dimanche 1 février 2009

Et qu’en pensent les députés ?

Mercredi, ce sont déroulés les débats et les votes de l’Assemblée nationale autorisant la prolongation de cinq OPEX au Tchad, RCA, Liban, Kosovo et Côte d’Ivoire. Sur la forme, on peut relever que leur fondement juridique n’est pas encore clarifié. Il se base sur l’article 35 de la Constitution française qui définit les modalités de déclaration de guerre (jamais encore utilisée depuis 1958) et celles d’interventions des forces armées à l’étranger (3 derniers alinéas datant de la révision du 23 juillet 2008). Conformément au processus décisionnel, l’Assemblée vote en premier, puis cela est soumis à l’avis du Sénat qui à son tour vote. En cas de désaccord, l’Assemblée tranche à nouveau en ayant le dernier mot.

3°/ Lorsque la durée de l'intervention excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l'autorisation du Parlement. Il peut demander à l'Assemblée nationale de décider en dernier ressort.

La fréquence de ces « votes de confiance » n’est pas fixée. Ceux de mercredi viennent régulariser une situation antérieure. En effet, le 22 septembre 2008, seule l’Afghanistan était à l’ordre du jour du premier vote s’appuyant sur l’alinéa 3. D’autres OPEX, datant pourtant elles aussi de plus de quatre mois, avaient été ignorées. Il semble que la prééminence d’une situation, accaparant sur le moment tous les regards, avait des répercussions même dans des décisions juridiques. Dorénavant, la fréquence devrait être fixée à quatre mois, non synchrone avec les dates de relèves ou même avec la durée de certains déploiements comme en Afghanistan où les séjours ont été augmentées à 6 mois. Peu à peu, une forme de jurisprudence devrait se mettre en place créant des précédents clarifiant l’ensemble.

Lors de son discours, François Fillon rappelle que ne sont pas concernées sous le vocable « intervenir les forces armées » : « les échanges de militaires, les exercices, les troupes prépositionnées en vertu des accords de défense, l'envoi d'observateurs non armés, les déplacements des navires et aéronefs dans les espaces internationaux et les escales dans les ports étrangers, ainsi que les opérations des services de renseignement ou des forces spéciales ». Le PM continue : « Cette procédure s'appliquera à l'envoi à des fins opérationnelles de forces militaires en corps constitués, c'est-à-dire des unités militaires d'un volume important (ndlr : c'est-à-dire « volume important » ?), engagées en situation de crise et sur un territoire étranger ». Dans la marge, au stylo rouge : « peu clair » !

Ensuite, même si c’est sans doute désolant, il est dommage de se rendre compte que l’esprit des ancêtres « Gaulois franchouillards » est toujours aussi vivace sur les bancs de l’Assemblée. Avant c’était : « Il n’est pas frais ton poisson ! Comment ça il n’est pas frais mon poisson ? Nan. » Et puis boum, pif, paf, aie, etc. Aujourd’hui c’est : « Si on en est là c’est à cause de Mitterrand et de la France-Afrique ! Menteur c’est Chirac qui a déréglé le système ! Non c’est lui qui a commencé ! … ». Jugez vous-même, mais cela fait cours de récréation ! On peut alors comprendre le désintérêt de beaucoup de concitoyens vis-à-vis du « gouvernement de la cité ». Comme disait Sun Zu dans L'art de la Guerre : « La guerre est une affaire grave pour le pays, c’est le terrain de la vie et de la mort, c’est la voie qui mène à la survie ou à l’anéantissement : il est impossible de ne pas l’étudier ». Grand prince, je daignerais que cette maxime s’applique aussi pour des sujets non strictement militaires et tout aussi importants.

Les différentes remarques des députés sur l’absence de préparation de cette séance ne font que confirmer cette désagréable sensation. Cela l’est même d’autant plus, quand on sait que la couverture médiatique sur cette séance était au rendez-vous. Les décisions prises de réduire le nombre d’hommes déployés n’y sont pas étrangères. Mais quelques jours avant, des dossiers présentaient les enjeux de la séance. Comme dans beaucoup de secteurs, l’Afghanistan joue un grand rôle de catalyseur. Mais l’exemple ne viendrait pas forcément du haut : l’émotion de l’opinion y serait plutôt à l’origine. En effet, les réunions préalables des commissions directement concernées par l’ordre du jour (Affaires étrangères et Défense) n’ont pas porté directement sur le sujet. Ainsi les ministres Hervé Morin et Bernard Kouchner ont été auditionnés sur la question de l’OTAN : les futurs postes français, la possibilité pour la France de représenter un courant alternatif à la vision américaine, l’assurance de pouvoir conserver son indépendance dans les textes et dans les faits, etc. Au final, plusieurs intervenants se sont plaints d’une mise à disposition de documents de travail que le matin même et encore uniquement en format informatique.

Ainsi les lignes bougent petit à petit et on ne va pas s’en plaindre. Et sur le fond, les débats ont été utiles en interpellant le gouvernement sur quelques points importants. Ainsi par exemple, les députés attendent une clarification des discussions menées sur la redéfinition des accords de Défense en particulier avec les pays africains. D’autant plus que dans le LBDSN, il est écrit page 152 que : « Leur refonte, en accord avec les pays concernés, est en cours. […] Par ailleurs, le Parlement sera désormais informé des accords existants. Les assemblées seront, à l’avenir, tenues régulièrement au courant de la conclusion de nouveaux accords. » Apparemment, les « assemblées » attendent encore !

mercredi 28 janvier 2009

Fin de l’avis de tempête et futur grand ciel bleu ?

Le Livre Blanc, analysé comme une remise en cause des capacités maritimes françaises, mettait à mal le moral de la Marine nationale. Ce « coup de mou » était fondé sur la fluctuation du nombre de frégates de premier rang finalement stabilisé à 18 (11 frégates européennes multi-missions, 2 Horizon et 5 La Fayette), la réduction des moyens de lutte anti-mines, anti-aériennes et anti-missiles remplacés pour certains par des FREMM dotées de systèmes d’armes adéquats (cf. p. 17 de la LPM 2009-2014) et la décision de ne pas décider sur future mise en chantier d’un second porte-avions. Indisponible à hauteur de 65%, le Charles De Gaulle attendait en vain son petit frère. Aux dernières nouvelles, il se pourrait bien que le vent tourne en faveur des cols bleus.

Tout d’abord la commande d’un deuxième porte-avions bénéficie aujourd’hui d’un contexte plus favorable qu'avant. Les dépenses en R&D, engendrées par un tel projet, étaient souvent l’argument choc pour remettre à plus tard la décision. La coopération avec les Britanniques, souhaitant l’acquisition de deux PA, n’avait pas suffit. Mais malgré le temps de réflexion demandé par les Français, la Grande-Bretagne poursuivait seule le projet. Or on apprend par des quotidiens comme The Times du 23 janvier que le ministre de la Défense, John Hutton a décidé de repousser de deux ans les dates de livraisons du Queen Elizabeth et du Prince of Wales. L’armée britannique souffre en effet de restrictions budgétaires drastiques causées par la plus grande part du budget allouée aux OPEX. Ainsi les deux futurs fleurons de la Royal Navy devraient finalement être commissionnés vers 2015-2017. En effet plus ou moins par hasard, l’avion de combat Joint Strike Fighter de Lockheed Martin, dévolu à ces deux PA, ne pourrait être opérationnel avant cette date. Ainsi ce rajout de deux ans permet de revenir en phase avec le programme français dont la décision sera prise « en 2011-2013 » (p. 214 du LBDSN). La Marine n’y est pas pour grand-chose mais pourrait saisir cette opportunité afin de défendre sa volonté d'acquérir un second groupe aéronaval complet.



Ensuite, devant la multiplication d’interceptions de pirates, la côte de la Marine devrait s’améliorer : la une du Parisien pour la frégate Le Floréal, des déclarations élogieuses dans la presse, etc. Les bâtiments engagés au sein de l’opération Atalante prouvent leur utilité en plus de démontrer leur professionnalisme. Le trinôme hélicoptères-frégates-commandos forme un système d’armes cohérent pour assurer la sécurité du trafic maritime dans la région : quatre attaques de pirates réussies depuis le 1er décembre contre 12 que pour le mois de novembre (chiffres du vice-amiral US de la Task Force 151). L’expérience française acquise dans la lutte anti-stups en Mer méditerranée et aux larges des Antilles , par l’interception d’embarcations rapides, se révèle précieuse. La présence de flottes en mer dans ces mers du golfe d'Aden n’est pas prête de s’arrêter même si la dissuasion peut se révéler efficace : les pirates rechercheront peut être moyen de subsistance moins risqué. Mais devant l’immensité de la zone à couvrir (2 000 000 km²) et malgré la mutualisation internationale des moyens, le facteur primordial est de pouvoir maintenir un filet le plus serré possible. La technologie ne pouvant pas tout faire, le nombre de navires présents rentre forcément en ligne de compte.

Ainsi, à moyen terme, il existe au moins deux possibilités. Soit la Marine nationale a prouvé sa grande utilité, regagnant des galons vis à vis de l’intérêt porté aux moyens terrestres et les arbitrages financiers seront pris en sa faveur. Soit on jugera qu'elle remplit très bien ces missions avec ses moyens actuels et n’a donc pas besoin de plus. A suivre.

dimanche 25 janvier 2009

ONG vs. armées.

C’est conscient de la notion d’opposition de « versus » que je l’utilise pour relier deux acteurs incontournables des relations internationales contemporaines. Répondre à la question de savoir qui possède aujourd’hui la prééminence sur l’autre est un vaste débat qui ne sera pas tranché. La nature différente entre ces acteurs n’arrange rien aux relations entre les deux : d’un côté des acteurs gouvernementaux et de l’autre des acteurs non gouvernementaux. Il ne sera pas question des « armées privées » non étatiques mais si elles sont employées dans certaines situations par un gouvernement. Elles ne s’embarrassent pas de projets humanitaires, la sécurité étant leur domaine exclusif d’action.

Ainsi seules les armées régulières étatiques (parfois sous des mandats d’organisations supranationales) « empiètent » sur un secteur que les ONG réclament comme un « domaine réservé ». A travers les projets civilo-militaires, les militaires effectuent des missions qui ressemblent à s’y méprendre au travail des ONG humanitaires dont il sera question ici. L’aide humanitaire est une forme de solidarité destinée aux populations pauvres ou sinistrées. Cela prend les formes que l’on connait : distribution de vivres, de médicaments, de fournitures scolaires, de vêtements, campagnes gratuites de soins, constructions d’infrastructures (ponts, routes, puits, etc.)…

Pour avoir discuté avec des humanitaires et des militaires, la vision pragmatique d’un besoin mutuel semble dominer. Néanmoins, les incompréhensions et les oppositions entre les actions des uns et des autres sont bien loin d’être totalement clarifiées.

Les actions civilo-militaires des militaires participent à la stratégie mise en place pour « gagner les cœurs et les esprits ». En favorisant le développement économique et en assurant les besoins vitaux des populations, les militaires facilitent le retour de la sécurité. La présence des forces, souvent étrangères, sera mieux acceptée. Ces projets participent aussi à la sécurité de la force elle-même. Car au sein d’une population non-hostile et même coopérative, les militaires sont moins à la merci d’attaques ennemies qui nécessitent l’aide de la population. C’est cette vision utilitariste de ces aides qui est souvent mal perçue par les ONG. Ces mêmes ONG qui agissent avec une finalité plus "détaché" des buts matériels. Si, bien sûr on ne généralise pas le fait que certaines ONG ressemblent plus à des multinationales puissantes, qu’à des outils d’aide au développement pour réduire la pauvreté.

Un des autres reproches adressé aux militaires par les ONG, est la possible confusion entre les acteurs pour les populations visées. En effet, la similitude des actions ne permet pas une différenciation nette. Aussi bien lors des réussites que lors des échecs, les ONG peuvent être confondues avec les militaires ne permettant pas la juste reconnaissance des actions des uns et des autres. Les militaires, pour se défendre, rétorquent que toutes les missions sont faites en uniforme rappelant une utilité première de l’uniforme : la distinction civil/militaire. Mais l’uniformisation des acteurs de l’humanitaire (t-shirt avec des logos, pantalons beiges, voitures avec des drapeaux) tendent aussi à perturber les imaginaires collectifs entre des tenues camouflées et des tenues plus usuelles d’humanitaires.

Enfin, les ONG et les militaires ne peuvent se passer les uns des autres. Les militaires n’ont pas les mêmes crédits disponibles (de temps et d’argent) pour entreprendre des actions qui ne sont pas le cœur de leur métier. Le monopole de détention et d’emploi de la violence légitime (Max Weber) est leur attribution première. L’interdiction du droit humanitaire international de porter des armes oblige les ONG à faire appel aux militaires pour assurer leur défense. D’autant plus que leurs actions se déroulent généralement dans des zones instables où les violences sont courantes. En étudiant le cas du Darfour et de la région africaine des Grands Lacs, les sociétés militaires privées ont trouvé une niche économique en assurant discrètement la sécurité des humanitaires face aux coupeurs de routes. Malgré la présence de contingents (UE, UA, ONU,…), des zones lacunaires existent.

Finalement, à écouter les points de vue des différentes partis, deux visions semblent se dessiner révélant un vieil antagonisme. Les militaires auraient une vision réaliste de leur action et les ONG défendraient une vision plus idéaliste de l’aide aux populations.

mercredi 21 janvier 2009

Comme conclusion temporaire.

Le MinDéf israélien a annoncé que plus aucun soldat israélien n’était dans la bande de Gaza. C’était assez prévisible que les unités terrestres se retireraient, ne restant pas sur place en défensive comme lors de la Seconde Intifada (2000-2005). Dans un champ de ruines au sein d’une population revenue sur zone, sans aucune protection en dure (bastion walls, endossements, etc.) et faisant face au harcèlement de quelques combattants assez fanatisés pour agir, les bénéfices possibles étaient trop maigres par rapport aux nombres de menaces. L’après-conflit commence et rien n’est gagné: tout reste à faire. François Duran dresse un panorama qui n’est pas loin d’être exhaustif, le blog Géopolitique du Figaro publie quelques notes pertinentes et sur le blog de JD Merchet, Pierre Razoux se montre optimiste sur le bilan tactico-opératif israélien.

En se basant sur les communiqués officiels du service de com’ israélien, on peut dresser un bilan des pertes (désolé je n’arrive pas à insérer un tableau) : 10 tués (ou 14 ?) dont 5 officiers, au moins 208 blessés dont 3 dans un état critique et 18 dans un état sévère. C’est évidemment à prendre avec « des pincettes » : en phase 3 par exemple, lors des courts et rapides raids dans Gaza-ville, plusieurs comptes-rendus quotidiens successifs ne rapportent aucune perte…

Deux constats peuvent être tirés de ces chiffres. Tout d’abord, ils sont éloignés des 120 militaires tués lors de la « guerre de Juillet » en 2006. Certes les combats terrestres au sud-Liban ont duré plus longtemps (du 23 juillet au 14 août) et les assauts étaient plus meurtriers comme contre les positions enterrées de Bint Jbeil où 10 paras israéliens sont tués rien que le 28 juillet. Il apparait clairement que l’intensité des combats a été moindre. Les IDF ne sont pas venus s’empaler sur les possibles défenses urbaines du Hamas et c’est là un de leurs succès tactique qui a permis la constante adhésion de la population israélienne. Ensuite au niveau micro-tactique, le corps des officiers a été particulièrement touché. Le hasard de la guerre n’y est sans doute pas pour rien mais cela donne des indices sur le commandement des IDF. La majorité des officiers tués ou blessés appartient aux brigades Kfir et Golani. Ils ont été atteints lors d’échanges de tirs. Ces officiers ne sont pas reconnaissables par leur tenue (vert Tsahal comme les autres), ni par leur armement (Tavor ou M16), ni par la forme standard de leur casque. Le seul indice qui peut en faire des cibles de choix est le radio qui les suit. Ainsi cela montre clairement que les officiers de ces unités d’assaut sont au sein des éléments de tête pour diriger la manœuvre, s’exposant autant que leurs hommes.

Jusqu’à quel point les capacités militaires palestiniennes, autres que le tir de roquettes, sont-elles du bluff ? La résistance armée « héroïque et victorieuse » face aux colonnes israéliennes a été sporadique. L’effet de surprise des premières frappes a sans doute atteint la volonté des palestiniens, et les IDF ont gagné des points dès le début « dans l’affrontement de volontés ». La résistance a sans doute été l’œuvre de quelques combattants volontaires et expérimentés et non d’une opposition massive. Car à force de préserver ses capacités (pour plus tard avec la volonté de survivre dans la durée ?) et de trop vouloir attendre les forces israéliennes au cœur des villes, les uns et les autres ne se sont que peu croisés. Alors défaite du Hamas trop faible en culture tactique ou victoire des IDF ? Un peu des deux, le Hamas en fera sans doute un RETEX. Mais c’est sans doute toute surtout le fait de la sagesse et de la prudence des commandants israéliens pour ne pas offrir des cibles faciles. Le point fort palestinien d’action en zone urbaine a ainsi été contourné ou au moins évité. Le Gal Desportes ne dit-il pas que : « la règle éternelle et fondamentale de la guerre est celle du contournement ». L’adaptation peut mettre partiellement fin à la victoire que l’on automatise pour les acteurs asymétriques. On peut voir cela comme la réalisation du principe d’évitement, très présent dans la culture stratégique asiatique. Mais cela sera-t-il suffisant finalement ? Les Israéliens engagent une phase d’exploitation de quelques acquis qui peuvent être remis en cause pas tant sur le terrain mais par tous les éléments stratégiques extérieurs.

Enfin pour élargir le champ de réflexion sur la relation USA/Israël. Le choix de lancer l’opération « Plomb durci » pendant un transfert de l’autorité présidentielle est pour moi une heureuse opportunité plus qu’un élément déterminant. Je n’imagine pas l’état-major israélien attendre « apeuré » l’intronisation d’Obama comme une date finale où tout doit être terminé. Cela serait trop voir Obama pour ce qu’il n’est pas: le président du Monde ou un super-héros. Car lorsque l’on voit les difficultés des diplomaties européennes ou arabes à s’entendre pour tenter d’être à l’origine d’un cessez-le-feu, ce n’est pas une simple pression américaine qui va simplifier les choses dans le cadre du multilatéralisme. Même s’il est vrai que les autres diplomaties ont profité de la discrétion d’un acteur incontournable pour tenter de se faire une place au soleil. C’est le médiateur quasi traditionnel, l’Egypte, qui s'active et propose au nom des autres, conseillé par une multitude de propositions discordantes. Ainsi Mister président bienvenu dans le(s) bourbier(s) !