samedi 5 décembre 2009

Insécurité routière en Afghanistan

L’Afghanistan détient le triste record d’être l‘un des pays le plus minés au monde. La mission de l’ONU en Afghanistan (UNAMA) estime que plus de 10 millions de mines ont été posés en 30 ans de guerre (à comparer avec les 46 millions de mines environ encore enfouis sur l’ensemble du continent africain). À cette menace silencieuse et sournoise s’ajoute celle plus récente constituée par les piégeages de circonstance et la mise en place d’engins explosifs improvisés de plus en plus perfectionnés.


Concentrées très tôt dans la région de la capitale, les forces terrestres françaises ont majoritairement faits face durant les quatre premières années de présence à des attaques à la roquette chinoise de type CHICOM ou à des embuscades sporadiques de faible ampleur. Le 19 octobre 2005, un Véhicule Blindé Léger (VBL) subit la première attaque IED du contingent français. D’autres vont suivre.

Au niveau du théâtre

Les observateurs parlent alors d’irakisation du conflit afghan avec l’augmentation des attaques suicides jusque là inexistantes et du nombre d’IED comme mode d’action insurgé prédominant. L’analyse comparée des années 2006 à 2007 fait ainsi apparaître un accroissement de 30% du nombre d’évènements EEI. Malgré les progrès en termes de C-IED, il en découle une augmentation équivalente du nombre de victimes de 30% (tués et blessés confondus).

À l’échelle de l’Afghanistan, la tendance de ces deux dernières années est à la multiplication des accrochages (les TIC ou Troops in Contact c’est-à-dire dès qu’il y a prise à partie par l’ennemi) et à une baisse des IED. Néanmoins, cette dernière menace reste importante sans jamais atteindre pourtant le niveau record du mois de décembre 2005 en Irak avec 50 incidents IED par jour. On compte ainsi actuellement un peu moins de 400 incidents IED par mois (ce chiffre ayant doublé en un peu plus de deux ans).

Sur la zone de responsabilité française


Le croisement des sources ouvertes (rubrique Afghanistan du blog Le Mamouth en particulier et reportages sur le terrain de grands quotidiens nationaux) permet de se faire une idée approximative de la menace EEI dans le district de Surobi et dans la province de Kapisa.

En moyenne, moins d’un quart des EEI explosent, le reste étant découverts. Plus de deux tiers des EEI découverts le sont grâce à des renseignements de différents origines : drones Harfang ou SDTI par exemple mais surtout par des informations directement délivrées par la population. Le dernier tiers l’est suite à l’ouverture des itinéraires par les détachements du Génie.

Il existe aujourd’hui des disparités importantes selon les zones de déploiement. Sur une durée équivalente de six mois, il y a moins de 5 incidents IED en Surobi alors qu’il y en a plus de 20 en Kapisa. Depuis la bataille d’Alasay en mars 2009, la différence ne fait que s’accentuer, les insurgés étant sur le reculoir. Le Groupement Tactique Interarmes (GTIA) a sans doute gagné le respect des populations par cette démonstration de force mais il doit aussi faire face à une certaine désespérance des insurgés qui se matérialise par une hausse du nombre d’EEI avec plus de 50 durant le dernier mandat.

Les IED sont responsables de plus de 47% des pertes au combat de la Coalition depuis 2001 (il y a plus ou moins autant de pertes par accrochages, le reste étant le fait des crashs d’hélicoptères ou d’attaques suicides). Les Britanniques sont le contingent le plus touché par cette menace, l’armée française perdant quatre tués suite à des EEI sur les 36 militaires morts en Afghanistan (soit 14%).


En conclusion, il est communément rappeler qu’une lutte efficace face aux EEI repose sur 60% d’entrainement, 30% de technique et 10% de chance. La tactique prédominant sur la technique qui a aujourd’hui atteint sans doute un seuil maximal d’efficacité. Nous verrons dans un prochain article, la riposte globale mise en place par les forces françaises pour faire face à cette menace.

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