lundi 29 septembre 2008

Rien ne cloche...?

Copier/coller fait vers 09:24 aujourd’hui sur le site de trois grands journaux de la presse française. Regardez les titres, les extraits et les horaires… Comment fait-on si on ne prend pas le temps de comparer et de confronter nos sources? Il est apparemment vrai qu'il y a eu plus de 4 blessés au sens strict du terme. La gravité des blessures allant d'une jambe cassée à des éclats de rochers ou de roquettes, est la variable prise en compte pour une comptabilité différente.

Quatre soldats du 8e RPIMa blessés en Afghanistan
Le Point - Il y a 37 minutes
Publié le 28/09/2008 à 18:43 - Modifié le 29/09/2008 à 08:34

Quatre soldats français du 8e RPIMA (Régiment de parachutistes d'infanterie de marine) ont été blessés samedi lors d'un accrochage avec des rebelles dans le village d'Ebdakel, dans la province de Kapissa, au nord-est de Kaboul. Le soldat le plus sérieusement blessé a une jambe cassée, et les quatre victimes ont été transportées à l'hôpital militaire de Bagram, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale afghane, a indiqué l'Agence France Presse.


Huit paras de la région blessés en Afghanistan
LaDépêche.fr - Il y a 44 minutes
Publié le 29/09/2008 à 08:30 - Modifié le 29/09/2008 à 08:46

Quatre soldats castrais de la 1e compagnie ont été blessés par les éclats d'une roquette antipersonnel . […]Le 35e Régiment d'Artillerie Parachutiste de Tarbes et le 17e RGP de Montauban se sont également retrouvés en première ligne et n'ont pas été épargné. Le médecin et l'auxiliaire sanitaire tarbais qui assuraient sur place le soutien médical ont été blessés par des éclats de roquette, alors qu'ils portaient secours aux soldats touchés. « Malgré ces blessures, qui se sont avérées légères, ils ont néanmoins continué à assister leurs camarades, à leur apporter les premiers soins et à les conditionner pour qu'ils puissent être rapidement évacués par hélicoptère […] » selon le colonel Pèlerin, chef de corps du 35e RAP. Les soldats montalbanais n'ont été, eux que très légèrement blessés.

Neuf soldats français blessés en Afghanistan
Le Figaro - Il y a 2 heures
Publié le 29/09/2008 à 06:59

Neuf soldats français ont été blessés samedi lors d'un accrochage avec des rebelles dans le village d'Ebdakel, dans la province afghane de Kapissa, au nord-est de Kaboul. […] Quatre des militaires ont nécessité une évacuation d'emblée par hélicoptère sur Bagram, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale afghane. Le soldat le plus grièvement blessé a une jambe cassée et sera rapatrié en France. Les trois autres victimes, atteintes par des éclats de roquette, étaient hier soir en observation à l'hôpital militaire de Bagram. Tous les autres soldats impliqués dans l'accrochage ont pu regagner leurs bases à Nijrab et Tagab. Un des attaquants a été tué et deux autres blessés.

dimanche 28 septembre 2008

Gaston Bouthoul ne m’a pas complètement convaincu…

Je lisais un des ouvrages de Gaston Bouthoul intitulé : Phénomène guerre moins connu que son célèbre Traité de polémologie. Sociologue du 20ème siècle, il développe la polémologie ou science de la guerre qui est l’étude scientifique et positive des phénomènes d’agressivité collectifs comme des faits sociaux. Tout ceci dans une approche pacifiste au nom d’une nouvelle maxime : « Si tu veux la Paix, connais la Guerre ». Quelques idées méritent qu'on s'y attarde.

« C’est presque toujours par la guerre que s’établissent les primautés qui mettent pour un temps plus ou moins long un certain type de société à la tête de l’humanité. […] D’autre part, la guerre est en même temps le principal des facteurs de cette imitation collective qui joue un si grand rôle dans les transformations sociales ».

C’est une des grands caractéristiques de la guerre que d’être (par facilité ou/et par réalité), considérée comme une rupture, un tournant ou le début d’une ère nouvelle tout au long de l’Histoire de l’humanité. C’est aussi un fait d’importance au sein de la sociologie dynamique pour ce qui concerne le développement et la diffusion de procédés, d’idées ou de découvertes (que bien souvent le perdant prend sur le vainqueur par mimétisme). On peut pousser plus loin en ajoutant que la guerre est un accélérateur pour la recherche et l’innovation avec des productions non exclusivement destinées à des fins militaires.

« La présence des armes ne suffit pas si les hommes qui les possèdent ne sont pas animés par une impulsion belliqueuse ».

Après avoir défini la guerre comme le résultat d’une accumulation de sentiments belliqueux, il propose dans le cadre si chère à l’époque d’une histoire cyclique, un parallèle entre les variations démographiques et la hausse ou la baisse des hostilités qui naissent pour lui de ce trop plein d’hommes (et la Russie aujourd’hui avec ses pertes démographiques d’importance qui n’empêche pas, pour le moment, sa politique de restauration de la grandeur passée qui passe par des phases d’affrontement ?). A la suite des combats, il y a alors « une relaxation démographique » qui calme les instincts belliqueux. L’Histoire récente ne le poussant pas au pessimisme avec une reprise démographique rapide au lendemain des deux conflits mondiaux : « La paix n’apporte plus la paix. Notre seul rempart n’est que psychologique par la mémoire de ceux qui ont vécu la guerre».

Il est pleinement lors de son analyse historique dans la conception d’un modèle catastrophique pour l’évolution de la guerre (que les trente dernières années ont un peu attenué d’ailleurs) en commençant dans un passé très lointain jusqu’à son époque où l’évolution des pertes humaines ressemblent à une courbe exponentielle. Après les rixes et les escarmouches primitives, les affrontements mondiaux sont qu’une étape avant celle, apocalyptique avec l’apparition de l’arme nucléaire, qu’il prédit vers 1970-1975. Avec une approche démographique quasi exclusive illustrée par les outils statistiques très à la mode, différentes lois sont énoncées comme celle annonçant qu’au moins de façon temporaire la guerre augmente le taux de mortalité.

Bouthoul résume en une maxime issue de la pensée de Bergson en 1936 « Laissez Vénus (déesse de l’Amour) et vous aurez Mars (dieu de la Guerre) ». Ce qui est nécessaire comme élément d’analyse mais pas suffisant. La politique ne détient pas tous les outils pour prendre en compte les volontés belliqueuses de ses sujets ou pour jongler avec la natalité. Il définit un secteur quartenaire qui est celui des activités destructrices (militaires, mais aussi ouvriers des arsenaux ou ingénieurs) en omettant les décideurs dont la parole engage tous ces moyens.

Sa deuxième approche plus courte est économique. La préparation économique de la guerre nécessite une mise de départ avec des stocks entassés (humains mais aussi matériels) pour définir des conjonctures préguerrières. Ses penchants marxistes apparaissant : « L’économie dirigée et le contrôle des monnaies permettent à la vie économique d’être la continuation de la guerre par d’autres moyens » avec la dénonciation du capitalisme comme système politique pour lui augmentant les causes d’affrontements armées que cela soit par des guerres de surabondance économique, de débouchés ou de pénuries. L’un des résultats de la guerre est alors la destruction des surplus de producteurs et des biens de produits ou consommés.

Les impulsions belliqueuses au centre de son l’analyse, ne seraient elles pas plus que d’être des simples volontés personnelles, la traduction de volontés plus globales issues des dirigeants ? L’antériorité et la subordination des uns par rapport aux autres étant alors bien souvent fort complexe (rarement comparable pour en tirer une loi) à définir en prenant en compte autant que l’on peut le faire la raison des gouvernants, la maniabilité des opinions, les politiques en inadéquation avec les moyens... Pour lui « Il semble que les facteurs économiques soient au service des impulsions belliqueuses ».

jeudi 25 septembre 2008

Et en Tchétchénie ? Tout va mieux merci !!!

Que cela soit la guérilla en milieu urbain de Grozny en 1999, le théâtre de la Doubrovska en 2002 et l’école de Beslan en 2004 marquant l’apparition des prises d’otages à très grande échelle ou l’emploi récurrent de l’expression « des filières tchétchènes » pour définir la provenance d’individus de la mouvance terroriste internationale, tout ceci avait mis sous le feu des projecteurs cette république qu’est la Tchétchénie. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Sans dresser un portrait complet de la situation plusieurs points d’importance peuvent être mentionnés.

Tout d’abord, ce qui marque les dépêches de Presse est la fréquence des blessés et des tués lors d’attaques et d’accrochages entre des forces de sécurité et des éléments dits terroristes. Il ne se passe pas une semaine depuis 2000 (malgré les affirmations officielles du Ministre de l’Intérieur tchétchène pour l'année en cours) sans qu’un de ces événements ne se produisent. L’envoi de troupes (un gros bataillon au maximum) de la 42ème division de fusiliers motorisés qui a pour garnison permanente la Tchétchénie lors de la campagne estivale en Ossétie du Sud, est le signe pourtant d’une amélioration des conditions de sécurité avec le dégarnissage d’un théâtre auparavant prioritaire. Malgré les efforts fournis par des effectifs nombreux (de la régulière, des forces du FSB ou par les Spetnaz) et les méthodes que l’on qualifiera de musclées pour la lutte anti-terroriste qui conduira à la mort d’une des figures charismatiques Shamyl Bassaïev en juin 2006, ses anciens camarades toujours traqués dans les montagnes tchétchènes, réussissent pourtant avec des effectifs peu nombreux (le Ministère de l’Intérieur russe parle de 400 à 500 combattants) à faire parler d’eux.

Peu soutenus car issus d’une frange minoritaire de l’Islam, le wahhabisme, face à un Islam plus de couleur locale majoritaire, et basant leurs revendications sur l’indépendance, option encore rejetée lors d’un référendum récent en décembre 2007, le mouvement d’insurrection n’a jamais pu prendre une ampleur nationale. La présence d’éléments étrangers comme des hauts responsables jordaniens (Haled Youssef tué il y a peu en Ingouchie) de la mouvance Al-Qaeda est attestée dans le Caucase du Nord malgré les efforts policiers de l’année passée (190 « bandits liquidés », 150 retournements, 700 arrestations et 2.000 tonnes d’explosifs !!!!). Le plan de Bassaïev, pour donner de l’ampleur à son mouvement, était de joindre aux forces regroupées au sein du "bataillon des martyrs tchétchènes", toutes les volontés du Daghestan et de l’Ingouchie voisines. Sur le mode d’action, rien de bien nouveau que cela soit par le harcèlement lors d’attaques brèves à la mitrailleuse et aux lances grenades des postes de sécurité, des attentats à la bombe mais aussi à grande échelle, une guerre de mines pour saturer des zones. Les mouvements indépendantistes peu structurés participent eux aussi, indépendamment, à ces tensions. Malgré certaines apparences (surveillance de la tenue des femmes, des étudiants ou contrôle des débits de boisson), le président Kadyrov, musulman convaincu, se défend de vouloir instaurer la charia ou loi islamique en Tchétchénie, préférant juste appeler à une application scrupuleuse des préceptes du Coran pour une vie civique de tous plus agréable en ajoutant qu’il avait « utilisé l’Islam comme instrument de lutte anticriminelle ».


Dirigé par un fidèle de Moscou, la Tchétchénie avance petit à petit sur la voie de la normalisation post-conflit. Faisant suite au référendum de 2007, des réformes politiques et institutionnelles se déroulent avec la future composition d’une unique chambre pour le Parlement lors d’élections normalement prévues le mois prochain. La reconstruction grâce à l’argent injecté par Moscou (pour 2008-2011 plus de 120 milliards de roubles soit 5 milliards de dollars), bat son plein avec la construction d’hôpitaux et d’une université ou d’un aéroport international à Grozny même si la corruption à tous les étages de l’Etat ne facilite pas la réalisation des projets. Souvent critiquée par les organisations de défense des Droits de l’Homme mais peu attaquée pour ne pas froisser le Kremlin par les Etats eux-mêmes, la présidence tchétchène tente, tout en ne niant pas les disparitions (5.000 environ selon les autorités depuis 1994 et la première campagne de Tchétchénie), les charniers (une cinquantaine de recensés) et les méthodes de la lutte de contre-terrorisme, mettre en avant les efforts. Il y a quelques jours le délégué tchétchène aux Droits de l’Homme annonçait fièrement l’absence d’enlèvements depuis le début de l’année. En avril 2008, la république tchétchène avait reçu la visite du commissaire européen aux Droits de l’Homme, Thomas Hammarberg, qui se montrait confiant. Il avait mis en avant l’activité trouble d’un bataillon nommé Vostok (envoyé en Ossétie), formé de tchétchènes s’étant montrés des aides de qualité pour traquer leurs anciens camarades avec une préférence pour les tactiques de la terre brulée. Il est dirigé par Soulim Iamadaïev dont les services ne sont plus autant appréciés par les hautes autorités militaires car il est soupçonné avec son frère d’être une des plaques tournantes du trafic de drogue et d’armes qui transitent dans la région. Ces trafics soutenus par des oligarques du crime qui corrompent des fonctionnaires jusqu’au sommet de l’Etat sont alors le nouveau défis des services de sécurité. Encore faut il une réelle volonté de le faire, tant les intérêts de tous sont troubles.

Pour conclure et pour éviter toute confusion, au moment de l’indépendance du Kosovo en février 2008, les autorités répétaient sans relâche qu’une analogie de processus menant à l’indépendance n’était pas envisageable tant l’attachement à la Fédération de Russie avait été affirmé à plusieurs reprises comme en 2003 lors d’un premier référendum. Et cela surtout lorsque l’on connait la position russe vis à vis de cette indépendance kosovarde, jugée « illégitime et sans fondement ».

mercredi 24 septembre 2008

Citation 12.

« Si l'outillage opérationnel est remarquable, pour ne pas dire unique, la définition des objectifs politiques ne bénéficie pas de la même rigueur. Il s'agit peut-être là d'un déficit culturel, non des spécialistes, mais de ceux qui prennent des décisions politiques, soit de façon globale, soit sur le terrain ».
« Les actions extérieures se font d'avantage dans le cadre de maintien de la paix que pour des motivations martiales. "Quand la Défense avance, la paix progresse", proclame un slogan de l'armée française. Dans cette vision de l'emploi de la force, quelle place est laissée au phénomène guerre? Les opérations de stabilisation ou de restauration de la paix ont leur utilité et les armées doivent s'y adapter, mais la force et son usage éventuel restent essentiels ».

Par Gérard Chaliand, in Le nouvel art de la Guerre.

mardi 23 septembre 2008

Violence, société et action des forces.

Le degré d’acceptation de la violence dans les sociétés occidentales permet-il encore de donner des bilans de l’action des forces en opérations ?

Lors de son discours (assez complet et de loin le plus intéressant dans le morne débat que nous ont proposé les députés, ceci dit en passant…) du premier ministre François Fillon à l’Assemblée Nationale hier, il énumérait un ensemble d’avancées dans le domaine de la reconstruction : « En 2001, seuls 800.000 garçons étaient scolarisés en Afghanistan, les écoliers sont aujourd’hui 6 millions, dont 40 % de filles. 4000 écoles ont été construites et le nombre des professeurs a été multiplié par 7. Le taux de mortalité infantile a baissé de plus de 25 %. Plus de 10.000 personnels de santé ont été formés et déployés depuis 2002.Le nombre de centres médicaux a été accru de 60 %. Ce pays, qui ne comptait que 50 km de routes praticables, en possède désormais plus de 4000. La production d’électricité a triplé. Plus de 20 % de la population afghane a désormais accès à l’eau potable contre 4% en 1990. 70 % des électeurs afghans ont voté lors des élections présidentielles de 2004. Le Parlement afghan compte près de 30 % de femmes. » La partie à caractère plus civile de la stabilisation impossible sans la présence des forces assurant le retour de l’ordre et de la sécurité lors de la contre-insurrection, était alors chiffrée et mise en avant.


Par contre rien ou presque sur les résultats des actions armées : pas de prises d’armements, de matériels saisis, de prisonniers, d’ex-taliban retournés et encore moins de pertes chez l’adversaire. A la différence par exemple des longues énumérations quotidiennes faites par le porte parole des forces pakistanaises sur le nombre de taliban tués qui ne produisent pas des répercussions scandalisées d’une société moins développée (sans aucun procès d’intention et valeur dépréciative de ma part). Les seules pertes acceptables dans les sociétés occidentales ne seraient elles pas celles de ses propres rangs ?


Il n’est plus possible alors pour contrebalancer ou équilibrer ces pertes, d’annoncer les pertes des insurgés. Le concept « zéro mort » quasiment irréalisable du point de vue militaire, est apparemment complètement intégré dans les sociétés civiles : zéro mort parmi nos forces mais aussi zéro mort chez l’adversaire ? Le temps est loin où la victoire et la défaite se mesuraient entre autres, au ratio entre les pertes amies et ennemies. Mais pourquoi envoyer des soldats en COIN, si ce n’est prendre le risque d’avoir des pertes et des actions de feu entrainant la mort ? C’est « inhérent » à la condition de militaire aimait on à répéter lors de l’embuscade du 18 aout…

Pour élargir le débat, dans son excellent ouvrage (court et complet donc chaudement recommandé) intitulé Le Nouvel Art de la Guerre, Gérard Chaliand dans une analyse en deux parties, du passé (pourquoi les armées occidentales ont essuyé des défaites dans des guerres irrégulières) et du futur (les armées peuvent elles gagner ces oppositions ?) il revient sur cette question des pertes en annonçant : « le fait d’être devenu très parcimonieux en pertes humaines ne reflète pas seulement une modification de la sensibilité occidentale, en partie du au vieillissement de la population, mais une conscience aigue de la capacité limitée de remplacer les troupes ». Et comme toute déclaration, cela peut prêter à débat…

lundi 22 septembre 2008

Au suivant.

J’attends avec beaucoup d’impatience la future parution exclusive dans le bulletin municipal trimestriel de Trifouillies-les-3-clochers du rapport inédit « top-secret-confidentiel-secret-défense » écrit par le DDIFRB ou Direction de délivrance des informations fausses et des rapports bidon (organisme hautement reconnu dans le petit monde médiatico-militaire). Ce rapport reviendra avec une analyse de fond sur la non-perception des boutons de treillis réglementaires par une compagnie entière de paras-colos juste avant qu’une de ses sections soit mise hors de combat. C’est ce qui s’appelle « la guerre des boutons »…

Au nom de la recherche de l’inédit, du sensationnel, de l’exclusivité (et donc du profit), certains journalistes particulièrement scrupuleux sont prêt à oublier certaines valeurs et d’où ils viennent. C’est ainsi que par des documents faux ou avec des mots malhabiles pour une vérité tronquée, régulièrement sortent des informations erronées.


Ce n’est un secret pour personne par exemple, que d’annoncer, qu’une fois débarqué de ses véhicules de soutien porteur de munitions, pour progresser sur un chemin de montagne qu’aucun véhiculé terrestre ne peut emprunter par sa déclivité et son encaissement, le fantassin ne peut pas porter telle une mule 30 chargeurs sur lui (ce qui lui permet de tenir 8 à 9 heures de combat…).

On ne traite pas de la même façon le nouveau copain de Samantha, la dernière virée nocturne de Nickie, la rupture de Johny et une situation qui a fait 10 morts…

Alors Messieurs et Mesdames (d’ailleurs) les journalistes, on siffle la fin de la récréation. On revient au cœur du métier : informer, expliquer et analyser. On ne tombe pas (quelque fois malgré soit…) dans l’entreprise de subversion (aie, l’affreux mot est lâché…) des Taliban pour miner les opinions occidentales : on peut être forcé de choisir son camp, mais pas juste dans des intérêts purement économiques, ou pour gagner un peu de notoriété…

dimanche 21 septembre 2008

Elimination, fixation ou tremplin à un développement géographiquement plus grand ?

Si l’on tente d’analyser les effets de l’interventionnisme dans le cadre de « la guerre contre le terrorisme » ou de « la guerre contre la terreur » vis-à-vis des ennemis déclarés : une nébuleuse et un ensemble complexe de miliciens, kamikazes, combattants, soutiens de régimes ou de personnes prônant principalement une idéologie islamiste c'est-à-dire une vision politique de la religion (et non islam-ique : qui a un rapport avec l’Islam), au cours du temps, certains changements s’opèrent quelque fois en se chevauchant.

Après le 11 septembre 2001, une Coalition menée par les Etats-Unis épaulée par l’Alliance du Nord dans le Nord-est de l’Afghanistan renversent le régime des taliban à majorité pachtoune représentée plus que dirigée par le « commandeur des Croyants » le mollah Omar. L’opération « Liberté immuable » met le pied dans la fourmilière d’un amalgame composite de combattants, d’apprentis terroristes, d’étudiants en religion, de chefs de cellules. Dans un mouvement de physique dynamique des fluides, la majorité fuient à pied, à cheval ou en mobylette le pays occupé par les forces dites « occidentales » des différents mandats. C’est ainsi qu’après de durs combats comme dans la prise des grottes dans les montagnes de Tora Bora, beaucoup de combattants sont éliminés et le semblant d’organisation de la nébuleuse d’Al-Qaeda semble plus ou moins touché. Le non-centralisme des structures ne permet pas alors une victoire définitive en s’attaquant au centre de gravité clausewitzien malgré quelques succès tactiques quand régulièrement des hauts responsables, bien vite remplacés sont tués. Les éléments adversaires se révèlent être une hydre à plusieurs têtes qui repoussent dès qu’une est tranchée.

En Irak, en 2003, l’opération Iraqi Freedom, au nom d’une guerre que l’on définit comme préventive si on ne veut pas rentrer dans des considérations sur les ressources énergétiques à saisir, les Américains là aussi épaulée par une Coalition multinationale remportent la Deuxième guerre d’Irak en renversant le régime de Saddam Hussein censé entre autres soutenir activement les membres d’Al-Qaeda devenu déjà alors un label plus qu’une organisation. Commence alors après le renvoi des membres de l’ancienne armée du régime Baasiste, une insurrection locale puis très vite avec les aides de combattants venus d’horizons divers, une lutte de guérilla saupoudrée de terrorisme contre les forces occidentales « occupantes ». L’Irak devenant alors une destination de choix pour de nombreux volontaires à la Guerre sainte ou Jihad. Et c’est ainsi que ce champ d’affrontement va servir de point de fixation non forcément voulu par les force coalisées pour tous ces hommes armés, pour ceux qui refusent « l’ordre américain », pour les antioccidentaux… Une bataille que l’on voulait décisive se jouait en Irak avec la présence du plus gros des capacités militaires de ces combattants au sein de ce laboratoire de lutte grandeur nature. Le traitement de la situation en Irak glissant peu à peu sur un plan de politique nationale et non de religion transnationale, des avancées sécuritaires eurent lieu, des cellules et des réseaux furent décimés et une translation géographique s’est peu à peu opérée, et s'opèrent.


Plusieurs événements récents au Pakistan et en Afghanistan peuvent venir corroborer cette possibilité de déplacement de la zone de friction. Tout d’abord c’est l’offensive du printemps 2008 des chefaillons locaux et des néo-taliban quelque fois ayant l’expérience de l’Irak, mouvement de reconquête particulièrement complexe à endiguer dans des régions comme l’Helmand au Sud. C’est encore les tentatives de contrôle par les forces armées pakistanaises des régions de sa frontière occidentale face aux bases arrière, écoles coraniques et madrasas qui se développent dans la quasi impunité pour les étudiants en religion. Et enfin tout récemment c’est l’attentat dans un hôtel d’Islamabad causant près de 60 morts quelques jours après la déclaration du nouveau président pakistanais Zardari de lutter sans compromission contre toutes menaces islamistes nuisant aux intérêts du Pakistan (d’ailleurs que l’on prenne comme point de départ chronologique la désignation du président ou sa déclaration, la réactivité des « terroristes » est relativement courte pour mettre sous pression le nouveau gouvernement par un attentat spectaculaire). L’interventionnisme servirait alors par propagande plus d’un tremplin pour une multiplication des volontaires (recrutés grâce aux pertes civiles lors de frappes aériennes, par le soutien et la mise en place de régimes corrompus dits infidèles, etc.…). La balance précise des volontaires étrangers face aux éléments locaux étant difficilement quantifiable. L’effet obtenu serait l’inverse de ce qui était recherché au départ.

La chute du régime taliban marqua la fin d’une façade offerte et d’un état d’inspiration islamiste. Un état transfrontalier dont parle Olivier Kempf de même nature, à la croisée du Pakistan et de l’Afghanistan, aujourd’hui non complètement utopique, serait alors une étape. La fin d’un cercle ? Simple prospective improbable ou possibilité réaliste ?

jeudi 18 septembre 2008

A voir et à développer.

Ce n’est pas trop mon habitude et le genre de la maison, mais voici une proposition de reportage qui pourra occuper sainement vos méninges pendant 50 minutes environ. Celui-ci trouvé un peu par hasard sur Internet est au sujet des Forces Spéciales françaises du COS. Il est pour moi l'exemple type de ce qui est une très bonne communication de Défense. Pas de description perpétuelle des Rambos de bois, pas de raccourcis récurrents et faciles, mais un débat un peu élevé, vraiment très bon au final.

En effet, aussi bien sur la forme que sur le fond, il y a peu à redire.

Sur la forme, que cela soit le montage avec des séquences courtes et donc qui donnent du rythme, de belles prises de vue, un bon bruitage et la succession d’interviews de témoignages et d’images plus de terrain, cela donne un très bon aspect cinématographique pour ce documentaire. Ce qui ne serait rien sans le fond.

Sans tout dévoiler bien sur, beaucoup est montré pour les puristes de l’action tactique. Mais l’apport des témoignages de grands noms de l’Histoire militaire comme Pascal Le Pautremat, des acteurs du monde civil comme un journaliste exfiltré par les FS ou par les témoignages de ressortissants, permet un débat constructif sur des thèmes assez importants : leur utilisation comme un message fort politique donc leur apport stratégique, les missions que peuvent faire ces hommes dont les qualités humaines sont plus décrites que simplement leurs exploits physiques.

A voir donc. Les opérations récentes permettant d’illustrer en images les propos et de lever un léger voile sur quelques opérations du quotidien de ces hommes un peu spéciaux.


Comment alors ne pas conclure sur l’histoire immédiate. Après Le Ponant, l’affaire du Carré d’As montre encore une fois que la chaîne d’action et de décision où les forces proposent des solutions, le politique décide d’intervenir (malgré les risques qui ne peuvent être écartés) et les militaires exécutent présentement avec succès, permet la pleine réalisation de la mission. On ne reviendra pas (pour ne pas plonger trop dans l’heroic-fiction tant les parts d’ombre sont nombreuses) sur le déroulement précis de l’opération de contre-terrorisme maritime ou CTM mais l’importance de la décision du président français mérite d’être soulignée. Donc rien de révolutionnaire ce soir, à part la nécessité déjà répétée ailleurs comme ici ou ici que ces opérations même si elles peuvent réussir ne sont pas des solutions viables à long terme. Le problème de la piraterie maritime ne sera pas réglé par des opérations coup de poing mais dans le temps et en s’attaquant aux causes économiques, politiques ou sociales mais aussi aux bases à terre (de façon direct mais pourquoi pas en déléguant si il le faut aux États hébergeurs en leur donnant les moyens de reprendre le contrôle de ces zones de non-droit). La dissuasion (d’une flotte ou des convois) étant par la nature même de cette opposition asymétrique, amenée à être contournée par ces pirates.

mercredi 17 septembre 2008

Citation 11.

Non prévu, mais à mettre en parallèle avec ceci.


"Mieux vaut laisser les Arabes faire les choses de façon acceptable que les faire vous-même à la perfection. C'est leur guerre, et vous êtes là pour leur venir en aide, pas pour la gagner à leur place."


Par T.E. Lawrence (d'Arabie), in Guérilla dans le désert, 1916-1918.

mardi 16 septembre 2008

Pakistan vs. US suite et non la fin…

Je m’interrogeais dans un article précèdent sur les capacités et la volonté du Pakistan à empêcher l’action des forces américaines sur son propre territoire. Comme l’annonce Mr Henrotin sur son blog, en plus d’avoir la volonté, ils ont les moyens de le faire en envoyant une patrouille en alerte de F16, Mirage ou Mig à la rencontre d’un drone américain qui a été contraint de faire demi-tour et de retourner au-dessus de l’Afghanistan: fin de la mission d’observation ou de frappe… 1er avertissement avant qu’un autre soit abattu ?


Alors soit il y a la possibilité de toute opposition : l’apparition des manœuvres de contournement avec la recherche de failles dans le système de surveillance radars des Pakistanais (que les Américains doivent bien connaitre pour avoir aidé sa mise en place par des conseillers), des vols à très basse altitude avec le risque d’être abattu depuis le sol pour les drones, des opérations de déception... Les mesures sont nombreuses dans l’optique de continuer sur le même principe d’ignorance des volontés communes des Pakistanais ou des Américains.

Soit le Pakistan et les Etats-Unis voyant qu’ils ont dans le fond au moins la même volonté de mettre fin au développement et à l’existence de ce foyer de tensions internes pour Islamabad et de cette dangereuse zone refuge pour Washington, s’écoutent et agissent de concert. L’accord pourrait se trouver autour de la table des négociations. Surtout devant les signes de bonnes volontés envoyés depuis quelques temps par le chef d’État-major des Armées. Malgré le fait qu’un accord entre les deux camps auraient des contraintes embarrassantes pour Pakistan. Car comment expliquer son action selon les volontés américaines, que la société pakistanaise jugerait comme un alignement sur Washington ce qui aurait du mal à passer pour une population ultra-majoritairement musulmane… Les différentes tensions internes causées par les difficultés politiques ainsi que par le développement des problèmes religieux ne seraient pas plus facilement résorbables.


Ce jeu de cache-cache en s’ignorant ne peut sainement aider à la réalisation des effets recherchés par les deux camps. La mutualisation des moyens et des volontés permettraient de ne pas trop s’éparpiller avec un resserrement autour de l’action locale pour les deux camps protagonistes et cela donnerait des effectifs de libérés de leurs missions alors utilisables ailleurs. Alors que cela soit par la recherche de la confiance réciproque, par une aide apportée, ou par la liberté de chacun d’agir en divisant clairement les taches , il n’est pas permis en tout cas de trop patienter et tergiverser face à la brulante situation.

dimanche 14 septembre 2008

Reportage sur les évenements du Tchad en février 2008.

Les images explicitent souvent bien plus les situations que les grands discours. Pour les intéressés, je vous conseille le visionnage de ce reportage. Issu du site de la lettre d'information TTU (lettre toujours très bien renseignée), ce reportage a été fait par l'entreprise de multimédia Parabellum media fondé entre autres par Yves Debay, un grand nom du journalisme de terrain franco-belge et des correspondants de guerre en général (cf. ses incursions au milieu des combats durant les deux guerres d'Irak sans accréditation ainsi que l’ensemble de son œuvre au sein de la revue Raids). Par ces liens entretenus et tissés au cours de nombreux reportages en première ligne au plus prêt des forces engagées, il a souvent eu la possibilité d'être là au bon moment.

Mais comme pour tout document, sans critique et analyse, il n'y alors que peu d'intérêt aux visionnages de témoignages et d'images qui à première vue peuvent juste passer pour des films de propagande à tendance fana-mili. En 10 minutes, c'est une description et une analyse, principalement par un équipage du 1er REC, des combats menés par les troupes françaises au tout début du mois de février 2008 au Tchad pour faire face à un rezzou (ou raid) venant de l'Est visant le régime de Idriss Déby et mettant en danger la vie des ressortissants occidentaux principalement concentrés dans la capitale N'Djamena. Les éléments prépositionnés des forces françaises du plan Epervier (1.100 hommes au titre de l’accord de coopération signé en 1986) et les renforts vont avoir à faire face aux attaques des rebelles pour protéger et défendre les abords de l'aéroport, point vital pour le rassemblement et l’extraction des civils vers le Gabon.

Que retenir? Pour les considérations d'ordre tactique: l'imbrication des cellules élémentaires de combats (de niveau groupe ou engin) fragmentés dans des ensembles à dominante infanterie ou cavalerie est une réalité vécue déjà utilisé et nécessaire. Pour des nécessités de sûreté rapproché, l’apport de l'observation à longue distance, de la puissance de feu ou des effets de dissuasion, le regroupement du couple fantassin-cavalier est un multiplicateur pour les effets recherchés afin de remplir la mission fixée. Le génie pour les travaux de terrassement et d’aménagements de postes de combats et d'endossements est aussi une arme obligatoire. L'homme reste l'élément central du combat par sa capacité à réagir et à tenir, par sa capacité à innover (briques ajoutées sur les tourelles comme blindage supplémentaire ou grilles d'aération de l'aéroport pour les défenses des postes de combat en remarquant que la protection ou plutôt sa protection est un élément moteur de l’innovation). La maitrise, le calme et le répondant face à des tirs imprécis mais de saturation ne peut s’acquérir que par la complémentarité entre un entrainement poussée (comme le dit la maxime pas forcément fausse de la sueur épargnant le sang) et l’apport de l’expérience de cadres ayant subi déjà l’épreuve du feu. D’où l’importance d’une fidélisation à travailler des membres des forces armées pour une efficacité supérieure.

Ensuite sur certains théâtres d'opérations, l'addition de moyens blindés légers (ERC-90) avec quelques compagnies d’infanterie sans soutien terrestre lourd (artillerie ou autres) et avec une trace au sol minime peut se révéler efficace et suffisant. L’expérience de la France pour ce type d’opérations répétées régulièrement c’est 20 dernières années permet alors de doser au mieux les moyens nécessaires sans « dégarnir » d’autres théâtres. La réversibilité de l'armée de Terre française capable de fournir des contingents pour des théâtres demandant une augmentation de la partie lourde des forces et ceux où une relative légèreté suffit par la dissuasion des moyens engagés, doit se poursuivre pour répondre avec justesse aux problématiques opérationnelles rencontrées au sein de spécificités régionales diverses. Ces acquis font réellement la force des armées avec l’expérience du combat (tirs de T-55, RPG 7 et mitrailleuses lourdes) qui créent cette culture spécifique d’une armée employée où l’on peut juger de sa valeur réelle.


Sur le plan stratégique, pas grand chose de révolutionnaire à rajouter, si ce n'est rappeler que les forces prèpositionnées ont facilité l'exécution de la mission dans des temps de réaction très brefs. Malgré la remise en cause de l'influence française en Afrique face aux poussées chinoises (peu militaires encore) ou américaines (par des aides à la formation d’armées nationales entre autres) et loin des considérations budgétaires que je ne maitrise pas, ces avants postes face aux instabilités chroniques de régimes africains non stabilisés sont encore d’une aide précieuse. Encore une fois plusieurs métropoles occidentales (prêtes à dénigrer parfois l’ancien « pré carré » français) peuvent remercier la France d’avoir sorti sans dommages leurs concitoyens vers l’aéroport de Libreville au Gabon (autre base française).

Pour conclure, tout en élargissant : qu’est ce que l’on peut apprendre par le pouvoir des images ainsi que par « les sources ouvertes » d’Internet !

jeudi 11 septembre 2008

Ce n'est pas fini au Pakistan.

Pour continuer sur la situation au Pakistan, faisant suite à un de mes articles il y a quelques jours.

Selon les révélations récentes du journal « New York Times » dans son édition du 10 septembre, le président Bush aurait secrètement donné son accord pour des opérations terrestres sur le territoire pakistanais. Des actions de nature spéciale, qui seront menées sans demander l’avis d’Islamabad. Le gouvernement pakistanais serait seulement prévenu de la possibilité de telles attaques (ils ne sont certainement pas encore au courant d’ailleurs !!!). Les sources de ce tournant à confirmer seraient des hauts responsables politiques américains. Ces propos sont largement soutenus par les autorités militaires tant les avancées opérationnelles pourraient être importantes en attaquant les zones de refuge, les sanctuaires, les caches d’armes et les lieux de ravitaillement de l'insurrection.

Si ces révélations venaient à être vérifiées (Wait and see !), l’activité diplomatique entre le Pakistan et les Etats-Unis face à ces mesures, ne viendrait que couronner un état de fait (des opérations régulières quasi quotidiennes dans les zones frontières : missiles, raids de bombardements ou assauts en hélicoptères violant l'intégrité territoriale pakistanaise). Les relations diplomatiques reprendraient une place centrale après un long abandon par rapport à des activités purement militaires entraînant des liens distendus. Et cela avec une entrée en matière pas simple pour le nouveau président du Pakistan, alors même que les deux pays sont normalement alliés dans cette « guerre contre le terrorisme ». Normalement, car l’obscur travail des services secrets pakistanais, l’ISI prête toujours à confusion et à la non confiance vis-à-vis de sa lutte contre les Taliban. L'ISI ferait plus que de fermer les yeux sur des activités illicites en les favorisant....

Le chef d'Etat- Major de l’armée pakistanaise, qui elle supporte plus clairement les efforts de guerre pour la reprise en main de ces zones difficilement contrôlables, a répliqué à ces propos en annonçant que les troupes sous son commandement tenteraient par tous les moyens de mettre fin à ces violations de territoire. En a-t-il les moyens réellement…

Pour montrer leur bonne foi comme allié fiable et leur crédibilité comme allié efficace, l’armée pakistanaise annonce il y a quelques heures la mort "de 100 rebelles" tués suite à une embuscade tendue par ces mêmes rebelles à une patrouille des forces de sécurité pakistanaises. Sans connaître toutes les vérités de cet affrontement, un tel retour de situation avec une reprise de l’initiative par l'armée pakistanaise face à des combattants aguerris pratiquant la guérilla et donc fuyant dès qu’ils se sentent menacés, peut prêter à réflexion. L’annonce parait (avec l’esprit un peu pessimiste) assez exagérée. L’effet de com’ pour rassurer les alliés serait il trop gros à gober ? Cela serait vraiment un beau bilan...

Addentum du 12/09/08: il y a quelques heures, ce seraient "40 rebelles" qui auraient été tué comme l'annonce le porte parole de l'Etat-Major. A ce rythme le potentiel militaire des taliban va fondre et il ne sera plus nécessaire de couper les soutiens extérieurs.

mercredi 10 septembre 2008

Citation 10.

Quand les politiciens s'en font les apôtres et ne tombent pas dans les lapalissades!



This is another type of war new in its intensity, ancient in its origins: war by guerrillas, subversives, insurgents, assassins; war by ambush instead of by combat; by infiltration, instead of aggression, seeking victory by eroding and exhausting the enemy instead of engaging him… It requires in those situations where we must counter it… a wholly different kind of force, and therefore a new and wholly different kind of military training.


John f. Kennedy en 1962.

lundi 8 septembre 2008

Soldat, nous ne t'oublions pas!

Comme vous pouvez le constater, un logo « Soldat, nous ne t’oublions pas » orne désormais la page de garde de ce blog. Par ce symbole, nous souhaitons manifester, en tant que citoyens, notre soutien aux troupes qui combattent en ce moment sur les théâtres d’opérations extérieurs, mais aussi, plus largement, aux femmes et aux hommes qui choisissent d’exercer le métier des Armes, dans l’honneur, contre une maigre solde, pour nous défendre tous.

Il ne s’agit nullement d’une prise de position politique, de la marque d’un soutien inconditionnel aux décideurs passés, présents ou à venir, voire même d’une acceptation béate des orientations géostratégiques qui président les engagements où nos soldats sont impliqués.

Simplement, par ce logo, nous voulons rendre hommage à ceux qui, au jour le jour, ont librement choisi de mettre leurs vies en danger pour défendre les nôtres. Pas plus, mais pas moins.

Alors, bien sûr, c’est peu, c’est même très peu. Mais c’est déjà ça. Tous les blogueurs intéressés peuvent naturellement reproduire librement ce logo et l’afficher sur leurs sites en fonction de leurs envies.


Un dernier mot en forme de prière : par pitié, pas de polémiques ! Je sais que toute initiative rencontre inévitablement, c’est normal et c’est même plutôt sain, des détracteurs. Nul n’oblige personne à partager nos convictions, mais nous demandons simplement à ce qu’elle soit respectée.

Larges extraits de l'article explicatif de François Duran.

Quand le chat n’est plus là, les souris bombardent…

En une semaine deux dépêches ont attiré mon attention, la première datant du 4 septembre :

« Le dernier incident s'est produit mercredi (ndlr: le 3 septembre) dans le Sud-Waziristan. [...] Non seulement il aurait fait des victimes civiles, mais, pour la première fois, les forces de la coalition stationnées en Afghanistan auraient fait incursion en territoire pakistanais. À trois heures du matin, deux hélicoptères ont parachuté des soldats sur le petit village de Musa Neeke, ont raconté des habitants. Pendant une demi-heure, protégés par deux avions de chasse et des hélicoptères de combat, ils ont fouillé les habitations de fond en comble et tiré sur leurs occupants.»

Et l’autre datant d’aujourd’hui : « Des missiles apparemment tirés par des avions sans pilote américains ont tué trois présumés combattants islamistes dans le nord-ouest du Pakistan, où les Etats-Unis visent désormais régulièrement Al-Qaïda, ont indiqué des responsables de la sécurité. […] C'est la quatrième fois en une semaine que des drones, dont seules disposent les forces américaines présentes en Afghanistan voisin, tirent des missiles dans les zones tribales pakistanaises. »

Malgré le silence des autorités militaires américaines à ce sujet, l’origine de ces actions ne fait aucun doute (ainsi que l'absence de nouveauté pour des actions d'unités spéciales sur ces zones...). Le Pakistan étant au moins momentanément, fragilisé du fait d’une transition à la tête de l’exécutif après la démission de Pervez Musharraf et l’arrivée récente du veuf de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari comme président, les forces américaines en profiteraient pour s’octroyer un droit de poursuite plus important des insurgés sur un territoire souverain qui se réfugient dans les zones tribales de la frontière afghano-pakistanaise. Et cela sans mandat.

L’affaiblissement de l’autorité pakistanaise lors de cette période pourrait être un moment jugé opportun par la Coalition de faire ce qu’elle a toujours rêvé d’effectuer devant le laxisme ou au moins la non assez grande détermination à leurs yeux d’Islamabad de régler ce problème. Alors pression sur le futur gouvernement et le service secret pakistanais de mèche avec les Taliban, détermination sans faille de régler le problème taliban, passion pour les opérations spéciales ?


Pour faire un parallèle limité mais d’une valeur pédagogique : en février 1958, en réponse à des tirs provenant du territoire tunisien essuyés régulièrement par des patrouilles françaises, l’aviation bombarde des positions de tirs et un camp de l’ALN autour du village de Sakhiet Sidi Youssef. Vérité ou mensonge, opération de communication ou plantage français, en tout cas sont présentés aux journalistes le lendemain des cadavres de femmes et d’enfants et les restes d’un convoi de la Croix Rouge qui se serait trouvé sur place lors de l’action des bombardiers B26. Les résultats sont une indignation générale dans tout le Maghreb, un front anti-français mené par le président tunisien Bourguiba et un apport tactique limité avant la fermeture quasi complète des frontières par les barrages électrifiées et surveillés de la ligne Morice entre autres.

samedi 6 septembre 2008

Et maintenant, on fait quoi ?

Il faut une suite à la dénonciation généralisée par de riches contributions (même très riches) d’un plantage du traitement de la situation en Afghanistan, résultat de quelque chose de plus profond mis en exergue par ces évènements. L’étape suivante pour que des soutiens indéfectibles de Armées (beaucoup de blogueurs par exemple) ne tombent pas bien malgré eux dans l’entreprise de « non-soutien » ou de déconstruction, est obligatoire. Ainsi la critique sera utile car suivi de propositions et surtout d’action. C’est tenter une note positive dans un ensemble morose.

Mais là encore les dangers et les obstacles sont multiples. Tout d’abord, les limites du virtuel apparaissent rapidement. Réfléchir et produire « de la pensée » est nécessaire et à promouvoir pour une prise de conscience. C’est ainsi qu’il y a des contributions et des participants qui ont un aura et un lectorat plus important que d’autres et cela est indéniablement à développer comme relais. Après la prise de conscience, étape nécessaire mais non suffisante, le passage à l’action est plus compliqué et ne peut se faire uniquement devant un écran. De plus tout goût prononcé, tout amour déclaré pour le fait militaire et pour l’armée, nous fait bien souvent passé pour un amateur du morbide ou du sordide au mieux et au pire par attachement à un principe régalien et à un des outils de puissance d’un état, nous fait vite intégrer la case de la mouvance diabolisée du nationalisme. Mais la juste mesure est toujours possible.

Alors que fait pour reconstruire ce lien rompu de compréhension et de soutien vis-à-vis de nos forces armées ?

Tout d’abord continuer à développer des outils pour la prise de conscience qui seront le début d’une attitude positive quoique passive. Et en cela le travail par cercles est important, par nos connaissances proches (familles ou amis), puis ensuite par nos relations plus éloignées… Et c’est ainsi que nous ne rejoignions plus ou pas l’action de déconstruction. Cela peut être ensuite, par une participation active à tous les projets qui existent à droite et à gauche (j’ai lu quelque part qu’il y avait eu 25.000 rubans jaunes de vendus pour le 8ème RPIMa, un début et cela malgré les polémiques sur la couleur, l’utilité…). C’est écrire (aux journaux, associations, partis…) pour expliquer, dénoncer dès qu’une action contraire est entreprise (plainte déposée contre l’association Euro-Palestine appelant de ces vœux de nombreuses autres embuscades contre les soldats français). C’est être présent pour soutenir au moins par le nombre lors des cérémonies en hommage aux soldats monter des projets de soutien (écrire des lettres, préparer des colis), afficher notre opinions (dans l’esprit « support your troops » aux USA) : être un simple citoyen éclairé, responsable et actif sur le terrain.

A tort ou à raison, c’est comme même pour quelque temps que les troupes françaises seront stationnées au « royaume de l’insolence », donc la tendance a le temps de changer. Et ils ont besoin de sentir « l’arrière » qui tient car au loin : on leur dit va, et ils vont… Je suis intiment convaincu que bien souvent là où ils sont, des avancées se produisent à mettre en avant pour inverser le flot de critiques.

Toutes les propositions, les contributions sont les bienvenues en sachant que le « la » ainsi que le coup de pompe qui amorce le flux ne peut être exclusivement donné par la base. La diffusion sera alors trop lente et non complète. L’exemple doit venir d’en haut… La nécessité de purs stratèges à la tête de l'Etat commence à devenir un refrain lancinant de beaucoup de remarques...

C’est un début (rien de révolutionnaire), cela est certainement discutable, partisan et à modifier. Peut être utopiste, mais à mon sens utile.

OMLT. Partie 2 : méthodes.

Appui aérien et contrôle de zone.



Toujours durant ces 6 mois de présence il est fait mention régulièrement de l’avantage apporté par une supériorité aérienne non remise en cause des forces de la Coalition : EVASAN en hélicoptères pour les blessés militaires ou civils (« l'élément santé extrait puis achemine le blessé en direction de la FOB de Tagab en vue de son évacuation héliportée »), aérotransport intérieur lors de mouvements de troupes ou soutien aérien pour le combat aéroterrestre : « rapidement une patrouille de chasseurs A10 ainsi qu'un C130 Gunship sont appelés à la rescousse et participent à la riposte en pilonnant la montagne qui surplombe la FOB. Spectacle lumineux et impressionnant… ». C’est ainsi que sans ennemi en l’air, l’intégralité des moyens aériens est au service des forces au sol. L’absence de moyens type MANPAD à très grande échelle (malgré les précautions à prendre face aux roquettes pour les hélicoptères principalement) permet encore de conserver un avantage certain (malgré aussi les contraintes physiques dues à la chaleur et aux reliefs demandant des moteurs puissants). Néanmoins la simple action de feu se termine bien souvent par l’appel grâce aux TACP des moyens aériens. Mais hélas la théorie voulant que l’on puisse réduire une entité ennemie simplement par l’action de l’aviation a été démenti. Il faut des victoires terrestres avec une présence visible et physique sur le terrain pour contrôler une zone. La Coalition ne se repose t’elle pas trop sur sa supériorité aérienne ? En sachant que la problématique des pertes collatérales nuisible pour la vision positive de la Coalition n’est pas abordée.



Gagner les cœurs ou repousser les Taliban.

La double nécessité de toutes les luttes de contre-insurrection est bien connu : gagner les cœurs de la population à sa cause (la population étant l’objectif des deux camps) et poursuivre parallèlement la réduction des capacités militaires de la guérilla : « L'objectif de toute opération de contre-guérilla restant la conquête de la population, les autorités du Kandak se sont engagés dans une vaste politique de la main tendue dont le but est bien de séparer les véritables talibans, irréductibles, des habitants de la vallée » ou « nous nous attachons à gagner les cœurs de la population à qui nous avons aidé à ramener la quiétude. Premiers signes, le marché se rempli dès le vendredi et les enfants nous saluent joyeusement sur notre passage. Une Shura (réunion de notables locaux) a lieu le 12 mars qui a pour but de faire repasser cette zone de non droit dans le giron du GIRoA (pour Governement of the Islamic Republic of Afghanistan) ». Sans oublier des distributions d’aide visibles dans les galeries de photos. L’ordonnance entre ces deux nécessités est bien compliquée par rapport aux aléas quotidiens du terrain.



La priorité contrainte est évidemment donnée à la riposte et lorsqu’on a un peu de temps on pense alors aux civils. C’est au moins l’impression qui est donnée surtout qu’une stricte différenciation est donnée entre le travail des unités de combat et celles de contacts au sein de la Coopération Civilo-Militaire. Chaque action offensive des Taliban nécessite, en plus des actions offensives programmées de la Coalition, une riposte : « Lundi 17 mars, une section de l'ANA et une équipe de la 3ème compagnie sont misent en place sur un piton pour observer les contre-pentes opposés et la vallée de laquelle les coups de mortiers et les roquettes semblent partir ». C’est un conflit sans front, quoique certaines vallée sont des zones délaissées tenues complètement par les Taliban formant des poches (ou sanctuaires) : « L'arrivée au bâtiment du chef de district marque une réelle victoire, aucune force de la coalition n'avait jamais atteint ce point depuis près de cinq ans ». C’est ainsi que « Rapidement monté, un assaut est donné sur les insurgés qui se voient repoussé dans la vallée. L'assaut s'arrête faute d'ennemis. ». La fuite lorsqu’ils se sentent en infériorité est une des caractéristiques de la guérilla. Mais l’efficacité de l’action de repousser seulement les Taliban est insuffisante car c’est alors un temps de remise en condition, de fortification et de réorganisation pour ces derniers. L’avancée tactique sans remise en cause se fait définitivement (mais pas uniquement: la population étant l'enjeu) par la mise hors d'état de nuire des éléments armées adverses.

jeudi 4 septembre 2008

OMLT. Partie 1: point de situation.

Définition de la situation.

Un mois est raconté en détails quasiment au jour le jour (sans oublier de possibles omissions). La succession des opérations nommées Mouje Salam (vagues de tonnerre) débute le 10 mars pour s’achever vers le début du mois d’avril. Sur un peu moins d’un mois (une vingtaine de jours) ce sont plus de 10 prises de contact avec les Taliban (sans « s » car déjà au pluriel) qui ont eu lieu. Actions de feu nécessitant une riposte avec l’emploi des armes individuelles et collectives, des appuis aériens ou d’artillerie. Comme le conclut le rédacteur : « Mis brutalement « dans le bain », nous avons été immédiatement engagés dans des actions de hautes intensités, […] ». Ainsi la négation de l’état de guerre (malgré la non-déclaration) face à un ennemi (et non face à une notion) désigné génériquement pour définir un amalgame de profils divers par le terme de Talib est une aberration. Et cela, tant la réalité d’une lutte en armes entre deux groupes qui s’opposent, est criante : « l'affaire semble sérieuse et il faut quatre heures d'affrontements, huit tirs d'artillerie et l'appui de deux chasseurs F-15 pour que l'unité puisse enfin se désengager ». On ne parlera pas alors des morts et des blessés que font au sein des forces combattantes (l’ANA lors de ces 6 mois) ces actions de feu bien loin d’une phase finale de stabilisation ou de pacification vers un retour progressif à la normale.
La nature de l’opposition militaire est sous la forme d’une guérilla assez classique sur le plan tactique. Elle est faite de tirs d’harcèlements avec des IED (Improvised Explosive Devices) sur les routes au moins 2 fois, des tirs de roquettes et de RGP contre les FOB ou Forward Opération Base, plus une fois un tir d’obus de mortier : « Tout semble calme quand quatre obus de mortiers tombent dans le bazar. » ou « un VAB du Coy 5 (« Coy » pour l’abréviation du terme américain Compagny) est frappé par un IED ». Types d’actions qui sont une des principales caractéristiques tactiques d’une guérilla pour entretenir le sentiment de méfiance, de peur et de tension en permanence. Et cela accompagnés lorsqu’il n’y a pas de prise de contact inopinée (« Au bout d'une heure, le combat s'engage à très courte distance sur la ligne de crête où ils sont en observation. De fait, ils viennent de tomber sur les positions d'observation des rebelles.»), de combats choisis et décidé lorsqu’ils sont en supériorité par les Taliban sous la forme d’embuscade : « Il est 11 heures quand, dépassant la région de Sayad Abad, le convoi s’engage dans un village désert. La suspicion est de courte durée car des tirs nourris partent des deux côtés de la route. Aux longues rafales succèdent des tirs d’armes anti-char. Toutes les unités sont au contact ».



Les effectifs.

La question des effectifs présents est bien souvent au cœur des débats. Le nombre de forces opérationnelles ne permet quasiment pas de fournir des troupes en réserve de manœuvre lors de situations inédites. Donc les situations sont traitées selon les priorités et non de façon simultanée : « Se préparant à être engagé dans une opération d’ampleur dans la vallée de Jalrez, les légionnaires du Kandak 1 ont vu leurs projets soudainement bouleversés par les évènements qui se sont déroulés dans le Sud du pays. En effet, les talibans libèrent par une action de force un millier de détenus de la prison de Kandahar. […] Dans la nuit du 16 au 17 juin, les soldats Afghans sont aérotransportés sur la base aérienne de Kandahar. Leurs mentors doivent suivre ». Et c’est ainsi que des projets d’actions sont abandonnées ou au moins remis à plus tard ce qui n’est pas sans conséquence sur la progression des Taliban : « Les préparations vont bon train pour le déploiement dans la région du LOGAR, les rebelles ayant profités de l’absence des forces amies pour reprendre une activité jusque là en sommeil dans la région sud de KABOUL ». La permanence est une des nécessités de la lutte de contre-guérilla possible que par un nombre suffisant d’hommes présents pour ne pas laisser d’espaces aux Taliban. A cela s'ajoute la continuité dans le temps prise en compte par des missions de 6 mois (mi févier à mi août) au lieu de 4 mois pour des OPEX plus classique, période nécessaire pour connaître son secteur et s'en imprégner. Avec en plus des hommes ayant déjà quelques séjours en Afghanistan.


C’est ainsi que pour les forces présentes, c’est un travail en flux tendu : « Après maintenant deux semaines d'opérations, nous sommes mis au repos sur la FOB de Tagab afin de nous remettre en condition en vue de la seconde phase de l'opération. Nous partons quelques heures sur la base américaine de Bagram afin de profiter des installations et des impressionnantes infrastructures de détente. […] Pourtant, dès notre retour, la réalité nous rattrape au galop, deux roquettes tombent sur nos positions, dont une en plein milieu de la FOB ». C’est donc à un rythme soutenu que les unités travaillent usant les hommes et les matériels par le stress des situations, l’imprévisibilité des attaques, les conditions climatiques ou les efforts physiques fournis ce qui nécessite une haute disponibilité 24 heures sur 24. Et « mini-scandale » pour des légionnaires lors de la traditionnelle commémoration de Camerone : « seuls manquaient à l'appel 20 hommes du Kandak 1 actuellement en opération en Kapisa », la famille Légion n’était pas entièrement réunie. Et c’est ainsi, à part au niveau des unités de rang régimentaire avec des compagnies d’alerte ou d’intervention, il n’y a pas apparemment au niveau théâtre un réservoir de forces capable d’être projeté rapidement pour colmater des brèches ou lors de missions non prévues.

Quand un jour il faut décider.

J'ai rarement pris le temps de citer, critiquer ou analyser l'ensemble des contributions de la florissante blogosphère française sur les questions de Défense et de Sécurité, me contentant bien souvent de mettre à jour ma liste de liens pour la rendre la plus complète possible, mais là je vais faire une légère entorse à la règle.

En effet, je ne peux que vous inviter fortement à aller lire l'article de François Duran sur son site au sujet des débats ayant court actuellement au sujet de la situation en Afghanistan. Quoique il en dise l'ensemble des questions est abordé aux différents niveaux: politique, militaire, médiatique... Et de forte belle manière. Bravo.

Pour définir l'article, je dirais qu'il y a juste ce qu'il faut "de rudesse" pour secouer le cocotier encroûte de la pensée et de la décision française. Le résume est complet et les différentes polémiques sont traitées. Alors l'analyse je vous l' a fait "saignante" ou "à point"...?

Sur la communication, j'avais déjà pris le temps d'émettre quelques analyses ici ou ici. Mais après quelques interrogations (et toujours aussi enchanté par les écrits du Gal Vincent Desportes en particulier son ouvrage à mettre entre des mains civiles ou militaires: Décider dans l'incertitude), je me demande si il n'y avait pas une sérieuse difficulté française au sujet de la décision. Après mon analyse sur le processus de décision et l'émotion, serait ce un mal français du siècle que l'incapacité de décider?

Entre peur de mal faire, incertitude trop prise en compte, calcul des risques qui inhibent, plus rien ne se fait et les décisions tardent. C'est de la complaisance dans une situation que l'on voit et que l'on analyse comme fragile ou à modifier. S'abstenir plutôt qu'agir n'est ce pas de la lâcheté? Entre ne rien faire et faire tout et n'importe quoi, il y a comme même une marge de manoeuvre sécurisante. Entreprendre n'est pas détruire. Plus facile à dire qu'à faire, je le reconnais, mais comme le disait la célèbre devise des parachutistes de la France Libre dont leurs parcours au moins militaire et leurs faits d'armes ont montré la portée de l'application: "Qui ose vaincra!".

mercredi 3 septembre 2008

On ne fait d' omelette sans casser des œufs.

Pas de recette culinaire aujourd’hui mais le début d’une double analyse en plusieurs parties sur les célèbres OMLT (pour Operational Mentoring Liaison Teams) appelées dans le jargon militaire « omelette » et sur l’apport critique des blogs et des sites qui fleurissent en France racontant par les protagonistes le quotidien en opération.

Les sources.

Je suis parti des 11 articles écrits en 6 mois de mission (alors que les OPEX des autres militaires de l’AT se déroulent généralement sur 4 mois ceci dit en passant) au sujet des OMLT armées par les personnels du 4ème RE dont on trouve les écrits, les photos et la vidéo sur le site officiel de la Légion Étrangère. Malgré la dénomination « d’officiel » pour ce portail, les écrits ne sont pas exemptés de toutes remarques polémiques, créant ainsi leur richesse, surtout lorsque l’on arrive à saisir le fond de la pensée et à lire entre les lignes sans ragoter ou enjoliver. Les articles sont postés plusieurs jours après les opérations ne permettant quasiment aucune exploitation immédiate de renseignement sur les dates des patrouilles futures, les dispositions des camps, les procédés employés (à part la position des brouilleurs sur les toits des VAB visibles sur des photos qu'une simple observation permet de repérer sur le terrain) pas grand chose de Top-archi-secret-défense... Les dangers et les tentatives de contrôle gouvernemental pour les informations qui peuvent s’y trouver ont été résumés par François Duran. Mister JDM a trouvé un autre blog, il y a pas longtemps, garantissant sans aucun doute son succès.



Présentation rapide de la mission.


La composition des ces 3 OMLT (que cela soit les 2 à dominante infanterie ou celle d'appui) sont composées quasi exclusivement des personnels des régiments du Génie ou d'Infanterie, des compagnies de services ou des compagnies d’appui des différentes unités de la Légion. Un riche vivier humain dans le même moule « légionnaire » qui en font des unités élémentaires atypiques que l’on aurait tort de ne pas présenter objectivement comme armées par des personnels de haute qualité avec une expérience certaine des situations à risque.

Ce sont de février à août 2008 (pleine période du renouveau taliban annuel avec l'habituelle «offensive de printemps » rendu possible grâce aux facilités climatiques plus importantes) des morceaux de vie quotidienne de la cinquantaine d’hommes qui sont chargées de conseiller les militaires afghans de l’ANA (Armée Nationale Afghane) au sujet de l’instruction, de l’entraînement et de la planification des opérations. Tout en les soutenant dans les situations nécessaires pour les appuis d’artillerie ou aérien de l’ISAF lors des opérations. Ces OMLT sont insérées au sein du 201ème Corps de l’ANA en particulier au sein du 1er Kandak ou bataillon de sa 1ère Brigade. Sa zone de mission est une zone que la France va apprendre à connaître puisque c’est entre autre la zone où a été envoyé la TF 700 dans la vallée de la Kapisa au Nord-est de Kaboul auquel s’ajoute une zone plus globale au sein de la Regional-Command East.


Caractéristiques physiques de la zone d’action.

"La géographie cela sert avant tout à faire la guerre" d'où son application en quelques lignes.

Relevant les OMLT servies par les GCM (Groupement de commandos de montagne) de la 27ème BIM, ayant eu à supporter les durs mois d’hiver, c’est dans un climat et un terrain largement différent que les légionnaires vont évolués. Comme il est rappelé dans un des billets : « Depuis quelques semaines notre détachement évolue dans des paysages particulièrement variés. La zone d’action du bataillon se compose de trois différentes provinces et offre ainsi un univers géographique des plus dépaysant allant du désert à la haute montagne qui domine des oasis épousant les formes des vallées. » Dans une zone de quelques centaines de kilomètres de coté, les hommes des OMLT rencontrent soit la zone encaissée de la capitale Kaboul située au fond d’un trou de 40 kilomètres de coté avec des hauteurs tout autour sous un climat continental avec des pluies de printemps et des chaleurs élevées en été, soit des zones très compartimentées comme la Kapisa avec des vallées baignées par des cours d’eau agrémentées de cultures le long, des cols et des sommets sous un climat aride pouvant aller jusqu’à 50°C, soit plus à l’Est des zones quasiment désertiques avec une population plus rare.


Comme le conclut l’article : « Des paysages nouveaux, un relief omniprésent, un pays aride, tel est notre quotidien et l’univers dans lequel le détachement évolue. Tous ces éléments sont à prendre en compte dans la mission car au-delà du dépaysement, ils peuvent largement la compliquer. » En effet, la chaleur avec l’équipement à porter, la poussière soulevée par les véhicules, les reliefs à monter et à descendre, les vallées et les sommets délimitant des zones refuges ou sanctuaires, les rochers pouvant dissimuler des postes de tir, les dénivelés pour un tir correct ou encore les mauvaises routes de montagne ralentissant la mobilité sont autant de freins au déroulement des missions. "C'est le terrain qui commande" (pour reprendre une célébré maxime qui comme tout dicton a ses limites) au couple homme/matériel.


P.S. : Prochaine partie sur la situation avec de la petite histoire et de l'histoire bataille de terrain.

lundi 1 septembre 2008

Le retour de flamme.

Pas très fana-mili aviation, pour ne pas rester éternellement bête, je me suis penché sur la partie aérienne de la campagne russe en Ossètie du sud. Et sans donner des informations autres que celles que l’on trouve sur Internet (cf. Historicoblog qui a fourni un long travail de compilation journalier), quelque chose m’a frappé.

En étudiant les communiqués de l’agence de Presse RIA-Novosti (« la voix du parti » ou presque) , on peut sans trop exagérer annoncer qu’il y a eu du côté russe la perte de 5 avions ce qui a été reconnue par le porte parole du Ministère de la Défense, à la fin des opérations offensives des forces « de la paix ». Nombre significatif quoique par rapport à la flotte russe, son potentiel n’a pas été vraiment touché…

Cela s’oppose aux annonces des 30 avions abattus faite en pleine avancée des colonnes russes vers la capitale Tiblissi par le président géorgien. Annonces un peu exagérées faites pour redonner espoir et créer l’esprit de résistance nationale nécessaire alors pour sauver les meubles.


Sur les 5 avions abattus, tous dans les premiers jours vers le 8 et le 9 août au dessus de la base aérienne de la ville de Gori, quatre sont des Soukhoi 25. Le Su 25 de type Frogfoot est un avion d’attaque au sol construit à partir de 1975 et toujours en production. C’est le pendant du célèbre casseur de chars de l’US Air Force l’A 10 Thunderbolt. Leurs pertes peuvent s’expliquer par un plafond utile de vol très bas pour pouvoir frapper au sol et donc facilement repérable avec de plus une vitesse d’évolution très faible pour une meilleure efficacité. Pour abattre de tels avions, des systèmes d’armes pas forcément très sophistiqués peuvent être utilisés allant même jusqu’à la mitrailleuse lourde. La dernière perte est plus exceptionnelle avec la perte d’un Tupolev 22. Le Tu 22 de type Backfire est un bombardier stratégique supersonique (donc assez rapide) plus dans le modèle gros bébé volant. Il aurait été abattu par une batterie de missiles sol-air Bouk M1 qui est un système anti-aérien polyvalent et mobile de moyenne portée. Sachant que les système de type Osa auraient pu aussi être la cause d’une ou deux pertes.


C’est ainsi que la grande conclusion à tirer, pourrait être que un des moyens de savoir si ses systèmes d’armes marchent et de faire une campagne face à des adversaires équipés de ses propre productions. En effet l’intégralité de la défense AA de la Géorgie sont des systèmes de provenance russe que le consortium de fournisseur d’armes russes Rosoboronexport vend à droite et à gauche. C’est ainsi que quand on est le premier fournisseur d’armes mondial et que l’on se bat aussi à droite et à gauche, il n’est pas rare de tomber sur un de ses produits.


Le code de contrôle européen vis-à-vis des exportations d’armement rappelait à juste titre dans ces 8 critères validant les exportations : l’analyse du comportement du pays acheteur et la préservation de la paix et de la stabilité régionale pour les ventes d’armes. Ce n’est pas l’exclusivité de l’industrie d’armement russe, axée sur le marché du cout modéré de faire ces erreurs. Même l’industrie occidentale plus axée pour des hautes technologiques, a vendu à des pays qui ont été ses adversaires quelques années plus tard. On peut citer la vente du système anti-aérien Roland à la fin des années 1980 par la France à l’Irak. Lors de la Guerre de Golfe la France avait du alors communiquer à la Coalition, des informations pour que lors de la campagne aérienne les pilotes puissent éviter ces missiles.