mardi 25 janvier 2011

L’affaire Renault est une guerre mais l’Afghanistan reste une colonie de vacances

Les récentes déclarations ou non-déclarations de certains dirigeants politiques français au sujet d’événements récents (que je qualifierais personnellement de graves) me poussent à réagir pour opposer l’entêtement des uns au réalisme des autres.

En plein emballement au sujet de l’affaire Renault, le ministre français de l’Industrie Éric Besson déclarait le 6 janvier 2011 lors d’une interview sur RTL que « l'expression « guerre économique », là pour le coup, parfois outrancière, est adaptée ».

Rarement, si ce n’est pas jamais, un haut responsable français avait employé une telle expression afin de décrire l’hyper-concurrence actuelle aux conséquences majeures et menant à l’emploi de moyens extraordinaires (au sens premier du terme).

Quoiqu’il en soit, l’expression était lâchée dans les médias et pouvait être analysée comme un premier résultat d’une sensibilisation menée depuis des années en France sur cet état de fait. L’idée sous-tendue est qu’il faut se doter d’outils adaptés afin de se prévenir et de réagir.
Chaque terme du langage a ainsi une portée symbolique plus ou moins importante qui dépasse la simple expression d’un état décrit. Il en va ainsi du terme « guerre » qui aussitôt appelle à des pratiques, des situations, des habitudes, etc.

Et si aujourd’hui en France, il y a une guerre qu’il serait juste de reconnaître, c’est bien celle qui se déroule en Afghanistan. Cela serait de plus, et surtout, une reconnaissance et une réelle marque de respect pour ceux qui y sont morts ou blessés.

Que certains se rassurent, cela ne serait pas une manière simple de la justifier ou d’y plonger un totalement. Cela serait seulement la fin d’une hypocrisie judiciaire qui empêche qu’un état réel soit défini autrement que par un euphémisme : « opérations de guerre ».

Profitions-en, car il y a un contexte opportun pour que le glissement plus que sémantique se fasse : 1/ un nouveau ministre de la Défense qui peut incarner librement une rupture avec son prédécesseur et 2/ le passage du Collège Interarmées de Défense à l’École de Guerre.

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