Appui au contact, franchissement, contre-minage… Autant de capacités clés pour être prêt "dès ce soir", mais qui, manquant encore singulièrement d’épaisseur dans l’armée de Terre, méritent une nette densification. Alors que l’arme du Génie fait face à 6 ruptures temporaires de capacités - les bien connues "RTC", avec des équipements devenus échantillonnaires dans plusieurs domaines, plusieurs grands axes d’efforts font désormais l’objet d’une attention particulière pour retrouver solidité et crédibilité dans ce volet indispensable du combat terrestre. Ce mouvement s’accompagne d’un durcissement des capacités de chaque régiment du Génie sur tout le spectre de ses savoir-faire, afin de maximiser l’appui apporté en autonome à sa brigade interarmes (BIA), dans la perspective d’un engagement de haute intensité. Ce durcissement est en outre amplifié par le recours systématique à des procédés et capacités innovants, inspirés par l’observation des conflits actuels. L’exemple le plus frappant est naturellement l’usage des drones. Les sapeurs mettent ainsi en œuvre leurs systèmes à chaque opportunité, tant aucune manœuvre ne se conçoit plus sans cet appui crucial.
D’ici 2030, une capacité d’appui au contact, clé de l’aménagement du champ de bataille
Le maintien en service de l’engin blindé du génie (EBG) - véhicule à chenilles sur base d’AMX-30B2 entré en service en 1988 pour les missions d’appui à la mobilité et de contre-mobilité - est un défi quotidien. Son maintien jusqu’en 2030 va exiger des efforts significatifs, et c’est la raison pour laquelle la livraison dès 2029 des 5 à 6 blindés têtes de série de son successeur, l’Engin du Génie de Combat (EGC), ex-Moyen d'appui au combat (MAC), est indispensable pour ne pas compliquer encore un tuilage déjà critique.
Un travail significatif de simplification des spécifications a été réalisé pour parvenir à un engin qui roule, qui aménage le terrain et qui est protégé, soit un engin moins complexe mais pas moins performant. L’EGC doit être capable de tirer, creuser, pousser et d’évacuer la terre, tout en étant capable d’assurer son autoprotection, avec un tourelleau téléopéré. L’EGC dispose également de réserves de masse et de puissance conséquentes qui permettront d’ajouter de nouveaux outils, évitant ainsi d’avoir à fiabiliser dès le début un complexe "tout-en-un". Les choix faits en termes de vitesse et de mobilité (roues), sans impasse sur la capacité d’emménagement et de protection, feront de l’EGC le moyen apte à garantir le rythme de la manœuvre interarmes d’un GTIA Scorpion. L’étude de diverses solutions à base de militarisation d’engins civils n’a pas donné satisfaction. En particulier, certaines limites de mobilité et de vitesse de travail (comme pour les imposants bulldozers D7 et consorts, qui doivent être déployés directement à proximité des zones de travail) ont conduit à rechercher un compromis différent.