came, agréablement plus longue que tes posts habituels. Merci
RépondreSupprimerTomber au bon moment sur la bonne news, cela aide grandement.
RépondreSupprimerMerci Charles! Je tente de me mettre au niveau des autres...
Espérons que cela ne se produira pas. Un pays aussi peuplé avec l'arme nucléaire qui s'effondrerait, c'est INGÉRABLE; nous n'avons même pas réussi à ''stabiliser'' la Somalie dans les années 1990.
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