Avant-hier dans les vallées afghanes, hier dans les zones urbaines ou péri-urbaines irakiennes et syriennes le long de la Kurdish Defense Line, à Mossoul, dans la moyenne vallée de l'Euphrate ou à Baghouz, encore aujourd'hui dans les étendues désertiques sahéliennes ou les montagnes de Makhmour au Kurdistan irakien, demain nul ne le sait... Le système d'armes composé de l'arme, de la munition, de l'optique, de l'optronique, du calculateur et des opérateurs formés et entraînés permet d'atteindre des performances élevées. Avec une réelle compétence dans le domaine du tir à très longue distance détenue et mise en œuvre par les militaires français. "Cela fait maintenant plus de 10 ans que les faits se sont déroulés, il est donc possible de commencer à en parler", précise d’emblée un militaire, vétéran d'Afghanistan et sans doute membre des forces spéciales, dans un commentaire sur un récent article publié par Michel Goya (dans sa série d’articles "Tueurs fantômes et anges gardiens"). "C’est le témoignage à la fois d'une action d’anges gardiens, et d'un record mondial inconnu", indique-t-il. Record mondial sans doute, et clairement peu connu en tout cas
Patch (non officiel) du mandat Jehol IV. L’arbalète (et son pénétrant carreau), symbole du Commandement des Opérations Spéciales (COS), visant un insurgé local transportant sur son dos son stock de roquettes type RPG. Crédits : privés.
Pour planter le décor, l’action racontée se déroule, de nuit, en avril 2011 en Afghanistan, au cours du mandat Jehol IV (environ de novembre 2010 à avril 2011). Jehol était le nom donné au déploiement des groupements de forces spéciales (GFS) françaises de la fin 2009 / début 2010 à décembre 2012, des GFS qui avaient initialement pour mission principale la localisation et la libération des deux journalistes français alors détenus en otage. Jehol est le nom d’un cheval ("Le Cheval Fou"), qui est une figure centrale dans le livre "Les Cavaliers" de Joseph Kessel. Ces GFS ont également appuyé les opérations menées par les militaires français de la conventionnelle, en localisant et neutralisant les chefs locaux insurgés et désorganisant les réseaux insurgés, dans la province de Kapisa et le district de Surobi, zones d’opérations des militaires français regroupés au sein de la Brigade La Fayette (Task Force La Fayette - TFLF), à cette époque dans son 3ème mandat, lors de l'opération Pamir. Après la libération des 2 journalistes en juin 2011, le déploiement sera aussi connu par la suite comme la Task Force 32, sous le commandement de l’état-major "forces spéciales" de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), et non plus sous commandement français. Des mandats Jehol qui seront marqués par un durcissement des opérations, dans une zone d’opérations très concentrée, dans la continuité de l’apprentissage et de l’innovation connue lors de l’opération Ares (Août 2003 - Janvier 2007). Une épopée afghane formant "le creuset du contre-terrorisme" pour les forces spéciales françaises, pour reprendre les termes du général Eric Vidaud, actuel général commandant les opérations spéciales (GCOS), dans l'ouvrage "Les Guerriers sans nom" de Jean-Christophe Nottin. Notamment pour le ciblage : apports des drones, de la guerre électronique, des IMSI-catchers, fusion du renseignement multi-sources, raccourcissement de la boucle renseignement/action…