lundi 31 janvier 2011

Le best-of de la semaine (n°2)

1. "Caveats to civilian aid programs in counterinsurgency. The French experience in Afghanistan", by Amaury de Féligonde

2. Très bon compte rendu d'une question fondamentale Place du soldat dans la société - @

3. Qu'est-ce que la guerre de l'information ?

4. Voler pour l'ONU - Flying Aid Workers in : A Tricky Business

5. French military view about influence in - Hyper Influence: La guerre des perceptions et des volontés (FR)

6. "Protéger nos entreprises, c'est protéger nos emplois » M. Buquen délégué interministériel à l'intelligence économique

7. La vallée de Swat : des Taliban aux compétitions de ski - Pakistan hosts ski tournament in former Taliban area

8. Point de vue d'actualité - Technology and training keys to Gulf War success |

9. La même image reprise par la presse internationale (culture mondiale universelle ?) - Égypte a la Une :

10. Pour passer de la drogue à la frontière américaine : retour au Moyen-Age - Another Drug Catapult Seized in Mexico

Et pour finir car elles/ils le méritent : Respect et luttons contre l'oubli - Ces soldats français morts en

vendredi 28 janvier 2011

Projection et débat - Bassidji, au coeur du régime iranien

L'Alliance Géostratégique organise une projection-débat autour du film "Bassidji - Au coeur du régime iranien". L'événement autour de ce documentaire aura lieu le vendredi 4 février 2011 à la salle de cinéma La Clef, 34 rue Daubenton à Paris (5ème ardt - métro ligne 7 - station "Censier-Daubenton") de 20h à 23h.

Suite à la projection du film sur ces soutiens du régime, un débat sur les rapports entre la société iranienne et l'appareil d'Etat iranien réunira le réalisateur Mehran Tamadon et Vincent Eiffling, chercheur sur l'Iran, animateur de Chroniques Persanes et membre de l'Alliance Géostratégique.

Tarifs :

- Plein tarif : 7€
- Tarif réduit : 5,50€ (chômeurs, carte vermeil, étudiants)

jeudi 27 janvier 2011

Ne craignons plus le terme "guerre" - Gal (2S) Desportes

Je n'y suis pour rien, cela ne fait aucun doute. Néanmoins, je suis heureux de lire la tribune du général (2S) Desportes dans Le Figaro d'aujourd'hui (réservée aux abonnés). Il revient, avec beaucoup plus de brio que moi, sur l'emploi actuel du terme de "guerre". Quelques morceaux choisis pour parachever mon dernier billet.

Appelons les choses par leur nom : ne craignons plus le terme de "guerre".
Ni la SDN, mort-née, ni l'ONU, fille d'un nouvel espoir, n'ont pu, bien sûr, tuer la guerre, parce que si la guerre tue, elle ne meurt pas. [...] Au contraire, elle se répand et se renforce aujourd'hui d'avoir été, un temps, contenue.
Puisque l'éthique et la nouvelle transparence du monde contraignent l'usage destructeur des armes classiques, la guerre s'est placée "hors limites" pour contourner la puissance militaire : "guerre contre le terrorisme", où la dissymétrie peine contre l'asymétrie; "guerre économique", utilisant l'arme de la monnaie pour conquérir de nouveaux marchés, usant de l'espionnage industriel organisé par les États ou les grands groupes, faisant du commerce international un véritable "combat"; "cyberguerre" désorganisant les marchés financiers ou perçant les secrets de défense les mieux gardés; "guerre de l'information" pour manipuler la psychologie des marchés et des foules; "guerres virtuelles", univers des adolescents accrochés à leurs consoles; "guerres des banlieues", avec de véritables embuscades militaires.
Ne nous berçons pas d'illusions : si la guerre est notre passé, si elle est notre présent, elle est aussi notre futur.

mardi 25 janvier 2011

L’affaire Renault est une guerre mais l’Afghanistan reste une colonie de vacances

Les récentes déclarations ou non-déclarations de certains dirigeants politiques français au sujet d’événements récents (que je qualifierais personnellement de graves) me poussent à réagir pour opposer l’entêtement des uns au réalisme des autres.

En plein emballement au sujet de l’affaire Renault, le ministre français de l’Industrie Éric Besson déclarait le 6 janvier 2011 lors d’une interview sur RTL que « l'expression « guerre économique », là pour le coup, parfois outrancière, est adaptée ».

Rarement, si ce n’est pas jamais, un haut responsable français avait employé une telle expression afin de décrire l’hyper-concurrence actuelle aux conséquences majeures et menant à l’emploi de moyens extraordinaires (au sens premier du terme).

Quoiqu’il en soit, l’expression était lâchée dans les médias et pouvait être analysée comme un premier résultat d’une sensibilisation menée depuis des années en France sur cet état de fait. L’idée sous-tendue est qu’il faut se doter d’outils adaptés afin de se prévenir et de réagir.
Chaque terme du langage a ainsi une portée symbolique plus ou moins importante qui dépasse la simple expression d’un état décrit. Il en va ainsi du terme « guerre » qui aussitôt appelle à des pratiques, des situations, des habitudes, etc.

Et si aujourd’hui en France, il y a une guerre qu’il serait juste de reconnaître, c’est bien celle qui se déroule en Afghanistan. Cela serait de plus, et surtout, une reconnaissance et une réelle marque de respect pour ceux qui y sont morts ou blessés.

Que certains se rassurent, cela ne serait pas une manière simple de la justifier ou d’y plonger un totalement. Cela serait seulement la fin d’une hypocrisie judiciaire qui empêche qu’un état réel soit défini autrement que par un euphémisme : « opérations de guerre ».

Profitions-en, car il y a un contexte opportun pour que le glissement plus que sémantique se fasse : 1/ un nouveau ministre de la Défense qui peut incarner librement une rupture avec son prédécesseur et 2/ le passage du Collège Interarmées de Défense à l’École de Guerre.

lundi 24 janvier 2011

Le best-of de la semaine (n°1)

1. Bonne infographie sur les marines en Asie - Where China's navy operates

2. Carte très complète et mise à jour par le Sipri sur les opérations de maintien de la paix dans le monde

3. Reportage à un séminaire de la fac de Yale avec McCrystal (ex COMISAF en Afghanistan)

4. This is cross-posted on @'s blog, but here is our discussion on tactics, COIN and Afghanistan:

5. Pourquoi la Chine est au Cameroun? Analyse de Guy Gweth

6. Rosoboronexport livrera les hélicoptères russes (21 Mi-171) à l'Afghanistan

7. Affaires Renault / EDF : deux poids, deux mesures :

8. Avec la liste des affaires révélées - Chinese Espionage and French Trade Secrets | STRATFOR

9. (rien que sur la forme, vous pensez cela possible en France?) - A battalion commander responds to a blogger -

10. Indispensable à lire en cette période! Assurer la protection des expatriés dans un pays à risques (Sahel, etc.) -

Et pour finir cette première revue de la centaine de tweets publiés hebdomadairement sur mon compte personnel (ne pas hésiter à s'y inscrire), voici une émouvante vidéo : Happy New Year to Our Troops 2011 in Afghanistan.

dimanche 23 janvier 2011

Pirates au large de la Somalie et Corée du Nord : à Séoul, tout est lié ! (+MAJ)

Malgré les curieuses apparences de ce titre à scoop, il n’est pas mensonger. Il faut juste prendre le temps de lire ce billet pour comprendre le lien a priori improbable entre la Somalie et la Corée du Nord via la Corée du Sud.

C’est toujours instructif quand un proche rentre de voyage avec quelques titres de la presse locale du pays visité. Dernièrement, c’est un quotidien sud-coréen, The Korea Times, qui est arrivé à la maison et dont le contenu n’a pas manqué de m’interpeller.

La récente opération de libération par les commandos de la Marine sud-coréenne des marins du Samho Jewelry retenus par les pirates au large d’Oman y tenait une large place. Le récit de ce succès (tous les marins et les commandos sont sains et saufs) y est narré dans le détail.

De tradition anglo-saxonne, ce journal contient de nombreuses tribunes souvent polémiques. Rien d’équivalent avec les 2 dernières pages de certains de nos quotidiens français. Ainsi, une fois la curiosité satisfaite par le récit de guerre, place à la lecture d’analyses.
Les commentateurs sud-coréens retiennent surtout (ce qui se vérifie dans d’autres journaux) le message de fermeté envoyé par le président Lee Myung-bak qui n’a pas hésité à faire parler la poudre pour reprendre de vive force ce navire.

Critiqué par beaucoup (en particulier par l'opinion publique) pour sa mollesse face à la Corée du Nord dans la double crise (torpillage d’une corvette en mars 2010 et tirs d’artillerie sur une ile en novembre), le président regagne par cette action un peu de confiance.

Il est en effet impressionnant (pour moi, qui l'ignorait) de lire dans des journaux couvrant un large spectre politique, les discours martiaux d’une Nation sans doute ni en armes ni en guerre mais mobilisée et excessivement susceptible face à une agression de n’importe quelle sorte.

MAJ1 : comme le rappelle très justement AFS (qui tient un jeune blog à consulter et à encourager) dans son commentaire, je sous-estime le niveau réel de préparation et d'engagement de l'armée sud-corénne. Qu'il soit donc remercié pour sa vigilance.

Pour un président qui supporte au quotidien la lourde charge de chef des armées, les aveux de faiblesse écorchent son image. Si regagner la confiance des opinions n’était sans doute pas le l'objectif poursuivi, force est de constater que c’est dorénavant chose faite après cette opération.

samedi 22 janvier 2011

Quelques conférences plus qu'intéressantes (+MAJ)

Voici quelques annonces pour des conférences qui pourront, sans nul doute, intéresser certains lecteurs de Mars Attaque. C'est tout naturellement que j'en fait écho, persuadé de leur qualité.

Poursuivant des travaux entamés en 2010 sur l'impact de la robotisation (éthique juridique, opérationnelle, stratégique, etc.), le Centre de Recherche des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC) organise une journée d'études le 9 février 2011 à l'École Militaire. Elle portera sur le renouvellement ou non de la problématique des frontières par les nouvelles technologies. Le programme est disponible. Du beau monde sur un sujet déjà contemporain.

L'AEGE (association des anciens élèves de l'École de Guerre Économique) organise une conférence-débat sur les marchés de l'armement en Afrique. Jacques Hogard, ancien colonel, co-fondateur et dirigeant de l'entreprise EPEE (Experts Partenaires pour l'Entreprise à l'Etranger) viendra nous entretenir de cette grande problématique que sont les flux d'armes sur le continent africain. Cet événement aura lieu le 21 février à 18h30 au café le Carré Parisien, place du Général Beuret à Paris. Entrée libre.

MAJ1 : l'intervenant et la tenue même de cette dernière conférence sont encore à confirmer. Vous serez évidemment informés dès lors que des modifications viendraient troubler l'annonce initiale.

“Il n’y a pas d’homme cultivé ; il n’y a que des hommes qui se cultivent”

mercredi 19 janvier 2011

Lecture - Les mules de l'ANA (DSI)

Alors que le contenu du numéro du mois de février est déjà présenté, il est grand temps pour moi d'annoncer une nouvelle contribution dans le DSI du mois de janvier 2011.

C'est un bref article de présentation qui vise à donner des éléments d'information sur les nouvelles montures employées par l'Armée Nationale Afghane (ANA).

Ces brefs propos s’inscrivent dans la continuité d'un article paru dans le DSI de novembre 2010 et qui traitait de l’évolution de l’Humvee dans les conflits afghan et irakien.

Aujourd’hui force auxiliaire et demain principal fournisseur de sécurité, l’armée nationale afghane (ANA) est au cœur des préoccupations. En plus des questions de recrutement, formation et fidélisation, son équipement en armes et en véhicules est l’un des défis à relever pour qu’elle atteigne un degré satisfaisant d’efficacité. L’ANA est aujourd’hui principalement composée de kandaks d’infanterie (des bataillons d’environ 800 hommes avec 150 véhicules). Ils sont employés pour du contrôle de zone qui nécessite de quadriller un territoire au relief chaotique et dans un contexte dangereux. Afin de remplir cette mission, des HMMWV (High mobility wheeled vehicle ou Humvee) leurs sont fournis.

lundi 17 janvier 2011

Quatre jeunes terroristes plein d'avenir...

J'ai décidé ce week-end de suivre les conseils avisés de notre vénérable et respectable revue stratégique DSI qui s'est muée récemment en magazine pas sérieux de critiques cinématographiques. Je suis donc allé voir dans une petite salle obscure d'un cinéma d'art et d'essais parisien le film We Are Four Lions. Qu'est ce que j'ai ri!

Ce grand moment du cinéma britannique retrace l'épopée délirante de quatre amis britanniques, épris de grandeur, qui souhaitent réussir le grand coup de leur vie en organisant l'attentat du siècle. Mais ce genre d'entreprise n'est pas si simple que cela à organiser surtout quand on découvre la brochette d'amateurs (plus ou moins fictifs) ès terrorisme.



Tous les clichés populaires à ce sujet y sont décrits de manière désopilante : la fabrication d'explosifs dans une cave, les essais à la campagne, le passage par les camps d'entraînement au Pakistan, la radicalisation par les prédications enflammées, le choix de la cible, les doutes et les incertitudes de chacun, les contre-mesures de pointe contre la surveillance, etc.

Il est encore visible dans certaines salles, courez-y. Grand moment de rigolade garantie. Pour une fois, que les choses sérieuses de la sécurité peuvent franchement prêter à sourire! En plus, il parait que c'est bon pour la résilience de nos sociétés ! C'est le pas toujours très sérieux rédac' chef de DSI qui le dit...

dimanche 16 janvier 2011

Les cahiers d'AGS n°1 : les guerres low-cost

L'Alliance Géostratégique est heureuse de vous présenter le premier numéro de ses cahiers. Ouvrage de plusieurs membres d'AGS, et gardant cette pluralité d'horizons et d'opinions qui caractérise AGS, ce cahier vise à apporter sa modeste contribution aux actuels débats sur les solutions du devenir des armées en période de fortes restrictions budgétaires.

Cet ouvrage est la preuve bien concrète que les cultures du papier et du numérique sont plus faites pour se rencontrer que se concurrencer. Et cela toujours au service d'un fourmillement intellectuel indispensable qui ne prétend pas détenir LA vérité, tout au moins une vision et une aide potentiellement utile.

Présentation de l’éditeur :
Hier, la guerre était une activité de luxe et risquée. Rien n’a changé ou presque. Ce « presque » est ce qui a été nommé « les guerres low-cost ».

Outre l’affrontement des volontés, la guerre est aussi un transfert de richesses et une extraordinaire destruction de ressources. Il devient aisé de comprendre que des stratégies et des tactiques low-cost puissent être mises en oeuvre pour dépenser moins et gagner plus. Les organisations non étatiques, par la force des évènements et des ressources, se sont adaptées selon cette logique.

Et si progressivement le politique ne pouvait plus se permettre de sacrifier des hommes pour des opérations militaires qui ne sont plus systématiquement soutenues par la population ?


La technologie réellement maîtrisée et suffisante pourrait permettre de baisser les coûts dans de nombreux domaines, en réservant les hautes technologies aux domaines permettant d’avoir une supériorité presque certaine, au moins pendant quelques années.

Le coût de la guerre est soumis au filtre médiatique, à l’effet potentiellement très amplificateur. L’émergence de la guerre au sein des populations s’avère à la fois un des « symptômes » du déclin provisoire du concept d’État, au plan international, et de la limitation des moyens financiers et humains nécessaires pour mener une guerre industrielle de grande ampleur.

L’adaptation demeure une alternative au déclin relatif ou absolu de forces armées ne disposant plus des moyens de mener une guerre industrielle coûteuse dans la durée.

Au-delà de pistes de réflexions, ce recueil explorant l’idée de low-cost appliqué à la défense pose l’équation particulièrement difficile à résoudre : « Comment conserver l’essentiel, sans négliger la préparation de l’avenir ? »
Un site dédié à la présentation du cahier est ouvert. Vous y trouverez toutes les informations nécessaires et les modalités pratiques pour le commander. Et pour ne pas négliger l'interaction avec les lecteurs qui caractérise l'aventure AGS, n'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires au sujet de cette nouvelle brique géostratégique.

vendredi 14 janvier 2011

Le Japon en Afghanistan

Il y a des pays dont la contribution en Afghanistan, quoique stratégique par l'ampleur et la destination, passe relativement inaperçue dans l'agglomérat formé par l'action des nations contributrices. C'est par exemple le cas du Japon.

Une courte note rédigée par un diplomate japonais, auparavant en poste en Afghanistan et aujourd'hui en France, est disponible sur le site de l'IFRI. Elle décrit brièvement l'apport japonais à l'effort de guerre et de paix mené sur place.

L'approche pensée et menée par la diplomatie japonaise est relativement différente d'autres nations. Les forces d'auto-défense n'étant pas censées intervenir directement, le Japon doit se concentrer sur d'autres chantiers avec une approche de facto moins militaire.
A la lecture de ces quelques lignes, je retiens pour ma part l'effort fait en faveur de la montée en puissance de la police afghane avec un effort de financement très important d'infrastructures ou l'envoi de formateurs. Sans oublier le paiement des salaires.

C'est l'équivalent par an de six mois de salaires pour tous les policiers d'Afghanistan. Indispensable quand on sait que le budget de fonctionnement mensuel de l’ANA est équivalent au montant annuel des taxes perçues par le gouvernement afghan.

mercredi 12 janvier 2011

Nouvelle entrée - Géopolitique du Proche-Orient

Je vous signale un nouveau blog (vieux déjà de un an) à rajouter à vos favoris, à vos flux rss suivis et aux autres moyens que vous utilisez pour vous tenir informés. Il s'agit de Géopolitique du Proche-Orient tenu par jean-Baptiste BEAUCHARD, un doctorant en droit international à la déjà solide expérience en recherche et analyse.
Entre articles originaux et la mise en ligne des articles rédigés pour les revues bien connues de tous (DSI et/ou Moyen-Orient), c'est un point de passage obligé afin de nous éclairer sur une zone plurielle, et plus que jamais conflictuelle et complexe. L'explosion d'un énième gouvernement au Liban vient encore nous en rappeler malheureusement l'instabilité.

lundi 10 janvier 2011

Union sacrée et impact psychologique dans la bande sahélo-saharienne

Ainsi donc, les autorités françaises ont tenté hier de récupérer par la force à la frontière malienne les deux otages enlevés peu avant dans la capitale du Niger (cf les informations les plus récentes).

L’opération montée et exécutée en quelques heures (un sacré défi en soi), grâce à un dispositif déjà déployé sur place (forces spéciales et moyens aériens) n’a malheureusement pas permis d’obtenir l’effet final recherché : la récupération des deux otages en vie.

Tout sauf un coup de poker

Tragiquement, les deux otages ont eu le temps d’être exécutés par leurs ravisseurs. C’est donc un échec, malgré le professionnalisme des acteurs engagés dans une opération toujours périlleuse de libération d’otages, comme le reconnaît certains responsables militaires.

Le débat sur l’opportunité ou non d’intervenir me semble hors de propos dès lors que de nombreuses informations ne sont pas (et ne seront jamais) portées à la connaissance des commentateurs extérieurs. Néanmoins, il fallait sans doute agir.

En effet, ces enlèvements sont souvent l’œuvre de « sous-traitants criminels locaux » obéissant à des donneurs d’ordres contre une rétribution financière. Ce sont souvent ces derniers qui ont des motivations idéologiques fermement ancrées limitant les négociations.

Le défi est donc de récupérer de quelques manière que ce soit (opération de vive force, négociation, rançon, etc.) les otages avant qu’ils ne leurs soient transférés et qu’ils gèlent les issues, généralement après les premières heures des rapts ou au mieux dans les premiers jours.

Infographie Le Figaro (cliquer pour agrandir).

Dialectique des volontés dans le désert

Par contre, il ne faut pas négliger l’impact psychologique engendré par une telle opération (qu’il y est deux, trois ou dix morts chez les adversaires). Les autorités françaises ont pris la décision de frapper, ont eu l’opportunité et l’ont fait en quelques heures.

Le débat c’est donc déplacé dans le même champ que celui recherché par les groupes terroristes locaux, régionaux ou se revendiquant d’un label transnational comme AQMI : celui des perceptions plus que des impacts physiques.

Il y a donc pleinement confrontation des volontés et à chaque fois, l’action de l’un affecte l’image de l’autre. Son image de force ou sa faiblesse est mise en avant aux yeux de tous bien plus que l’impact physique (pourtant dramatique) entrainé par quelques pertes humaines.

Accord unanime

Enfin, le dernier point à noter est l’Union sacrée de la classe politique française qui approuve (de Dominique de Villepin à François Hollande en passant par Nicolas Dupont-Aignan ou Ségolène Royal), tout en demandant plus d’informations et une réponse autre qu'à court terme.

Un tel rapprochement qui soude des tendances diverses du paysage politique est assez rare dans les questions de Défense et de Sécurité pour être souligné. C’est « une paix des forteresses » aurait dit les Allemands au moment de la Première Guerre mondiale.

Ainsi, si comparaison n'est pas raison : l'action de 100 fois plus de militaires (approximativement) opérant en Afghanistan n'a, par exemple, pas le privilège de recevoir un tel support.

Rappel - Café stratégique n°4 - Les enjeux de la prolifération nucléaire

L'Alliance Géostratégique recevra pour son quatrième Café Stratégique (et son premier de l'année 2011) le chercheur Colomban LEBAS pour vous parler, nous parler, des enjeux de la prolifération nucléaire.

Rendez-vous nombreux le 12 janvier 2011 (mercredi donc!) au Café Le Concorde (le QG de la pensée stratégique française) de 19h à 21h, 239 bd Saint Germain à Paris (plus d'infos) entre l'Assemblée Nationale et le ministère de la Défense.

Entrée libre et débats de qualité assurés !

mercredi 5 janvier 2011

Intervenir en Côte Ivoire : peut être, comment et pour quoi faire ? (+MAJ1)

N’ayant que peu de choses à dire sur la situation en Côte d’Ivoire et étant loin d’être un fin connaisseur du pays, je me gardais bien jusqu’à présent de tout commentaire. L’équilibre qui prévaut étant loin d’être rompu appelle pourtant quelques remarques rapides.

Chacun s’accommode du temps présent

À la déclaration de l’un se succède la déclaration de l’autre, à la visite d’un troisième succède la médiation de trois autres larrons, la sanction de telle organisation internationale s’additionne à celles déjà en place dont s’accommodent très bien le premier, etc.

En deux mots, la situation stagne. C’est d’ailleurs toujours mieux qu’une violente dégradation dont le pays est épisodiquement coutumier. À force, seul une action volontariste semble capable de faire bouger les choses. Une intervention militaire par exemple. Mais pas "comme avant".

Un nouvel (non-) interventionnisme français ?

Il faut, je crois, saluer l’actuelle position française (c’est rare que je le fasse donc autant le relever) qui laisse les troupes françaises "prêtes à, en mesure de". Avant, les troupes françaises étaient envoyées pour moins que ça. Une rupture dans la diplomatie française en Afrique?

En effet, Ouattara gagnera sans aucun doute en légitimité pour le futur (et la tâche se relève ardue dans ce patchwork ivoirien de peuples) s’il n’est pas mis gallus manu militari (avec une intervention française même discrète) à la tête de la Côte d’Ivoire.

Africaniser la solution

La communauté internationale au sens large s’attache donc à africaniser la sortie de crise à défaut que la Côte d’Ivoire résolve elle-même la fin de cette bi-direction. Ainsi, des dirigeants africains (plus ou moins poussés par des responsables « occidentaux ») s’activent.

Une force militaire de l’Union Africaine est évoquée. Or, les maigres troupes à disposition me semblent peu à même d’apporter toutes les garanties nécessaires dans un environnement urbain et explosif. Quelle est l’étendue des capacités africaines en maintien de l’ordre ?

Éteindre sans attiser les braises

Et, c’est là toute la difficulté. Il faut activer des leviers vraiment efficaces, faire jouer la contrainte à un juste niveau, s’investir mais sans donner l’impression de jouer le premier rôle, songer à réunir un nombre assez important de forces alors que les volontaires manquent, etc.

Quoiqu’il en soit, si la patience est une vertu stratégique incontournable en ces temps de palabres, elle ne doit pas être le prétexte facile d’une fuite des responsabilités de certaines parties prenantes à travers toutes formes ou absences d'investissements.

Articles complémentaires :
MAJ1 : pour clarifier, je ne suis pas actuellement en faveur d'une intervention militaire en Côte d'Ivoire. Pas tant que les autres moyens de la politique (au sens large) n'ont pas été essayés pour résoudre la crise. Mais, s'il faut y arriver, alors oui mais pas sous n'importe quelle forme.

mardi 4 janvier 2011

Espoir à Sangin (Afghanistan) mais...

En Afghanistan, le général américain des Marines en charge du commandement régional Sud-Ouest a annoncé, non sans fierté, la signature d'un accord entre certains anciens (elders) du district de Sangin et le gouverneur du Helmand, Gulabuddin Mangal.

De l'espoir !

Cet accord passé avec la tribu Alakozai, des Pashtuns (eh oui!) de la confédération Durrani présent surtout dans le Sud, garantirait (j'emploie ce temps à raison...) une cessation des combats, le retournement de ces membres contre les autres mouvements insurgés, la liberté d'action pour la coalition, l'arrivée de fonds pour le développement, etc.

Cet accord, sans doute loin d'être à la seule initiative volontariste des locaux, entraînerait aussi la fin des pertes causées par les opérations de la coalition dans la zone. Opérations plus "agressives" depuis le récent départ des Britanniques. Ce qui n'est sans doute pas sans peser dans la balance des motivations des Afghans pour obtenir un peu de quiétude.

Sangin, auparavant zone de responsabilité britannique transférée aux Marines américains entre septembre et octobre 2010 dans le cadre du réajustement du dispositif dans le Helmand, a été le nœud gordien du déploiement britannique. En effet, cet ensemble de villages a concentré les efforts des durs mandats britanniques successifs.

Mais méfiance et patience...

Finalement, si l'on peut se réjouir de telles avancées ponctuelles, il ne faut pas les sur-estimer sachant qu'il y aura sans doute beaucoup d'attentisme des deux côtés plus qu'un engagement ferme. De plus, n'oublions pas que Sangin et les districts avoisinants sont coutumiers de fréquents retournements d'accords mal négociées.

Comme pour la tribu des Shinwari à Nangarhar (plein Est de Kaboul) depuis janvier 2010, la coalition s'engage donc à soutenir les efforts de ces communautés locales, sachant qu'un premier retournement (superbement ignoré par la coalition) avait été durement réprimé en 2007 par des Taliban locaux.

De plus, quand au cours de l'année 2006 (surtout à partir de juin), les sections britanniques ne peuvent plus sortir de leurs bases, et sont assiégées à Sangin, un accord est signé pour un statu quo local (une reculade?) : le départ des troupes de la coalition contre l'accord des chefs insurgés de ne pas rentrer dans Sangin.

L'accord est rapidement rompu et il faut une opération de plus de 1000 hommes (des Britanniques aidés des Américains), en avril 2007 pour reprendre Sangin. Le colonel GOYA décrit bien les dynamiques à l'œuvre dans un de ces papiers sur l'expérience militaire britannique dans la province afghane du Helmand (2006-2009).

Ainsi, si les suites de cette affaire se révèlent positives, il s'agira sans nul doute d'un premier tournant qui mettra fin à la pale copie mal gérée en Afghanistan, jusqu'à aujourd'hui, du célèbre "Réveil" des sunnites en Irak.

lundi 3 janvier 2011

Madame Irma et l'année 2011

Plus fort que la propective de la DAS ou de la Rand Corporation et plus juste que les pronostics de Télèfoot, au cours de cette année 2011, il y aura à n’en pas douter (et dans le désordre):

- de nombreuses « fermes condamnations » assorties d’un nouvel durcissement des « sanctions sans effet » d’organisations intergouvernementales ou non gouvernementales envers quelques grandes gueules de la communauté internationale ;
- une « dégrado-amélioration » (terme breveté par moi!) de la situation en Afghanistan malgré le « shouldering » avec les forces de sécurité afghanes (nouvel anglicisme issu de l’expression : shoulder to shoulder ou shana ba shana en Dari et pour faire savant) ;
- des milliers de pages d’analyse sur la montée en puissance de la Chine (cela fait quelques années qu’elle grimpe, tout de même !) qu’il faudra relativiser dans la conclusion malgré le fait qu’elle place ces pions partout de manière agressive ;
- des « conflits oubliés » (quelle horrible expression !) en Afrique ou en Asie du sud-est qui surgiront sur le devant de la scène, mobilisant pour un temps les rédactions et les chancelleries avant de retomber dans l’oubli médiatique et/ou politique ;
- la dégénérescence d’un « regain de tensions » entre Israël et ses turbulents voisins, bah oui mon bon monsieur, pensez donc cela fait tout de même deux ans, qu’il n’y a pas eu une opération militaire d’ampleur ;
- la poursuite du démembrement de la souveraineté française et de la désétatisation de fonctions régaliennes du fait de restrictions budgétaires (beau cache-sexe), du réalignement vis à vis d’alliés (ne pas oublier qu’ils sont toujours d’un temps), du fatalisme, etc.
- la pendaison sur la place publique de la jonction « politico-militaire » responsable de tous nos maux (le trou de l’Assurance Maladie, les voitures brulés du début d’année, la défaite de l’équipe de France de football, etc.) ;
- une nouvelle réforme à faire passer au sein du ministère de la Défense afin de parvenir à UNE armée et non trois, sous la tutelle conjointe du ministère des Affaires Étrangères et du ministère de l’Intérieur ;
- la fin annoncée et définitive pour certains de longues années d’insouciance et de formation avec le passage (plus exactement, le retour) du monde étudiant à la vie active pour au moins plus de quarante années !

Finalement, j’espère que 2011 ne nous réservera pas un seul des points énumérés précédemment (sauf un, vous devinerez bien lequel) mais j’ai bien peur qu’il faille déjà s’y résigner et tout de suite réagir. Cela promet de passionnantes analyses en votre compagnie !

N’hésitez pas à lire le billet sur les 16 conflits de 2011 par le blog Foreign Policy et l’International Crisis Group, les bonnes résolutions du Pentagone selon le Small Wars Journal et les prévisions météo sur le landernau de la Défense par la petite amie d’un grand méchant.