mardi 17 juin 2025

Challenge Ader de la DMAé et de l'AID - Delair et Picomto, vainqueurs de la première édition consacrée à l'innovation dans le soutien des drones

Lancé en septembre 2024, le challenge Ader avait pour objectif de stimuler l’écosystème de la base industrielle et technologique de la maintenance de militaire, en favorisant l’émergence de projets exploitables, notamment via la collaboration entre acteurs, au service des forces armées. 6 finalistes retenus parmi 38 dossiers (réunissant au total 41 sociétés) avaient présentés ces derniers jours leurs solutions, devant un jury que le rédacteur de ce blog a eu la chance d’intégrer. Picomto et Delair ont donc reçu le premier prix.
 

La solution primée, dont le prototype est visible sur le stand de Piconto au salon du Bourget, permet d’assurer à la fois le suivi des flottes de drones, l’assistance et la formation à la maintenance. Dans une mallette de 50 kg, un set d’outils et de pièces, ainsi qu’un ordinateur servant de hotline intégrée mobile, permet un 3 en 1 en lien avec Drako, la station sol universelle de Delair, myDelair pour la partie backoffice et suivi de flottes, et les outils Picomto pour la montée en compétences des utilisateurs et maintenanciers grâce à la génération et à la décomposition de tâches de maintenance à réaliser. Ces outils d'assistance digitale aux opérations industrielles, ici de maintenance, sont réalisables à partir de n'importe quel mode d'emploi et manuel de maintenance de drones. Les logiciels communiquent entre eux et permettent de faire de la remontée d’informations, de l’analyse, et du curatif post vols et du préventif en anticipation. Le challenge a été l’occasion pour les deux acteurs, un droniste de Toulouse et une start-up de Lille, de se découvrir et de réfléchir ensemble au sujet du soutien, enjeu d’importance dans l’emploi des drones.

lundi 16 juin 2025

Projet MDCT - Pour un missile de croisière au-delà des 1.000 km

Le Salon du Bourget a été l'occassion de faire un point d'étape sur le projet de lanceur de missile de croisière terrestre (MDCT) permettant une frappe de précision "au-delà des 1.000 km". Le projet vise un premier tir d'essai en 2028 pour un peu de prudence sur les études de sécurité à mener avec le site de la Direction générale de l'Armement - Essais Missiles à Biscarosse (DGA-EM), en 2027 si les choses se déroulent bien.
 
 

 
La munition de base est le Missile de Croisière Naval (MDCN) modifié par l'industriel MBDA, en auto-financement, pour en faire une version terrestre dédiée. Puisque l'emploi se fera dans un cadre ne nécessitant pas tout un ensemble de contraintes d'embarquabilité et de sureté (notamment liées à la présence d'une centrale nucléaire à proximité des silos de tir sur les sous-marins nucléaire d'attaque), il a été possible de gagner un peu d'allonge notamment par rapport à la version navale.
 

vendredi 6 juin 2025

Scania Public and Defense (SPAD) - La force d’une entité dédiée d’un grand groupe pour répondre aux besoins des forces armées

CCP10 (Camion-Citerne Polyvalent 10m3) puis plus récemment C3P10 (Camion-Citerne à Cabine Protégée de 10m3), CaRaPACE (Camion Ravitailleur Pétrolier de l'Avant à Capacité Étendue), VRP (Véhicule de ravitaillement dans la profondeur), VAMPIRE (avec poste de tir pour missile sol-air Mistral sur plateau), camions tracteurs des remorques de PFM (Pont Flottant Motorisé) standard 2, camions-benne du Génie et autres versions spécialisées, porte-engins de moyens lourds, etc. Les modèles de camions porteurs ou de camions tracteurs de la société Scania sont nombreux à être en service au sein des forces armées françaises. Et ce depuis plus de 20 ans pour certains.


D’autres applications sont aujourd’hui à l’étude par les équipes Scania sur des segments spécialisés que sont la défense sol-air (DSA) pour poursuivre la modernisation de cette capacité avec une flotte modulaire pouvant accueillir, par exemple sur un plateau fixé dans une benne, différents effecteurs (missiles, canons…) ou capteurs (radars…), tout en offrant des capacités logistiques en cas de besoin. C’est aussi le cas pour la lutte nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), d’autres besoins du Génie ou du Service de l’Energie Opérationnelle (SEO), etc.

En parallèle, et pour une flotte plus importante, les constructeurs maitres d’œuvre ayant répondu à l’appel d’offres, dont Scania France, attendent la réponse pour les premières tranches du marché des porteurs logistiques de charge utile 6 tonnes (PL6T), qui garantissent le renouvellement de la flotte logistique des forces armées françaises. Officiellement, la réponse pour un premier incrément est attendue très prochainement, avec potentiellement une commande de 1.100 premiers camions pour un programme pouvant aller à terminaison jusqu'à environ 7.000 camions.

jeudi 29 mai 2025

A400M - En version 'Forces spéciales'

Sur la flotte de 24 appareils de transport A400M livrés à la 61è escadre de transport de l'armée de l'Air et de l'Espace, et en attendant un 25ème appareil à venir cette. année, l'escadron de transport 3/61 Poitou de la Brigade des Forces Spéciales Air (BFSA) a un droit de tirage de 2 appareils en mode "bons de guerre" en alerte pour tenir le contrat opérationnel des opérations spéciales. C'est à dire des appareils déjà aux derniers standards en termes d'auto-protection, de suivi de terrain, avec un certain potentiel d'heures de vol sans grandes butées calendaires...
 

Selon les opérations à mener, les A400M prélevés peuvent alors recevoir des kits spéciaux. En une petite demi-journée, les mécaniciens de l'escadron 3/61 Poitou peuvent les transformer en plateforme C3ISTAR (command, control, communications, intelligence, surveillance, target acquisition and reconnaissance) en reprenant les kits développés pour les C-160 Transall et en les câblant. Ils servent ainsi de postes de commandement aériens et de plateformes de renseignement. Sont installés des antennes de communications satellitaires mises sur des supports épousant les panneaux des issues de secours pour de la communication à haut débit et à longue portée, une boule optronique mise sur un support épousant l'une des portes latérales, des consoles de poste de commandement fixées sur les rails en soute, etc. Tout en ayant encore en soute de la place pour accueillir des opérateurs équipés, du matériel, du ravitaillement, voire des petits véhicules.

vendredi 23 mai 2025

Arquus - Vers une solution rapidement disponible pour la lutte anti-drones généraliste sous blindage (+MAJ)

Donner rapidement aux militaires non spécialisés (hors artilleurs sol-air) une capacité de détection et de neutralisation des drones (type FPV et autres de moins de 10 kg) depuis leurs blindés. Telle est l’ambition des travaux menés sur fonds propres par Arquus et sa branche Hornet dédiée aux tourelleaux téléopérés (TTO) développés et assemblés en France. Le TTO Air Guard est ainsi passé au stade de démonstrateur avec la réalisation de premières détections suivies de ralliements automatiques sur une piste radar, et peut basculer rapidement au stade de prototype avant production.
 
 
Cette version repensée du TTO s’appuie sur un TTO standard Hornet T1, avec une mitrailleuse modèle M2HB (Heavy Barrel) en 12,7mm ou Mag 58 en 7,62mm. Les équipes d’Arquus ont installé un radar de détection, de suivi et d’identification sur la couronne tournante, accueillant à ce jour le système d’auto-protection Galix (fourni par le groupe Etienne Lacroix). Pesant moins de 5 kg, le radar à un panneau n’empêche pas le fonctionnement normal du TTO : les pots de munitions multi-spectrales restent disponibles, tout comme le bloc optronique de Safran, la couronne reste mobile indépendamment de la partie armement du TTO, etc. Au niveau de l’écran du TTO est ajouté un écran d’interface de remontées d’alertes, qui permet de sélectionner la piste à suivre et à éventuellement traiter. La tourelle effectue un ralliement automatique sur le plot radar en quelques millisecondes, offrant une solution de tir immédiate grâce à son double gisement et une conduite de tir adaptée par les équipes au tir sur drone (via des mitrailleuses en 12,7mm ou en 7,62mm). 
 

mardi 13 mai 2025

Comand AI - Les assistants digitaux pensés en France des officiers d’état-major

Une création en septembre 2023. Déjà 12M€ levés en plusieurs levées. 3 produits en pleine montée en maturité. Un peu plus de 20 employés, avec des anciens de Palantir ou d’Andurill de retour en France, ou d’Open AI. 2 bureaux (en France et en Grande-Bretagne). Des 1ers contrats fermes signés en France et à l’étranger (comme en Allemagne), et d’autres pistes sérieuses à l’export (Grande-Bretagne, Ukraine, Pologne, Émirats Arabes Unis, Organisation du Traité de l'Atlantique Nord…). En moins de deux ans, la trajectoire du développement de la société française Comand AI est rapide, pour ne pas dire exponentielle, en bascule avant permanente pour tenir le rythme de l’évolution technologique et celui de la concurrence.

A l’origine, une intuition sur l’apport que pourrait apporter de manière raisonnée et rapide les algorithmes d’intelligence artificielle sur les taches les plus chronophages pour les structures de commandement, en offrant des briques utiles dans la boucle de déçision : « Plus qu’une simple automatisation pour gagner du temps, il s’agit d’une augmentation », explique la société. Ces structures de commandement sont composées de militaires, rares, dont la formation est longue et couteuse. Il y a dans les armées françaises un pool de 2.000 officiers environ en mesure de tenir des postes dans des structures hautes de commandement (brigade, division, corps d’armée…). Avec un peu plus de 100 à 200 nouveaux officiers formés par an. Sans même prendre en compte des taux forcément élevés d’attrition pour tenir correctement dans la durée ces structures en cas mise en œuvre des contrats opérationnels les plus exigeants, il en faudrait environ 10 fois plus.

samedi 3 mai 2025

Sesame Acoustics - Comment répondre par l’acoustique à l’impasse capacitaire actuelle de la couteuse et complexe fonction détection/localisation

Il est plus fréquent de mentionner la nécessité de faire autrement que de décrire concrètement comment y arriver, notamment quand il s’agit de répondre à une impasse capacitaire où les rendements sont décroissants du fait des coûts (quels qu’ils soient : financiers, humains…) qui augmentent sans apporter d’avantages tactiques décisifs.

Fondée en décembre 2022, la start-up alsacienne Sesame Acoustics apporte des réponses aux grandes questions que se posent tous combattants : Où est l’ennemi ? Depuis où cela tire ? Qui tire ? Pour y parvenir, Sesame Acoustics s’appuie sur la révolution qu’a connue ces dernières années l’acoustique, grâce à la simultanéité de « la réduction des prix des capteurs et des systèmes embarqués, l’augmentation de la puissance de calcul et d’analyse des sons, et la facilité à diffuser des alertes par la connectivité radio ». Elle concentre surtout ses efforts là où il y a le plus de valeur ajoutée, la couche logicielle, en s’appuyant sur des capteurs réellement à bas coûts, de simples téléphones portables. Ils permettent d’espérer regagner de la masse (du fait de coûts d'acquisition réduits), au service d'une plus grande efficacité de la boucle distribuée renseignement / acquisition / neutralisation.

Pour le développement de la solution MOSAIC (Moyen de Surveillance Acoustique Intelligente et Connectée), il ne fût pas question de concentrer ses efforts sur le développement du hardware, du fait du parti pris de s’appuyer sur des portables mis en réseau. Chaque combattant peut en posséder un, comme ceux portés au poignet ou sur des interfaces pectorales placées sur le gilet de combat ou le porte-plaques. Ils coûtent de l’ordre de 300€ (pour ceux de la marque Crosscall, par exemple), un investissement minimum, sont durcis pour mieux résister aux chocs, à l’humidité et aux changements de températures, et peuvent embarquer une batterie supplémentaire pour encore gagner en autonomie (jusqu'à 10 ou 15 jours). Dans l'armée de Terre, ils sont utilisés aujourd’hui comme terminaux du Système d'information unique du programme Scorpion - Débarqué (SICS-DEB). Plus globalement, de tels produits bénéficient de l’effort de R&D de plusieurs milliers d’ingénieurs de par le monde, qui fiabilisent ces objets du quotidien, notamment au niveau des microphones, de la consommation d’énergie et de la transmission de données. Il n’y a donc aucune valeur ajoutée importante atteignable rapidement via un effort de R&D. Sesame Acoustics les prends donc comme ils sont.

jeudi 3 avril 2025

Quelques remarques (non exhaustives) de retour du salon SOFINS

Si les forces spéciales sont bien spéciales, elles servent d'éclaireurs sur un certain nombre de sujets, et un événement comme le salon SOFINS permet de voir certaines tendances (non exhaustives) finalement assez transverses...

  • L’offre industrielle française en matière de drones matures est aujourd’hui globalement là, avec un rattrapage du retard particulièrement important. Il y a une réelle profusion en termes de spécifications/performances. Évidemment, des optimisations sont encore à rechercher, des rapprochements entre acteurs de la filière sont à réaliser, mais il y a un réel espoir de parvenir à des produits utilisables.
  • Le drone, c’est bien, mais finalement ce sont à la fois les charges utiles et l’intégration dans un système qui sont les plus importantes. La modularité est encore relative chez certains, tout comme la miniaturisation de certaines charges, et le juste milieu entre la logique propriétaire et la logique ouverte n’est pas toujours trouvé pour l’intégration dans des systèmes simples de partage de données.
  • La mise à disposition de cadres réalistes et récurrents d'essais et d'expérimentations est un vrai sujet pour les utilisateurs et les industriels, pour pouvoir jouer la profondeur du champ de bataille, l'affrontement des Rouges contre les Bleus, les aspects cinétiques, etc. Cela limite grandement les réflexions sur les cas d'usages, aujourd'hui sans limites, et qui sont les vrais différenciants en termes d'expérience engrangée par les partenaires plus avancés ou les possibles adversaires.

  • A l’inverse de la partie aérienne, l’offre en robots terrestres assez matures est encore relativement restreinte (quand bien même elle se structure autour d’une trame en masse relativement claire aujourd’hui : les petits, les moyens et les plus gros), avec des caractéristiques physiques du milieu terrestre rendant plus complexes le sujet de la mobilité et de l'autonomie (quand les robots sont quasi tous pleinement téléopérés avec peu d'aides)
  • L'intérêt de plateformes (véhicules, hélicoptères, avions, drones…) pas forcément si légères et compactes est bien perçu pour porter ici certains armements collectifs, lancer tels drones ou robots, servir de nourrice logistique, etc. Avoir des extensions possibles de type système mère – systèmes filles. Le tout sans multiplier les interfaces, les systèmes C2 (qui doivent accueillir des flottes de robots/drones hétérogènes), etc. C'est encore à des phases parfois embryonnaires de réflexion, mais cela avance, et pourrait avancer (si là aussi le sujet qualification/certification accompagne le mouvement plus qu'il ne le freine).

lundi 24 mars 2025

Mission (pas totalement) impossible - Sur les matériels d'origine française au sein des forces armées américaines

OK guys, il y a des matériels américains (des systèmes complets ou des sous-systèmes) en service au sein des forces armées françaises, parfois critiques et avec des restrictions. Mais quid de matériels d'origine française au sein des forces armées américaines ? Sans en faire là aussi en faire une liste exhaustive, quelques remarques en miroir d’un récent passage sur Le Collimateur : "Que ferait-on sans les Américains ? Dépendances et matériel".
 
 
Le 'Buy Americain Act' (et tout le corpus juridique approchant : l'Amendement Berry pour favoriser l'acquisition de certains produits en provenance des Etats-Unis, les Defense Federal Acquisition Regulation Supplement (DFARS), sorte de code des marchés publics de la défense, le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS) pour le contrôle des investissements étrangers…) restreint les acquisitions faites à l’étranger. Si cela laisse la place à un certain nombre d’exemptions (sous conditions), il est nécessaire de les justifier à la fois côté acheteur (avec un droit regard du Congrès américain, qui fait particulièrement son travail sur le sujet capacitaire, en ayant à la fois l'expérience et les moyens) et côté fournisseur. Aussi, en respectant un certain nombre d’alinéas (comme sur le pourcentage de la valeur du bien créé sur le sol américain, via la localisation du design, de la production, et/ou de l’assemblage, le partage des droits de propriété intellectuelle, la présence de citoyens américains pour le "US eyes only" empêchant la sortie de certaines informations contractuelles ou techniques hors des États-Unis, etc.), il y a une américanisation possible des équipements des forces armées américaines.

En moyenne, 200 à 300 millions de $ de biens à usage militaire sont importés par an par les États-Unis depuis la France depuis une dizaine d’années. Un montant qui est relativement stable d’ailleurs.

jeudi 13 mars 2025

Asterodyn - Des drones hyper-véloces français utiles quand la haute vitesse fait la différence

Quels liens entre les vols de sportifs extrêmes en combinaison ailée (ou ‘wingsuit’), ceux des pilotes de voltige aérienne et le monde de la défense ? Clairement un certain niveau d’exigence, mais aussi des drones. Et même des drones volant à plus de 300 km/h, permettant par leur maniabilité et leur fiabilité d’assurer des prises de vues au plus près des parachutistes et des avions filmés, et éventuellement de répondre à d’autres besoins du fait de leurs caractéristiques.

A la croisée des deux mondes

C’est en mêlant ces deux mondes que s’est créée en 2024 la société française Asterodyn. Elle combine les expériences de pilotes de ces drones ultra-rapides de captation de vidéos, d’ingénieurs développant depuis quasi 10 ans ces machines sur-mesure pour répondre à ces besoins bien spécifiques et de spécialistes des services aériens, experts notamment en navigabilité et maintenance. La société propose maintenant une gamme de plusieurs drones véloces destinés à un usage militaire. Certains fondateurs, en école d’ingénieurs ensemble, avaient beau avoir pris des chemins bien différents ces dernières années, ils se sont finalement retrouvés autour d’un même projet, portés par les mêmes valeurs.

Ces machines compactes, à propulsion électrique via leurs 4 ou 8 moteurs, atteignent actuellement des vitesses maximales entre 350 et 400 km/h, peuvent franchir des distances de l’ordre de 10 à 15 km, tout en emportant une charge utile de 300 grammes à 2 kg pour une masse en vol, selon les modèles, entre 1,5 et 10 kg.

Les drones de cette gamme, pilotés au moyen de lunettes type ‘First Person View’ (FPV), volent aujourd’hui. Leur design permet à la fois des accélérations fulgurantes (0 à 300 km/h en moins de 2 secondes), des vols sur place d’une grande stabilité, et plus globalement un faible niveau de vibration (pour éviter des images non nettes lors des prises de vues pour les usages civils). Les charges utiles embarquables peuvent être variées entre caméras de différentes sensibilités, boules optroniques, charges de renseignement électromagnétiques, demain des charges explosives, etc. L’énergie cinétique dégagée en impact direct, vues les vitesses des drones, est aussi pensée pour suffire en tant que telle sur certains cadres d’emploi, notamment pour des drones anti-drones.

vendredi 7 mars 2025

Podcast - "Que ferait-on sans les Américains ? Dépendances et matériel" (Le Collimateur)

Alexandre Jubelin, animateur du podcast Le Collimateur sur les questions de défense, m'a fait l'honneur de m’accueillir pour discuter autour de nos dépendances vis à vis du matériel d'origine américaine pour nos forces armées. C'est à écouter ici.
 

Au-delà des grandes masses (catapultes, Hawkeye, drones...), il est aussi nécessaire de "soulever le capot" et de se plonger plus en détails : communications, composants, hardware et software... Par ailleurs si certaines composantes de nos forces armées sont particulièrement sensibles à ces dépendances, des mesures de désensibilisation ont déjà été lancées depuis plusieurs années pour réduire ces dépendances. Néanmoins, le temps politique et de l'émotion n'est pas le temps de l'industrie et des capacités. Cela prend du temps, des moyens, et dans un budget de défense fini, et non sans limites, des choix et des priorités sont nécessaires dans l'analyse risques/bénéfices des chantiers à lancer pour atteindre cette souveraineté, qui consiste à choisir ses dépendances plus qu'à toutes les supprimer.

DCS, FMS, EAR, ITAR, GPS Code M, PRS de Galileo... J'espère avoir simplifier quelques réalités complexes, sans approche simpliste. N'hésitez pas en cas de questions et commentaires.

dimanche 16 février 2025

Arastelle - Faire simple pour permettre la persistance des micro-drones via un système filaire

Face à la durée très relative des batteries d’un micro-drone de 1 kg environ, quelle réponse apporter à cette limitation de leur emploi ? Leur mettre un câble d'alimentation, mais pouvoir très facilement passer d’un mode à l’autre, selon le besoin.

C’est ce que propose la start-up française Arastelle avec un dispositif simple pour rendre filaire certains drones, en les reliant à une source d’énergie avec un adaptateur et un fil ne nécessitant aucune modification du hardware et du software, et permettant donc d'utiliser un drone standard, parfois déjà détenu.

 Crédits : FSV / MA

Rester simple pour apporter une réponse pertinente à un réel irritant

Installé d’un simple clic à la place de la batterie habituelle, l’adaptateur est relié par un fil, qui peut atteindre une centaine de mètres, à une caisse faisant le volume d’une valise cabine et pesant 14 kg. Cette caisse dispose de 2 batteries lithium-ion pour fonctionner de manière indépendante entre 4 et 5h, et d’un ensemble de connecteurs pour être relié à d’autres sources d’énergie (secteur, générateur...).

Le système utilisé n’interfère pas dans la partie vol (en stationnaire ou en mouvement), qui reste gérée par le drone et la télécommande habituelle, tout comme la transmission des données. Cela facilite ainsi l’intégration en n’intervenant pas dans les softwares propriétaires des fabricants de drones et ceux de capteurs/senseurs. La tension du câble qui relie le drone à la caisse est gérée finement afin d’économiser la puissance nécessaire au vol, d'en limiter autant que de besoin le bruit, et éviter un câble trop lâche qui irait s’enrouler dans des obstacles à proximité.

Ainsi, il ne s’agit pas de développer un système avec un drone ad hoc, comme d’autres propositions qui existent, mais de s’appuyer sur des drones déjà connus et maitrisés par les utilisateurs, avec un système simple, robuste, standard donc sans optionnel.

jeudi 13 février 2025

Helsing - Industrialiser et opérationnaliser l'intelligence artificielle embarquée à des fins militaires

Avec les annonces faite par la société fondée en Allemagne Helsing, quelques grandes problématiques industrielles et capacitaires semblent donc avoir trouvé des débuts de solutions, à encore confirmer sur la durée.

- Embarquabilité de l’intelligence artificielle : il s’agit de mettre sur des drones d'une vingtaine de kilos pour moins d'1 m de long et d’envergure : plus de 4 kg de charge explosive, des batteries pour la propulsion et l’alimentation des systèmes, 4 moteurs électriques à hélices, des larges gouvernes (cf. ci-dessous), une partie liaison de données, des capteurs optroniques jour/nuit « pas forcément d’une excellente qualité » (donc avec des coûts pas les plus élevés) mais dont les performances de détection, reconnaissance et identification sont fortement augmentées grâce à des algorithmes qui tournent sur des central processing units (CPU) de taille réduite qui sont installées à bord pour faire du traitement en embarqué. Tout cela doit tenir dans un volume relativement réduit, supporter les contraintes aéronautiques et être convenablement alimenté en énergie.
 

Crédits : Helsing.

- Intégration hardware / software : du fait des profils d'attaque recherchés de la munition télé-opérée (haute vitesse, virages serrés...) pour réduire les possibilités d’être neutralisé de manière cinétique avant de faire but et du fait de l’optimisation nécessaire de la charge utile embarquée, une architecture dédiée a été développée, plutôt que de repartir seulement en se basant sur des designs existants de drones (en propre ou via des compétences extérieures internalisées). L'empennage arrière en forme de croix de Saint André et les 4 moteurs à hélices placés à l’arrière garantissent la possibilité d’avoir ces profils de vol adéquats, notamment pour la phase terminale des vols. Sur le plan des ressources humaines, cela nécessite évidemment de s’ouvrir à des profils autres, alors que la société était jusqu’à présent surtout composée de data scientists, de développeurs, etc. Il s'agit en plus d'avoir pour la société qui développe ce produit une gestion plus maitrisée des coûts et des tarifs, en n'étant pas uniquement sous-traitant d'un fabricant de la partie hardware (après avoir acquis de l'expérience auprès d'autres), quand la part software et algorithmique est généralement plus complexe à chiffrer, à la fois au moment de l'achat, mais encore plus dans la prise en compte contractuelle de l'amélioration continue (A quel rythme ? A quels coûts ? Avec quelles assurances ? Etc.).

mercredi 22 janvier 2025

Drone Français - La reconquête pas à pas de la souveraineté dans les drones

Regagner pas à pas une réelle souveraineté de développement et de production sur certaines briques technologiques aujourd’hui non maitrisées et utilisées dans les drones : c’est le défi qu'entend relever la société Drone Français lancée fin 2024.

S’appuyant sur leur expérience de Multinnov, fabricant de drones pour les inspections en espaces confinés, les dirigeants de la société ont dû se confronter aux difficultés d’avoir une pleine maitrise sur les contrôleurs de vitesse électroniques (Electronic Speed Controler - ESC en Anglais) ou les cartes de vol, éléments critiques pour la maitrise de profils de vol de plus en plus complexes dans certains contextes d'utilisation. Drone Français est ainsi l’aboutissement de 5 ans d’effort dans le domaine : "Nous nous sommes dit, qu’à la vue du contexte géopolitique, une renationalisation de l’industrie allait voir le jour. Ce qui est le cas aujourd’hui. Drone Français arrive donc au moment parfait", indique Maxime Bignard, un des dirigeants à l'origine de l'initiative. Drone Français s’appuie sur le savoir-faire de Multinnov, "sinon la société n’aurait pu exister", poursuit-il. "Aujourd’hui, la majorité des dronistes français achètent des solutions asiatiques, car ils n’ont pas le choix, et assemblent avec des PCB intermédiaires. Drone Français permet vraiment d’avoir une solution optimisée et souveraine", explique-t-il.
 

Le vol en intérieur, qui est la spécificité de niche de Multinnov, a permis aux entrepreneurs de rapidement avoir une connaissance fine des contraintes technologiques rencontrées, dans des vols en espace confiné plus contraignants et demandant plus de précision que des vols en espace ouvert. « Cela nous a mis face à de réels défis d’ingénierie, que nous avons su développer sur fond propres. Les technologies disponibles n’étaient pas adaptées aux drones que nous développions, et en plus il fallait les embarquer dans des drones aux spécifications particulières. Pour le vol extérieur, les technologies utilisées sont plus facilement accessibles en se fournissant en Asie. Pour le vol en extérieur, il n’y avait pas forcément une nécessité aussi forte de faire des développements profonds », précise le dirigeant. 
 

mercredi 27 novembre 2024

Le 17ème GA, acteur central d'une LAD terrestre en pleine transformation

Comment accélérer dans la lutte anti-drones (LAD) et la lutte anti-aérienne toutes armes en proposant, rapidement, en masse et à moindre coût, une menace extrêmement réaliste pour la formation et l’entraînement des unités de l’armée de Terre ? Pour répondre à cette urgence, le 17ème Groupe d’Artillerie (GA) de Biscarosse a décidé de produire en interne ses propres cibles, avec notamment le développement de toute une trame de drones. Une petite révolution industrielle découverte avec Forces Opérations Blog.

Tirant ses rôles actuels des unités en charge de l’expérimentation de certains systèmes sol-sol et sol-air (Hawk, Roland, bitube de 20 mm…) et de la sécurisation du site d’essais de missiles de la Direction Générale de l’Armement (DGA-EM) qui l’héberge à Biscarosse, le 17ème Groupe d’Artillerie (GA) est aujourd’hui le Centre d’entraînement spécialisé en Lutte anti aérienne toutes armes (LATTA), en Lutte anti-drones (LAD) et en cynotechnie de l’armée de Terre. 


Pas de quoi s’ennuyer pour les quelques 150 personnels du 17ème GA qui voient passer plusieurs milliers de stagiaires par an, qui viennent s’entraîner à se servir de fusils brouilleurs de drones, de tourelleaux téléopérés (TOP), de canons de 20 mm ou de leurs armes de dotation face à une menace venue du ciel. Ou encore à développer leurs compétences en conduite tout-terrain sur les pistes sablonneuses des dunes et des forêts toutes proches, ou qui viennent avec leurs compagnons canins à 4 pattes pour des stages en détection (d’explosifs ou, de manière plus innovante, d’hydrocarbures, notamment pour les opérations anti-orpaillage en forêt guyanaise) ou en neutralisation humaine, « au mordant », au sein du centre de formation cynotechnique du groupe.

Cela se fait via un catalogue varié de formations, pour répondre à certains enjeux d’adaptation, de massification et de densification de certaines capacités face à l’actuel contexte opérationnel. Et qui dits notamment formations et entraînements aux tirs, dits cibles nécessaires, et cibles nécessaires en masse.