vendredi 24 juin 2016

BREXIT - Quel impact (si impact) sur la Défense.

Pour vous signaler la publication dans l'hebdomadaire Le Marin d'un rapide entretien sur les possibles conséquences du Brexit à court et moyen terme pour la Défense, notamment pour les industriels.
 
Pour résumé, étudier précisément les gains de productivité et les investissements qui reposent sur des accords bilatéraux et ceux qui tiennent à des accords multilatéraux de niveau européen.
 
 
Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

mercredi 1 juin 2016

Entretien - Retours sur l’opération Sangaris (Aline Leboeuf et Rémy Hémez)

Aline Leboeuf, docteur en science politique et chercheur à l’IFRI, et le chef de bataillon Rémy Hémez, officier de l’armée de Terre et chercheur détaché à l’IFRI, sont les auteurs d’une récente étude intitulée Retours sur Sangaris. Entre stabilisation et protection des civils. Ils ont bien voulu présenter ci-dessous quelques-unes des problématiques abordées dans un entretien également publié sur le blog Ultima Ratio. Merci à eux.
 
1 / Jusqu’à quel point l’adaptation des modes d’action, visible au cours de l’opération Sangaris, permet de compenser un nombre limité d’effecteurs sur le terrain ?

R. H. : Entre décembre 2013 et août 2015, les forces françaises et internationales présentes en République Centrafricaine (RCA) passent de 4.500 à 11.700 hommes. Ces contingents doivent remplir une mission complexe au cœur d’une guerre civile ethnico-religieuse, dans un pays vaste comme la France et le Benelux réunis (622.000 km2) et comptant près de 5,3 millions d'habitants. Le ratio militaire/nombre d’habitants est donc compris entre 1,1 et 2,2 soldats pour 1.000 habitants. Bien loin de ce qui est normalement recommandé puisque la plupart des experts des opérations de stabilisation s’accordent sur un ratio idéal compris entre 10 et 20 militaires pour 1.000 habitants.
 

Des adaptations des modes d’action ont donc été nécessaires pour compenser ce faible ratio. Certes, cette opération n’a pas résolu la crise en RCA, la situation dans le pays est restée globalement instable - en raison de la montée de la criminalité mais aussi parce que la rébellion Séléka n’a jamais totalement renoncé à ses ambitions politico-militaires - et n’a pas permis de stopper les déplacements de population. Mais Sangaris a, par un véritable "effet de levier", contribué à éviter les massacres de masse, à engager le processus de désarmement et de regroupement des combattants, à appuyer le redéploiement de l’administration centrafricaine sur une partie du territoire, et à rétablir l’approvisionnement en produits de première nécessité, ce au prix de pertes militaires françaises limitées. L’état final recherché par Sangaris était bien de pouvoir passer le relais dans des conditions acceptables à des forces internationales et non pas de créer une situation de paix durable. D’où, sûrement, des ambigüités lorsque l’on aborde la question des résultats obtenus.

Mais cela ne se fait pas sans coûts : les opérations actuelles ont tendance à troquer des effectifs contre du risque et les lacunes opératives par des pis-allers tactiques. On ne peut espérer résoudre rapidement et à moindre coût des situations de crise éminemment complexes. En déployant des effectifs limités sur un temps court, les effets obtenus se transformeront difficilement en résultats durables. Pour les obtenir, cela repose aujourd’hui surtout sur l’engagement politique et financier français et sur la MINUSCA (mission onusienne en Centrafrique). Pour l’heure, cette dernière semble à même de maîtriser la situation mais la qualité de ses contingents est très inégale. Son engagement sur le long terme, appuyé par la France, est pourtant crucial, car seule une tierce partie engagée dans la durée maximise les chances de résolution d’une guerre civile. On ne saurait à cet égard que tirer profit de l’exemple du succès britannique en Sierra Leone qui ne tient pas tant à l’intervention initiale - qui a certes créé les opportunités pour un règlement politique - qu’à l’engagement pérenne et global pour la reconstruction de l’administration et des forces de sécurité du pays avec une mission de conseil qui se prolonge encore aujourd’hui.