L’opération montée et exécutée en quelques heures (un sacré défi en soi), grâce à un dispositif déjà déployé sur place (forces spéciales et moyens aériens) n’a malheureusement pas permis d’obtenir l’effet final recherché : la récupération des deux otages en vie.
Tout sauf un coup de pokerTragiquement, les deux otages ont eu le temps d’être exécutés par leurs ravisseurs. C’est donc un échec, malgré le professionnalisme des acteurs engagés dans une opération toujours périlleuse de libération d’otages, comme le reconnaît certains responsables militaires.
Le débat sur l’opportunité ou non d’intervenir me semble hors de propos dès lors que de nombreuses informations ne sont pas (et ne seront jamais) portées à la connaissance des commentateurs extérieurs. Néanmoins, il fallait sans doute agir.
En effet, ces enlèvements sont souvent l’œuvre de « sous-traitants criminels locaux » obéissant à des donneurs d’ordres contre une rétribution financière. Ce sont souvent ces derniers qui ont des motivations idéologiques fermement ancrées limitant les négociations.
Le défi est donc de récupérer de quelques manière que ce soit (opération de vive force, négociation, rançon, etc.) les otages avant qu’ils ne leurs soient transférés et qu’ils gèlent les issues, généralement après les premières heures des rapts ou au mieux dans les premiers jours.
Dialectique des volontés dans le désertPar contre, il ne faut pas négliger l’impact psychologique engendré par une telle opération (qu’il y est deux, trois ou dix morts chez les adversaires). Les autorités françaises ont pris la décision de frapper, ont eu l’opportunité et l’ont fait en quelques heures.
Le débat c’est donc déplacé dans le même champ que celui recherché par les groupes terroristes locaux, régionaux ou se revendiquant d’un label transnational comme AQMI : celui des perceptions plus que des impacts physiques.
Il y a donc pleinement confrontation des volontés et à chaque fois, l’action de l’un affecte l’image de l’autre. Son image de force ou sa faiblesse est mise en avant aux yeux de tous bien plus que l’impact physique (pourtant dramatique) entrainé par quelques pertes humaines.
Accord unanimeEnfin, le dernier point à noter est l’Union sacrée de la classe politique française qui approuve (de Dominique de Villepin à François Hollande en passant par Nicolas Dupont-Aignan ou Ségolène Royal), tout en demandant plus d’informations et une réponse autre qu'à court terme.
Un tel rapprochement qui soude des tendances diverses du paysage politique est assez rare dans les questions de Défense et de Sécurité pour être souligné. C’est « une paix des forteresses » aurait dit les Allemands au moment de la Première Guerre mondiale.
Ainsi, si comparaison n'est pas raison : l'action de 100 fois plus de militaires (approximativement) opérant en Afghanistan n'a, par exemple, pas le privilège de recevoir un tel support.