dimanche 31 mars 2024

Industrie - Accélérer la sortie de l’IA des laboratoires pour l’opérationnaliser au service des forces : l’écosystème cortAIX de Thales (+MAJ)


Avec déjà une centaine de produits en catalogue intégrant de l’intelligence artificielle (IA), Thales compte aujourd’hui accélérer le mouvement et industrialiser l’IA embarquée dans des systèmes critiques de défense. Pour réussir ce défi, et aussi pour faciliter la lisibilité de ressources internes actuellement éclatées, Thales a récemment lancé l’écosystème cortAIx. Il s’agit à la fois d’une organisation informelle permettant un meilleur partage, et, sur certains aspects, aussi une organisation managériale via des entités concentrant les expertises :
  • cortAIx lab : une force de frappe mobilisable de manière transverse sur les sujets certification, qualification, propriété intellectuelle, cybersécurité, et autres, située principalement sur le Plateau de Saclay (donc proche de la partie recherche de la récemment annoncée Agence ministérielle de l'intelligence artificielle de défense (AMIAD) du ministère des Armées) ;
  • cortAIx sensors : pour combiner IA, ingénierie système et sciences des matériaux (sur radars, sonars, radios, optroniques...), et répondre au mieux aux problématiques de frugalité en énergie, d’embarquabilité et d’intégration, dès le développement des produits, de la partie software et hardware au sein des capteurs ;
  • cortAIx factory : une usine technologique (à Paris, Rennes, Singapour et au Canada) pour l’accélération et la qualification des solutions dans les différents cas d’usage d’aide à la décision, que cela soit en planification de missions, pilotage de drones/robots, Command & Control (jusqu’au C6ISTAR…), etc. ;
 
 
Plusieurs partenariats sont envisagés dans ce cadre, voire déjà en cours (avec des start-ups, des centres de recherche, des industriels...), dont notamment une très forte volonté de Naval Group de travailler avec l'écosystème cortAIx, dans le cadre de modalités encore à finaliser. Au final, d’ores et déjà, l’IA quitte bien les laboratoires de recherche pour s’apprêter à connaître une utilisation en conditions opérationnelles dans plusieurs domaines.

L’IA au service des opérateurs radars de la patrouille maritime dès 2025


Dès début 2025, des briques d’IA seront intégrées dans les radars Searchmaster fournis par Thales et installés à bord des appareils de patrouille maritime ATL-2 de la Marine nationale. Un contrat dans le cadre des « Autres opérations d'armement » (AOA), différent de celui de passage au Standard 2 d’une flotte de 18 appareils ATL-2, permet cette mise à jour des radars. Les exigences du client (Direction générale de l’armement / Marine nationale) comprenaient le calibrage automatique et intuitif des radars en fonction des missions (un processus jusque-là fastidieux), la détection plus rapide des cibles d’intérêts dans la masse de données remontées (pour limiter la charge cognitive des opérateurs radars embarqués, grâce à des algorithmes d’optimisation et un apprentissage profond) et le fait que ces radars soient apprenants (en prenant en compte les acceptations ou les refus des opérateurs aux propositions faites, via l’apprentissage par renforcement).

lundi 25 mars 2024

Industrie - Du Serval à l'export : comment Texelis a pris le train de la défense

De parfait anonyme, Texelis est devenu en quelques années l’un des quatre acteurs majeurs du renouvellement du segment médian de l’armée de Terre. Un « tampon SCORPION » qui légitime son entrée en lice pour d’autres programmes français et annonce un nouvel élan à l’export.

Du ferroviaire à la défense

Texelis n’a pas manqué le train de la défense. Inconnu il y a encore deux ou trois ans, ce spécialiste des solutions de mobilité est désormais bien installé dans le paysage grâce au déroulement sans anicroche du programme Serval conduit au profit des armées françaises. Un succès qui, combiné, à plusieurs expériences fructueuses passées, vient appuyer actuellement une nouvelle dynamique sur le marché export.

Un industriel au cœur de la région de Limoges.

Quelques personnels étant aussi présents à Lyon (l'équipe commerciale et la partie technique sur les faisceaux électriques) et à Roanne (au sein de Nexter - KNDS France pour la bonne réception des Serval).

L’entreprise limougeaude achevait 2023 avec un chiffre d’affaires de 112 M€, un résultat « en forte progression par rapport aux 72 M€ enregistrés en 2022 », concomitant de la montée en puissance du segment défense. L’activité restera stable en 2024 avant de partir graduellement à la hausse parallèlement à la montée en cadence de Serval et aux premiers effets de la mise sur marché de Celeris, variante exportable de la solution conçue pour le client français. « Normalement, vers 2027, nous serons pas loin de 200 M€ », prédit Jean Vandel, responsable de la BU Défense.

Cette trajectoire aura une incidence sur le ratio entre activités militaires et civiles. Aujourd’hui équilibré, celui-ci évoluera pour porter la part défense à près de deux-tiers du chiffre d’affaires d’ici trois ans. Les ressources humaines suivent la même courbe. De plus de 400 employés actuellement, prestataires et intérimaires, les forces vives grandissent chaque année d’une quinzaine à une vingtaine d’employés en plus, particulièrement dans des bureaux d’étude poussés par plusieurs programmes à venir sur lesquels nous reviendrons. Le gros des troupes œuvre à Limoges, faisant de Texelis un employeur important à l’échelon régional. Caractéristique rare dans cette filière et qui n’aura pas manqué de surprendre positivement plusieurs haut gradés de passage : l’entreprise agrège à elle seule cinq métiers. « Nous développons, qualifions, fabriquons, intégrons et soutenons », énumère Jean Vandel.