samedi 17 janvier 2009

La téléphonie est au cœur des combats.


Moins au cœur des débats que l’emploi d’obus au phosphore blanc, des bombes composées de tungstène et que les tirs depuis des mosquées, des écoles ou des hôpitaux, les téléphones fixes ou mobiles sont eux aussi au centre des opérations. Rapide tour d’horizon de la question que la possible annonce d’un cessez-le-feu unilatéral ne rend pas caduque.

Dès le début de l’opération « Plomb durci », les soldats israéliens des unités terrestres s’étaient vus confisqués leurs téléphones portables avant de pénétrer dans la bande de Gaza. Ainsi l’État-major de théâtre voulait s'assurer l'exclusivité de la provenance des informations. Durant la guerre de Juillet 2006, il n’avait pas été rare que des soldats appellent leurs proches du Liban Sud pour leur faire part de leurs angoisses, des difficultés matérielles, de la dureté des combats, etc. Les interférences entre les services de communications officiels et ces échos individuels avaient nuit au soutien de l’arrière. Cette mesure s’inscrit dans une approche globale de contrôle de la communication comme le montre les difficultés faites aux journalistes pour se rendre au cœur de la bande de Gaza. Les journalistes intégrés dans les unités sont rares ou sinon triés sur le volet selon leur apport pour l’élaboration d’un consensus interne.

Pour l’anecdote, je suis sûr qu’un CEMAT, connu par chez nous, jubile devant une telle décision. Se passer de portable étant pour lui un gage de sécurité pour les familles des personnels en OPEX si ces derniers étaient saisis par les adversaires.

Dans la guerre psychologique, de l’information ou de propagande, le téléphone est aussi employé par les deux camps. Ce vecteur s’ajoute aux haut-parleurs qui, par des messages en hébreu, promettaient l’enfer aux troupes israéliennes alors qu’elles n’étaient pas encore rentrées dans Gaza. Ou encore aux lâchers de tracts qui annonçent l’imminence d’un bombardement (cf. à Rafah) ou qui donnent les modalités pratiques afin de dénoncer les combattants palestiniens aux renseignements israéliens. Dans les zones frontières et dans le Sud Liban, les habitants reçoivent des messages préenregistrés ou des SMS en hébreu ou en arabe délivrant des avertissement, des mises en garde, jouant sur la peur et la psychose, etc. Des logiciels informatiques peu sophistiqués permettent de le faire en quelques clics à grande échelle.

Il y a dix jours, JD Merchet publiait un billet sur une des méthodes de l’armée israélienne pour éviter les pertes civiles. Un quart d’heure avant une frappe aérienne visant, un haut responsable, il est prévenu de mettre en urgence sa famille à l’abri. Je n’imagine pas très bien ce chef militaire ou politique restait sur place après avoir fait évacuer ses proches ! Est-ce juste par éthique, pour se dédouaner ? Cela donne t'il des résultats ? En Israël, en plus du hurlement des sirènes, les populations civiles se situant à portée des tirs des roquettes sont averties par SMS d’une arrivée imminente de roquettes. Ils sont donc invités à se mettre aux abris le plus rapidement possibles en attendant la fin des alertes.

Un habitant de Gaza décrivait dans un témoignage la nécessité d’éteindre son portable lorsqu’il se terrait dans son habitation, des chars israéliens étant positionnés non loin. La peur de la méprise et du tir de riposte, si le téléphone se mettait à sonner, obligeaient cette coupure : pour les tankistes est-ce un appel d'un habitant ou un système de déclenchement d’un IED ?

De plus, les communications ne sont plus entièrement assurées. Certains réseaux ne marchent plus, l’unique centrale électrique de Gaza est stoppée, et les lignes de communications même enterrées ont pu être atteintes par les bombes ou l'artillerie. Ainsi comme le Hezbollah qui dispose de ses propres systèmes parallèles de communications, les forces du Hamas ont, peut être, installé des lignes enfouies dans des tunnels. Enfin des brouilleurs certainement installés par les IDF génent l'utilisation de ces portables qui sont un moyen de détection et de localisation par triangulation avant un traitement par une frappe de précision. Pourtant, malgré ces limites, les attentats de Bombay ont été des exemples transposables de l’utilisation des réseaux publics pour l’organisation d’actes de terrorisme. En effet les assaillants semblent avoir été dirigés via des portables depuis le Pakistan.

En conclusion, les bombardements sur les installations et les infrastructures de télécommunications peuvent s'inscrire dans la célèbre théorie des cinq cercles du colonel américian, John Warden. Ces installations sont comprises dans le deuxième cercle: celui des éléments organiques essentiels qui composent un des cinq anneaux du systéme ennemi. Les forces aériennes israéliennes semblent être attachées culturellement à cette stratégie de bombardement. La guerre du Liban le prouve et le RETEX a montré que malgré ses limites tout n'est pas à rejeter dans cette manière de procéder.

P.S : Dans le fil info du Nouvelobs en trois parties (P1, P2, et P3), il est possible de trouver les sources de tout ce qui a été énoncé plus haut. Une recherche sur Internet (« téléphone et Gaza et Israël ») sur Google info ou sur d’autres moteurs de recherches permet de croiser les informations.

mercredi 14 janvier 2009

Chroniques gazaouites n°3 (+MAJ).

Je reconnais que je ne me fatigue pas trop pour les titres, mais bon ce n’est pas l’essentiel…



Après un ralentissement, le tempo actuel des opérations s'accélère de nouveau. C’est assez vrai pour chaque transition entre les phases : bombardement/action terrestre et action terrestre/pénétration dans les cœurs urbains. Cela donne une courbe montant rapidement en un jour, deux à trois jours de haute intensité suivis d’une lente baisse en deux ou trois jours avant une nouvelle phase de hausse rapide.

Des unités de réservistes sont rentrées dans la bande de Gaza après une semaine d’entraînement intensif. On pourrait retrouver une vieille distinction entre des troupes de secteur assez statiques et des troupes d’intervention plus mobiles. Elles seraient employées dans des missions de contrôle d’axes (en particulier les pénétrantes Nord/Sud surveillées par des bouchons et des check-points) mais aussi des missions de sûreté autour des unités de combat ou pour les ultimes nettoyages des quartiers d’approche et périphériques. Alors même que les unités professionnelles (listées ici), ayant leurs lignes arrières occupées et contrôlées, rentreraient petit à petit dans les centres.

Ces substitutions de positions entre les unités, plus les brefs coups de sonde réguliers par des raids de 300 à 500 mètres avant un repli, permettent d’appréhender les opérations comme un ensemble dynamique : des pistons, l’injection de l’air comprimée, la physique des fluides, etc. Cette vision imagée donne sur le terrain des avancées et des reculs, la concentration contrainte des forces palestiniennes sous la pression des IDF, le resserrement par cercles concentriques des dispositifs israéliens autour et dans les villes, etc. L’absence apparente de découpage des villes en secteurs, et donc la non-fragmentation des forces palestiniennes, entraîne une plus grande densité de combattants au centre de la manœuvre. Cet qui conduira soit à une discrimination plus simple du fait de la quantité soit à une réduction plus complexe du fait de la résistance massifiée. Les prochains jours le diront si bien sûr les IDF poussent leurs efforts jusqu’à une jonction entre les unités grâce à une réduction méthodique. Cela serait un préalable sans doute visé par les dirigeants avant un retrait négocié. En effet, le consensus interne au sujet de la légitimité des opérations ne me semble ni assez élevé ni intéressé par une future occupation.

Les efforts pour la mobilité et la contre-mobilité que se livrent les deux adversaires entraînent une adaptation et une contre-adaptation dans des cycles très courts où l’expérience joue beaucoup. Nos « lois d’actions réciproques » chères à Clausewitz ont un champ d’application tout trouvé. En effet le piégeage des ouvertures d’habitations, la multiplication des « booby traps », l’utilisation d’IED ou même de commandos suicides obligent à un long travail de déminage pour le génie d’assaut. Il est régulièrement fait allusion à des munitions abandonnées et piégées, à des mannequins ou des cadavres explosifs, etc. Ces modes opératoires visent finalement plutôt les hommes que les machines. En effet, peu de pertes de véhicules blindés ou d’aéronefs (en particulier hélicoptères) sont signalées. Un hélicoptère semble avoir été touché mais non abattu (au moins trois autres ont du faire des manœuvres d'évitement), un à deux MANPADs ont été tirés contre des avions, des Merkava sont visés par des bombes humaines ou des missiles antichars sans que l’on puisse connaître très bien les résultats.

Pour terminer sur un autre aspect tactique du combat par les hauteurs (ce qui semble prédominer) ou par les profondeurs (quelques tunnels sont néanmoins traités), une petite anecdote historique. Durant la première quinzaine d’octobre 1957, une compagnie du 3ème RCP (Régiment de chasseurs parachutistes) est contrainte de livrer des durs combats dans les égouts et les catacombes de la ville de Miliana (120 km au sud-ouest d’Alger). En effet, des renseignements annoncent la présence d’une section FLN du secteur dans cet ensemble souterrain. Les combats feront sept morts chez les parachutistes et 14 tués chez les combattants du FLN. Le chef de corps du régiment, le colonel Bigeard, fait écho de l’opération dans ses mémoires : « Pour gagner, nous devons affronter l’ennemi dans sa cachette, un vrai terrier, un trou à rats percé comme du gruyère, plein d’anfractuosités. C’est la seule solution. La lutte est incertaine et cruelle, souvent au corps à corps. Il faut se battre pour chaque mètre de terrain. Les morts s’accumulent des deux côtés. » Il poursuit en notant que le seul aspect positif, est l'absence de population civile sous terre. C’est donc des actions où la discrimination ami/ennemi est simplifiée.

Cf. les commentaires pour une rectification d'importance.

dimanche 11 janvier 2009

Chroniques gazouites n°2 (+MAJ).


Un premier bilan peut être fait sur les forces en présence. Du côté israélien, ce n'est pas moins de 5 à 6 brigades: la brigade à dominante génie Kfir spécialisée dans l’action en « Territoires occupées », la brigade « historique » Golani créée en 1948, la brigade Givati d’infanterie d’assaut armée du nouveau fusil CTAR-21 Tavor, la brigade parachutiste présente lors de chaque opération d’Israël, la brigade blindée Barak, certainement une autre brigade blindée au marquage non identifié (sans doute la 401ème) et différentes unités de FS (les "Sayerot"). Elles sont appuyées par une myriade d’hélicoptères Cobra ou Apache, d’avions F-15E ou F-16 et par les armes de la marine israélienne qui maintient un blocus au large de Gaza.

Du côté de « la résistance palestinienne » (dénomination qui ne me convient pas mais qui est plus pertinente que le terme de « Hamas »), c’est un ensemble. Il y a bien sur la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine Al-Qassam qui composaient une partie des forces semi-officielles de sécurité de Gaza. Mais c’est aussi des combattants du FPLP, dont des membres présents au Liban pourraient être les auteurs des tirs de roquettes du 9 janvier (à partir d’une zone contrôlée par le Hezbollah…). Le FPLP avait en effet reçu le soutien du Hamas pour l’élection de certains députés en 2006. Et enfin, c'est l'apport de volontaires nationaux et internationaux plus ou moins bien formés: on parle du Jihad islamique palestinien basé à Damas. La participation des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa affiliées au Fatah n’est pas à exclure (à titre individuel) et cela malgré les divergences existant entre les deux mouvements.

Alors même que certaines déclarations israéliennes commencent à évoquer une fin rapide, la ligne d’effort vise dernièrement les fameux tunnels de contrebande. Cet été, la presse spécialisée avait rapporté que les Etats-Unis ralentissaient l’envoi d’armements vers Israël. Des troupes US stationnant en Irak étaient en effet sous la menace des retours d’une opération unilatérale israélienne visant l’Iran. Ces ventes comportaient en particulier des bombes guidées GBU ou JDAM capables de percer les couches de béton des bunkers. Qu’en est-il du niveau des stocks après les dizaines de sorties quotidiennes de l’aviation et qu’en est-il de l’efficacité des frappes sans déploiement au sol ? Il est vrai que ces fameux tunnels, même creusés en profondeur, ne nécessitent peut être pas ces munitions pénétrantes. Elles sont sans doute réservées aux souterrains urbains dont certaines ramifications sont mises à jour puis sécuriser méthodiquement. Comme au Sud-Liban, certains tunnels seraient prévus pour faciliter la capture de soldats israéliens isolés.

Après l’encerclement des grandes agglomérations, les IDF pénètrent prudemment et très lentement au cœur des zones urbaines. L’opposition rencontrée devient de plus en plus violente (les blessés et les pertes augmentent). Les forces adverses semblent s’être ressaisies et organisées : déjà 15 jours d’opérations, le choc initial est encaissé. Il n’y a plus d’effet de surprise, les lignes de front en périphérie des villes stagnent : des unités avancent à Gaza-ville ou Khan Younès, reculent face aux affrontements de la tactique d'harcèlement et à la présence en nombre de « booby traps » (« pièges à cons »). Les unités s’enterrent en périphérie. Ainsi les Merkava III ou IV sont généralement embossés en limite des zones urbaines pour appuyer la progression avec leur 120 mm loin des possibles tirs de missiles Metis-M ou Kornet. Finalement grâce aux renseignements HUMINT (d’infiltrés et de retournés, sans doute) et IMINT (drones), quelques leaders palestiniens sont atteints et quelques caches sont découvertes.

Par tous les moyens (appel téléphonique, tracts à profusion, etc.), les IDF tentent de réduire les pertes civiles qui augmentent à un niveau très (trop ?) élevé: plus de 800 morts et 3.000 blessés. L’impossibilité de fuir pour la population enfermée à Gaza sera certainement un aspect opératif à étudier : pas de déracinés, mais un nombre important de pertes qui peuvent autant motiver une nouvelle génération de résistants qu’amener de la lassitude pour la population de Gaza. Israël (pour faire bonne figure ?) participe à des initiatives diplomatiques en parallèle de la poursuite des opérations militaires. La situation humanitaire immédiate est au cœur des discussions plus que le règlement en profondeur du différent isarélo-palestinien (ou plutôt Hamas/Israël) dont le retour au statut-quo ante-conflit ne réglerait rien : une trêves est, d'expérience, temporaire. Elle n'est qu'un infime début sans plus.

Et pendant ce temps là les roquettes Qassam, Grad ou trafiquées continuent de tomber. Un match nul semble être un juste milieu du mouvement de pendule entre défaite et victoire ou plutôt entre des avancées et des reculades. Mais la montée en puissance des combattants palestiniens pourrait modifier la conclusion, voir réduire la durée de l'opération.

mercredi 7 janvier 2009

Chroniques gazaouites.


Pour ce soir, quelques remarques personnelles à propos de l’opération « Plomb durci » entre les IDF et le Hamas. Pour la structuration, il faudra repasser…

Chacun d’entre nous possède ces sources pour s’informer au mieux de l’évolution de la situation. Les erreurs à répétition (j’espère d’inattention) du flash actu du Figaro ou les articles tellement partisans que l’on ne parvient plus à faire la part des choses compliquent la tâche. Une bonne base pour croiser ces sources me semble assez pertinent (pour ceux qui ne connaissant pas encore) : c’est le flux d’informations du quotidien israélien Haaretz. Le « Le Monde local » compile régulièrement (toutes les 10 minutes environ) des dépêches qui se révèlent rarement tronquées. Ce quotidien rattaché à aucun parti (ni aux travaillistes, ni au Likoud, ni à Kadima) produit des points de vue et des chroniques souvent intéressants dans sa page spéciale : Special coverage warfare in Gaza.

Ensuite poursuivant la vague d’interrogations légitimes débutée par un (excellent) article de François Duran sur la notion de « sufficient victory », je rajouterais quelques remarques. Hier, pour les Israéliens, ce fût la première dure journée. Le combat à longue portée (par l’aérien ou par l’artillerie) n’est plus l’unique cas de figure. Définitivement, les forces au sol sont au contact de combattants et des populations. Après les deux à trois premiers jours d’opérations dans des zones que l’on classifie comme « d’approche » ou « périphéries » pour le milieu urbain, certains combats se déroulent dans le « cœur » des cités. Du Liban 2006, les IDF sont passées aux actions de l'armée libanaise dans le camp de Nahr el Bared. Les distances de tirs se sont réduites : c’est la fin des découverts permettant la manœuvre, l’emploi maximum des moyens d’observation, la visibilité des mouvements, etc. Les habitats étaient isolés et de tailles réduites pouvant être traités les uns après les autres sans laisser de zones non traitées. Depuis hier, au cœur d’un habitat cloisonné en 3D, les combats deviennent plus meurtriers (pertes civiles et militaires). Car en plus, la bande de Gaza est une nasse : blocus, découpage en trois zones, difficultés de se déplacer, etc. La population, par contrainte plus que par résistance ou attachement, ne peut s’enfuir. On est loin de la bataille dans une ville comme Falloujah, vidée plusieurs jours avant de ces habitants. C’est une guerre au sein et avec les populations.

Je serais tout aussi sceptique sur la réaction du Hamas. Les réalités quotidiennes des combats vues par le Hamas sont encore plus complexes à appréhender. Pourtant, l’impression d’ensemble qui se dégage est que la tactique suivie est l’évitement poussé à l’extrême. Les affrontements sont très peu nombreux. La grande résistance héroïque des forces du Hamas semble POUR LE MOMENT loin d’être une réalité. Bien sûr, il faut rester prudent (comme l’approche des IDF) car le Hamas se terre sans doute pour mieux se préserver pour le court terme quand les forces seront au cœur des cités mais aussi à long terme. Se sachant non destructible entièrement, la résistance face à Israël s’inscrit dans un temps long. Ainsi à part des tirs de mortiers, quelques snipers, les capacités de nuisance promises seraient dans les installations souterraines plutôt qu’à l’air libre. Cela peut être suffisant, car le seul fait de subsister est déjà en soi une victoire. Et l’incident ayant de grandes répercussions du « caporal stratégique » n’ pas besoin de grand-chose pour avoir lieu : un peu plus qu’une école de l’ONU par exemple.

Enfin pour conclure globalement, il est pour moi malheureusement utopique de croire à un règlement rapide malgré les efforts (et quelque fois les gesticulations) diplomatiques. La majorité de la « trinité » israélienne possède un véritable « esprit de combat ». Ce soir, les IDF ne s’arrêteront pas car ils n’ont rien obtenu (et n’obtiendront peut être jamais quelque chose) à part la perte de plusieurs centaines de militants du Hamas dont quelques grandes figures. Les tirs de roquettes se poursuivent, donc les opérations méthodiques continueront pour moi : à la recherche des réseaux et des stocks des roquettes (instruments stratégiques ?) qui ont remplacé les attentats suicides plus complexes à organiser avec les murs de protection ou encore avec les bombardements annoncés par tracts des fameux tunnels de Rafah, etc. Le rétablissement de la capacité de dissuasion des IDF est en jeu et cette campagne de pression ne vise pas que le Hamas mais toute le Proche Orient !

Quand à l’idée émise, de forces du génie (entre autres) de l'OTAN pour s’occuper du problème des tunnels, il faudrait trouver « les états kamikazes » pour y aller ! Donc à mon sens, cela restera au niveau planification, ou sinon je comprends encore moins bien l’Otan. Alors bon courage pour ceux qui tente d’en saisir la logique !

samedi 3 janvier 2009

On s’est fait avoir. (+MAJ)


Il y a une question que beaucoup se pose : pourquoi n’y a-t-il pas d’offensive terrestre dans la bande de Gaza ? Car son non-lancement est en soi une surprise. La fenêtre d’opportunité n’a pas été utilisée juste après les premiers bombardements où la bande de Gaza est dans le désarroi, où les réseaux d’alertes ne sont pas forcément reconstitués, où les services de sécurité du Hamas encaissent des pertes réelles, etc. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les photographies compilées sur le blog Theatrum Belli : beaucoup de tués ou de blessés portent le treillis noir caractéristique du Hamas. Ce dernier n’aurait aucun intérêt à truquer ces photos et à organiser des mises en scène avec ces tenues car elles démontrent que les frappes de Tsahal ne touchent pas que des civils (on parle d’au pire un ratio de 50% - 50%) et donc la diabolisation de l’opération n’est pas rendu plus simple.

Pour tous ceux qui s’intéressaient un peu au RETEX de la guerre du Liban l’été 2006, (ou ici) on se souvenait qu’une des conclusions tirées, était que les IDF (Forces de Défense israéliennes) avaient eu « une confiance excessive en la puissance de l’armée de l’air ». En effet, l’emploi des armes de précision délivrées par les airs (en simultanée avec des frappes d’artillerie) n’avait pas donné les résultats escomptés face aux postions enterrées du Hezbollah ou sur les quartiers généraux du mouvement chiite. En relisant dans le n° 29 de DSI, l’article intitulé « Au-delà du scandale, quels enseignements retirer du rapport intermédiaire de la Commission Winograd ? », j’étais conforté dans cette position. Trop d’aérien a entrainé une défaite de Tsahal et a sans doute amené une victoire du parti de Nasrallah. L’Israeli Security Revolution (la RMA locale) était remise en cause. Les coups de gueule des réservistes, les démissions ou les départ des officiers fautifs, la mise à l’honneur de l’emploi du génie, des blindés et des fantassins lors de la Seconde Intifada avaient « bouleversé » la culture stratégique israélienne. Aujourd’hui, il en serait donc rien ! L’artillerie ne tire pas, les drones tournoient au-dessus de Gaza, hélicoptères et chasseurs sont les seuls à agir sans (et c’est à noter) avoir à subir de tirs de missiles sol-air portatifs. Les faibles et possibles incursions commandos (habituelles lorsque l’on étudie la question) ne sont en rien la grande opération terrestre que beaucoup (moi en premier) imaginait. Au mieux, ce sont des opérations d’éclairage pour tâter le terrain.

Et si les déploiements de lourds Merkava, de transports de troupes, de monstrueux bulldozers blindés n’étaient qu’une énorme opération de pression psychologique dont j’ai un peu de mal à comprendre encore la portée et l’intérêt. En effet, il faut voir comment les journalistes du monde entier s’empressent de s’agglutiner autour des colonnes de véhicules, multipliant les séquences de soldats en attente dont ne sais plus quoi. La boue empêcherait aux chars et aux fantassins de circuler convenablement, il n’y aurait plus rien à attaquer, il y aurait les mêmes tirs de saturation de RPG face aux chars qu’au Sud-Liban, etc. Les excuses sont nombreuses et pas grand chose ne bouge à part sur le Web et aux infos. A l’heure actuelle, une des conclusions que l’on peut déjà tirer de l’opération « Plomb durci » est la grande ampleur dans chaque camp de la bataille par l’information. Les opérations de déception se multiplient. L’AFP pourrait même si faire prendre : « Hamas : "une trêve sous conditions". AFP 01/01/2009 | Mise à jour : 13:50. Le Hamas a annoncé qu'il acceptait "sous conditions" les propositions formulées par l'Union européennes en vue d'une trêve avec Israël dans la bande de Gaza. » Et ensuite : « Le Hamas dément accepter une trêve. AFP 01/01/2009 | Mise à jour : 16:55. Le Hamas a démenti aujourd'hui accepter "sous conditions" les propositions formulées par l'Union européenne en vue d'une trêve avec Israël dans la bande de Gaza, attribuant à un "faux communiqué" des déclarations en ce sens d'un de ses porte-parole. »

Entre des faux communiqués, des conférences de presse réglées comme du papier à musique, les vidéos de frappes aériennes ou de tirs de roquettes qui pullulent sur le portail Youtube, l’instrumentalisation de la mort de 3 frères de 6 à 8 ans, la psychologique atteint un haut niveau d’activité. Alors, l’offensive terrestre : une éventualité, un coup de bluff, un signe que l’unité des plus hautes instances israéliennes est de façade, que l’armée de l’Air a toujours les postes à hautes responsabilités ? Pour le moment mystère.

MAJ 1: J'éviterais dorénavant d'être trop impératif, car à 19H34:

"Des responsables de la Défense israélienne annoncent que des forces terrestres franchissent la frontière de la Bande de Gaza."

Donc après les reconnaissances nocturnes signalés le long de la bande de Gaza, après les tirs d'artillerie, les blindés se seraient mis en route pour "prendre le contrôle" des régions d'où partent les tirs de roquettes. Affaire à suivre...

Adieu 2008, à nous 2009.

Ceci est le premier billet de l'année 2009, donc je souhaite une très bonne année aux "collègues" de l'émergente blogosphère stratégique francophone et à tous mes lecteurs (70 visiteurs uniques par jour environ).

Ce billet est de plus le n°100 depuis l'ouverture il y a 6 mois. Durant cette période, j'ai, sans aucun doute, alterné le très moyen, le moyen et parfois le bon. Mais n'ayez pas peur, je poursuis mes efforts dans la durée (un parallèle COIN et blog). En espérant que ce simple blog peut vous apporter autant à vous qu'à moi.

L'année 2009, j'en suis sur permettra encore de grandes discussions sur les Relations Internationales, la Défense et la Sécurité.

Et plus que jamais, SOLDAT NOUS NE T'OUBLIONS PAS!