N’ayant que peu de choses à dire sur la situation en Côte d’Ivoire et étant loin d’être un fin connaisseur du pays, je me gardais bien jusqu’à présent de tout commentaire. L’équilibre qui prévaut étant loin d’être rompu appelle pourtant quelques remarques rapides.
Chacun s’accommode du temps présent À la déclaration de l’un se succède la déclaration de l’autre, à la visite d’un troisième succède la médiation de trois autres larrons, la sanction de telle organisation internationale s’additionne à celles déjà en place dont s’accommodent très bien le premier, etc.
En deux mots, la situation stagne. C’est d’ailleurs toujours mieux qu’une violente dégradation dont le pays est épisodiquement coutumier. À force, seul une action volontariste semble capable de faire bouger les choses. Une intervention militaire par exemple. Mais pas "comme avant".
Un nouvel (non-) interventionnisme français ? Il faut, je crois, saluer l’actuelle position française (c’est rare que je le fasse donc autant le relever) qui laisse les troupes françaises "prêtes à, en mesure de". Avant, les troupes françaises étaient envoyées pour moins que ça. Une rupture dans la diplomatie française en Afrique?
En effet, Ouattara gagnera sans aucun doute en légitimité pour le futur (et la tâche se relève ardue dans ce patchwork ivoirien de peuples) s’il n’est pas mis
gallus manu militari (avec une intervention française même discrète) à la tête de la Côte d’Ivoire.
Africaniser la solution La communauté internationale au sens large s’attache donc à africaniser la sortie de crise à défaut que la Côte d’Ivoire résolve elle-même la fin de cette bi-direction. Ainsi, des dirigeants africains (plus ou moins poussés par des responsables « occidentaux ») s’activent.
Une force militaire de l’Union Africaine est évoquée. Or, les maigres troupes à disposition me semblent peu à même d’apporter toutes les garanties nécessaires dans un environnement urbain et explosif. Quelle est l’étendue des capacités africaines en maintien de l’ordre ?
Éteindre sans attiser les braises Et, c’est là toute la difficulté. Il faut activer des leviers vraiment efficaces, faire jouer la contrainte à un juste niveau, s’investir mais sans donner l’impression de jouer le premier rôle, songer à réunir un nombre assez important de forces alors que les volontaires manquent, etc.
Quoiqu’il en soit, si la patience est une vertu stratégique incontournable en ces temps de palabres, elle ne doit pas être le prétexte facile d’une fuite des responsabilités de certaines parties prenantes à travers toutes formes ou absences d'investissements.
Articles complémentaires :MAJ1 : pour clarifier, je ne suis pas actuellement en faveur d'une intervention militaire en Côte d'Ivoire. Pas tant que les autres moyens de la politique (au sens large) n'ont pas été essayés pour résoudre la crise. Mais, s'il faut y arriver, alors oui mais pas sous n'importe quelle forme.