Il y a une question que beaucoup se pose : pourquoi n’y a-t-il pas d’offensive terrestre dans la bande de Gaza ? Car son non-lancement est en soi une surprise. La fenêtre d’opportunité n’a pas été utilisée juste après les premiers bombardements où la bande de Gaza est dans le désarroi, où les réseaux d’alertes ne sont pas forcément reconstitués, où les services de sécurité du Hamas encaissent des pertes réelles, etc. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les photographies compilées sur le blog Theatrum Belli : beaucoup de tués ou de blessés portent le treillis noir caractéristique du Hamas. Ce dernier n’aurait aucun intérêt à truquer ces photos et à organiser des mises en scène avec ces tenues car elles démontrent que les frappes de Tsahal ne touchent pas que des civils (on parle d’au pire un ratio de 50% - 50%) et donc la diabolisation de l’opération n’est pas rendu plus simple.
Pour tous ceux qui s’intéressaient un peu au RETEX de la guerre du Liban l’été 2006, (ou ici) on se souvenait qu’une des conclusions tirées, était que les IDF (Forces de Défense israéliennes) avaient eu « une confiance excessive en la puissance de l’armée de l’air ». En effet, l’emploi des armes de précision délivrées par les airs (en simultanée avec des frappes d’artillerie) n’avait pas donné les résultats escomptés face aux postions enterrées du Hezbollah ou sur les quartiers généraux du mouvement chiite. En relisant dans le n° 29 de DSI, l’article intitulé « Au-delà du scandale, quels enseignements retirer du rapport intermédiaire de la Commission Winograd ? », j’étais conforté dans cette position. Trop d’aérien a entrainé une défaite de Tsahal et a sans doute amené une victoire du parti de Nasrallah. L’Israeli Security Revolution (la RMA locale) était remise en cause. Les coups de gueule des réservistes, les démissions ou les départ des officiers fautifs, la mise à l’honneur de l’emploi du génie, des blindés et des fantassins lors de la Seconde Intifada avaient « bouleversé » la culture stratégique israélienne. Aujourd’hui, il en serait donc rien ! L’artillerie ne tire pas, les drones tournoient au-dessus de Gaza, hélicoptères et chasseurs sont les seuls à agir sans (et c’est à noter) avoir à subir de tirs de missiles sol-air portatifs. Les faibles et possibles incursions commandos (habituelles lorsque l’on étudie la question) ne sont en rien la grande opération terrestre que beaucoup (moi en premier) imaginait. Au mieux, ce sont des opérations d’éclairage pour tâter le terrain.
Et si les déploiements de lourds Merkava, de transports de troupes, de monstrueux bulldozers blindés n’étaient qu’une énorme opération de pression psychologique dont j’ai un peu de mal à comprendre encore la portée et l’intérêt. En effet, il faut voir comment les journalistes du monde entier s’empressent de s’agglutiner autour des colonnes de véhicules, multipliant les séquences de soldats en attente dont ne sais plus quoi. La boue empêcherait aux chars et aux fantassins de circuler convenablement, il n’y aurait plus rien à attaquer, il y aurait les mêmes tirs de saturation de RPG face aux chars qu’au Sud-Liban, etc. Les excuses sont nombreuses et pas grand chose ne bouge à part sur le Web et aux infos. A l’heure actuelle, une des conclusions que l’on peut déjà tirer de l’opération « Plomb durci » est la grande ampleur dans chaque camp de la bataille par l’information. Les opérations de déception se multiplient. L’AFP pourrait même si faire prendre : « Hamas : "une trêve sous conditions". AFP 01/01/2009 | Mise à jour : 13:50. Le Hamas a annoncé qu'il acceptait "sous conditions" les propositions formulées par l'Union européennes en vue d'une trêve avec Israël dans la bande de Gaza. » Et ensuite : « Le Hamas dément accepter une trêve. AFP 01/01/2009 | Mise à jour : 16:55. Le Hamas a démenti aujourd'hui accepter "sous conditions" les propositions formulées par l'Union européenne en vue d'une trêve avec Israël dans la bande de Gaza, attribuant à un "faux communiqué" des déclarations en ce sens d'un de ses porte-parole. »
Entre des faux communiqués, des conférences de presse réglées comme du papier à musique, les vidéos de frappes aériennes ou de tirs de roquettes qui pullulent sur le portail Youtube, l’instrumentalisation de la mort de 3 frères de 6 à 8 ans, la psychologique atteint un haut niveau d’activité. Alors, l’offensive terrestre : une éventualité, un coup de bluff, un signe que l’unité des plus hautes instances israéliennes est de façade, que l’armée de l’Air a toujours les postes à hautes responsabilités ? Pour le moment mystère.
MAJ 1: J'éviterais dorénavant d'être trop impératif, car à 19H34:
"Des responsables de la Défense israélienne annoncent que des forces terrestres franchissent la frontière de la Bande de Gaza."
Donc après les reconnaissances nocturnes signalés le long de la bande de Gaza, après les tirs d'artillerie, les blindés se seraient mis en route pour "prendre le contrôle" des régions d'où partent les tirs de roquettes. Affaire à suivre...
3 commentaires:
Gaza est coupé en 2, les pertes coté israéliennes sont relativement légères malgré le fait que le Hamas avait des mois pour tout piéger, mais quelle sera la suite de l'opération ?
''Décapitation'' du Hamas sur place ou ratissage de grande envergure quartier par quartier ?
Il est à noter que les pertes militaires de Tsahal sont extrémement légéres alors que le Hamas avait des mois pour préparer des piéges en tout genres. Le Hamas fait il le ''gros dos'' en attendant que les pertes civiles s'accumulent et que la pression internationale fait reculer Israel ?
De jour en jour les pertes augmentent plus que sensiblement pour Tsahal (eux savent que la guerre tue...) et parallèlement les objectifs assignés ne sont pas encore atteints. L'initiative peut changer très rapidement de camp...
Je développerais sans doute demain dans un billet ma vision personnelle de la situation qui pour le moment ressemble à un match nul.
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