Qu'est-il possible de retenir des récentes opérations, notamment au Levant (cf. partie 1 et 2), pour l’artillerie française en termes capacitaires ? Qu’envisager comme réponses possibles aux probables opérations futures ? Une liste, forcément non exhaustive évidemment, de quelques enjeux parmi d'autres, pour le court et le moyen terme, peut ainsi être dressée.
Un besoin en artillerie non démenti. Les bilans et modes d'actions développés précédemment l’illustrent : le feu indirect (et parfois direct) de l’artillerie offre une large palette d’effets cinétiques, mais aussi non-cinétiques, dans l’environnement opérationnel actuel (en contre-insurrection comme lors d'affrontements plus symétriques), permettant d’apporter des réponses pertinentes à des besoins opérationnels : frapper fort, ou non, à temps, de manière dynamique, dans la durée, en s'adaptant aux modes d'actions adverses changeants, etc. Ainsi, les choix technologiques déjà faits dans le cadre du programme Scorpion de modernisation de l’armée de Terre, notamment pour le segment médian, conduisent à de vraies questions sur la future possible place de l’artillerie. En effet, le choix de certains calibres par d’autres armes, comme l’Arme Blindée Cavalerie, et la transition à venir du 90mm et du 105mm des canons des chars ERC-90 et AMX-10 RC au 40mm des tourelles CTA des futurs engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) Jaguar, laisse en suspens certaines questions, notamment du fait des performances anticipées pour certains calibres, et des défis technologiques encore à relever à court terme pour atteindre les performances annoncées. Et cela, sans laisser de trous dans la palette des options. C’est le cas, par exemple, de la qualification, pas simple à atteindre selon certains (mais en cours), de modes "air-bust" (à programmation de détonation) de certaines munitions de 40mm. Autre défi, plus structurel, la fin d’un relatif "confort opératif" pour les armées françaises et la relativisation de la supériorité des autres composantes des forces (notamment aériennes) dans leurs espaces communs respectifs. Du fait notamment de la diffusion de technologies dites "nivellantes" et de la montée en gamme des adversaires probables. Cela contraint les avantages de ces autres composantes, et leurs capacités d’appui aux forces terrestres (comme forces "demandeuses"), et cela oblige à penser à faire sans, ou du moins autrement. Par exemple, c’est le cas pour l’importance probable à l'avenir des capacités d’appui-feu organiques, pour pallier l’éventuelle absence d’appui aérien, notamment pour les feux dans la profondeur (avec des capacités variées à maintenir, "surfaciques", saturantes, d’extrême précision, etc.). En cela, les 13 systèmes LRU actuellement détenus peuvent paraître des échantillons de capacités, détenues, c'est déjà cela. En attendant également des roquettes, conservant la même précision, mais ayant une plus grande allonge via de nouveaux propulseurs (au-delà des 80km actuels, et jusqu’à 100 / 150km), et le développement parallèle, toujours à titre d'exemple, de raids d’artillerie longue distance via l'emploi d'appareils de transport stratégique A400M, qualifiés et disponibles.