Il est parfois heureux qu'un regard neuf
décortique un sujet donné, bousculant par son approche les critiques émises par
des spécialistes qui ne se renouvellent pas. Cela est d'autant plus vrai pour
la Défense. Du fait même de sa raison d'être (faire face aux risques et menaces
affectant la Nation), de son importance pour la communauté nationale, et de sa
part dans le budget (plus de 13% du budget général de l'État en comptant les
pensions, c’est à dire 41,27 Md€ sur 299,32 Md€ en 2013. En dépit de sa diminution
constante tant en valeur qu’en volume, ce budget représente un réel effort dont
il est légitime d’analyser l’utilisation.
C'est ce que propose dans son dernier ouvrage, avec un beau blindé M1 Abrams américain en couverture, YvanStefanovitch, journaliste d'investigation ayant déjà passé au crible d’autres institutions
(le Sénat, les régions, etc.). Néanmoins, un regard critique s'impose vis-à-vis
de ce "devoir d'inventaire". Il n'est pas question ici de défendre
l'indéfendable et d'annoncer, à tort, l'absence de gabegies dans la gestion des
précieux deniers du budget de la
Défense. Les dérapages financiers de certains programmes d’armement, les interminables
réformes menées en confondant vitesse et précipitation ou le calvaire connu par
certains avec le logiciel Louvois doivent plutôt conduire à un regard exigeant.