mercredi 29 mai 2024

"Drone Warfare" par Thales - Une approche collaborative pour le combat collaboratif avec et par les drones

Travailler ensemble, de manière ad hoc, pour garantir le développement de drones de contact (moins de 150 kg) intégrant le meilleur de différentes entités qui aujourd’hui foisonnent en France. Évidence sur le papier, cela ne l’est pas forcément dans les faits, du fait même d’un éclatement de la filière française des drones, et d’une maturité encore relative du marché (côté offre comme côté demande). Mais c’est le pari que tente Thales et un ensemble de partenaires, PME et start-ups, via l’initiative Drone Warfare. L’évolution rapide du besoin demande une forte agilité en développement et en introduction des solutions au sein des forces, le but ultime, en lien avec les autres systèmes utilisés dans la bulle aéroterrestre.
 
 
Cet écosystème regroupe différents plateformistes ou équipementiers, ayant des briques d’intérêts : détecteurs infrarouges miniaturisés de Lynred, boules optroniques légères gyrostabilisées de Merio, interfaces standardisées d’Hexadrone… Avec l’appui de Thales, systèmier-intégrateur, sur d’autres points forts : liaisons de données stables et sécurisées, intégration de l’IA embarquée via cortAIx, etc. Quelques focus permettent de mieux comprendre l’intérêt d’une telle démarche, avec des avantages attendus allant au-delà des seuls aspects liés aux drones. 

mercredi 22 mai 2024

Lecture - "Pilote de drone", par Pierre-Yves Le Viavant

La technologie et l’usage des drones évoluent, les histoires d’hommes les utilisant resteront lorsqu’elles sont écrites, surtout quand cette mise à l'écrit est servie par une belle plume. Les mandats des groupements tactiques français Hermes, Allobroges, Bison, Richelieu et autres se sont suivis avec "ces anges gardiens" au-dessus de leurs têtes, les vallées afghanes, hier aux noms un peu évocateurs de Tagab, Alasai, Bedraou, ou Uzbeen, aujourd'hui oubliées, sont restées hermétiques à toute présence étrangère dans le temps, quel que soit l’apport de ces machines volantes, devenues le temps de quelques mois quasi des créatures bien vivantes pour ceux qui les servaient.
 
 
Sans le moindre doute l’entièreté du récit "Pilote de drone" (aux Belles Lettres) mérite d’être lu, mais il sera possible de se nourrir tout particulièrement de certains chapitres de cet ouvrage ou de réflexions transverses chargées d'humanité déroulées au fil des pages. Pierre-Yves Le Viavant, capitaine au moment des faits et jusqu’à peu chef de corps du régiment des drones de l’armée de Terre, les Diables Noirs du 61ème régiment d’Artillerie, nous plonge dans ces mois d’opérations comme chef de la section SDTI (système de drone tactique intérimaire) déployée sur une base au Nord-Est de la capitale afghane, à Tora, entre fin 2010 et début 2011.

Il sera frappant de saisir tout au long des pages la description qui est faite par l’auteur de ces drones, et sur la prise de recul bien consciente de l’auteur sur cette relation avec "l’animal" ou "l’oiseau", qui n’est pas juste "une machine complexe et capricieuse". Le lien existant avec ces drones, présentés comme dotés de leurs caractères propres, est finalement bien plus qu’un simple lien via des flux de communications ou par les cinq sens. "Les drones ne sont que des outils. Une singulière transformation mentale se produit. Les aéronefs prennent vie. Maitres théoriques de la technique, nous devenons ses esclaves", écrit l’auteur avec un rare recul sur ces mois intenses passés au contact de ces drones, n'empêchant jamais un quelconque détachement froid, ou une désensibilisation, par rapport aux actions menées, comme bien des lignes le prouvent tout au long du livre.