Quels impacts des étalements de livraisons (notamment dues à des coupes budgétaires) sur les coûts et l'exploitation des flottes d'appareils ? En se basant sur un modèle théorique aussi exact que possible, Julien Maire, spécialiste des questions industrielles de Défense et auteur du blog European Military Aircrafts, apporte des éléments de réponses à cette question. Cet article faisant suite à celui sur l’impact multi-facteurs de la réduction de la taille des flottes d’appareils.
Comme modèle théorique, supposons un plan de livraison linéaire (donc sans accrocs chez le fournisseur…) pour une flotte de 12 appareils à raison de 3 appareils par an (1 en Janvier, 1 en Mai et 1 en Septembre). Comme dans le précédent exemple, le matériel a une maintenance périodique (qui dure 6 mois) de 400 h de vol ou tous les 2 ans. En conséquence :
Pour faciliter les calculs suivants, nous avons pris l’option de définir le plan de maturité en fonction d’une cadence de production, donc de livraisons. Mais, entre ces 2 aspects, c’est généralement l’histoire de l’œuf et la poule (qui arrive avant qui) : comme dans un PIC (S&OP), processus de Planification Industrielle et Commerciale, où le département Ventes/Commerce soumet un besoin au département Industrie/Production qui lui répond une faisabilité en fonction de sa capacité propre qui doit coïncider au mieux avec les attendus de l’autre département. Or le plan de livraison épaulé par le PIC est en réalité le croisement entre le plan de maturité attendu par le client et la réponse industrielle.
Ainsi, à ce rythme, la flotte sera entièrement livrée au bout de 3 ans et 8 mois (car (12-1) x 4 = 44 mois). Avec, une montée à plein potentiel en fin de 4ème année. Donc, moins de 4 ans de vie (et seulement 1 visite périodique) sépare la 1ère machine livrée et la dernière machine de la flotte.
Or, pour notre illustration, Loi de Programmation Militaire (LPM) et/ou restrictions budgétaires et/ou prises de retard par l’industriel obligent, en milieu de la 2nde année, le programme passe à 2 livraisons par an (Janvier et Juillet), sachant que celle de Septembre de n + 2 passe à Janvier de n + 3, pour encore plus limiter les besoins en crédits de paiements (et tenter de maximiser les économies de gestion en n + 2). Soit une dernière livraison arrivant au bout de 60 mois (et non 44 mois). Soit 16 mois plus tard qu’avec le rythme initial.