Une création en septembre 2023. Déjà 12M€ levés en plusieurs levées. 3 produits en pleine montée en maturité. Un peu plus de 20 employés, avec des anciens de Palantir ou d’Andurill de retour en
France, ou d’Open AI. 2 bureaux (en France et en Grande-Bretagne). Des 1ers
contrats fermes signés en France et à l’étranger (comme en Allemagne), et
d’autres pistes sérieuses à l’export (Grande-Bretagne, Ukraine, Pologne, Émirats
Arabes Unis, Organisation du Traité de l'Atlantique Nord…). En moins de deux
ans, la trajectoire du développement de la société française Comand AI est
rapide, pour ne pas dire exponentielle, en bascule avant permanente pour tenir
le rythme de l’évolution technologique et celui de la concurrence.

A l’origine, une intuition sur l’apport
que pourrait apporter de manière raisonnée et rapide les algorithmes d’intelligence
artificielle sur les taches les plus chronophages pour les structures de
commandement, en offrant des briques utiles dans la boucle de déçision : « Plus qu’une simple automatisation pour gagner du
temps, il s’agit d’une augmentation », explique la société. Ces structures de commandement sont composées de
militaires, rares, dont la formation est longue et couteuse. Il y a dans les
armées françaises un pool de 2.000 officiers environ en mesure de tenir des
postes dans des structures hautes de commandement (brigade, division, corps
d’armée…). Avec un peu plus de 100 à 200 nouveaux officiers formés par an. Sans
même prendre en compte des taux forcément élevés d’attrition pour tenir
correctement dans la durée ces structures en cas mise en œuvre des contrats
opérationnels les plus exigeants, il en faudrait environ 10 fois plus.
Il s’agit donc pour Comand AI de
fournir des « assistants digitaux » aux officiers d’états-majors pour
accélérer et améliorer la préparation et la conduite de la manœuvre. Le temps de préparation
nécessaire à la sortie d’un ordre de niveau brigade est réduit par un facteur
de 3 à 4, tout en apportant une importante capacité de check list de toutes les
composantes (réserves, plan de feux, logistique…). Ainsi, les premières
expérimentations menées au niveau du poste de commandement d’une brigade de
l’armée de Terre (la 7ème brigade blindée) permettent de faire passer le temps de préparation d’un ordre d’une
opération sur les 96 prochaines heures de 12H à 4H. Tout en compensant en
partie un éventuel manque d’expérience des officiers d’état-major via l’utilisation
d’un important lac de données, déconnecté si besoin d'Internet. La possibilité de jouer en quelques minutes
plusieurs modes d’action permet aussi de garantir un 'battle rythm' adéquat, tout
en anticipant mieux les cas les plus dangereux ou les plus probables.Il
s’agit donc de se concentrer sur la planification et l’élaboration augmentée,
et tout ce qui n’est pas orientation ou décision en tant que telle, laissées à
l’appréciation du commandement. Les champs d’application sont, du fait des
premiers contrats, plutôt le secteur terrestre pour le moment, avec des premiers
développements menés dans le secteur aéronautique et des réflexions lancées
dans le secteur naval.

Sur les aspects hardware,
il
s’agit de faire rentrer en 1 à 2 mallettes de type ‘Peli Case’ un ordinateur
durci relié à un serveur avec un data center équipé de puces NVIDIA. Le
Tactical Hub pèse donc moins de 20 kg pour faire tourner
la suite logicielle maison
appelée Prevail. Elle est composée de plusieurs produits.
Battlefield
Command aide à planifier et tester les différents scénarios possible d’une opération. En s'inscrivant dans la méthode d'élaboration d'une décision opérationnelle tactique (MEDOT) ou de niveaux supérieurs, elle peut aider à préparer les
'Operationnal Orders' (OPORD), mais surtout à les digérer, pour répartir les tâches et le 'battle rythme' dans un état major. Elle s’adapte aussi aux nouveaux ordres qui viendraient (comme les
Fragmentary orders ou Frago ou les
Warning orders). Operational
Readiness est une
encyclopédie évolutive et interrogeable pour le retour d’expérience en
boucle courte, en permettant de diffuser les leçons apprises à d’autres unités qui planifient ou conduisent des opérations similaires à un cas reconnu par l’IA (que cela soit en entrainement ou en opérations). Via l’utilisation d’algorithmes entrainés par renforcement et une IA
générative, l’outil est ainsi capable de fournir une analyse allant des
observations, sourcées, jusqu’aux recommandations.

D’autres applications sont en
cours de développement, notamment sur les aspects cartographiques par une approche
combinant des grands modèles de langage et une approche multimodale, afin de
lire une carte, à la fois dans l’espace et dans le temps, d’un point de vue
bleu (ami) comme rouge (ennemi). Cela doit permettre de proposer des plans en
s’appuyant sur les taches prévues… et les taches induites sous-jacentes (en
lien avec la doctrine ou les retours d’expérience passés. Tout en générant au
final des documents, explicables, sous forme de slides ou autres.
Ayant fait leurs preuves au cours
de démonstrations et d’expérimentations en exercices, les marques d’intérêt ne
manquent pas. Pour des contrats en direct avec des utilisateurs finaux, mais
aussi pour des partenariats avec des acteurs de premier rang de la BITD
française, européenne et au-delà, avec des acteurs à la fois du hardware et du
software.
Pour tenir la cadence, notamment
le rythme de l’attractivité et de la fidélisation des ressources humaines,
une nouvelle levée de fonds est à mener d’ici
quelques mois, en lien avec la confirmation des actuelles perspectives
commerciales. Elle intéresse du monde en France et à l’étranger. Des fonds
d’investissement de premier ordre sont déjà présents (Eurazeo, Frst…), d’autres
se sont montrés intéressés au tour précédent et regardent celui à venir. Qu’ils
soient français, européens (avec déjà un acteur polonais, Expeditions Fund,
présent au capital), ou d’ailleurs (avec le choix affirmé de ne pas avoir de
fonds d’origine américaine à plus de 25% de l’actionnariat, malgré les appels
du pied d’acteurs importants). Il s’agit d’acteurs proches du secteur de la
défense mais aussi d’acteurs plus éloignés, issus du monde de la tech plus civile.
Les prochains mois s’avèrent donc
cruciaux pour le développement de ces assistants digitaux pensés en France, en parallèle
de tout le processus d’adoption mené auprès des utilisateurs. Au-delà des
aspects de vitesse et de précision des outils, le passage à l’échelle passe
bien par une forte acculturation, accompagnant cet effort de conquête et de
maintien de la souveraineté sur ces aspects software.
Crédits : Comand AI.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour faciliter les réponses et le suivi, merci d'utiliser, au moins, un pseudo récurrent.