samedi 30 août 2008

Citation 8.

A l'attention de Francis Fukyama et un peu du ministre de la Défense lors de son audition par la commission "Défense" de l'Assemblée Nationale.



"La guerre a un superbe passé; elle a aussi "un bel avenir"!"


"La guerre est notre passé, elle est notre présent : elle sera notre futur."


Par le général Vincent Desportes in La guerre probable.

vendredi 29 août 2008

Communication : suite…

Toujours au sujet de l’événement du 18 et du 19 août. Je ne pense pas avoir été lu par toute la DICOD du MinDéf ou le SIRPA Terre mais force est de constater (je m’incline) que l’intervention du général de corps d’armée Benoît Puga, sous-chef opérations de l’Etat-major des armées, au point de presse hebdomadaire du ministère de la Défense le 28 août 2008 était d’une autre valeur que celle donnée une semaine plus tôt.
C’était une conférence de presse bien ficelée avec un plan général avec un effet grossissant sur la situation accompagné de diapositives PowerPoint (les commandements et les opérations, les effectifs des troupes dépendant de tels mandats, des cartes et des schémas spatio-chronologiques) et enfin une explication orale où les chronologies sont reprises et décryptées temps par temps avec explications, données chiffrées et analyses. On trouve encore tout cela sur le site du MinDéf.

Le déroulé des accrochages s’éclaire avec une bonne présentation et des réponses, des démentis alors même que les rumeurs venaient d’être relancées la veille par le Palmipède Agité. Les démentis étaient plus catégorique que ceux du Lieutenant chargé de la communication du 8ème RPIMa au sujet du manque de formation des renforts envoyés en Afghanistan pour remplacer la section décimée… Ou comment permettre aux sceptiques et aux dénigreurs professionnels de s’engouffrer dans la brèche…

Le temps qui sépare ces deux présentations a permis sans aucun doute de rectifier la barre. La réactivité sur la semaine peut avoir payée. En effet immédiatement après la conférence les agences de presse et les médias reprenaient en plus des paroles « osées » et atypiques du général qui annonce que les talibans « ont pris une sacrée raclée », les propos principaux de la conférence.

Le champ lexical de la tactique dont on trouvera un bon aperçu dans le livre de Michel Yakovleff, peut sans doute être repris dans le monde de la communication. Ou dit autrement : une communication offensive épaulée par des moyens en adéquation avec la mission conduit par des chefs de qualité permet sans aucun doute de reprendre l’initiative ou au moins de rééquilibrer la tendance… On attend avec impatience la phase d’exploitation faisant suite à toute brèche dans le dispositif de dénigrement…

mardi 26 août 2008

Communication, Défense et Afghanistan.

A propos de l’embuscade et autant que je puisse m’en rendre compte, la communication a un peu pataugé au moins si l’on reste sur les faits purement militaires (niveau tactique) sans entrer dans l’instrumentalisation des 10 morts.

Dans tous les débats sur la COIN quelque chose m’avait frappé lorsque l’on parlait de gagner les cœurs et la population, c’état qu’il fallait les gagner là où les Armées opéraient mais aussi dans nos sociétés occidentales qui fournissent des Troupes. La communication et les médias dont le pouvoir de convaincren’est plus à prouver, sont alors des outils utiles pour parvenir à cette adhésion autour de l’action des forces armées.

J’ai « hélas », l’envie bien pessimiste, de croire que la communication officielle du Ministère de la Défense et de l’EMA autour de cet événement, a été assez symptomatique de la communication française sur les actions militaires. Les périodes de vacances et donc les effectifs moindre, n’ont rien arrangé.

Quand on analyse la conférence de presse, où devant une magnifique tenture bleue le MinDéf, le CEMA et Mr Bockel, expliquent ce qui est arrivé, on ne peut qu’être interloqué. Tout d’abord le moment. Par des fuites ou des communiqués d’agences de presse faisant suite à des transmissions officielles, les journalistes accrédités avaient déjà une idée depuis plusieurs heures du vague déroulé de l’embuscade et avaient déjà alors les questions qui fâchent sur le bout des lèvres (matériel, soutien aérien, renseignement,…), pour pouvoir amorcer directement le débat. La chronologie de la communication (il est vrai qu’il fallait avant prévenir les familles) n’était pas à même de recevoir un écho souhaité d’union sacrée laissant le temps petit à petit 'd'en arriver au débat. Pour la forme, le CEMA n’avait pas assez de ses deux mains pour tenter d’expliquer et de matérialiser la base d’appui, de mouvement, l’arrivée des renforts et les avions et hélicoptères qui volaient à différents paliers au dessus. De même pour la modélisation du terrain avec les vallées qui se croisaient et les cols qui surplombaient l’ensemble.
Entre des informations non exclusives, ou sorties prématurément, et des explications complexes à saisir, les confusions ne manquaient pas entrainant les débats que l’on connait, entre Le Monde et Le Figaro pour ne pas les citer sur le déroulé exact : par exemple, les morts sont issues d’une compagnie du 8ème RPIMa qui faisait partie de la TF 700 arrivée depuis peu ou d’une compagnie du « 8 » toujours, arrivée depuis la prise sous commandement français de la zone de Kaboul (la vérité)? RCC ou GTIA de Kapisa ? Nuance de poids pour ne pas immédiatement donner du grain à moudre pour les reproches… Sans carte, ni photo-satellite, ni croquis de l’embuscade, avec ses deux mains, le CEMA patauge. Et ne donnant rien de très nouveau se permet de lâcher quelques vérités qui hélas ne font que renforcer des mauvaises impressions lorsqu’il annonce que les talibans font preuve « d'une certaine capacité à manœuvrer et ne manquent pas de munitions"… Les planificateurs passent alors pour des doux rigolos avec des scoops comme ça en fin de phrase !!! Ce n’est pas une nouveauté, mais on a l’impression que l’EMA le découvre après tout le monde, alors même qu’un renouveau taliban depuis la fin d’une « trêve » hivernale est annoncé par tous.

Plus largement, la seule communication un peu solennelle est à propos d’une catastrophe et cela malgré le point presse hebdomadaire du ministre routinier, qui ne trouve aucun écho (à cause de ce qui y est dit ?). Il y a peut être un bon transfert vers les organes de presse par la DICOD (organisme gérant la com’) mais c’est étrange qu’après cela ne suivent pas dans les médias. Un tel consensus sur l’absence d’infos est étrange…

Pour être constructif dans la critique: pourquoi ne pas regarder ailleurs et faire comme les Américains avec de conférences plus régulières présentant les avancées, les échecs devant des films montrant les réalités avec des photos satellite de zone, etc.… Pour rester sur le Pentagone, il est à noter aussi que sur le terrain l’entente US Army/Armée française est efficace et se fait en bons termes (voir le célèbre reportage sur les OMLT armées par les groupements de commandos de Montagne et leurs liens dans les FOB avec les Américains ou lors de l’embuscade où l’appui aérien américain des C130- Gunship, hélicos, ou A-10 a été décisif) alors que politiquement et dans les opinions publiques, il y a des réticences à un tel rapprochement…
Pour continuer sur l’appui aérien, en remarque, le modèle juridique du Droit des Conflits américain où les responsabilités sont dissolues lors de pertes civiles dans les bombardements, ne favorisent pas la prudence. Celles-ci ont un impact très négatif sur toute la Coalition alors même que certains pays dont le système de responsabilité s’applique à des éléments plus bas, causent moins de dégâts (sans fanfaronner, jusqu’à preuve du contraire, il y eu peu de scandales sur des erreurs de tirs dirigées par les TACP des commandos de l’Air français). Ces pertes à répétition pourraient bien définitivement faire perdre, quasiment à elles seules, la bataille des opinions en Afghanistan…

Pour finir sur une note plus optimiste, c’est un secret pour personne, qu’il y a du boulot d’abattu par les troupes françaises en A-Stan, que nos soldats ne restent pas dans les FOB mais vont bien dehors et donc au contact de la population mais aussi des insurgés. Il y a donc des actions avec des bilans positifs (des talibans mis hors d’état de nuire, des armes prises, des secteurs pacifiés) ou des actions de CCM (Coopération civilo-militaire, ex ACM). Lorsqu’il n’y a aucune action positive de montré c’est plus dur alors après un grave revers de convaincre à nouveau du bien fondé de la présence (je ne parle même pas de la méthode qui est plus un débat de spécialistes).

dimanche 24 août 2008

Citation 7.

Sur l’armée moderne.


« La centralisation des pouvoirs l’a faite ce qu’elle est. C’est un grand corps séparé du grand corps de la Nation et qui semble le corps d’un enfant, tant il marche en arrière pour l’intelligence et tant il est défendu de grandir. L’Armée moderne sitôt qu’elle cesse d’être en guerre, devient une sorte de gendarmerie. Elle se sent honteuse d’elle-même, et ne sait ni ce qu’elle fait ni ce qu’elle est ; elle se demande sans cesse si elle est l’esclave ou reine de l’Etat : ce corps cherche partout son âme et ne la trouve pas. »

Par Alfred de Vigny dans Servitudes et grandeurs militaires en 1835.

vendredi 22 août 2008

Et si la France était touchée (le Livre Blanc)? La résilience passe t’elle par l’indifférence (l’Afghanistan)?

Devant le développement de la blogosphère stratégique francophone, il faut commencer à être réactif… Ce qui est une bonne chose au niveau stimulation d’ailleurs. N’ayant pas Internet jusqu’à ce jour, de façon régulière, cet article était en gestation et Mr. Merchet sur Secret Défense, puis Mr. Henrotin sur Athéna et moi, m’ont devancé. Je l’ai donc un peu remanié pour tenter de ne pas répéter ce qui a déjà était dit.

De plus, j’y réfléchissais avant l’embuscade meurtrière en Afghanistan. Sur ce sujet, n’ayant pas la capacité de le dire assez (aussi) bien, je ne peux que vous conseiller d’aller lire l’hommage rendu par Mr. Duran sur Théâtre d’opérations avec calme, respect, et dignité par des termes qu’il convient.

Depuis 25 ans, malgré les moments de peurs comme lors des vagues d’attentats frappant les cités occidentales, la France est peu ou pas touchée (à la différence des Etats Unis ou plus proche de nous Madrid et Londres).
La résilience (la capacité à encaisser et réagir) ne peut être entièrement innée et peut être développée (cf. les mesures énoncées dans le Livre Blanc au chapitre 18 sur l’adhésion de la Nation à partir de la p 297) pour être pleinement réactive et être quelque chose de compris et d’appliqué par le plus grand nombre. Pour modérer mes futurs propos, elle est la réponse à des événements de différentes ampleurs qui ne nécessite par forcément l’application la plus extrême de règles de survie.


Tout d’abord, cela nécessite un besoin d’entrainement face à des événements de grande ampleur. C’est le cas des exercices au Japon contre les séismes ou les réveils de volcans permettant des évacuations sans heurts et rapidement, le port de casques par tous en cas d’alertes par des sirènes, les actes réflexes élémentaires appris très tôt et la formation aux gestes de premier secours si peu diffusé en France comme par le PES1 plus costaud que l’unique et insuffisante heure de secourisme lors de la rébarbative JAPD.

Cela nécessite aussi, de l’expérience avec une mise en pratique d’éléments appris et déjà utilisés et d’une connaissance car on réagit mieux à ce que l’on connait. Or à mon sens, on est soit dans un modèle catastrophique (les peurs dus au dérèglement climatique, les risques d’attentas de grande ampleur avec des bombes sales et autres risques NRBC), soit dans un modèle à l’opposé, hagiographique avec des capacités militaires capables de nous protéger.

Tout ceci étant mis en parallèle avec un effacement sensible de l’intérêt pour ces questions par des systèmes qui n’ont pas forcément prit entièrement la suite de la Nation en Armes du service national, avec le fils, le mari ou le père qui partait à la guerre… L’implication produit l’intérêt, la connaissance, et un lien par des cercles de sociabilités familiaux ou associatifs.

Dans l’ensemble des plans tentant de mettre en œuvre cet esprit (cf. le LB), sont mis en avant des modèles que sont les pouvoirs publics, les administrations ou les entreprises mais cet esprit est aussi un acte individuel, avec la volonté propre que l’on peut se forger mais qui est personnel. L’acceptation et le passage à l’action passe par une attitude positive et une adhésion faisant suite à une phase de compréhension. Et pas forcément à travers un nationalisme exacerbé (souvent qui fait peur) mais aussi par un esprit d’appartenance à quelque chose de commun, à des valeurs partagées qu’il faut conserver. Tout en sachant que d’être touché permet quelque fois de créer cet esprit (d’où l’expérience récente nécessaire).

Pour rebondir sur l’événement en Afghanistan et son traitement, avec une touche assez pessimiste, la résilience dans ce cas là (de façon assez semblable à celui de Bouaké qui avait fait 9 morts), ne posera que peu de problèmes et se fera avec le temps très rapidement, s’éteignant peu à peu. Et la convocation d’une session extraordinaire au Parlement vers le 22 septembre, sera déjà trop éloignée de faits « refroidis » pour relancer un véritable débat de portée nationale.

Quelques premières pages de qualité dans des journaux ne se jetant pas comme des morts de faim sur la révolte, sur des attaques personnelles ou des fins politiciennes comme d’autres, au moment même où l’unité est nécessaire, puis des événements plus lointains reviendront en tête des préoccupations que cela soit la toute puissance des JO ou le conflit en Ossétie du Sud avec les malheurs civils de la Guerre digne de Jacques Callot : déplacés, blessés, orphelins et pilleries des milices opportunistes (les militaires, c’est dans leur condition de se faire tuer après tout, comme on aime à nous le répéter sur le ton de la banalité). L’émotion est plus grande vis à vis de civils.

La population française a un manque d’identification dans ses (ou ces…!) soldats et dans l’action qu’ils mènent si loin (missions incomprises malgré les essais de communications avec des mots comme : « liberté », « droit de l’homme et de la femme », « notre sécurité ici, se joue là-bas », …). Elle ne se sent pas assez concerné (il me semble) pour avoir un quelconque sentiment généralisé de peine, de compréhension ou d’effroi. L’indifférence en grande partie par une non-identification (à part pour les familles des personnes touchées, dont des proches sont en OPEX ou dans les armées et par quelques autres) fera oublier bien vite cela.

mardi 19 août 2008

Au Pakistan : et ensuite…

Après la démission « préventive » le 18 août pour éviter une destitution honteuse du président Pervez Musharraf à la tête du Pakistan depuis son coût d’état non sanglant en 1999, se pose quelques questions sur le futur d’un pays pris dans toutes les représentations symboliques (si imparfaites soit elles) des axes de crise, des zones grises, … Quelques remarques doivent être énoncées pour monter l’immense défi auquel va devoir faire face son successeur.


Il est bon de rappeler tout d’abord, que c’est un des pays qui est doté de la bombe nucléaire (non signataire du TNP) avec vecteur et armes en état de marche depuis 1998 (sous protection, quasi contrôle américain…) ce qui n’est pas négligeable. Le président est donc alors détenteur, décideur et utilisateur de cet instrument de pouvoir, de dissuasion, de réplique, d’attaque avec les interrogations que pose l’irrationalité nucléaire bien étudié dans le cas iranien entre autres.


Au sujet des relations internationales le pays est pris dans deux conflits. Le premier celui qui perdure toujours à la frontière Est face à l’Inde au sujet du Cachemire (plus haut conflit du monde par l’altitude de la chaîne des montagnes) qui même si il n’est pas virulent actuellement, peut être rallumé par l’un ou l’autre des protagonistes lors que l’un est en situation de faiblesse.
A l’opposé, à l'Ouest, les zones tribales entre l’Afghanistan et le Pakistan, régions peu ou pas contrôlées pas le pouvoir central, lieu de repli des talibans combattant la coalition en Afghanistan, lieu d’entraînement, de repos, de formation et de recrutement, font craindre toujours un possible « péril » islamiste avec une prise de pouvoir lors d’une période de transition probable dans un pays au régime peu ou pas stabilisé, dont le processus démocratique n’est pas normalisé.


Par le soutien de l’armée à l’un de ces membres, sous l’ère Musharraf (qui est général), il n’existait que peu de compromission envers les adeptes de la charia avec une politique forte de répressions (assez parallèle au traitement du développement des Frères Musulmans en Egypte par le président Hosni Moubarak).


Dans le camp des réformateurs, la fronde, qui s'est traduit par une chute de sa popularité, a été plutôt gérée et dirigée par des cols blancs ensemble hétéroclite d’hommes de loi et d'ingénieurs, avocats en tête descendant dans la rue pour s’opposer aux policiers en costards-cravates sans de vrais leaders. Depuis l’attentat ayant coûte la mort à Benazir Bhutto, à cause de la jeunesse de l’héritier du parti, son fils et des mésententes autour de la personne de son mari, il n’existe pas alors de leaders charismatiques à la présidence.


C’est avec un œil très attentif que doit être suivi le processus menant au remplacement du général Musharraf. Le Pakistan qui n’est pas un miracle de stabilité dans la région peut devenir un nid de guêpes et un autre abcès de fixation pour un ensemble de courants islamistes après les tensions provoqués par une succession non évidente.

samedi 16 août 2008

L’université en France et les questions de Défense.

Quelques réflexions en vrac sous le soleil breton après la lecture des quelques lignes consacrées à ce sujet dans le Livre Blanc (page 304 et suivantes, c'est lisible à la palge) sur un sujet que je connais un peu du fait de mes 4 ans d’étude au sein du système français.

Pour résumer brièvement la situation actuelle, la formation et la recherche sur les questions de Défense se retrouvent dans trois grands domaines des Humanités et des Sciences sociales : l’Histoire (pour les 4 grandes périodes historiques ancienne, médiévale, moderne et contemporaine), les Sciences Politiques (Relations Internationales comprises) et les Sciences Juridiques (Droit des conflits ou des Institutions). Ces enseignements sont dispensés dans quelques centres comme à Montpellier, Lille, Paris (La Sorbonne ou Assas) et sa proche banlieue (Marne la Vallée ou Créteil) ainsi que dans la plupart des Institut de Sciences Politiques de Paris ou de province (Aix en Provence par exemple).


Malgré la présence d’organismes centralisateurs de haute renommée permettant de donner une certaine unité à l’ensemble comme l’IHEDN ou par les contrats Défense-université au sein du CAJ ou Comité Armées Jeunesse, l’éparpillement, nuisant bien souvent à la qualité et à la reconnaissance, est une des premières caractéristiques observables. La volonté de créer un pôle d’excellence pour une future école doctorale de niveau européen (avec un réseau de partage scientifique) à même de lutter contre une mauvaise reconnaissance internationale des enseignements français pourrait être une sage décision.

Les modalités précises (où, par qui, comment, avec quoi…) restent à définir pour en connaitre alors l’application. De la même façon que pour beaucoup de propositions du Livre Blanc, un apport qui semble positif, dont il faut attendre avec pragmatisme la réalisation. La volonté manuscrite est bien souvent unanime. Il faut pourtant attendre la concrétisation pour ainsi voir le réel degré d’intéressement.


Quand on regarde ensuite les intitulé des Masters et dans un cadre typiquement français, loin d’une des préoccupations des étudiants, les diplômes professionnalisant à haute valeur ajoutée sont encore trop rares même si un réel effort est à noter. Ce refus de délivrer des diplômes sur ces thématiques (par une étude transversale ou comparative selon les époques ou les disciplines, ou de façon uni-disciplinaire) marque de façon visible la résistance de certains présidents d’universités, responsables du choix des enseignements d’accepter certains Séminaires ou sujets de TD par rapport à des intérêts plus prononcés pour des questions sociales, culturelles ou civiles. Cela serait prêcher à des convertis que de rappeler l’importance de l’étude et de la formation d’étudiants (pour certains les dirigeants et décideurs de demain) sur ces thématiques utiles pour la compréhension du présent et du futur, pour préparer l’avenir et le dénouer. La Défense doit gêner par les images que cela véhicule (sang, tués, armes, absence de paix, destructions, régimes autoritaires, dérives,…).

On en revient alors bien souvent à devoir se débrouiller en se raccrochant aux enseignements proposées sur les problématiques les plus proches bénéficiant d’une autonomie totale (avec des lectures personnelles qui tiennent plus de la passion que de l’étude dirigée) sans beaucoup d’encadrement (à part par la cooptation familiale ou relationnelle) pour arriver, sans passer par les instituts privés coûteux, à un niveau crédible. Dans un milieu aussi fermé, discret et suspicieux qu’est le milieu militaire par l’importance des sujets traités, cela reste toujours aussi délicat. Le fleurissement d’études publiques, le développement d’outils sur Internet (sites, médias,…) ne peuvent que faciliter alors la formation (l’auto-formation…).

Le développement de ces sujets avec une palette complète serait un outil utile pour lutter contre la méconnaissance des « Questions de Défense », pour développer cet esprit de Défense, voir même la capacité de résilience de la société et générer ainsi l’élan souhaitable de ce grand renouveau d’une école française dans une certaine tradition d’un riche passé.

vendredi 15 août 2008

L'été, c'est la crise assuré...

N'ayant que très peu accès à Internet, j'ai un peu raté le traitement du point chaud du moment qu’est le conflit en Ossétie. Mais le cerveau tente toujours de marcher sur la serviette de plage avec 2 remarques rapides.

Tout d'abord sur la "climato-stratégie". Par observation, on peut voir deux crises se déroulant en été que cela soit le Liban face à Israël il y a 2 ans en 2006 et cette année la Géorgie face à la Russie. D'autres exemples peuvent être trouvés, je pense...
Ce n'est certainement pas une permanence et une constance. C'est un peu dans la tradition des campagnes militaires estivales de l'époque moderne après une pause des combats durant les saisons froides de l'automne et de l'hiver. Montrant, s’il en était encore besoin l'importance des facteurs géographiques (dont les conditions climatiques) pour les militaires : absence de boue facilitant les transports logistiques et le déplacement d'unités de combats, absence de froid ne gênant pas les conditions de combat des hommes et des machines…
Ce n'est pas systématique, peut être hasardeux comme élément d’analyse, pas suffisant obligatoirement, mais plus d'une fois, les conditions climatiques (tempête, froid, chaleur, nuages, pluie ou neige...) ont influencées le cours de l'Histoire.



Ensuite, malgré ce que peuvent dire à droite ou à gauche, certains partisans acharnés d'un communautarisme politique qui avance à marche forcée et que l’on ne peut arrêter, les défenseurs d’une union globale entre États ou autres amalgames, l’État reste l'élément de base des Relations Internationales. L’ordre bâti en 1648 par le traité de Westphalie, centrant les relations sur l'intégrité des nations avec un système de gouvernement sur un territoire n'est pas complètement mort malgré la multiplication des organisations non gouvernementales ou transnationales. Le refus de l’ingérence dans son ère d’influence par Moscou, l’inviolabilité de la souveraineté nationale (un peu discutable avec la notion de séparatisme ossète) et l’équilibre des puissances dans le jeu que se livre les deux anciennes grandes puissances dans cette région, sont les 3 grands principes de ces accords de Paix mettant fin à 30 ans de guerre, principes qui restent d’actualité. Comme apport: voir les analyses du livre de Colin Gray (la Guerre au XXIème siècle) sur des blogs comme EGEA ou Théâtre des Opérations (dans la liste de liens) sur la non disparition rapide et contemporaine des entités étatiques.


C’est vite dit et formulé mais le temps presse donc cela sera tout pour aujourd’hui. Le rythme reprendra normalement à partir du 25 août. D’ici là bonnes vacances pour ceux qui y sont encore et bon courage pour les autres.

Exemple de crise internationale: Suez en 1956.

Les évènements sont bien souvent vus selon une vision biaisée. C’est tout d'abord la France qui semble jouer un rôle mineur face à l'emprise de la Grande Bretagne dans la gestion de la crise et ensuite une théorie montrant Suez comme une victoire militaire inutile, transformée en défaite par une incapacité diplomatique et politique des gouvernements.

Les grands axes d'étude sont: l'amertume des militaires s'inscrivant dans la suite du départ de l'Indochine et dans le départ quelques années plus tard de l'Algérie (comme un des événements affaiblissant le lien entre Armée et République). C'est aussi l'étude du lien entre politiciens et militaires (trop souvent dissociés ou les uns empiétant sur les prérogatives des autres) pour le processus de décision et pour le commandement des opérations (qui pour rappel se sont déroulées du 29 Octobre au 6 Novembre 1956). C'est encore une remise en cause qui apparaît tardivement, des choix militaires avec des faiblesses pointées du doigt: que cela soit le manque de moyens de transports avec comme corollaire une lente mise en place, ou des États-majors non centralisés avec des directions à deux têtes (anglaises et françaises).

Pour expliquer la décision d'intervenir plusieurs pistes sont développées autour d'une idée générale pour la vision française: suite aux demandes incessantes des militaires souhaitant mettre fins aux agissements et au soutien à l'insurrection du FLN en Algérie de « l' Hitler du Nil », le colonel Nasser, il fallait agir et les politiciens ont cédé. La nationalisation du Canal le 26 Juillet étant qu'un prétexte d'intervention : la guerre d'Algérie se gagnerait au Caire croyait-on. Mais l'étude de la nouvelle donne au Proche Orient avec Nasser comme champion montant du Tiers Monde et du non alignement face aux jeux des deux Grands dans une région auparavant sous domination française ou britannique permet aussi d'apporter des élément de compréhension comme le fait Marc Ferro dans son ouvrage, Suez, naissance du Tiers Monde.


Pour expliquer ce fiasco, différentes thèses sont émises comme par l'étude du parallélisme des difficultés intérieures, que cela soit celles du parti conservateur ou celles de la 4ième République. L'imbroglio dans l'entente entre les Alliés (au sein de l' Entente cordiale ou des relations transatlantiques) en est aussi responsable. C'est aussi une méconnaissance des réactions des autres acteurs, URSS et USA, et la pression de l'utilisation de l'arme nucléaire par les soviétiques, signe d'une dernière irrationalité technique et stratégique de la part de l'URSS avant la Détente.

Au final la crise de 1956 n'est plus un échec politique face à une victoire militaire, mais un échec des deux, dû à une lenteur des décisions et de la mise en place, retardant l'opération et ne permettant pas d'atteindre les objectifs stratégiques même si les objectifs tactiques face à l'armée égyptienne étaient en passe d'être atteints avant le retrait des Troupes. Cette lenteur des deux pôles peut être mis en opposition avec la rapidité des israéliens (dans la manœuvre et dans l'implication) qui seront un peu moins perdant (avec le maintien au Sinaï) que le couple franco-britannique et leur déclassement au rang de grandes puissances moyennes.

L'idée répandue de défaite diplomatique faisant suite à une victoire militaire peut s'expliquer par le fait que les conséquences seront plus nombreuses sur le plan diplomatique que militaire. Ces événements permettront en autres l'accélération des recherches sur la bombe nucléaire française pour atteindre l'objectif de l'indépendance stratégique, alors que l'indépendance des décisions de la France sera alors subordonnée aux décisions des acteurs forts de la scène internationale, URRS et USA. Cette lenteur des deux pôles peut être mis en opposition avec la rapidité des israéliens (dans la manœuvre et dans l'implication) qui seront si l'on peut le juger ainsi, un peu moins perdant dans cette affaire (avec le maintien au Sinaï) que le couple franco-britannique et leur déclassement au rang de grandes puissances moyennes.

vendredi 1 août 2008

Citation 6.


« La doctrine est un ensemble de principes fixes, mais à appliquer d’une façon variable selon les circonstances ».

Par le Maréchal Foch dans Les principes de la Guerre.