Déjà auteur de Focus Stratégique remarqués (sur l'opération Sentinelle, la guerre hybride, l'appui-feu air-sol...), Elie Tenenbaum, chercheur au Centre des Etudes de Sécurité de l'IFRI, aborde cette fois-ci dans "Le rôle stratégique des forces terrestres" la question des défis pour les forces terrestres (entendues ici comme l'ensemble des forces opérationnellement rattachées au milieu terrestre, et non pas au sens de "armée de Terre"), notamment dans leurs relations aux autres forces. Il a bien voulu répondre à quelques questions pour présenter ces réflexions, qu'il en soit vivement remercié.
1/ Quelles permanences et évolutions à horizon court/moyen terme conduisent à ce besoin stratégique et spécifique en "forces terrestres" ?
Il convient d’abord de rappeler l’évidence même : la guerre est née sur terre, et son enjeu demeure toujours le contrôle d’une portion de territoire ou des populations qui y vivent. C’était l’objectif affiché du Califat de Daech, comme celui des séparatistes du Donbass. Même les conflits qui semblent fondamentalement liés à un autre milieu - comme les tensions en mer de Chine du Sud par exemple - ont, en fin de compte, un impact sur la terre ou sur les hommes qui y vivent, sans quoi ils seraient sans enjeu. Aucune stratégie efficace ne pourra donc jamais faire l’économie du domaine terrestre pour la bonne et simple raison que ce dernier est le milieu naturel de l’homme et donc de la politique, objet fondamental des conflits armés.
En sus de cet élément politique essentiel, les forces terrestres disposent d’un certain nombre de caractéristiques qui les rendent particulièrement intéressantes : la complexité, l’opacité et la viscosité sont trois caractéristiques intimement liées à ce domaine qui est parcouru d’obstacles, physiques et artificiels, qui multiplient les frictions, limitent la visibilité et contraignent les actions. De ces caractéristiques essentielles, les forces terrestres tirent aussi des qualités intrinsèques dont la principale est sans aucun doute la persistance. Cette dernière a une double fonction. D’une part elle permet le "contrôle", par son influence prolongée sur son environnement opérationnel. C’est cette dimension de contrôle qui joue un rôle crucial dans la mise en œuvre de la fonction stratégique "intervention" en garantissant le bon déroulement de la phase de stabilisation, la plus difficile d’une opération. D’autre part, la persistance confère aux forces terrestres la capacité à envoyer le plus fort signal de détermination politique. Envoyer des hommes au sol, qui ne pourront se désengager aussi aisément que des avions ou des bateaux, signifie l’acceptation par le décideur politique de l’éventualité d’avoir à payer le prix du sang, si besoin. C’est cette dimension qui rend les forces terrestres particulièrement nécessaires aux fonctions dissuasion et prévention, en contribuant ainsi à la crédibilité de la posture, quelle qu’elle soit.
Il convient d’abord de rappeler l’évidence même : la guerre est née sur terre, et son enjeu demeure toujours le contrôle d’une portion de territoire ou des populations qui y vivent. C’était l’objectif affiché du Califat de Daech, comme celui des séparatistes du Donbass. Même les conflits qui semblent fondamentalement liés à un autre milieu - comme les tensions en mer de Chine du Sud par exemple - ont, en fin de compte, un impact sur la terre ou sur les hommes qui y vivent, sans quoi ils seraient sans enjeu. Aucune stratégie efficace ne pourra donc jamais faire l’économie du domaine terrestre pour la bonne et simple raison que ce dernier est le milieu naturel de l’homme et donc de la politique, objet fondamental des conflits armés.
En sus de cet élément politique essentiel, les forces terrestres disposent d’un certain nombre de caractéristiques qui les rendent particulièrement intéressantes : la complexité, l’opacité et la viscosité sont trois caractéristiques intimement liées à ce domaine qui est parcouru d’obstacles, physiques et artificiels, qui multiplient les frictions, limitent la visibilité et contraignent les actions. De ces caractéristiques essentielles, les forces terrestres tirent aussi des qualités intrinsèques dont la principale est sans aucun doute la persistance. Cette dernière a une double fonction. D’une part elle permet le "contrôle", par son influence prolongée sur son environnement opérationnel. C’est cette dimension de contrôle qui joue un rôle crucial dans la mise en œuvre de la fonction stratégique "intervention" en garantissant le bon déroulement de la phase de stabilisation, la plus difficile d’une opération. D’autre part, la persistance confère aux forces terrestres la capacité à envoyer le plus fort signal de détermination politique. Envoyer des hommes au sol, qui ne pourront se désengager aussi aisément que des avions ou des bateaux, signifie l’acceptation par le décideur politique de l’éventualité d’avoir à payer le prix du sang, si besoin. C’est cette dimension qui rend les forces terrestres particulièrement nécessaires aux fonctions dissuasion et prévention, en contribuant ainsi à la crédibilité de la posture, quelle qu’elle soit.